Le Monde est sans limite
164 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Monde est sans limite , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
164 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Célie, Juséa, Polo, Luce et Brice étaient à la recherche de Kal, ils poursuivaient leur route dans l'interminable tunnel éclairé d'une lumière blanche. Il semblait être fait de la même matière que le dallage de la petite pièce qu'ils venaient de quitter. Des sons s'élevaient à chaque pression sur le sol. Célie avait le cœur qui battait à tout rompre. Elle ressentait la peur de l'inconnu, mais il y avait aussi en elle une pointe de curiosité qui arrivait à trouver sa place, malgré sa frayeur. Quelle était cette étrange issue et surtout où menait-elle ? Elle n'avait jamais rien vu de pareil ! Un boyau luminescent et sonore ! »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342049824
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Monde est sans limite
Sy lv ie He c q u e t
M o n P e t i t E d i t e u r
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L e Mo n d e e s t s a n s limite
1 . L a ma is o n
Célie était allongée sur son lit. Elle avait ses écouteurs de mp3 sur les oreilles et laissait entrer en elle la douce mélodie de sa chanson préférée. La musique transcendait le temps, elle n’aurait su dire depuis combien d’heures elle était ainsi. Elle avait même oublié la présence de sa famille dans la maison, oublié même qui elle était. Seule la complainte la reliait au monde, une vague tristesse l’avait envahie, délicieuse et lancinante qui lui tenait compagnie. Elle l’entraînait dans une rêverie d’amour, d’adieux et de retrouvailles, scène qu’elle n’avait pourtant encore jamais vécue. Son téléphone portable vibra dans sa poche et elle arrêta le son à contrecœur. Le numéro de Luce, sa meilleure amie s’affichait. Elle décrocha. La voix aiguë de celle-ci lui résonna dans les tympans. — Salut, tu sais que c’est l’anniversaire de Polo, samedi ? — Oui, je le sais. — Brice a eu une super idée pour le fêter. — C’est quoi ? — Tu connais la maison abandonnée. — Celle derrière le grand terrain vague ? — Oui. — Elle me fait peur cette bicoque. — Et bien justement, comme Brice est fan de film d’horreur, il voudrait monter un plan à Polo, là-bas. — Quel genre de plan ? — On ne sait pas encore très bien, on se retrouve dans une heure chez Juséa. — D’ac, à tout à l’heure. Célie mit son téléphone portable en veille et réfléchit à cette proposition. Rien qu’à l’idée de pénétrer dans cette bâtisse, elle avait les poils que se dressaient sur les avants bras. Elle se souvenait qu’une fois, lorsqu’ils étaient petits, avec ses amis Polo, Brice, et Luce, ils avaient voulu y entrer. Elle avait été la seule à refuser. Elle les avait regardés depuis la fenêtre, mais au bout de quelques minutes, ils étaient ressortis en hurlant. Brice lui avait dit qu’il y avait quelqu’un à l’intérieur. Ils avaient vu une forme recroquevillée dans un coin. Depuis cette expérience plus jamais Célie n’était retournée sur les lieux. Brice quant à lui prétendait qu’il y était allé et qu’il n’y avait rien dans la maison, juste de vieux meubles délabrés et moisis. Avait-il eu réellement le courage de pénétrer de nouveau dans la maison ? Ou bien disait-il cela pour épater les autres ? Célie doutait ; Brice aimait beaucoup en rajouter et avoir le beau rôle dans les histoires qu’il leur relatait. Il était le plus vieux de la bande. Ils se connaissaient depuis la petite enfance, ils avaient été à la maternelle ensemble, puis s’étaient suivis dans les différents niveaux. Cette année, ils étaient en troisième, et bien heureusement dans la même classe. Lors de la rentrée scolaire, Célie avait d’ailleurs redouté, comme toujours en septembre, qu’ils soient séparés. Elle n’avait aucune certitude d’être avec ses amis. Lorsqu’elle avait vu leurs cinq noms affichés, elle s’était sentie déjà bien moins angoissée. L’année prochaine serait celle du lycée et il y avait deux établissements dans la région, quel allait être le choix de chacun d’eux ? Elle chassa cette question dans un recoin de son cerveau, tant elle l’inquiétait et de toute façon, cette appréhension n’avait aucune priorité en comparaison avec l’idée de Brice. Elle regarda l’heure que sa montre affichait et réalisa soudain qu’elle devait se changer. Elle était en short et jamais elle ne sortait dans cette tenue. Elle opta pour un jeans et un débardeur pastel. Elle se regarda dans son miroir, qui lui renvoya l’image d’une toute jeune fille de 14 ans avec une longue chevelure rousse, ondulante. Elle alla avertir sa mère, qui était dans la cuisine, de son départ. Quand elle fut dehors, la chaleur de ce mois de juin la suffoqua ; elle n’était
