Les fils de la Nouvelle Espagne, les forbans de Séville - Tome 1
143 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les fils de la Nouvelle Espagne, les forbans de Séville - Tome 1 , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
143 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Séville 1528. A la mort de leur tuteur, Valerio et Miguel, des jumeaux, apprennent qu'ils sont en réalité nés sur le Nouveau Continent. Ils décident alors de tout faire pour gagner le Nouveau Monde et retrouver leurs parents. Grâce à un concours de circonstances, ils embarquent sur un navire marchand en qualité de mousses. Parviendront-ils à atteindre leur terre promise ? Quelles aventures leur réserve le voyage ? Laissez-vous séduire par le premier volet des aventures haletantes de nos deux héros qui vont nous mener de l'Espagne du XVIe siècle à la résistance maya en passant par la folie conquérante des conquistadors.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 avril 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782365872652
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire

Table des matières
Sommaire
Les forbans de Séville
Chapitre 1 - 1528, Séville
Chapitre 2 - Départ
Chapitre 3 - Premières armes
Chapitre 4 - Les pirates
Chapitre 5 - Une vie de forbans
Chapitre 6 - L’abordage
Chapitre 7 - Le sort des pirates
Chapitre 8 - Révélations
Chapitre 9 - La tempête
Chapitre - 10 Francisco, témoin du passé
Chapitre 11 - Leçon d’escrime
Chapitre 12 - Leçon de lecture
Chapitre 13 - Sur les traces du passé
Chapitre 14 - Règlement de compte
Chapitre 15 - Le mystère de l’Indien
Chapitre 16 - Cuba
Chapitre 17 - L’ombre du passé
Chapitre 18 - Le piège
Chapitre 19 - Mort d’un capitaine
Chapitre 20 - Le Yucatán
Chapitre 21 - La cité ravagée
Notes historiques
Découvrez nos autres collections
Les forbans de Séville


Les fils de la N o u v e lle E s p agne

TOME I

É milie GAUTHERON
Illustrations Jean-Michel Damien
Chapitre 1 - 1528, Séville



V alerio plongea la lame rougeoyante dans les braises. Il épongea son front en sueur et posa son marteau sur l’établi.
Il travaillait depuis six heures du matin et sentait encore les courbatures de la veille. Il se pencha au-dessus d’un baquet rempli d’eau et s’aspergea le visage.
Quand les remous se dissipèrent, son reflet se stabilisa à la surface : les yeux noirs de Valerio pétillaient au milieu d’un visage fin au petit nez constellé de tâches de rousseur. Il passa une main dans ses cheveux d’un brun de ténèbres, toujours en bataille.
Puis, il observa le feu fondre le fer. D’ici une dizaine de minutes, il forgerait l’étrier qu’un riche bourgeois avait commandé à Alfonso, son patron. Les braises se mouraient.
Que faisait Miguel ? Il en prenait un temps, simplement pour acheter un sac de charbon ! Valerio savait que son jumeau profitait des courses pour s’évader et flâner dans la ville. Décembre débutait et les Sévillans préparaient déjà Noël. À cette occasion, des galions espagnols partiraient sans doute en mer. Vers le Nouveau Monde.

À cette pensée, Valerio soupira. Le Nouveau Monde ! Cette terre de mystère dont tout le monde parlait ! À quoi pouvait-il ressembler ? Comment étaient ces hommes, ces sauvages qui vivaient là-bas ? Étaient-ils cruels ? Avaient-ils réellement la peau rouge ?
Quand un navire revenait de Nouvelle-Espagne, Valerio et Miguel se précipitaient au port pour entendre les marins raconter leur voyage. Et des bateaux, ils en voyaient accoster et appareiller chaque jour !
Les voies fluviales permettaient à Séville d’équiper de lourds galions en partance pour l’Amérique. Le commerce maritime s’était développé, accordant une grande richesse et une grande renommée à la ville. Valerio rêvait de découvrir le Nouveau Monde.
Pour l’instant, au lieu de cela, il se trouvait dans cette forge où il travaillait depuis maintenant trois ans en compagnie de Miguel, deux apprentis aux côtés d’Alfonso. Celui-ci leur inculquait le métier pour qu’ils puissent un jour, peut-être, ouvrir leur propre atelier. Cette perspective n’enthousiasmait guère Valerio. Il ne s’imaginait pas dédier sa vie aux marteaux, poinçons ou fers à cheval ! À quatorze ans, il envisageait une vie plus palpitante.
Miguel, malgré un caractère moins fougueux, le rejoignait sur le sujet. Comme lui, l’idée de devenir forgeron ne l’attirait pas vraiment.

