1re avenue
97 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
97 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Certains jours, un écureuil écrasé dans un stationnement et une bonne chanson suffisent à tout remettre en question. C'est ainsi que Laura décide de mettre son quotidien et ses plans de côté pour prendre une pause. Elle fait alors escale dans le quartier Limoilou, où elle bouscule ses convictions et livre du bonheur, un pudding à la fois. Entre ses nouveaux colocs inquiétants et ses clients, parmi lesquels une femme enceinte à l'imagination fertile, un accro au gluten et des joueurs de poker qui portent un lourd secret, la pause sur la 1re avenue est bénéfique, mais pas toujours apaisante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 juin 2019
Nombre de lectures 8
EAN13 9782898037887
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Copyright © 2019 Émilie Rivard
Copyright © 2019 Éditions AdA Inc.
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Pour les 16 ans +
Collection

Éditeur : François Doucet
Directeur de collection : Rodéric Chabot
Révision linguistique : Caroline Roberge
Mise en pages : Mika
Conception de la couverture : Félix Girard
ISBN livre : 978-2-89803-796-3
ISBN PDF : 978-2-89803-787-0
ISBN ePub : 978-2-89803-788-7
Première impression : 2019
Dépôt légal : 2019
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
Éditions AdA Inc.
1385, boul. Lionel-Boulet
Varennes (Québec) J3X 1P7, Canada
Téléphone : 450 929-0296
Télécopieur : 450 929-0220
www.ada-inc.com
info@ada-inc.com
Diffusion Canada : Éditions AdA Inc. France : D.G. Diffusion Z.I. des Bogues 31750 Escalquens — France Téléphone : 05.61.00.09.99 Suisse : Transat — 23.42.77.40 Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
À Limoilou, son tissage serré, ses excentricités et son futur resto de puddings (j’ai bon espoir…) !
*Top 26*
Pour suivre la route musicale de Laura…
1. Maman – Pierre Lapointe
2. Smells Like Teen Spirit – Nirvana
3. The Great Escape – Patrick Watson
4. Here it goes again – OK GO
5. Cœur de loup – Philippe Lafontaine
6. I Am the Walrus – The Beatles
7. James Bond Theme – Monty Norman, John Barry
8. Burn MF – Five Finger Death Punch
9. Bull’s Eye – Louis-Jean Cormier
10. 4 e mouvement de la 9 e symphonie – Ludwig van Beethoven
11. ABC – The Jackson 5
12. The Wine Song – The Cat Empire
13. I put a spell on you – Screamin Jay Hawkins
14. Girls Just Want to Have Fun – Cyndi Lauper
15. Sway – Pablo Beltran Ruiz (« Quien sera »), Norman Gimbel, interprétée par les Puppini Sisters
16. Concerto no 1 en mi majeur, op. 8, RV 269 Le printemps – Antonio Vivaldi
17. Ma personne préférée – Les Trois accords
18. Dream a Little Dream of Me – Fabian Andre, Wilbur Schwandt, Gus Kahn, interprétée par Ella Fitzgerald et Louis Armstrong
19. Jimmy – Moriarty
20. Le pudding à l’arsenic – Tirée du film d’animation Astérix et Cléopâtre
21. Par le chignon du cou – Les sœurs Boulay
22. Marie Stone – Éric Lapointe
23. Walking on Sunshine – Katrina & The Waves
24. Happy Home – Kimya Dawson
25. Arbre à fruits – Marie-Jo Thério
26. Chanson pas finie – Les Appendices
J’aurais aimé que la porte se referme lentement derrière moi. Pour le côté cinématographique. La caméra qui reste à l’intérieur, moi qui avance d’un pas décidé, la porte qui me fait doucement disparaître, générique. Mais non, d’autres étudiants m’ont suivie de trop près. Ils extériorisent leur bonheur d’être enfin en vacances et d’avoir terminé ce DEC qui nous a rendus fous même si « attends t’as rien vu, l’université… bla bla bla ». Je devrais être au moins enthousiaste, comme ces gâcheurs de jolie scène au ralenti. Mais non, je me sens juste… tranquille. La faute de la fatigue, je présume.
Je pense que je mérite des sushis. En fait, dans l’échelle du mérite, je me situe à l’échelon « assiette gargantuesque préparée par un maître japonais qui récite des haïkus en éminçant les oignons verts », mais un petit plateau de la poissonnerie Unimer fera l’affaire. Je marche lentement vers les Halles de Sainte-Foy, me demandant si j’en prendrai aussi pour Louis-David. Bof ! Il me remplace à la clinique de son père jusqu’à demain. Si je lui en achète, je devrai les garder au frigo et il chialera encore que l’algue est coriace, me blâmant de toujours me procurer ma dose de poisson cru à la poissonnerie, là où ils seraient, d’après ses savants calculs, au moins 50 fois moins bons.
Ils sont bien corrects, les sushis de chez Unimer.
