La butte à Pétard
55 pages
Français

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Description

Fuyant la déportation en 1755, deux jeunes Acadiens font l'apprentissage de la survie en forêt.
En 1755, pour échapper à la déportation, plusieurs familles acadiennes se réfugient dans les bois. Prémélia et Fidèle se retrouvent en forêt avec leur grand-père. Leur fuite se transforme en un éprouvant exil.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 septembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782896820665
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0174€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La butte à Pétard


DIANE CARMEL LÉGER

La butte à

Pétard

illustrations de Michel Léger

BOUTON D’OR ACADIE

Pour ses activités d’édition, Bouton d’or Acadie reconnaît l’aide financière de la Direction des arts du Nouveau-Brunswick, du Conseil des Arts du Canada et du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada.

Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays.


Titre : La butte à Pétard
Texte : Diane Carmel Léger
Illustration de la couverture : Réjean Roy
Illustrations : Michel Léger Conception graphique : Lisa Lévesque Direction littéraire : Marie Cadieux

Première édition : 1989, Éditions d’Acadie
Réimpressions : 1990, 1993­­­
Nouvelle édition : 2004, Bouton d’or Acadie
Réimpressions : 2007, 2008, 2012 , 2019
Réédition : 2015
ISBN 2-922203-70-0 (1 re édition)
ISBN 978-2-922203-70-0 (réimpression)
ISBN 978-2-89682-064-1 (réédition 2015)
ISBN 978-2-89682-065-8 (PDF)
ISBN 978-2-89682-066-5 (ePUB)
Dépôt légal : 2 e trimestre 2004
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Distributeurs : Prologue et Bouton d’or Acadie

© Bouton d’or Acadie
C.P. 575, Moncton, NB, E1C 8L9, Canada
Téléphone : (506) 382-1367

Courriel : info@boutondoracadie.com
Internet : www.boutondoracadie.com
www.avoslivres.ca

Imprimé au Canada

Table

Mot de l'auteur

Été 1755 : Le grand dérangement
1. La mission de Fidèle
2. Le ruisseau Vaseux
3. Le corbeau
4. À la Petcoudiac

Automne 1756 : Cachés dans les bois
5. Le festin de légumes
6. Les Habits Bleus
7. Le geai bleu
8. Le désespoir

Hiver 1757 : La ténacité
9. L’orignal
10. Les goélands
11. Le caveau
12. La grande visite

Printemps 1763 : Les retrouvailles
13. La fin de la guerre
14. La grande demande
15. La fauvette jaune


À la mémoire de mon cher père,
Raymond à Elphège à Arthur
à Marcellin à Jean à Charles
à Jacques à Jacques à Jacques.

Mot de l’auteure

Depuis sa fondation en 1604, l’Acadie, colonie française en Amérique du Nord, se retrouve tantôt aux mains des gouverneurs français, tantôt sous le contrôle du gouvernement anglais. Alors que leur territoire est au coeur des conflits qui opposent les deux grandes puissances, les Acadiens décident de rester neutres.
Toutefois, à partir de 1755, le lieutenant-gouverneur Lawrence exécute l’ordre d’expulser les Acadiens, d’incendier leurs établissements et de confisquer leurs terres au profit de nouveaux colons anglais. La plupart des Acadiens sont mis à bord de navires et déportés dans les treize colonies anglaises du sud. Beaucoup de familles sont alors séparées et, dans certains cas, leurs membres ne se reverront jamais.
Il y avait au-delà de 12 000 habitants de souche française en Acadie avant le début de la Déportation, en 1755. Environ 10 000 d’entre eux furent emprisonnés et déportés, tandis que les autres se sauvèrent en Nouvelle-France ou se cachèrent dans la forêt, souvent avec l’aide des Mi’kmaq. Ce roman raconte l’exode d’une de ces familles acadiennes qui a trouvé refuge dans les bois. Il est inspiré d’un personnage qui a réellement vécu dans mon village natal de Saint-Joseph-de-Memramcook. Pétard était le sobriquet d’un dénommé Cyr qui habitait sur la butte. D’après la tradition orale, il était audacieux et aimait le mode de vie des Mi’kmaq.
Ce récit renferme plusieurs expressions propres au parler acadien. Par exemple, les Acadiens disent parfois qu’ils sont >bénaises , c’est-à-dire « bien aises », ou qu’un enfant est >escrable , une déformation du mot « exécrable », qui signifie espiègle ou remuant. Chez les Acadiens, un élan est « un certain temps », le refoul désigne le mascaret ou la vague déferlante à marée montante, et on dit que quelque chose beluette quand elle produit des lueurs ou des étincelles. De plus, le vocabulaire des Acadiens s’est enrichi au contact de leurs amis Mi’kmaw. Par exemple, ceux-ci parlent des « grandes neiges » pour faire allusion au mois de février et ils pêchent une espèce de petite morue qu’ils appellent poulamon . De plus, le madouesse désigne un porc-épic, l’écorce de bouleau s’appelle du mashcoui tandis qu’un nigog est une espèce de harpon servant surtout à pêcher l’anguille.
Mis à part le personnage de Pétard, ainsi que le lieutenant-gouverneur Charles Lawrence et le héros acadien Beausoleil Broussard, tous les personnages de ce roman sont imaginaires. Puis, en réalité, ce fut seulement une partie de Memramkouke qui fut détruite à l’été 1755. La butte à Pétard fut incendiée à l’automne. Cette histoire se veut donc un récit romancé bien plus qu’un document historique.
Selon l’historien Placide Gaudet, il y avait trois cachettes dans la vallée de Memramcook, dont une derrière la butte à Pétard. Ces Acadiens sont restés cachés pendant au moins cinq ans avant de se rendre aux autorités anglaises. Mais je me suis dit qu’il devait y avoir des plus têtus parmi eux, qui sont restés cachés plus longtemps, surtout s’ils avaient un sobriquet comme Pétard...

