La Petite Fille au bout du couloir
62 pages
Français

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La Petite Fille au bout du couloir , livre ebook

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Description

«?Dans son beau petit village de Sicile, on l'avait d'ailleurs surnommée ‘'la Bersagliera'' en comparaison de sa beauté avec celle d'une grande et magnifique actrice italienne qui venait de jouer le rôle de la Bersagliera dans un film à succès de l'époque. Une beauté fraîche et renversante ! Oui, mais elle était là en France, et elle ne faisait rien, elle allait finir par s'étioler à force ! Quel gâchis ! Que de pleurs elle versait en silence ! Elle se mit à rêver à son éventuelle vie si... Elle commençait à avoir des regrets et gagnait en amertume. Lui ne le voyait pas, ne le comprenait pas. Comment aurait-il pu ? Il ne le concevait même pas.?» Pour lui, elle a tout quitté : sa Sicile natale, le cocon familial, ses amis. Elle l'a suivi par amour, qu'il lui rend bien pudiquement. La vie de la jeune mariée s'avère difficile, pleine de désillusions. Comment s'épanouir lorsque l'on ne se sent pas écoutée ? Prisonnière, les saisons passent et la belle fane sans fleurir. Pourtant, les cycles se succèdent mais ne se ressemblent pas. D'autres bourgeons peuvent éclore et réaliser les rêves manqués des premiers. Maria nous fait part d'un récit romancé et touchant. L'histoire d'une transmission mère-fille, pour un nouveau printemps.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342153132
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Petite Fille au bout du couloir
Maria
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Petite Fille au bout du couloir
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
À ma mère
 
 
 
 
 
 
 
Comment aurait-elle pu avoir des amies ? Elle était si belle, trop belle. Quel soleil ! Son sourire magnifique éclairait le jour.
Elle se battait dans ce monde inconnu, loin des siens. Tout était si étranger. Elle se sentait tellement seule, elle qui avait été pourtant très entourée d’amour et de joie jusqu’à ses dix-neuf ans.
Dix-neuf ans, c’est si jeune ! Aujourd’hui, dans l’immense beauté de ses vingt ans, elle se sentait perdue, isolée. Il n’y avait que son amour, celui pour qui elle avait tout quitté : son pays, sa maison, sa famille, ses amis, ses connaissances, son climat, tout ! Elle l’aimait tant cet homme, mais lui, ne lui montrait pas assez son amour. Question d’éducation sans doute. Dans la Sicile de ce temps-là, il devait en être ainsi peut-être…
 
Elle était tombée amoureuse de ce beau jeune homme qui la dépassa un jour en lui souriant. C’était dans une rue de son beau petit village natal de Sicile. Elle ne vit que son sourire et fut troublée par les effluves de son parfum. « Il sentait si bon ! » se plaisait-elle à raconter. Lui, bien sûr, ne vit que sa grande beauté et sa fraîcheur envoûtante. Il rentrait de France, l’Eldorado où il avait trouvé un bon travail et était en vacances dans sa famille. Ils s’aimèrent donc dès le premier regard mais il devait repartir gagner sa vie. Il reviendrait, l’épouser et la chercher pour l’emmener dans ce pays fabuleux. Elle était aux anges et l’attendait le cœur rempli d’amour et d’espoir. Ce furent deux longues années jalonnées d’attentes, de courtes retrouvailles, de pleurs et de longues lettres passionnées. Le grand jour fut programmé. Ils se marieraient après Noël, le jour de la Saint Sylvestre, et il l’emmènerait en France. Elle était heureuse. Elle imaginait cet endroit et rêvait à sa nouvelle vie. Elle ne pensait qu’au bonheur qui l’attendait. Bien sûr elle avait un pincement au cœur en pensant à sa maman, dont elle allait devoir s’éloigner, mais la pensée de vivre enfin avec l’homme de sa vie effaçait sa peine de quitter les siens. Elle était si jeune…
 
Le grand jour arriva. Ils se marièrent donc dans ce petit village où son enfance avait été si heureuse. Elle était magnifique, d’une beauté qui fait mal. Elle émerveillait tous les êtres par sa grande beauté et son bonheur. Ils fêtèrent leur union pendant près d’une semaine. Leur vie commune débutait donc sous de bons auspices.
Elle quitta les siens très vite, pour abréger les pleurs et la souffrance. Elle s’arracha des bras de sa mère qui, hurlant sa douleur de la voir partir si loin, qualifia son gendre de voleur et le supplia de lui laisser sa fille. Elle avait essayé d’oublier cette image terrible toute sa vie, sans jamais y parvenir. Ce fut un déchirement incommensurable !
Seule la promesse de son mari réussit à lui redonner son beau sourire dans ce train qui la conduisait si loin de chez elle : « Si tu ne te plais pas en France, nous reviendrons ici ! »
Elle se blottit tout contre lui, remplie d’espoir et d’amour.
 
 
Mais rien n’était comme elle l’avait tellement imaginé ! Elle, qui venait de s’arracher à sa terre natale, à son pays si cher à son cœur, à son beau petit village, à sa famille si présente ! Comment pourrait-elle exister ici ? Trouver sa place ? Elle, qui avait vécu très tôt certains côtés sombres de la vie, sans toutefois rien vraiment connaître de cette vie, se sentait aujourd’hui complètement perdue. Du haut de ses trois ans, elle avait vu pleuvoir des larmes de feu dans le ciel de sa campagne natale. Elle était si petite et se doutait que l’heure était grave, la guerre grondait mais elle se sentait protégée par les siens. Alors qu’aujourd’hui, dans ce pays qui était si chargé d’espoir, elle se sentait seule, abandonnée, tellement vulnérable. Mais il fallait rester. Il fallait obéir, lui obéir. Il avait apparemment oublié sa promesse. Il lui faudrait s’habituer à son nouveau pays. Il ne pouvait en être autrement. Il ignorait ses pleurs, sa détresse. Ils étaient partis de leur Italie adorée pour des jours meilleurs, des jours plus riches, pour du travail. Mais où était la vraie richesse pour une jeune femme à peine sortie de l’enfance ? Elle, qui n’avait connu que son cocon familial et son petit village de Sicile ?
Elle se souvenait de ses promenades, de ses chevauchées dans sa belle campagne odorante. Elle apportait les repas à son père, garde champêtre, sur sa monture, comme une petite sauvageonne. Elle était si heureuse, si libre dans cette belle nature familière. Elle ne vivait que dans le souvenir de ces moments merveilleux qu’elle avait vécus. Dans sa grande solitude, elle revoyait aussi ces belles et grandes tablées en famille dans sa maison d’enfance. C’était chez eux que toute la famille, tous ses cousins, oncles et tantes aimaient à se réunir pour partager des moments heureux, chaleureux et inoubliables. C’était toute cette chaleur qui lui manquait aujourd’hui. Les voisins prenaient également part aux réunions de famille. Elle s’en souvenait, ils étaient si prévenants. Ils veillaient sur elle et ses sœurs comme sur leurs propres enfants. Il y avait beaucoup de sincérité et de solidarité. C’est ainsi qu’elle s’en souvenait et cela la rendait encore plus triste et accentuait son sentiment de solitude. Ici, elle avait l’impression que personne ne s’inquiétait pour elle et toute cette affection lui manquait tellement ! Comment pourrait-elle aimer ce pays, son nouveau pays alors qu’elle s’y sentait si seule, privée de famille et d’amis ? Sa souffrance s’atténuerait certainement, le temps ferait bien les choses… Du moins l’espérait-elle !
 
Elle ne vivait que pour le moment où il rentrait du travail, où elle le retrouvait enfin, où elle retrouvait cet homme qu’elle avait accepté de suivre aussi loin. Mais, pour le moment, ils n’avaient pas beaucoup d’intimité. Pas de petit nid comme promis. Ils devaient se contenter d’une chambre chez le meilleur ami de son mari, Roberto, originaire de la même ville de Sicile, et qui avait immigré en même temps que lui. Il était marié à Matilda. Ils partageaient cet appartement où rien, mis à part son trousseau, ne lui ressemblait, ne venait d’elle, ne lui était familier. Les doutes commençaient à l’assaillir.
Matilda lui semblait tellement hostile, si peu accueillante. Elle se sentait comme un poids difficile à supporter. Oh, bien sûr, Roberto, elle le ressentait, était sincèrement heureux de les accueillir en attendant qu’ils trouvent autre chose. Mais sa femme laissait transparaître un accueil forcé, une obligation tellement imposée. Alors elle priait si fort pour trouver enfin un petit nid rien que pour eux deux. Ça devenait insoutenable, malsain. Elle surprenait des disputes entre les deux époux à son sujet : « Elle doit partir », répétait Matilda. Il était évident qu’elle les logeait par obligation, non par gaieté de cœur et ça faisait terriblement mal de l’entendre, surtout pour une jeune femme déracinée, privée de sa famille. Elle suppliait chaque soir son mari. Elle pleurait. Il ne comprenait pas vraiment comment elle pouvait parler d’accueil forcé alors que son ami prétendait les aider comme un frère. Mais il se presserait de trouver un appartement. Il fallait tout de même qu’elle cesse de pleurer.
Enfin, ce jour arriva. Cerise sur le gâteau, leur petit nid se trouvait au village et non dans cette cité qu’elle n’aimait pas. Enfin, un peu de soleil !
C’était un appartement au-dessus de la mairie, un petit lavoir en contrebas. Elle, qui ne comprenait pas un mot de français, passait ses journées dans un logement vide, pratiquement dénué de meuble et de surcroît toute seule jusqu’au soir. Le large rebord de la fenêtre de la cuisine faisait office de table. Mais elle n’était plus sous le contrôle, la surveillance de Matilda. Du moins le croyait-elle !
 
La vie suivit son cours. Les jours passaient, faits d’attente et de solitude. Et puis, une petite vie se mit à grandir dans son ventre. Elle était si heureuse mais en même temps si effrayée. Elle ne pouvait pas rester seule toute la journée, se disait-elle. Alors elle allait à pied rendre visite à Matilda. Même si son accueil ne lui plaisait pas, elle avait au moins un peu de compagnie et se sentait un peu plus rassurée.
Un beau jour de ce printemps-là, ils gagnèrent une jolie chambre à un jeu de loterie dans un magasin de la ville voisine. Quelle joie ! C’était un signe ! Un signe que tout irait bien, que tout irait mieux ! Que du bonheur ! Les choses évoluaient !
 
Bien que le salaire de son mari soit amputé de l’argent qu’il envoyait régulièrement à ses parents au pays, ils purent se meubler et acquérir de plus en plus de choses. L’appartement commençait à lui être agréable. Elle en avait tellement besoin dans son état.
Pour qu’elle se sente moins seule, il lui offrit un petit transistor. Ce fut certainement le cadeau le plus important qu’il lui fit de toute sa vie. En effet, ce fut un cadeau béni : grâce à ce poste, à sa ténacité et à son intelligence, elle suivit les cours de français diffusés spécialement pour les immigrés italiens et apprit le français à une vitesse et une exactitude qui feraient pâlir plus

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