Je fouille dans mon sac en bandoulière orange, qui contient un déluge de vieilles factures d’épicerie, un étui à crayons rongés, un tube de crème à mains vide, un baume à lèvres sans bouchon, plus deux ou trois items utiles. Je soutire mon iPod de sous l’éboulis et j’enfonce les écouteurs dans mes oreilles. Mon entourage se moque sans retenue de mon iPod classique pré- touch à molette. « Come on , Laura ! Le Apple Store est à 10 minutes de chez vous ! Tu es nostalgique à ce point-là ? » Habituellement, non. Mais pour ce cadeau offert par mes parents pour mes dix ans, oui. Ils l’avaient à demi rempli d’une sélection complètement hétéroclite. Mozart, Beastie Boys, Harmonium, Green Day, Georges Brassens, Chostakovitch… une bibliothèque d’Alexandrie musicale dans mes oreilles. À partir de ce jour et jusqu’à mon départ de mon Bas-Saint-Laurent natal pour le cégep, mon père, ma mère et moi n’avons plus parlé que de musique.
Encore aujourd’hui, j’aime laisser le dieu Apple piger dans ma liste d’albums bigarrée ce qu’il déversera dans mes tympans. Très souvent, il déniche la trame sonore parfaite pour rythmer ma vie. Cette fois-ci, j’aurais choisi quelque chose d’un peu plus… remoralisant, mais je ne m’obstine pas. Oui, je sais, « remoralisant » n’est pas un mot, mais après deux ans à écrire sagement ce que les enseignants ont envie de lire, j’envoie paître Robert avec plaisir. Le Petit Robert, évidemment, pas mon oncle Robert qui vit à Alma.
Maman, dis-moi pourquoi, les oiseaux au fond de mon cœur, toutes les minutes pleurent, même si t’es là pour les consoler…1
Je traverse le stationnement des Halles, où je tombe sur un écureuil allongé entre une Honda-quelque-chose bleue et une Ford-machin verte. À première vue, il a l’air aussi vivant que Lady Di. Sur le coup, je pense à l’appeler « Lady die » et je me trouve drôle. Puis, va savoir pourquoi, mon cœur fend. Comme dans un roman Harlequin. Ou un plutôt cheap, mais avec le vrai nom de l’auteur dessus. Je jure que j’entends un grand clac dans ma poitrine. J’ai les yeux tellement mouillés que je dois m’asseoir sur le bord du trottoir, entre la Honda bleue et la Ford verte. Je pleure la mort d’un écureuil « écrapou ». J’ai l’air d’une folle finie. Heureusement, personne ne remarque la cinglée dissimulée derrière la tôle.
Si c’est ça, avoir vingt ans, j’aime mieux être un enfant… 1
Minute, là, cœur fendu ! Ne viens pas me dire que c’est la mort d’un rat gris à queue touffue qui te déboîte ainsi ! J’essaie de me raisonner, de reprendre le dessus, mais les sanglots sont plus forts. Bien voyons ! Je n’ai jamais sangloté de ma vie ! Sauf peut-être une couple de fois avant mes six ans. Mais jamais pour une bestiole poilue !
Je regarde la petite chose couchée sur le côté, l’œil fixant le vide. « Fixer le vide ». Ça aussi, c’est juste beau dans les romans Harlequin. C’est impossible, de scruter le néant. Inévitablement, on regarde toujours quelque chose. Moi, eh bien, je fixe un écureuil mort. Et je braille. Puis la constatation me tombe dessus comme une grâce divine ; je ne pleure pas le départ de mon ami la vermine grise. Non. Je l’envie. C’était quoi, sa vie ? Se bourrer les joues de tout ce qu’il pouvait dénicher de comestible, cacher le butin, espérer le retrouver plus tard. Survivre. Toujours aller de l’avant, mais trop cave pour avancer un pas plus loin que l’instinct. Son seul repos possible, il le vit présentement, mort entre une Honda bleue et une Ford verte.
Si c’est ça, avoir vingt ans, j’aime mieux mourir maintenant.
Non, Pierre, ce n’est pas ça. Ce n’est pas l’idée de mourir qui m’attire. Je veux simplement m’arrêter. Sortir de la roulette à souris. Dans le fond, la scène de la porte qui se ferme, ç’aurait été une fin pourrie. Parce que la porte, elle ne se referme jamais vraiment. Demain, j’accueillerai les clients de docteur beau-papa dentiste dans sa clinique. Opportunité en or bourré de carats. Surtout quand tu comptes tout apprendre sur le merveilleux monde de la molaire et le passionnant univers de la gencive dès septembre. Je suis comme Gretel sur le chemin du retour : j’ai placé tous mes petits cailloux, il ne me reste plus qu’à suivre la voie. Je pourrai grimper dans un arbre ou deux, au passage, mais j’ai l’impression que plus j’avancerai, moins je songerai à lever les yeux des cailloux. Et au bout, il y a… une grosse roue qui me laisse « écrapoue » dans le parking des Halles de Sainte-Foy, je présume. J’avais presque réussi à me calmer. Mes tremblements repartent de plus belle.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents