Imelda
174 pages
Français

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Description

Durant un séjour aux Philippines, un Français découvre un peuple attirant sous bien des aspects mais dont les mœurs et coutumes le déroutent. Alors qu'il aborde la cinquantaine, Paul s'éprend d'une jeune autochtone âgée de dix-huit ans. Mais bientôt, le choc des cultures et la différence d'âge suscitent entre les amants de terribles affrontements...

Leur amour ardent et passionné sera-t-il assez puissant pour triompher des tempêtes de la vie ? La folie meurtrière des hommes va en décider autrement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 février 2013
Nombre de lectures 5
EAN13 9782332515476
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-65203-4

© Edilivre, 2014
Chapitre I
Comme chaque soir, Paul desserra la boucle de sa ceinture, laissa filer son pantalon sur la descente de lit, puis déboutonna sa chemise blanche avec des gestes nonchalants. Un gilet de laine rouge trouva sa place sur le cintre suspendu à la clé de la serrure de l’armoire à glace auquel vint s’ajouter la chemise ; saisissant son pantalon par les extrémités, laissant le poids faire le pli, il le posa délicatement sur un valet en bois verni. Le reste des sous-vêtements s’entassèrent sur les bras d’un vieux fauteuil garni de velours jaune, placé en biais dans la fenêtre d’angle de la chambre. Les rideaux de satin bleu foncé une fois tirés, une douce pénombre propice au repos envahit la pièce. Cet incontournable rituel précédait les nuits dans lesquelles se baladaient les insomnies de l’ingénieur. Une tisane, posée sur la table de chevet, dispersait son arôme dans l’attente d’être bue. Paul allait s’engager dans son rendez-vous nocturne avec un roman policier, quand elle passa la porte de la chambre et vint se dévêtir à son tour.
Elle était jeune, souple et légère, ne faisant pas plus de bruit qu’un matou se déplaçant sur la moquette ; capter son regard à travers la fente de ses paupières bridées n’était pas chose aisée et cela donnait encore un peu plus de mystère à sa personne. Son corsage en peau d’ange, entrouvert, laissait apparaître deux demi-sphères entourées d’une fine dentelle blanche ; une agrafe céda sous la pression de ses doigts aux ongles teintés de rouge ; libérée, la jupe en lainage gris s’affaissa sur ses cuisses, ripa sur le nylon de ses bas couleur d’ambre, puis toucha le sol. La bande immaculée d’un string lui barrait le flanc, se perdant entre deux fesses charnues. La jeune femme enfila une robe de chambre en soie rose et noire qui avala son intimité ; puis elle disparut à nouveau, toujours en silence, muette, dense.
Les tissus collaient à la peau. Une détestable moiteur engageait à rester nu. Paul s’efforça de revenir à sa lecture, mais il ne parvenait pas à fixer son attention tant l’air était lourd.
Trois ans ; cela faisait trois années déjà qu’ils partageaient cette intimité, délicate, feutrée ; et pourtant, à de rares instants, de violents accrochages éclataient soudain prenant alors la force d’un typhon, puis disparaissaient tout aussi rapidement, non sans avoir agressé le cœur de chacun, griffé les sentiments les plus nobles. Avaient-ils réellement besoin de mesurer en permanence la force de leur amour ? Peut-être pas. Ils obéissaient à ce curieux comportement du couple qui semble vouloir affronter volontairement des instants périlleux pour mieux savourer la sérénité.
Ce soir-là, le calme régnait dans le nid douillet. Elle reparut.
Le regard fixé sur son livre, Paul devinait les gestes de sa compagne, toujours immuables, presque cérémonieux. Comme chaque soir, au retour de son bain, elle effleura le bord du lit, laissa tomber le peignoir blanc en tissu-éponge qui la recouvrait. Elle apparut entièrement nue ; puis, consciencieusement, elle déposa ses bijoux dans un petit coffre en bois d’ébène garni de velours rouge ; un solitaire fit miroiter ses facettes ; vinrent ensuite un rubis entouré de brillants et une petite émeraude ; détachée de son cou, une chaîne en or, retenant une grosse topaze sertie dans quatre griffes très apparentes, rejoignit son trésor. Comme nombre de ses congénères, la petite asiatique adorait se parer de nombreux bijoux.
D’instinct, Paul tourna lentement la tête vers la jeune femme ; cette fois encore il se remplit d’elle comme d’une délicieuse gourmandise ; sans se lasser, il parcourut les contours déroutants de son corps menu et potelé à la fois, la longue chevelure noire éparse sur ses épaules et ses reins. Une fois de plus, Paul sentit les muscles de sa mâchoire se contracter, sa gorge se serrer, le rythme de son pouls s’accélérer. À ce moment, il lui semblait commettre un inceste, un sacrilège, tant était grande leur différence d’âge. Un ressentiment étrange, fait d’un mélange de sensualité auquel se mêlait une sorte de révolte, provoquait durant une fraction de seconde un recul dès que sa main touchait le corps encore gracile, à peine sorti de l’adolescence. Un léger malaise l’envahissait alors. Il repoussait à chaque fois ce sentiment de culpabilité avec force et avait tendance à se montrer encore plus violent dans ses rapports amoureux, comme pour se convaincre qu’il était bien