Ce n’était, hélas, pas le point de vue du père Anselmo, leur tuteur. Orphelins, Valerio et Miguel avaient été élevés par ce moine franciscain qui avait pourvu à leur éducation. Il leur avait appris à lire, écrire et compter. Valerio avait tenu entre ses mains une bible et des livres en latin dès ses cinq ans. En plus du latin, il lisait l’espagnol. Il était conscient de sa supériorité intellectuelle par rapport aux autres habitants. Le père Anselmo l’envoyait parfois quérir des aunes de bure pour confectionner des robes car il savait qu’il pouvait précisément mesurer la longueur du tissu chez le fripier, alors que la majorité des commerçants savait à peine compter jusqu’à vingt. Si son tuteur lui confiait une adresse par écrit, avec ordre d’y porter un message par exemple, Valerio la lisait sans difficulté et retrouvait l’établissement en déchiffrant les enseignes au-dessus des boutiques. Mais plus que ces savoirs pratiques, le curé leur avait inculqué de solides bases culturelles. Sous sa conduite, Valerio avait découvert les différents pays qui entouraient l’Espagne.
Il avait appris le nom des grandes batailles. D’autre part, Anselmo veillait à ce que les jumeaux respectent les règles de la religion catholique : ils devaient assister à la messe tous les dimanches, étudier de manière approfondie l’Ancien et le Nouveau Testament, prier quotidiennement. Anselmo leur avait aussi expliqué comment les chrétiens avaient repoussé les maures en 1492 ; cette victoire prouvait la supériorité de Dieu sur les impies et rappelait aussi aux enfants que le Seigneur aide ceux qui croient fermement en lui, tandis qu’il punit ceux qui le rejettent. Valerio et Miguel étaient des élèves passionnés et extrêmement curieux.

À un moment de leur enfance, le père Anselmo avait été tenté de les faire entrer dans les ordres. Mais, en grandissant, les garçons avaient montré un caractère vif, voire quelque peu indiscipliné. Une fois, ils avaient forcé l’armoire de leur tuteur afin de lire les ouvrages qu’il leur refusait. Avides d’expériences, ils s’étaient échappés après une messe pour courir les bas quartiers sévillans. Ces incartades avaient été sévèrement réprimandées même si elles n’avaient pas été commises avec une mauvaise intention. L’impétuosité des jumeaux et leur goût pour la liberté firent que le père Anselmo renonça à les faire entrer dans les ordres.
À onze ans, leur tuteur les avait confiés à Alfonso pour qu’il leur enseigne le métier de forgeron. Si Valerio et Miguel ne voulaient pas embrasser une carrière ecclésiastique, tout du moins devaient-ils apprendre un métier qui leur permettrait de gagner leur vie.
Le temps avait passé, ils avaient appris, mais ils ne s’étaient jamais pris de passion pour leur métier. Leur envie d’évasion et leur curiosité insatiable maintenaient leurs rêves ailleurs, loin de la forge. Ils n’osaient pourtant pas en faire part au père Anselmo. Le moine était vieux et malade. Depuis l’hiver précédent, il souffrait régulièrement de quintes de toux. Une fois, Valerio l’avait vu cracher du sang. Profondément affecté, il avait convenu avec son frère de respecter la volonté du moine, une façon de le remercier pour tout ce qu’il leur avait donné. Parfois, cette promesse pesait lourd sur le cœur aventureux du jeune homme.

À cet instant, la porte de la forge s’ouvrit à la volée. Son frère entra, un sac de charbon chargé sur son épaule. Jumeau de Valerio, Miguel lui ressemblait en tous points : même chevelure sombre et indisciplinée, même regard vif, même teint hâlé. Il déposa son fardeau en souriant :
– Tu ne t’es pas trop ennuyé ? lui demanda-t-il innocemment.
– Ennuyé ? Ennuyé ? Sais-tu depuis combien de temps je patiente ? Une demi-heure au moins s’est écoulée depuis que tu es parti ! Tu as fait le tour de la ville ?
– Pas du tout. Mais le fournisseur de charbon se trouve juste à côté de la cathédrale... Au fait, tu sais qu’elle sera bientôt achevée ?
– Oui, je sais, marmonna Valerio.
– J’y suis juste passé rapidement, pour juger de l’avancée des travaux. C’est magnifique ! Les flèches s’élancent si haut vers le ciel qu’à leur cime on peut peut-être se rendre compte de la force de Dieu. Notre cité manquait cruellement d’un tel prodige à la gloire de Notre Père. Nous aurons enfin un lieu digne de Lui ! J’ai hâte d’y entrer pour assister à une messe !
– À l’heure qu’il est, nous devrions plutôt implorer le Seigneur qu’Alfonso ne remarque pas la maigreur de notre travail, bougonna Valerio. Nous n’avons forgé qu’un étrier et une dizaine de clous !
– Il ne s’en apercevra pas ! Tu le connais !
– Justement. Aide-moi à mettre du charbon dans le foyer ! Je vais au moins terminer ce crochet.
Miguel s’exécuta, tout en poursuivant la conversation :
– Maria la lingère m’a dit qu’un gros galion avait été affrété au port. Il part demain pour le Nouveau Monde.
– Vraiment ?
– Oui. Une fête est organisée ce soir pour son départ. J’ai pensé que nous pourrions nous y rendre.
– Hum... pourquoi pas ? Nous finissons la journée à six heures aujourd’hui. Oui, cela paraît faisable. Nous nous divertirons un peu. Le travail à la forge devient vraiment monotone !
– Tout à fait d’accord !
D’un geste précis, Valerio frappa l’étrier de son marteau. La perspective de prendre part à une fête ce soir-là l’avait ragaillardi.
À six heures tapantes, ils quittèrent la forge pour se diriger vers le port. Mais, alors qu’ils s’engageaient dans les rues sinueuses de Séville, un gamin surgit d’une étroite venelle, l’air affolé. Il portait la longue robe monacale des enfants de chœur, sans doute l’assistant d’un prêtre. Son regard erra de l’un à l’autre avant qu’il ne se décide à demander précipitamment :
– C’est vous, Valerio et Miguel ?
– Oui, lui répondit Valerio en échangeant un regard surpris avec son jumeau.
– C’est le père Anselmo qui m’envoie vous chercher.
– Que se passe-t-il ? s’inquiéta Miguel.
– Il ne va pas bien. Il a encore toussé à s’en vider les tripes ce matin. Il est au lit depuis midi. Frère Angelo et frère Adolfo l’ont veillé, mais je crois que la maladie l’emporte. Il vous demande, immédiatement.
Alarmés, les deux frères suivirent l’enfant. Ils oublièrent la forge, la fête au port, leurs rêves. Plus rien ne comptait en cet instant que cette nouvelle : le père Anselmo, leur tuteur, allait mourir. À part lui, ils n’avaient aucune famille : le seul être ayant compté pour eux allait les quitter.

Ils passèrent devant de nombreuses petites églises, sur des places où régnaient gaieté et joie de vivre alors que pour eux c’étaient le noir et la peur. Arriveraient-ils à temps ? Pourraient-ils parler une

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents