Saphia et la fille de brume
204 pages
Français

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Saphia et la fille de brume , livre ebook

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Description

Saphia, 15 ans.

Recueillie à 3 ans par Nanou, sa grand-mère, à la mort de ses parents, Saphia grandit seule dans cet amour, dans le creux d’un vallon de Lozère jusqu’au jour où un accident l’amène dans un monde parallèle : celui des Poulkirissimismirons, petit peuple survivant de la Grande Catastrophe. Leur monde a brusquement cessé de tourner et sèche sous les rayons omniprésents du soleil. Seule la fille de brume pourrait les aider.

Colline vit isolée dans sa forteresse de pierres et de millions, sans oser sortir, pour l’instant. En effet, comme tout interdit posé ou qu’on se pose à soi-même, il n’attend que d’être bravé.

Ces destins sont amenés à se croiser, pour le petit monde des Poulkirissimismirons, pour la vie...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 décembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414378975
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-38217-0

© Edilivre, 2020
Partie 1
Chapitre 1
Des vagues monstrueuses s’élevaient de part et d’autre du voilier, creusant les flots jusqu’à voir le sable des abysses, s’abattant sur les mâts qu’elles coupaient net, emportant les voiles, balayant le pont et ses passagers.
Noir. Zébrures d’éclairs. Noir. Grondement du tonnerre qui s’éloigne.
Ruisselante de sueur, Saphia tremblait, recroquevillée au fond de son lit, agrippée à son oreiller. Comme chaque fois qu’elle faisait ce rêve. Comme chaque fois, elle avait l’impression d’y être. Elle avait du mal à calmer son cœur qui battait encore la chamade.
Sa grand-mère avait mis du temps à accepter de lui raconter les conditions de la mort de ses parents, en mer, alors qu’elle venait d’avoir trois ans. Il y avait douze ans de cela.
Régulièrement, ce rêve la terrassait dans son sommeil, si criant de vérité. La trop grande réalité de ce qu’elle y vivait lui avait donné une crainte insurmontable de l’eau, à elle, petite Bretonne aux parents navigateurs.
Dans son malheur, Saphia avait été recueillie par sa grand-mère maternelle : Nanou.
Nanou et ses rides autour des yeux qui faisaient comme deux soleils qui irradiaient de bonheur quand elle lui souriait.
Nanou, sa vieille maison de pierres perdue au creux d’un vallon de Lozère où seul serpentait un petit ruisseau. Il arrivait même à Saphia d’y tremper un orteil lors des fortes chaleurs d’août.
Saphia grandissait seule dans cet amour.
Saphia grandissait bien, enfant des plus précieuses pour ses parents, devenue le saphir de sa grand-mère.
– Nanou ?
– Oui, princesse ? souriaient deux yeux verts derrière d’épaisses lunettes.
– Tu me lis ce que tu lis ? implorait la fillette alors âgée de huit ans.
– Si tu veux…
La voix se faisait plus grave, douce et forte à la fois pour déclamer le poème.
Tempête
Comme perdue dans la sereine tempête
D’un jour d’avarie,
L’horloge en pente navigue à vue
Vers la nuance grise du futur entrevu
Et tic-tac dans le sens de l’ennui.
Rêvant d’un canevas visionnaire,
Se perdant les aiguilles dans leur passé proche,
Les heures s’accumulent, se mélangent à tous les sons de cloches,
Deviennent secondes à trop vouloir rester dépositaires
Du temps qui passe.
Qu’il creuse des vagues profondes
D’un bout d’heure juste un peu trop long,
Belle jeunesse, ton visage blond !
De nuits en jours, en preuves abonde
La vieillesse qui, d’un revers d’écume,
Renvoie aux yeux l’image troublée,
D’un quelqu’un d’autre qu’on reconnait,
Comme tracé d’un trop plein de traits de plume.
Silhouette oh combien familière,
Mais baignée d’une étrange lumière,
Peut-être trop crue,
Peut-être trop nue,
Soleil noir contraste en clair-obscur
Chaque ride, ridule, et torture
La jeunesse qui, seule, s’entête
À vouloir affronter la sereine tempête
Du temps qui passe.
Chapitre 2
Colline est timide. Tellement timide qu’on pourrait dire que c’en est maladif. Elle se cache du monde, des gens. Elle se cache des éléments. Surtout du beau temps qui irradie et illumine chaque chose.
Colline n’a pas souvenir d’être sortie de chez elle. Peut-être enfant. Peut-être. Mais ses parents ne sont plus là pour le lui raconter. Cette absence de souvenir d’une éventuelle sortie possible ne l’aide pas à aller de l’avant. Elle n’est pas malheureuse pour autant. Peut-être un peu pâle. Peut-être. Elle connaît le monde mieux que quiconque par les milliers de livres lus, de globes terrestres manipulés, de cartes observées. Elle saurait se retrouver n’importe où grâce aux milliers de plans de villes analysés, décryptés, gribouillés. Mais Colline ne sort pas.
Colline a pour unique compagnon un énorme chat angora qu’elle a surnommé Pantouflard car il passe le plus clair de son temps à la suivre et à dormir quel que soit l’endroit où elle s’assoit. Il faut dire que Colline est le plus souvent dans le grand salon à arpenter les mètres et les mètres de bibliothèque que lui ont laissés ses parents.
Les gens du village qui borde sa propriété connaissent son histoire mais ne l’ont jamais vue. Des tas de théories plus folles les unes que les autres courent sur Colline. Elle serait naine, borgne ou femme-tronc. Chacun cherche les raisons de son repli sur elle-même. Pas un ne se dit que c’est pour fuir ce monde.