en possession de son bon droit. Puis, savourant la douceur veloutée de la peau étrangement soyeuse, il se perdit dans le parfum indéfinissable qui caractérisait si bien la jeune Asiatique ; la tête lui tournait ; savourant la chevelure abondante qui balayait son visage, son torse, il céda alors à des longs et délicieux frissons émotionnels chargés d’érotisme. Comme une liane, elle se glissa contre lui ; la peau lisse comme un galet contrastait singulièrement avec le relâchement des muscles et le flétrissement de la peau de l’homme vieillissant qu’il était. Tour à tour, tendue, lascive, jouant de ses volumes, l’Orientale mena à son rythme la danse de l’amour. S’enivrant de son intimité, parcourant de ses lèvres le corps de la jeune femme, Paul sentit ses sens revivent ; le sang battait fortement dans ses veines, se répercutant dans ses tempes ; en cet instant, l’âge n’existait plus ; viril, il se donna à fond dans une danse vertigineuse, pénétrant sa partenaire avec force. Dans une communion totale, les amants exprimèrent avec violence l’extase d’un plaisir charnel.
L’’étreinte relâchée, lasse, heureuse, la jeune femme s’abandonna au sommeil, confiante, avec un doux ronronnement. Une ligne blanche subsistait entre ses paupières restées légèrement entrouvertes. Le visage énigmatique, beau, serein et dénué d’expression, dans son sommeil semblait immuable, éternel, comparable à un masque figé depuis des temps immémoriaux. Paul la serra dans ses bras, alors qu’en position fœtale, elle enfouissait son dos contre son ventre. Ils s’endormirent ainsi, comme chaque soir, ne faisant plus qu’un seul être.
Leur rencontre avait été si étrange.
* *       *
La première fois que l’avion l’avait emporté vers l’Asie, jamais dans ses rêves les plus fous, Paul n’avait imaginé que les événements prendraient une telle tournure. Aujourd’hui, installé à nouveau dans la Cie Philippine Airlines, effectuant un ultime voyage dans l’obligation de faire face aux événements tragiques survenus récemment dans sa vie, il se demandait comment il allait s’y prendre pour annoncer la terrible nouvelle à ses beaux-parents.
Paul se remémorait la découverte de Lido Beach, plage carte postale des Philippines avec ses palmiers couchés sur la mer. La chaleur moite, suffocante, poussait la population à se jeter dans l’eau tiède. L’arrivée d’un typhon provoquait une sourde inquiétude parmi les éléments ; le vent en rafales poussait une partie de la faune dans l’affolement, tandis que l’autre demeurait, étrangement, silencieuse. Au milieu d’une foule grouillante, bigarrée, sagement groupée près du rivage, Paul se mit à l’eau. Les femmes se baignaient avec un tee-shirt, un short ou une robe légère, de sorte qu’à la sortie de l’eau, les tissus collés sur les corps offraient un spectacle inhabituel, attractif. Soudain des gouttes de pluie, grosses comme le doigt, commencèrent à claquer sur les larges feuilles des bananiers puis s’écrasèrent avec un bruit mat sur le sable. Très rapidement, la bourrasque força tout ce petit monde à s’abriter. Entraîné par la foule vers une paillote plus large que les autres, Paul s’engouffra dans une sorte de bar à l’intérieur duquel les indigènes s’esclaffaient bruyamment ; il ne comprenait pas le langage pratiqué par les autochtones mais, de temps à autre, un mot anglais donnait une vague idée du sujet à l’origine des éclats de voix. Le barman en chemisette claire, ruisselant de sueur, s’affairait avec un mélange de nonchalance et d’efficacité pour faire face à la demande soudaine, à la ruée des consommateurs.
Balayant l’assistance du regard, l’attention du Français fut attirée par une ravissante créature dont le visage, troué par deux grands yeux noirs, s’animait d’un rire découvrant des dents d’autant plus blanches que la peau était sombre ; avec nonchalance et un gracieux mouvement de tête, elle rejetait sa longue chevelure sur ses épaules ; adossée au bar, elle offrait une silhouette gracile dans un long paréo à ramages verts sur fond orangé.
– Coca ! Coca ! lança-t-elle en direction du barman.
Du bout des doigts, Paul poussa dans sa direction la bouteille de soda que venait de lui servir le garçon ; le voyant faire, la jeune femme cessa brusquement de rire et se tourna précipitamment vers une autre fille superbe, qui se révéla par la suite être sa sœur. Quelques mots furtifs furent glissés à l’oreille de l’une puis de l’autre, et les jeunes femmes s’esclaffèrent de plus belle en se coulant rapidement vers le fond de la salle.
Perché sur un tabouret de bar, le Français observa longuement la jeune femme qui ne cessait de palabrer avec l’une, avec l’autre, en riant bruyamment ; de temps en temps, brièvement, elle lançait un regard dans sa direction comme pour s’assurer qu’il était toujours là.
Des créatures plus séduisantes les unes que les autres remplissaient la salle ; dans une symphonie de couleurs dignes des œuvres de Gauguin, les peaux couleur de pain brûlé se détachaient avec bonheur sur les teintes vives des paréos. Le petit jeu de l’observation entre la jeune fille et l’étranger dura une bonne demi-heure ; puis, soudain, la pluie cessa aussi rapidement qu’elle était

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