Contes du jour - Contes de la nuit
104 pages
Français

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Contes du jour - Contes de la nuit , livre ebook

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Description

Magie du soir de Noël conjuguée à celle des enfants qui connaissent le lien entre leurs âmes pures et les choses inanimées ou même des fruits... Le premier conte de M. Lheureux a des odeurs d’enfance tellement prégnantes qu’il nous paraît tout à fait concevable à nous, lecteur adulte ou pensant l’être, de nous faufiler derrière les jeunes héros de ces contes et nous amuser avec eux à croire tout possible. Plus que rafraîchissants, ces contes nous sauvent des ténèbres d’un monde qui se croit grand.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mars 2012
Nombre de lectures 2
EAN13 9782748379037
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Contes du jour - Contes de la nuit
Mireille Lheureux
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Contes du jour - Contes de la nuit
 
 
 
Préface
 
 
 
J’ai lu mes contes à des enfants de huit à douze ans. Ils les ont aimés.
Certains d’entre eux – en cours particuliers – souhaitaient que je consacre la fin du cours à l’une de ces petites histoires qu’ils écoutaient émerveillés.
J’ai volontairement gardé les quelques petites considérations psychologiques, philosophiques ou morales. Les enfants étant très ouverts à l’apprentissage quand il est ludique. J’ai donc décidé de les faire publier.
Avec mes remerciements.
 
 
 
L’Orange et l’enfant
 
 
 
Bien cachée parmi les fruits de la corbeille argentée posée sur le buffet de la salle à manger, la petite orange essaie de passer inaperçue et en dépit du feu de cheminée qui illumine la pièce tout en faisant scintiller les guirlandes du sapin de Noël, elle a froid et peur. En fait, la petite orange attend avec impatience l’arrivée d’Antoine, car l’heure du goûter approche et elle est décidée à mettre à profit ce moment de récréation pour partager avec lui sa solitude, son chagrin et cette nostalgie de son pays d’origine dont elle ne peut se défaire. Dans ses moments de désespoir, elle souhaite subir le sort de sa sœur jumelle qui, dimanche dernier, a fait partie des fruits choisis destinés à être absorbés et réduits en jus par le gros mixeur de la cuisine ; c’est pourquoi elle déteste cet instrument qui se transforme en exterminateur. Et puis, surtout, elle ne comprend pas pourquoi il sélectionne certaines espèces afin de les détruire ni au nom de quelles normes sa décision est prise. Alors, la petite orange blêmit et son teint, pareil à l’éclat du soleil, reflète dans le métal de la corbeille la couleur vert jaune de son cousin le citron.
Des pas et des éclats de rire résonnent dans le corridor, le cartable est expédié sur un fauteuil, et l’anorak jeté à terre… Comme tous les enfants, Antoine éprouve le besoin de dépenser son trop plein d’énergie refoulé pendant les heures de classe car à l’âge de dix ans il est bien difficile de quitter l’école primaire pour rejoindre le collège. Et l’enfant se réjouit déjà de la perspective des vacances de Noël… Alors comme le pressentait l’orange, l’enfant se précipite dans la salle à manger pour choisir le fruit de son goûter, et Antoine prend une pomme, la repose et opte pour une banane ; pourtant ses yeux ont un instant convoité la petite orange qui, en se ratatinant davantage, semble ne pas avoir séduit l’enfant ! Mais pendant combien de temps pourra-t-elle ainsi se dérober aux quatre repas de la journée ? Elle sait très bien que ses jours sont comptés, mais il lui reste de longues nuits à vivre qui lui permettent de se remémorer les bons moments de son passé. Ainsi chaque soirée est une fête partagée avec ses compagnons d’exil.
— Ouf ! soupire la pomme aux joues vermillon, il me semble que tout le monde est couché et que nous allons enfin être libres !
— Je commence à ressentir des fourmillements dans les jambes, clame la banane en esquissant un pas de samba.
Mes enfants se séparent de moi, sanglote le raisin en voyant quelques-uns de ses grains partir à l’aventure.
— Vous pourriez faire un peu moins de bruit, dit la poire de sa voix blette, vous voyez bien que je suis malade.
— Soyons gentils avec la poire et arrêtons de nous bousculer, murmure la petite orange.
— Tiens voici mademoiselle orangette qui sort de sa torpeur ! réplique le raisin, soudain ragaillardi.
— Je ne sors pas de ma torpeur, je rêve de mon pays et de ma famille car les rêves sont pour les prisonniers la meilleure évasion.
— La vie ne se vit pas au passé mais au présent, claironne le sapin et je commence à être fatigué de devoir vous le répéter sans cesse.


— Pourquoi es-tu si joyeux ? Est-ce le premier Noël auquel tu participes ? glousse la banane.
— Exactement, madame la banane ! Je réalise mon rêve d’enfance. Mes parents m’ont toujours interdit de partir à l’aventure et de prendre des risques. Comme la plupart des parents, ils ont souhaité guider mes pas selon leurs propres désirs, alors que je souhaitais réaliser ma vie à ma guise !
— Comment as-tu fait pour échapper à leur emprise ? demande timidement mademoiselle orangette.
— Eh bien, à l’approche de Noël, je m’exposais toujours aux bûcherons qui ne sciaient pas mes frères mais à ceux qui les déracinaient car je ne souhaitais pas perdre mes racines mais m’épanouir et briller dans une belle maison comme celle d’Antoine.
— Mais c’est très triste d’être déraciné et de partir en laissant derrière soi toute sa famille, c’est un véritable drame que vivent les exilés ! Crois-en mon expérience, lui répond l’orange toute retournée. Les exilés perdent leur identité et sont souvent maltraités, n’est-ce pas, bananette ?
L’orange et la banane sont originaires du même pays. Voilà pourquoi elles se comprennent si bien. Elles étaient encore adolescentes, lorsqu’elles ont été faites prisonnières… Et c’est sur le bateau qui les éloignait de leur entourage qu’elles se sont liées d’amitié. Subir les mêmes épreuves rapproche bien souvent les êtres…
— Si je crois à ce que racontent madame la banane et mademoiselle l’orangette, nous devrions être là en train de gémir sur notre sort ! poursuit le sapin d’un ton ironique. En fait, comme je vous le disais il y a un instant, vous ne vivez pas au présent, vous vous encouragez mutuellement à revivre votre passé, et vous faites fausse route, poursuit avec impertinence le héros de la pinède vosgienne ; alors profitez pleinement de ce soir de liesse et faites toutes les folies qui vous passent par l’esprit.
— La gloire te gonfle la tête, dit à mi-voix la poire sur le point d’expirer, toi tu es heureux parce que tu as choisi l’aventure, nous, nous la subissons, et voilà tout !
— Il est certain que le fait de subir est à l’opposé de celui de vivre… Mais il n’est jamais trop tard pour essayer d’y remédier, réplique le sapin. J’ai une idée et si vous vous accrochiez à mes branches parmi les guirlandes, les boules de Noël et les tout petits objets qui composent ma parure ?
— Tu n’es qu’un pauvre héros imaginaire, répond mademoiselle orangette d’une voix aiguë, nous, nous sommes abîmés par la vie et nous ne pouvons rivaliser avec tous tes ornements !
— Héros imaginaire, héros imaginaire, bougonne le sapin, j’essaie de vous sauver et vous faites preuve de mépris à mon égard ! Et quand bien même ma gloire serait éphémère, ce n’est pas, que je sache, la quantité de vie qui importe mais sa qualité !
Les enfants sont intuitifs et généreux, et lorsqu’Antoine a choisi un fruit pour son goûter, il a fait semblant de ne pas voir l’orange ratatinée dans un coin car il a pressenti le malaise des fruits, et se sentant particulièrement attiré par la petite orange, il a d’emblée décidé de la sauver. Mais comment faire ? Alors, c’est en catimini qu’il sort ce soir de sa chambre pour se réfugier derrière la glace sans tain, incrustée dans la porte de la salle à manger.
Il y a maintenant plus d’une heure que l’enfant observe le comportement des fruits contenus dans la corbeille argentée. Leurs soubresauts ainsi que le trépignement du sapin intriguent Antoine. L’oreille collée à la porte, il souhaite entendre leur dialogue. Mais aucun son ne lui parvient. Alors, tout doucement, il entrouvre légèrement la porte au miroir magique.
La conversation entre les fruits et le sapin est bien engagée, si bien que la poire, un tantinet meurtrie, semble avoir recouvré la santé.
— Où pourrions-nous trouver du papier argenté ? demande le sapin en réfléchissant profondément.
— Il y en avait dans la cuisine, tout près du gros mixeur lorsque je suis revenue du marché, et heureusement que je suis plus observatrice que vous tous, marmonne madame la poire.
— Mais comment proposer au papier d’argent de participer à notre sauvetage ? dit d’un ton timide mademoiselle orangette.
— Je veux bien essayer, j’irai en dansant jusqu’à la cuisine, chantonne la banane. Quelle joie de pouvoir enfin sortir de cette pièce, poursuit-elle.
— Tu n’es pas raisonnable, lui réplique la petite orange, tu prends trop de risques. Et si toute la famille ne dormait pas encore, tu pourrais très bien rencontrer Antoine, je sais qu’il se lève la nuit pour manger, il paraît insatiable ! Qu’en penses-tu, toi le génie de l’aventure, dit-elle en s’adressant au sapin.
— Je m’en remets à la décision de la banane, elle est la seule à faire preuve de courage et j’admire les caractères téméraires.
— Évidemment ! Il est toujours plus facile de pousser les autres à la bataille… Pourquoi n’irais-tu pas à sa place ? s’exclame mademoiselle orangette d’un ton acidulé.
— Mais je m’en sens tout à fait capable, réplique le sapin, seulement je suis responsable de tous mes ornements et il faut être prudent pour tous ceux qui dépendent de soi, c’est une vertu que m’a enseignée mon père lorsque j’étais enfant et je ne l’oublierai jamais, répond le sapin en fermant les paupières afin de soutenir sa réflexion.
C’est alors qu’Antoine décide d’intervenir.
Muni du rouleau de papier d’argent, l’enfant s’approche de la corbeille, les fruits tremblent d’émotion et le sapin se tait.
— N’ayez pas peur, je viens à votre secours, dit doucement Antoine, j’ai entendu votre conversation et je trouve votre idée géniale ! Ainsi parés, vous passerez inaperçus au milieu des boules multicolores, des guirlandes rutilantes et des petits personnages qui jouent au jeu

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