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Description
Sujets
Informations
Publié par | Québec Amérique |
Date de parution | 26 avril 2013 |
Nombre de lectures | 1 |
EAN13 | 9782764421246 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
GULLIVER
Collection dirigée par Stéphanie Durand
Du même auteur chez Québec Amérique
Jeunesse
Saga… un volcan en Islande, coll. Titan+, 2001.
Le Glacier, coll. Clip, 1995.
Au cœur de l’oreille – conte dans le collectif Tout un monde à raconter, coll. Clip, 1995.
Destins, recueil de contes, coll. Clip, 1994.
Sommaire
Du même auteur chez Québec Amérique - Jeunesse Page de Copyright Page de titre Dedicace Le chêne I - LE GLACIER II - INVENTER SA VIE INDEX DES PHOTOGRAPHIES - Photographies de Marc Laberge Du même auteur MARC LABERGE LE GLACIER - RECITS D’AVENTURES
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Laberge, Marc Le glacier (Gulliver; 194) Éd. originale: c1995. Publ. à l’origine dans la coll.: Collection Clip. Pour les jeunes.
9782764421246
I. Titre. II. Collection: Gulliver jeunesse; 194. PS8573.A168G53 2011 jC843’.54 C2011-941364-7 PS9573.A168G53 2011
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.
L’auteur remercie le Conseil des Arts du Canada pour son soutien financier.
Québec Amérique 329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage Montréal (Québec) H2Y 2E1 Téléphone : 514 499-3000, télécopieur: 514 499-3010
Dépôt légal : 3 e trimestre 2011 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada
Révision linguistique: Diane Martin Mise en pages: Cait Beatie Conception de la grille graphique: Caroline Fortin Conception graphique de la couverture: Nathalie Caron Photographie en couverture: Glacier Mendenhall, Juneau, Alaska, de Marc Laberge
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© 2011 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
Imprimé au Canada
À mon grand ami John Muir
Pourquoi aller tout risquer quand je peux rester chez moi, bien assis dans la chaleur de ma maison? La vie! n’est-ce pas la seule chose que je possède vraiment? Pourquoi aller au loin tenter le sort, défier le destin? Peut-être pour chercher des satis, factions indéfinissables et dangereuses…
Une sorte de passion sauvage de l’aventure me pousse toujours plus loin, toujours vers l’avant. Impossible de revenir sur ses pas après s’être enivré de liberté, après avoir vécu aussi proche de soi, aussi près de ses désirs, à faire autant partie de la nature… Plonger dans l’inconnu contient toujours sa propre satisfaction.
Il faudra que je parte de nouveau. L’irrésistible attraction de l’aventure m’emportera toute ma vie.
Le chêne
Derrière chez moi, il y a une vieille prairie et tout au fond, un chêne. Je ne sais qui l’a planté. Un poète, paraît-il… Chose certaine, il n’a perdu ni son temps ni sa peine car sans lui, le pays serait pas mal désert.
Durant les grandes froidures de l’hiver, il m’arrive d’écouter mon chêne, et je l’entends gémir des claquements. Tordu par les vents qui le fouettent depuis longtemps, il a l’écorce ravagée, parcheminée par le gel. Mais cet arbre est debout envers et contre tous.
À lui seul, ce chêne symbolise toute la lutte entre la vie et les forces de la nature .
I
LE GLACIER
D epuis quelques années, je préparais une expédition dans le but de réaliser un reportage photographique sur les glaciers, mais j’avais dû annuler ce projet à plusieurs reprises. Puis un jour, je suis entré en contact avec des Amérindiens de la côte Ouest, en Alaska, des Tlingits, qui acceptaient que je les accompagne.
Sans trop savoir ce qui pouvait m’arriver, je me rendis au petit village de Sitka, situé à environ deux cents kilomètres d’une immense région couverte de glaciers, nommée aujourd’hui baie des Glaciers.
Personne ne m’attendait là-bas, j’arrivais comme un vagabond. La vie continuait tout doucement comme si je n’étais pas là. Je déposai mes bagages et lentement je me mis au rythme du village.
La première journée, on s’assoit, on cause de choses et d’autres, on remet des présents au chef, qui nous souhaite la bienvenue en nous offrant à son tour un présent. Le lendemain ou le surlendemain, on parle de l’expédition et on prépare tout le matériel requis pour ces quelques semaines de voyage. Souvent, c’est de cette manière que les choses se déroulent dans une communauté amérindienne.
