Des canines et des crocs
52 pages
Français

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Des canines et des crocs , livre ebook

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Description

Dernier de sa portée, dernier en tout, Lancelot n’est pas un chien chanceux. Loin de là ! Bientôt invité à quitter sa campagne natale pour déménager chez un dictateur d’appartement, il n’a d’autre choix que de s’échapper de sa prison. Il entamera alors un difficile retour à la nature : un véritable périple, pavé de rencontres et de surprises, bonnes ou mauvaises...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 février 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342001464
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Des canines et des crocs
Claude Londner
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Des canines et des crocs
 
 
 
Naître le dernier
 
 
 

Dès que la fidèle Rexie eût donné naissance au septième petit de sa portée, on put enfin dire qu’il était une fois un chien très malchanceux qui s’appelait Lancelot.

Le pauvre Lancelot constata qu’il était le dernier à naître, ce qu’il considéra d’emblée comme un indice de la vie de chien qui l’attendait. Toujours, il passait le dernier : pour les câlins, pour les jeux, pour la toilette et… ce qui l’inquiétait le plus : pour la tétée ! Quand la fidèle Rexie cherchait des mots doux pour ses sept chiots, elle tombait toujours en panne d’imagination au septième, non pas qu’elle fût avare de mots doux, mais ça bloquait tout simplement : elle ne savait plus quoi inventer. Alors, c’était des « mon petit toutou à sa Rexie », des « mon mini-cabot adoré », quelquefois même des « mignonne pupuce » ou encore des « petit canard des îles »… Malheureusement, pour Lancelot : jamais rien, à peine un petit « wouaf-wouaf ». On comprend bien pourquoi le dernier des chiots se préparait à être marqué à vie parce qu’il ressentait comme un cruel manque d’affection maternelle.

Monsieur Lepic, le fermier maître des lieux, avait souvent remarqué en plissant fort les yeux et en penchant la tête de côté, que Lancelot qui était toujours le dernier à la tétée ne tirait que peu de gouttes du lait de Rexie. Lassé de ce manège de privation, il se prit un jour de pitié pour Lancelot et lui jeta une chipolata qu’il avait discrètement soustraite aux réserves pour l’hiver en lui chuchotant : « C’est pour toi, preux Chevalier ! ». Le jeune Lancelot lui en sut infiniment gré et pensa que cet homme était si grand par la taille et par le cœur qu’il eût dû être président. C’est à peu près à la même époque qu’il se prit d’un goût irréductible pour les chipolatas.
 
 
 
Petites canines, petites moustaches
 
 
 

Déjà, ses canines commençaient à pousser, de même que ses moustaches : il devenait grand. Il repérait des cachettes, savait identifier les individus (chiens, chats, poules, fourmis, vaches, souris), il consolidait sa complicité avec le maître sur la délicate question des chipolatas et se servait de sa petite truffe à tout instant… C’est pourquoi Lancelot comprit, dès que Monsieur Lepic vint le délivrer de dessous ses six frères et sœurs, que l’heure du départ avait sonné. Il sentit irrésistiblement sa queue battre à grands coups comme le balancier de pendule de la cuisine mais au moins dix fois plus vite ! « Y a de la joie ! » chantonna-t-il en songeant que le temps des souffre-douleur allait céder la place à celui de la dignité canine car il serait enfin un prince et son nom, auréolé de mille exploits, serait célèbre.
 
Quatre paires de chaussures l’attendaient dans la cuisine de la ferme. Deux d’entre elles (qui devaient d’ailleurs faire mal aux pieds) restaient presque immobiles, alors que les deux autres, visiblement confortables mais plus petites, s’agitaient dans tous les sens, causant à Lancelot des malheurs d’un genre nouveau. De curieuses pattes à cinq doigts lui tripotèrent les moustaches, lui caressèrent le ventre par force et l’obligèrent à s’élever dans les airs à la manière des oiseaux. Monsieur Lepic, compatissant mais joyeux le flatta une dernière fois en lui glissant une chipolata sous ses petits crocs tremblants tandis que toutes les chaussures l’invitaient à grand renfort de chatteries à pénétrer dans une machine infernale montée sur quatre roues rondes tout à fait identiques. Lancelot reconnut intuitivement la fenêtre – il y en avait une dans la cuisine de Monsieur Lepic – il s’y installa dans l’attente d’un événement nouveau. La ferme s’éloignait petit à petit : son aspect pastoral, ses odeurs lactescentes…, le cœur de Lancelot s’emplit d’une langueur monotone inaccoutumée. Des images du passé se projetèrent dans sa mémoire : celle de la douce chaleur maternelle, celle de l’attendrissante camaraderie fraternelle et surtout celle du moelleux contour des chipolatas de son enfance. Il devait dire adieu à tout ça pour devenir grand !
C’était le début du printemps – le premier pour Lancelot – mais il le reconnut sans l’ombre d’un doute, d’ailleurs le soleil ne tapait pas encore assez fort pour qu’il y ait une ...

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