pas sortie de la journée. Elle leva les yeux vers le ciel et constata qu’il demeurait couvert. Elle pressa le pas, même si Juséa habitait non loin de chez elle. Elle était enchantée à l’idée de retrouver ses amis. Polo allait être absent pour une fois, mais c’était pour la bonne cause : lui préparer une fête d’anniversaire. Juséa vint l’accueillir et la fit entrer chez elle. Elle était en short et haut de maillot de bain. Célie l’enviait un peu parce que Juséa semblait sans complexe. Elle l’amena directement dans sa chambre. Célie était la première et les deux jeunes filles parlèrent immédiatement de la maison abandonnée. Juséa était partagée entre la peur et l’excitation, puisqu’elle ne connaissant pas l’endroit. Elle n’avait intégré ce groupe d’amis que depuis deux ans. Célie lui raconta leur première mésaventure. — Mais c’était qui la personne qu’ils ont vue ? — Je ne sais pas ! je ne l’ai pas vue, moi. Ils ont décrit une très vieille personne, mais ne l’ont pas très bien vue car ils sont tout de suite ressortis en courant. — Un homme ou une femme ? — Ils ne savent pas ! Brice disait qu’il ou bien elle était peut-être mort ! — Ah bon ! — Oui, la forme ne bougeait pas du tout. — Qu’avez-vous fait ensuite ? — Rien, nous sommes rentrés chez nous. — Vous n’avez pas appelé la police ? — Non, pour quoi faire ! De toute façon s’il était mort, c’était trop tard. Tu connais Brice avec sa passion pour les détails morbides. Il adore cela, donc nous en avons déduit que l’ombre aperçue était vivante. Les jours suivants, nous avons quand même guetté dans les journaux une quelconque découverte macabre, mais en vain. — J’en ai froid dans le dos. — Cette idée ne me branche pas, j’ai eu trop peur la première fois. Brice et Luce arrivèrent. Le contraste était saisissant puisque Luce était petite et rondelette tandis que Brice était très grand et mince. Brice aimait la provocation et ses coupes de cheveux en témoignaient. Cette fois, il s’était peigné en se dressant quelques mèches sur la tête et il les avait colorées en bleu fluo. Il ne passait jamais inaperçu dans la rue. Mais sous ses airs d’aventurier des temps modernes, Célie soupçonnait un garçon très sensible. Elle estimait qu’il s’était fait une carapace pour supporter les conditions de vie difficiles chez lui. Ses parents ne s’entendaient plus depuis des années et des rumeurs courraient sur sa mère qui aurait eu des problèmes avec l’alcool. Célie devait-elle apporter fois à ses racontars ? Elle avait quelquefois vu la mère de Brice, mais n’avait pu se faire une opinion. — Alors les filles, vous tremblez déjà ! déclara Brice d’un air de triomphe. — Je ne trouve pas ton idée excellente, avoua Célie. — Allons, ça va être génial ! Une fête anniversaire dans un endroit aussi curieux que celui-là ne peut être que réussie. — Il faut trouver une idée pour Polo, lança Juséa. — Et si nous décorions l’endroit, suggéra Luce. — Non les filles, vous n’y êtes pas, il faut lui ficher la frousse de sa vie, pour qu’il n’oublie jamais cet anniversaire. Je suis un garçon et je sais ce qu’il faut à un autre garçon, affirma Brice. Elles étaient sceptiques, mais en effet, elles n’imaginaient pas Polo satisfait d’une petite fête à leur manière. Elles acceptèrent donc la proposition de leur ami. Celui-ci ajouta : — Il faudrait aller sur place pour voir comment s’organiser. — Tu es sûr ? s’inquiéta Célie. — Tu es vraiment, et de loin, la plus trouillarde de nous tous ! rétorqua le jeune homme. Célie était presque vexée, elle regarda ses amies mais celles-ci ne dirent rien, de peur de passer pour des peureuses devant Brice. — Allons-y, dit-elle en baissant la tête.
