La Blockclass(e)
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La Blockclass(e) , livre ebook

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Description

Sous le préau, monsieur Amelain, Principal du Collège Edmond Rostand, faisait l’appel des élèves des classes de 6ème... Un par un, les enfants se séparaient de leurs parents, de leurs amis, et se rangeaient bien tranquillement en une longue colonne droite et disciplinée. Et ainsi escortés par leur professeur principal, les nouveaux collégiens étaient dirigés vers leur classe et leur premier cours... et vers leur intégration dans le monde du secondaire.








La 6éme 4 suivit le même processus. Mais la 6ème 4 allait se révéler vraiment, vraiment très différente. Difficile même. Et si monsieur Amelain l’avait su, peut-être aurait-il agit autrement... Mais comment aurait-il pu se douter de quelque chose... Et qu’aurait-il pu faire ? Ce n'était que des collégiens... des enfants...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juillet 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342352740
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par la Société des Écrivains,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
www.societedesecrivains.com
client@societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-35273-3

© Société des Écrivains, 2022
La Blockclass(e)

***Entrée en 6 e …***
Sous le préau, Monsieur Amelain, principal du collège Edmond Rostand, faisait l’appel des élèves des classes de 6 e . Chaque nom appelé était suivi du piaillement joyeux des filles qui accueillaient la nouvelle venue, ou de la tape affectueuse des « mecs » entre eux… Ainsi, un par un, les enfants se séparaient de leurs parents, de leurs amis, et se rangeaient bien tranquillement en une longue colonne droite et disciplinée. Ainsi escortés par leur professeur principal, les nouveaux collégiens étaient dirigés vers leur classe et leur premier cours… et vers leur intégration dans le monde du secondaire.
La 6 e  4 suivit le même processus. Mais la 6 e  4 allait se révéler vraiment, vraiment très différente. Difficile même. Si Monsieur Amelain l’avait su, peut-être aurait-il agi autrement…
Mais comment aurait-il pu se douter de quelque chose… Et qu’aurait-il pu faire ?
***Madame Vême, professeur de français***
Madame Vême, professeur de français, est aussi le professeur principal de la classe de 6 e  4. Tout le monde s’est maintenant installé. À peu près dans le calme. Chacun à sa place. Maintenant, chacun se toise. De loin. Elle, sur l’estrade, se tient debout derrière son bureau et se présente succinctement. Elle a même inscrit son nom au tableau en grosses lettres : « MADAME VÊME ».
Gros cahier bleu en main, elle commence l’appel de sa nouvelle classe :
— Arazil Jean-Philippe ?
— Oui, m’dame, présent…
— Madame ? Madame ? appelle une voix claire et fraîche.
— Oui ?
— Madame, on doit encore faire l’appel ?
C’est un gamin tout petit, vraiment tout petit, qui semble à peine sorti de la maternelle, et qui la regarde avec candeur, juste en face d’elle. Elle lui répond avec douceur :
— Oui, bien sûr, pourquoi ?
— Monsieur Amelain, le principal, vient de faire l’appel dans la cour, il y a dix minutes à peine, et on est tous là, alors je me disais que ce n’était pas la peine de recommencer…
— Jeune homme, cela va me permettre de tous vous connaître… et sachez que dorénavant, on fera l’appel tous les jours…
— Tous les jours ?
— Oui, tous les jours et à chaque cours…
Un mouvement d’épaule, un « pff » sonore, et le gamin se pelotonne sur son sac comme sur un oreiller.
— Il va falloir vous y faire, jeune homme, continue l’enseignante… Et essayez s’il vous plaît de vous tenir droit quand on vous parle. Vous êtes tout avachi.
L’enfant ne répond plus. Yeux fermés, bras croisés sur son pupitre, il ne bouge plus. Il semble même dormir. Il attend…
Madame Vême reprend l’appel, en butant sur chaque syllabe…
— Beh-drol Claire ?
— Présente !
— Ben-zar-di Abdelkrim ?
— Benn-Zardi madame… On prononce « Bennzardi », répond l’intéressé en se levant.
— Benn-Zardi, répète la professeur, en rectifiant d’un geste sec, au crayon, la prononciation du Nom inscrit sur son document. Puis elle poursuit :
— Ber-de Sarah ?
Un rire moqueur enfle entre les bureaux. « Merde, merde ! »
— Ne vous moquez pas du nom de vos camarades !
C’est dit sèchement. Les rires diminuent un peu d’intensité. Madame Vême questionne…
— Alors ? Sarah Berde ?
Une petite main se tend au dernier rang.
— Ici, madame ! Et c’est Berdé, si possible.
Juste un coup d’œil sur la jeune fille, un coup de crayon sur son papier, et elle reprend l’énumération des noms :
— Bouridel Nathalie ?
— Présente !
— Brugnon Lucien ?
— Ici, présent !
« Cain, Chabandrier, Clément… » Les noms s’enchaînent… et la professeur continue à ânonner, butant toujours sur chaque prononciation :
— Fa-ga-ravel Ludovic ? Faget Jeanne ?
Devant elle, le jeune homme haut comme trois pommes se lève. Droit debout dans l’allée, sa tête atteint à peine la hauteur des autres têtes, celles de ses camarades qui sont pourtant assis, eux. Il la regarde droit dans les yeux…
— Qu’est-ce qui vous arrive, jeune homme ? Pourquoi vous levez-vous ?
— Vous alliez m’appeler, madame !
Madame Vême, incrédule, reprend sa liste :
— Vous n’êtes pas Jeanne Faget…
— Non, madame, je suis juste après elle !
— Vous êtes Erwann Giraud ?
— Oui, madame.
Comme elle reste perplexe, il fait :
— Y a un problème, madame ?
— Non, mais comment saviez-vous que c’était votre tour ?
— J’ai mémorisé la liste, madame, pas vous ?
— Pardon ?
— Oui, sur votre liste, je suis l’élève numéro 17, madame. Je suis derrière le numéro 16, Faget Jeanne. Elle-même derrière Fagaradel Ludovic. Lui-même derrière Etolli Gabriel, Doueso Damien, Diaz Dalila…
Et sans effort, le gamin lui énonce la liste d’appel. À l’envers… puis se rassoit. La classe est perplexe. Tous, bouche bée, regardent ce lutin sorti de sa boîte. Cet extraterrestre tombé de sa planète… Lui, yeux fermés, bras croisés sur son pupitre, ne bouge plus. Il semble dormir. En fait, il attend que l’appel soit terminé…
— Sortez maintenant une feuille de papier… Vous allez y écrire quelques renseignements.
— Une feuille blanche, madame ?
— Une grande feuille ?
— Moi j’ai que des petits carreaux, ça ira ?
Les questions fusent, c’est un vrai brouhaha. Les règles et les crayons sortent des trousses, tombent par terre. C’est la panique… Après quelques minutes d’adaptation, le silence revient. Enfin. Madame Vême se place face à la classe, et demande posément :
— Vous allez y inscrire votre nom, votre prénom, votre date de naissance, votre adresse et les numéros de téléphone de vos parents (fixe, travail et portable)…
— Vous nous donnerez ces informations personnelles sur vous, en retour ? demande à nouveau le gamin devant elle… Votre âge… Votre adresse… Si vous êtes mariée…
— Monsieur Giraud, ça suffit ! s’indigne le professeur… Prenez une feuille et marquez-moi ces renseignements, comme les autres, sans faire de commentaires.
L’enfant croise les bras…
— Non, madame !
C’est clair, net. La classe s’arrête de respirer.
— Pardon ?
— On m’a toujours interdit de donner des informations personnelles à des inconnus…
— Mais je ne suis pas une inconnue, réplique la professeur, offusquée… Je suis votre professeur…
— Et vous croyez qu’au collège il n’y a pas d’adulte pervers !Vous rêvez ?
C’est sans appel. Madame Vême blêmit sous l’insulte.
— Monsieur Giraud, vous allez arrêter de faire le gamin capricieux, et écrire ces renseignements sur votre feuille !
— Non !
— Non ?
— Non, madame… Vous avez déjà tous ces renseignements ! On les avait fournis à l’administration le jour des inscriptions, pour constituer mon dossier… Normalement vous devriez pouvoir les consulter…
Le « NOR-MA-LE-MENT » est fortement accentué. Il la regarde avec de grands yeux noirs et innocents, et poursuit :
— Et puis, vous auriez pu prendre le temps de faire des copies avant, continue-t-il, sarcastique. Vous aviez bien cinq minutes !
Madame Vême reste bouche bée.
— Alors pourquoi, aujourd’hui, vous nous demandez de les réécrire ? Demandez donc une copie au secrétariat ! À moins que la photocopieuse ne soit en panne ?
Le ton est mielleux et perfide. La classe est interdite.
— Moi, conclut-il enfin, je ne vous donnerai rien !
Le ton est cassant. Buté. Le silence s’installe… La professeur va réagir… Doit réagir… Elle commence… D’une façon plutôt calme…
— Monsieur Giraud…
Mais la colère l’envahit… Son débit s’emballe, progressivement, au fur et à mesure que ses paroles sortent…
— Puisque vous semblez si bien connaître notre établissement et son bon fonctionnement, je pense que vous trouverez très facilement le secrétariat, et surtout, le bureau juste à côté… Vous pourrez y faire connaissance avec notre CPE, Monsieur Deglisci… Dites-lui que vous venez de ma part, et que vous êtes collé pour insubordination…
Sans un mot, sans un regard, ni pour elle, ni pour les autres élèves, Erwann prend son sac et passe la porte. Comme un prince. Personne ne bouge. Surpris. Déboussolé par ce tout petit garçon, haut comme trois pommes, et qui a réussi, en tenant tête à la prof, à se faire virer, dès la première heure.
***Physique-chimie avec Monsieur Sarhoul***
La sonnerie sonne et sonne. Ils sont tous en rang, alignés bien sagement sur leur marque de 6 e  4. Erwann aussi. Perdu dans cette marée de grands qui papotent et chahutent… Un homme grand et sec prend alors la tête de la colonne et conduit la troupe vers le deuxième étage. En silence.
Erwann entre dans la classe, à la suite des autres, mais il s’arrête tout de suite, à la première place libre, au premier rang, à côté de la porte. Un grand costaud se précipite aussitôt vers lui, et s’assoit sur la place vacante, à ses côtés.
— Salut, moi c’est Marc !
— Ouais, Marc Jonas, numéro 23 sur leur liste, répond Erwann sans sourciller…
— Je sais pas quel numéro je suis sur la liste des profs, mais j’ai ça pour toi !
Il pose devant lui un grand sac plastique rempli de livres…
— C’est quoi ? demande Erwann sans sourciller…
— Tes livres de classe ! T’as été si rapide à te faire virer tout à l’heure que Madame Vême n’a pas eu le temps de te les donner…
Sans plus de façons, Marc commence à sortir ses propres affaires de son sac. Sa trousse, des feuilles… Erwann, lui, triture le sac plastique placé devant lui, incrédule. Il a jeté négligemment un coup d’œil à l’intérieur, y a découvert une dizaine de livres aux pages jaunies et cornées, et un carnet propre qui, lui, visiblement n’a jamais été manipulé…
Le professeur ferme la porte et se dirige vers le tableau.
— Je suis Monsieur Sarhoul, avec un « h », dit-il, et je vous enseignerai cette année la physique-chimie… Aussi, ceux qui veulent faire des jeux de mots avec mon nom sont priés de le faire rapidement, car nous allons constamment travailler avec des trucs qui tombent, roulent

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