Le jour du départ arriva enfin. Ce matin-là, le quai débordait d’une activité fébrile. Pendant que nous nous attardions aux vérifications de dernière minute, parents et amis nous disaient au revoir et nous adressaient leurs recommandations.
Les canots étaient pleins à ras bord, fin prêts à partir et à disparaître au loin dans cette nature encore sauvage des innombrables îles de l’Alaska, mais nous attendions avec impatience un ami qui avait insisté pour venir nous saluer.
Lorsqu’il arriva finalement, je remarquai qu’il était accompagné d’un jeune chien à l’allure enjouée et insouciante. Cet animal effronté grimpa sur mes bagages en les reniflant, fit trois ou quatre tours sur lui-même et se vautra confortablement dans mes vêtements en repliant lentement sa queue sur lui-même, l’air de dire: «Je suis ici chez moi et j’y reste!»
J’étais stupéfait par la rapidité de cette prise de possession territoriale et par le naturel de la conquête. Constatant que ce plan avait bel et bien été prémédité par mon «très attentionné» ami, je m’objectai vertement:
— Non mais! Tu t’imagines quand même pas que je vais prendre avec moi cette… cette bibite à poil? Ce n’est pas sérieux! On va être partis pendant des semaines et on va sûrement avoir des tempêtes de pluie et même de neige, j’pourrai quand même pas le porter et m’occuper de lui comme d’un enfant… Regarde tout ce qu’on apporte comme nourriture! Et ça ne suffira même pas. Il va falloir chasser, pêcher et cueillir des petits fruits pour compléter notre régime alimentaire… et en plus tu m’amènes un chien! Débarrasse-moi de ce toutou sans gêne! Mais qu’est-ce que t’as bien pu penser? Tu pourrais le donner aux enfants sur le quai…
Mon ami m’arrêta tout de suite, un peu insulté, comme si tout ce que je venais de déblatérer à propos de cette petite bête le touchait personnellement :
— D’abord, ce chien s’appelle Stickeen. Retiens bien son nom. Ce n’est pas n’importe quel canidé! Il est capable d’une affection profonde, d’une fidélité insoupçonnable, de… de… De plus, tu verras, il nage mieux qu’un phoque, il résiste au froid mieux qu’un ours polaire…
Emporté, enflammé, mon ami se mit à me défiler une telle liste de vertus que c’était à se demander s’il parlait vraiment d’une simple bête. Il finit en ajoutant :
— Amène-le, tu vas voir! T’auras pas de trouble avec lui et il sera le membre le plus intéressant de toute l’expédition!
Je dois vous avouer que j’adore les chiens, mais franchement, ce n’était pas la place pour un petit barbet comme celui-là. À la limite, si mon ami m’avait amené un rude molosse aux crocs puissants capable de faire face à un grizzli, je ne dis pas! Peut-être! … Mais si vous aviez vu l’animal ! Bas sur pattes, plutôt courtaud, le genre «baquèse», comme on dirait par chez nous, mais avec un poil soyeux et légèrement ondulé – comme s’il était soigneusement coiffé – et tellement long que lorsqu’il ventait, il devenait tout ébouriffé. Une petite tête au museau un peu aplati, les oreilles courtes et pointues et, sous la touffe ombreuse des sourcils, de petits yeux en noisettes aussi fins, brillants et perçants que ceux des renards, auxquels il me fera souvent penser d’ailleurs. Mais sa caractéristique la plus étonnante était sa queue qu’il portait, à la manière d’un écureuil, recourbée au-dessus de son dos de telle façon que l’extrémité rejoignait presque son museau. Aérienne et gracieuse, cette queue, ajoutée au port relevé de sa tête et à un regard un peu lointain, lui donnait une allure désinvolte quand il déambulait fièrement.
J’ai essayé de l’appeler Copain ou Pataud, ou d’un autre beau nom de chien, quoi! Mais je n’ai jamais réussi à le faire réagir à un autre nom.
On avait déjà tenté de retracer ses ancêtres, de savoir de quelle race de chien il provenait, mais on n’avait jamais découvert un seul indice: un pur