— Ah quel courage, ma petite Célie. ironisa Brice. Célie haussa les épaules et suivit le petit groupe à l’extérieur. Brice marchait en tête, d’un bon pas. Les trois filles restaient derrière comme pour affirmer leur hésitation. Elles parlèrent peu durant le trajet. Ils dépassèrent rapidement leur village pour se retrouver en pleine nature. Brice bifurqua et commença à progresser dans un vaste terrain vague. De la maison, n’était visible que le toit puisqu’elle se situait derrière une petite colline. Rien que la toiture en disait long sur l’état de vétusté des lieux. Le terrain était terriblement accidenté, creux et bosses jalonnaient le parcours. Célie le redécouvrait, car jamais elle n’était revenue. De son souvenir d’enfance, il ne lui restait que sa peur. En approchant, elle aperçut une vieille bâtisse délabrée et elle en fut rassurée.Ce n’est qu’une ancienne maison, tout le mystère qui s’y rapporte n’était que dans mon imagination d’enfant, se dit-elle. Pourtant en pénétrant dans le jardinet, elle se sentit plus mal à l’aise. Elle détailla les murs : ils étaient couverts de larges taches noirâtres de moisissure, les fenêtres étaient brisées pour la plupart, seule la porte semblait avoir un peu moins souffert des effets du temps. Il se dégageait de l’endroit une atmosphère toute particulière comme si la maison les refusait, refusait les visiteurs.Comme si elle est vivante, pensa Célie. Celle-ci frissonna devant l’entrée et la peur revint la saisir tout entière. D’ailleurs, ils s’étaient tous arrêtés à quelques pas de l’accès principal, même Brice. Chacun regardait la porte sans prendre de décision, puis enfin Brice lança : — Allez les filles, on y va ! Au moment où il allait appuyer sur la poignée, la sonnerie de son portable retentit. Célie comprit immédiatement à ses réponses qu’il s’agissait de Polo. Brice raccrocha en disant. — La visite sera pour une prochaine fois parce que Polo nous attend devant chez Juséa. Il va falloir trouver un bon prétexte pour ne pas l’avoir convié à notre petite escapade. Célie se sentit soulagée, la visite n’était pas pour tout de suite. Elle regarda une dernière fois la maison et poussa un cri strident. — Que se passe-t-il ? s’écria Juséa. — Là, j’ai cru voir une… une ombre ! dit Célie en montrant une fenêtre. Brice éclata de rire ! — Tu rêves, il n’y a personne ! — Oh ! oui, peut-être ! admit Célie. — Tu as une imagination galopante ! sourit Luce, rassurée. — Pourtant c’était si… — La maison est abandonnée, il n’y a personne, assura Brice. Célie devait se rendre à l’évidence, son imagination lui avait joué un tour. Elle regarda de nouveau dans l’encadrement de la fenêtre. L’espace était vierge de toute présence humaine. Elle haussa les épaules et suivit ses amis qui déjà repartaient. En chemin, elle tenta de se souvenir de la vague impression qu’elle avait eue, mais sans succès ; cela avait été si fugace. C’était plus une sensation qu’une vraie vision. Elle se secoua comme pour chasser au loin ce qu’elle venait d’évoquer. Maintenant la véritable difficulté était de chercher un mensonge plausible pour Polo. Luce soudain s’écria : — Et si on lui disait que quelqu’un nous avait donné rendez-vous à tous les quatre dans la campagne. — Mais pour quelle raison ? questionna Juséa. — Une farce ! déclara Luce. — Si nous ne trouvons pas mieux en route, nous nous rabattrons sur cette suggestion, dit Brice. — Mais pourquoi Polo n’aurait-il pas été convié comme nous ? souligna Célie. — Nous ne saurons pas répondre à cette question s’il nous la pose, souligna Juséa. — OK ! Nous improviserons ! annonça Luce. Polo les attendait, son malaise était perceptible, du moins pour Célie qui le connaissait bien. Que s’était-il figuré ? Jamais un des membres du groupe n’avait été
mis à l’écart. Ou bien le jeune homme savait qu’ils complotaient pour son anniversaire ? Il avait les bras croisés, le visage un peu rouge, lui d’habitude assez blanc de peau, mais la chaleur pouvait en être responsable. Il avait mis un short long à la taille basse et l’on découvrait facilement son caleçon coloré. Quand ils furent proches de lui, il ne parla pas et ce fut Brice qui lui servit le mensonge de Luce. Brice bredouilla, mais cela sembla tout à fait rassurer leur ami qui se décontracta aussitôt. Est-il dupe ?se demanda Célie. Elle pensa également qu’il leur faudrait être bien plus discrets la prochaine fois. Ils entrèrent chez Juséa. Cette dernière proposa qu’ils aillent ensuite à la piscine municipale pour se rafraîchir. Célie fit un saut chez elle pour prévenir ses parents et attraper au passage ses affaires de bains. Elle n’était pas très à l’aise en maillot de bain. Elle se trouvait trop ou pas assez… bref, son corps n’était pas parfait pour elle et elle complexait. Elle enviait Juséa qui avait des proportions idéales. Juséa avait beaucoup de succès auprès des garçons et savait très bien en jouer. Tandis qu’elle-même se trouvait encore enfant et maladroite au sujet des flirts. D’ailleurs Juséa avait déjà des petits copains, alors qu’elle en était restée aux amours d’enfants, bisous sur la bouche et main dans la main. Ils arrivèrent sur les lieux et Célie passa dans la cabine. En tenue de bain, elle se regarda et la vision de son corps confirma son jugement. Elle sortit timidement et retrouva Juséa et Luce. Luce quant à elle, semblait décomplexée malgré quelques rondeurs évidentes. Une fois avec ses amies, elle oublia ses réflexions sur elle-même. Les trois filles retrouvèrent les garçons vers le grand bassin. Polo avait totalement oublié sa petite déconvenue et s’apprêtait déjà à plonger en défiant Brice. Brice, malgré ses dires, n’était pas aussi sportif que son ami. Célie pensait que justement cela le poussait à fanfaronner. Ils installèrent leur serviette et les filles plongèrent avec délices dans l’eau rafraîchissante. Elles firent quelques brasses et les garçons vinrent ensuite vers elles pour s’amuser à leur faire boire la tasse. Célie se défendait comme une sauvageonne et cette réaction amusait beaucoup Polo. Il réussit néanmoins à la couler plusieurs fois. Les trois jeunes filles fuirent et se couchèrent avec volupté sur leurs serviettes en plein soleil. C’était un moment de pur délice pour Célie, les rayons du soleil venaient jouer sur sa peau, la réchauffant. Ses deux amies étaient assises et commençaient à discuter, quand Juséa lui tapota sur l’épaule. — Tu as vu ? — Quoi ? demanda Célie, en s’asseyant à regret. — Là, regarde discrètement, il y a un gars qui t’observe depuis que nous sommes ici. — Ah bon ! — Mais oui, ma grande, tu plais ! lui lança son amie avec un sourire aux lèvres. — Et où est-il exactement ? — Dans un angle, près du mur. Célie tenta un regard. Elle le repéra immédiatement car, en effet, il avait les yeux sur elle. Quand leurs regards se croisèrent, Célie ressentit une chose étrange en elle, qu’elle ne sut interpréter. Le jeune homme lui sourit gentiment. Elle détourna aussitôt la tête car elle avait violemment rougi. Ses deux amies la regardaient avec un petit sourire en coin. — ça va, les filles ! bredouilla-t-elle. Occupez-vous de vos affaires. — Allons, Célie, c’est juste un garçon qui te regarde. Célie ne trouva pas la repartie et se recoucha sur sa serviette en prenant bien garde de ne pas tourner la tête vers le jeune homme en question. Polo et Brice lorsqu’ils étaient à la piscine ne sortaient plus de l’eau, tentant divers sauts. Mais la magie du moment avait disparu pour Célie et elle en voulait presque à ce jeune homme de la lui avoir gâchée. Elle n’arrivait plus à se régaler du soleil lui cuisant la peau et la laissant vide de toute pensée. Elle ne cessait, malgré elle, de songer au jeune homme. Il devait avoir un âge proche du sien, il avait également les cheveux roux, mais avec une nuance plus claire, il était mince, bronzé et avait un caleçon de bain rouge. Elle aurait aimé ne plus y penser, mais elle n’y arrivait pas, alors elle se retourna et se mêla à la conversation de ses amies. Une petite voix en
elle lui soufflait de constater s’il avait toujours les yeux fixés sur elle, mais elle voulait lui résister. — Il te fixe toujours, lui souffla Juséa. Célie haussa les épaules, mais ne put s’empêcher de regarder. En effet, le jeune rouquin avait encore les yeux rivés sur elle. Il osa même lui faire un petit signe de la main. Célie totalement décontenancée, tourna vivement la tête vers ses deux amies qui souriaient d’un air moqueur. Elle haussa de nouveau les épaules. — Tu aurais dû lui répondre, suggéra Luce. — Mais je ne le connais pas ! — Justement, c’est une manière de le rencontrer. — Mais je n’en ai pas envie ! — Je n’en suis pas si sûre ! ironisa Juséa. — Bon, les filles ça suffit avec ce mec. Polo et Brice sortirent enfin de l’eau et vinrent les arroser avec leurs cheveux mouillés. Elles hurlèrent pour le principe. La piscine allait fermer, il était temps pour eux de partir. Quand elle fut dans son lit, à 23 heures, juste avant de sombrer dans l’inconscience du sommeil, Célie eut deux visions : celle de la vieille bâtisse et celle du jeune homme entrevu à la piscine.
2 . L a re n c o n tre
Lorsque Célie s’éveilla à 6 h 30, elle songea que les jours du week-end filaient à toute allure en comparaison de ceux de la semaine et donc des cours. Célie se fit la réflexion que le temps était un élément dont la perception était très relative. Il ne restait que le mois de juin, cependant la date de passage du brevet des collèges arrivait à grand pas. Même si ses résultats scolaires lui garantissaient la réussite, elle n’en restait pas moins inquiète pour l’examen. Depuis l’enfance, à chaque événement officiel, elle ressentait une terrible baisse de ces capacités intellectuelles, le stress la paralysait. Elle se leva et passa dans la salle de bains. Ensuite, elle prit un rapide petit déjeuner avec ses parents qui partaient tous deux travailler en même temps qu’elle. Elle mit son sac sur le dos et partit rapidement. Le collège se situait à quelques kilomètres de chez elle. Elle retrouva ses amis à l’arrêt du bus scolaire. À peine arrivée, Juséa lui saisit les bras et lui glissa à l’oreille : — Devine qui vient de monter dans le bus ? — Je ne sais pas ! constata Célie d’un air interrogateur. — Tu n’as pas une petite idée ? lui souffla Juséa. — Non. — Pourtant, il me semblait, enfin… — Mais c’est quoi tous ces mystères ? — Monte dans le bus et tu verras. Intriguée, Célie grimpa les quatre marches. Elle inspecta les adolescents assis, elle les connaissait tous de vue et soudain son regard croisa celui du jeune homme aperçu à la piscine. Elle détourna la tête, mais il était trop tard. Il avait vu son intérêt à observer les passagers, il était facile pour lui de déduire qu’elle le cherchait. Célie eut le visage cramoisi. Elle en voulait à Juséa de l’avoir laissé faire. Qu’allait penser ce jeune homme de son attitude ? Elle se sentait très mal à l’aise. Luce comme à son habitude vint s’asseoir près d’elle, elle souriait. — Je suis morte de honte. lui annonça Célie. — Allons, tu ne devrais pas, c’est lui qui a tout fait hier pour que tu le remarques. — Oui, mais quand même ! — Laisses tomber, moi j’aimerais bien qu’un mec aussi mignon s’intéresse à moi. — Il est mignon ? — Mais oui, très mignon, tu ne l’as pas vu ? — Heu, non ! — Cél, tu exagères. Elle réussit à sourire et se réconforta en se disant que tout cela n’était pas si grave, c’était en effet lui qui l’avait regardée avec insistance à la piscine. Elle espérait tout de même qu’à part ses amis, personne ne l’avait vu agir ainsi. Polo et Brice étaient assis l’un à côté de l’autre durant le trajet. Célie les apercevait et habituellement le matin, ils ne se parlaient pas. Mais cette fois, ils étaient intarissables. Elle se demanda ce qu’ils pouvaient bien se raconter. Était-ce son attitude à elle qui provoquait cet échange ? Non, car d’ordinaire, ils auraient ri tout simplement, se moquant d’elle. C’était curieux. Pour comble de malchance quand elle entra en classe, elle s’aperçut que le nouveau venu y était. Elle détourna vite la tête et s’assit à côté de Juséa qui souriait à belles dents en la regardant. Avant que le professeur ne débute le cours, elle lui glissa à l’oreille : — Ma pauvre Cél, tu es poursuivie ! Le jeune homme fut présenté à tous les élèves. Il se prénommait Kal et venait d’arriver dans la région suite à un déménagement. Dans le cours suivant, Brice fit passer un petit mot aux filles, celui-ci leur proposait d’aller faire un tour à la vieille bicoque à la sortie des cours, car il savait que Polo avait à cette même heure une