Été 1755

le grand dérangement

1

La mission de Fidèle

Fidèle canote sur la rivière Memramkouke, brune et sinueuse. C’est la première fois que le garçon de onze ans est envoyé seul en canot. Il doit retrouver Kitpou pour savoir si la guerre est déclarée depuis la prise du fort Beauséjour par les Anglais en juin.
Les vagues sont de plus en plus fortes à mesure que Fidèle s’approche de la baie de Chipoudie. Près de la pointe Rocheuse, il aperçoit des cabanes abandonnées. Mais où sont les Mi’kmaq ? Ont-ils encore changé de campement, comme les Mi’kmaq de la butte à Pétard ?
« Il faut que je m’en aille, constate Fidèle. L’eau commence à baisser… » En effet, la marée monte et baisse très rapidement dans ce coin de l’Acadie. Deux fois par jour, les deux rivières se vident presque complètement. Il faut les connaître avant de s’y aventurer. Fidèle tourne le canot de bord. Certains disent que cet endroit est hanté par des esprits Mi’kmaw.
– Fidèle ! hurle soudain une voix qui fait sursauter le garçon.
Fidèle se retourne et, à quelques mètres de lui, il aperçoit un Mi’kmaw en canot qui vient du bout de la pointe Rocheuse. Il reconnaît Kitpou.
– Les Habits Rouges s’en viennent, annonce le Mi’kmaw. De nouveaux vaisseaux sont ancrés aux forts. Ils pourraient même arriver ici demain !
Kitpou montre du doigt la rivière pleine de méandres en commandant :
– Avertis à Memramkouke... Moi, à Petcoudiac.
Puis, à grands coups de rame, le vaillant Mi’kmaw s’élance vers la rivière Petcoudiac. Le coeur du garçon bat à tout rompre. Pourra-t-il informer tous les Acadiens de sa vallée que les soldats s’en viennent ?
À son tour, Fidèle se précipite vers l’amont, ramant de toutes ses forces. Il a juste le temps de gag ner la rive en face de la pointe à Boulots avant que le fond boueux de la rivière n’arrête son embarcation. Il crie aux fermiers qui travaillent dans le marais sur l’autre rive. On sonne les cloches de l’église ; Fidèle n’aura donc pas besoin d’avertir les habitants pour quelques lieues. Il court jusqu’à chez lui, sur la butte à Pétard, en alertant les gens sur sa route.
Pendant ce temps, dans les marais de la partie supérieure de la douce et fertile vallée de Memramkouke, son père, Jacques, son grand-père, surnommé Pétard, et leurs voisins sont à faire les récoltes. Après une longue journée de travail, ils retournent à leurs modestes maisons pour y prendre un copieux souper.
– Hé, mon père, allez-vous manger chez la veuve Rosalie ce soir ? taquine le grand Jacques.
Pétard sourit et répond :
– Ouais, j’aimerais bien, mais j’ai peur qu’elle me ferme la porte au nez. Elle n’est pas douce, la Rosalie.
Et le vieux s’esclaffe de son drôle de rire :
– Cla ! cla ! cla !
À ce moment, Jacques aperçoit son fils courant sur la digue. Fidèle, à bout de souffle, annonce la grave nouvelle :
– Soldats... demain... Kitpou avertit... Petcoudiac... Moi... Memramkouke. Il reste les fermes d’en haut.
– Tu as assez couru, mon fils ; un autre va y aller, décide Jacques.
Un jeune volontaire part aussitôt. Pétard lui hurle :
– Avertis seulement Ti-Pruce, il préviendra le reste de son village.
Quelques-uns sont pris de panique. Le vieux Pétard essaye de les calmer :
– Écoutez, les gars. Les rumeurs des Mi’kmaq sont donc vraies : c’est notre tour, cette fois. Le lieutenant-gouverneur Lawrence veut emprisonner nos familles. Mais nous autres, on a le temps de nous sauver. Allons nous cacher au ruisseau Vaseux !
Pétard demande à son fils :
– Jacques, qu’est-ce que tu vas faire ?
– Marie devrait accoucher au plus tard ce soir. Nous vous rejoindrons cette nuit.
Chacun retourne chez soi afin de se préparer pour la fuite. Les Acadiens de la vallée de Memramkouke savent qu’ils passeront une nuit pénible et inoubliable.

2

Le ruisseau Vaseux

Chez la famille de Jacques à Pétard, on se prépare hâtivement à fuir vers la forêt, où l’on compte se cacher des soldats anglais. Prémélia, la soeur de Fidèle, rassemble des bols et des gobelets d’étain qu’elle dépose dans un sac. Elle décroche le petit chaudron et s’approvisionne en bougies. À l’armoire, elle remplit trois petits sacs : un d’avoine, un de mil et un de farine. Dans son empressement, elle échappe de la farine sur le plancher.
– Laisse ça, chérie, dit faiblement sa mère, Marie, de son lit.
– Dois-je emporter du beurre et de la viande ?
– Non. La canicule n’est pas finie. Il n’y aura pas moyen de les garder au frais et hors de la portée des animaux. N’oublie pas une aiguille et du tissu à r

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