Elle reçoit ses repas au travers de la chatière de Pantouflard qu’elle a elle-même agrandie. Le gros matou préfère en effet passer par la lourde porte qu’elle entrouvre pour le laisser filer après avoir gratté d’un air supérieur.
« Pour vivre heureux, vivons caché » : Colline est très riche, millionnaire même. Ses parents, d’anciens chercheurs très connus, lui ont laissé cet héritage, en plus de la grande propriété. Sur un compte en banque qu’elle gère via Internet, elle a appris la finance, les opérations boursières de base pour ne jamais être dans le besoin. Colline a bien conscience de son problème mais a appris à vivre avec. Pour l’instant. La plupart des villageois l’envient plus qu’ils ne la prennent en pitié tant la cupidité peut faire oublier la plus triste des situations. Les mères se servent de l’aspect maléfique de son domaine pour faire peur à leurs enfants capricieux. Les hommes tentent d’estimer les millions de sa fortune comme des parieurs d’un bar PMU. Les petites filles rêvent de princes charmants, enfermées dans des tours imaginaires.
Consciente de tout cela, bien protégée derrière les hauts murs de sa forteresse de pierres, Colline grandit. Aucun risque qu’elle ne cherche à se heurter à la vraie vie. Aucun.
Pour l’instant.
Chapitre 3
– Nanou ?
– Oui, princesse ? souriaient deux yeux verts derrière d’épaisses lunettes.
– Tu me lis ce que tu lis ? implorait Saphia alors âgée de quinze ans.
– Cela t’intéresse encore, ma belle ? Mes vieux poèmes de mamie décatie ?
– Plus que jamais affirma la jeune fille en fronçant les sourcils comme les deux ailes d’un oiseau posé au-dessus de ses yeux bleus.
– Si tu veux, ma chérie, alors écoute et ensuite j’irai te chercher quelque chose de très important… ou plutôt, deux choses très importantes… ajouta Nanou, soudain plus grave, un voile de mélancolie passant sur ses yeux.
Soudain un peu déroutée, Saphia se pelotonna tout de même dans le gros fauteuil de velours vert sapin usé jusqu’à la corde afin d’écouter sa grand-mère. Celle-ci commença, un peu émue au départ puis, prise par la beauté magique des mots qu’elle prononçait, sa voix se raffermit.
Torpeur
Il est des chaleurs qui vous suffoquent
L’âme,
Engourdissant les sens qui s’enflamment
A la moindre brassée d’un air équivoque,
Souffle bienvenu à la torride caresse.
Tout est lenteur lourdeur et paresse.
Le moindre geste s’étale en minutes alanguies.
On se prend à rêver d’un torrent glacial,
Venu du plus haut des sommets,
Où la neige en étoiles
Empile ses flocons plus blancs que la lumière,
Qui, ici, efface tout paysage, raye tout de poussière dorée,
Noie l’horizon du ciel dans celui de la mer
Dans un bleu cru où surnage un nuage,
Intrépide voile de passage
Sur les rayons ardents
Qui calcinent
Et l’eau bleue et la plage.
Saphia ne put s’empêcher d’applaudir tant le poème lui avait plu mais s’arrêta net quand Nanou se leva péniblement pour se diriger vers les escaliers. Sa démarche pesante, mal assurée faisait toujours vaciller toute la maison et Saphia réprima un rire quand le sol trembla aux premières marches gravies par sa grand-mère. Là encore, Saphia se tut instantanément quand elle se rendit compte que Nanou montait au grenier, la seule pièce interdite parce que renfermant ses secrets. « Mes secrets de vieille sorcière… » grimaçait-elle à l’encontre des quelques commerciaux qui osaient encore s’aventurer chez elle pour tenter de lui vendre un aspirateur ou un lave-vaisselle. Elle les accueillait d’ailleurs avec son balai et un horrible fichu à fleurs sur la tête. Sans sourire, elle faisait vraiment peur ! C’était aussi ainsi déguisée qu’elle avait reçu le maire en personne flanqué de quelques professeurs venus demander pourquoi Saphia n’allait pas au collège. La jeune fille était restée collée aux jupes de sa grand-mère qui avait affirmé qu’elle lui enseignait ce dont elle avait besoin. C’est tout. Ils s’étaient regardés, l’air atterré puis avaient disparu pour ne jamais revenir, la conscience tranquille d’avoir fait ce qu’ils avaient à faire et tant pis si on ne les écoutait pas. Saphia avait donc continué l’école buissonnière, entre deux bouquets de pivoines, une leçon de jardinage, des heures de lectures éclectiques, mais toujours finement choisies par Nanou, dans la cabane au centre du vieux chêne qui dominait le jardin, et le pourquoi du comment réussir la sauce gribiche.
Perdue dans ses souvenirs, un sourire imprimé sur les lèvres, Saphia n’avait pas entendu redescendre les pas de Nanou tant était forte sa capacité à s’évader par l’imagination. La jeune fille tourna la tête brusquement quand Nanou l’interpela :
– Tiens, ma belle, lui lança-t-elle encore essoufflée.
Nanou lui tendait deux petites boites en bois peintes d’un bleu marine, comme la coque des grands voiliers qui filent sur l’océan. Soudain maladroite devant Nanou toujours debout, un peu raide, elle qui passait le plus clair de son temps assise, à lire , Saphia faillit laisser tomber les boîtes et les rattrapa tant bien que mal, ce qui détendit un peu l’atmosphère où l’émotion était devenue palpable. Nanou s’assit enfin. Saphia se lança. La première boite renfermait une chaîne en or à laquelle était accrochée en pendentif une clé minuscule. Devant le regard interrogateur de sa petite fille, Nan

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