activité sportive. Puis, lors de la pause, ils se retrouvèrent tous ensemble tandis que le nouveau errait seul dans la cour. Juséa la plus intrépide en matière de relation humaines, leur proposa d’aller lui parler. Ils étaient tous d’accord, sauf Célie. — La majorité l’emporte, ma cocotte. lui déclara Juséa qui déjà se dirigeait vers le jeune homme. — Non, attendez ! s’écria Célie à voix haute. Mais elle s’aperçut que des regards se tournaient vers elle, alors elle fut contrainte de suivre ses amis. Kal leur souriait en les voyant venir à lui, comme s’il s’attendait à cela. Il y eut un petit moment de gêne, de flou que Juséa combla très vite en posant des questions au nouveau venu. Célie le regardait à la dérobée, elle n’osait pas franchement croiser ses yeux et elle constata que son ami n’avait pas tort : Kal avait beaucoup de charme. J’ai entendu vos prénoms en classe, mais je ne m’en souviens plus. Sauf pour toi Célie. dit-il en la fixant et affichant un sourire coquin. — Mes amis m’appellent Cél, bafouilla celle-ci. Les autres déclinèrent leurs identités, puis la sonnerie retentit. La suite de la matinée fila à toute vitesse. Kal invité par Juséa mangea avec eux à la cantine, Juséa alla même jusqu’à lui proposer de venir avec eux dans la vieille bâtisse, le mettant au secret pour Polo. Célie était horrifiée. Elle ne savait pas comment se comporter devant ce garçon. Il la troublait avec ses regards insistants. Une fois les cours terminés, ils se retrouvèrent tous devant le collège. Ils devaient encore garder le secret tant que Polo était parmi eux. Celui-ci partit ensuite de son côté, il faisait du judo depuis des années et rituellement sa mère venait le chercher en voiture pour le déposer devant son lieu d’entraînement. Ils montèrent dans le bus et Kal tenta de s’asseoir à côté de Célie. Celle-ci se précipita alors auprès de Luce déjà assise. Son amie qui avait vu son manège lui dit : — Tu ne pourras pas le fuir éternellement, surtout s’il commence à traîner avec nous. — Mais il ne traînera pas avec nous, il mettra la zizanie. — Pourquoi ? Lorsque Juséa est venue dans le groupe l’année dernière, tout s’est bien passé ? Célie maugréa quelques vocables incompréhensibles en guise de mécontentement. Elle fut de mauvaise humeur tout le trajet, néanmoins cela l’empêcha d’anticiper pour la suite des événements. Ils descendirent du bus scolaire et partirent à pied. Célie avait au préalable envoyé un SMS à sa mère pour l’avertir du contretemps. Chemin faisant, elle repensa à son apparition et frissonna. Elle s’était laissée convaincre que c’était son imagination, mais… si… Non ! C’était forcément son imagination. Qu’avait-elle vu au juste, un ombre, une masse plus sombre se découpant dans l’encadrement. Il devait s’agir de l’ombre d’un meuble, d’une porte, de n’importe quoi d’autre qu’un être… humain. Elle songea à l’histoire de Brice lorsqu’ils étaient petits. Brice en route leur servit son scénario pour effrayer Polo. Il voulait que tous se cachent dans les recoins de la maison. Ils attireraient Polo sous un prétexte quelconque et lorsque celui-ci entrerait, ils surgiraient tous en hurlant. Célie persistait à dire que c’était stupide, mais Brice insistait et les autres semblaient convaincus. Jusqu’à Kal qui applaudissait au plan de Brice. Il devenait de plus en plus évident, selon Célie qu’il était en train d’infiltrer leur groupe. Lequel d’entre eux maintenant aurait eu le courage de ne pas l’inclure dans la petite fête qu’ils préparaient. Petite fête qui une fois la frayeur de Polo passée, devait se poursuivre dans la maison. — Parmi les toiles d’araignées, laissa échapper Célie. — Cela fera plus authentique, lui dit Kal. Elle haussa les épaules et répondit : — Authentique par rapport à quoi ? — Mais au film d’horreur ! répliqua Kal en forçant sur sa voix. Le timbre qu’il avait employé fit frissonner Célie. Elle le regarda et le jeune homme
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents