85
pages
Français
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2011
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Ebook
2011
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Publié par
Date de parution
22 septembre 2011
Nombre de lectures
9
EAN13
9782895971788
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
22 septembre 2011
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9
EAN13
9782895971788
Langue
Français
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1 Mo
Étienne Brûlé Le fils des Hurons TOME 2
Jean-Claude Larocque et Denis Sauvé
Étienne Brûlé Le fils des Hurons
TOME 2
Roman historique
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Larocque, Jean-Claude, 1954-
Étienne Brûlé / Jean-Claude Larocque et Denis Sauvé.
(14/18)
Comprend des réf. bibliogr. Sommaire incomplet : t. 1. Le fils de Champlain — t. 2. Le fils des hurons. ISBN 978-2-89597-119-1 (v. 1). — ISBN 978-2-89597-130-6 (v. 2)
1. Brûlé, Étienne, 1591?-1632? — Romans, nouvelles, etc. pour la jeunesse. 2. Canada — Histoire — Jusqu'à 1763 (Nouvelle-France) — Romans, nouvelles, etc. pour la jeunesse. I. Sauvé, Denis, 1952- II. Titre. III. Collection : 14/18
PS8623.A76276E84 2010 jC843'.6 C 2009-907332-3
ISBN 978-2-89597-178-8 (EPUB)
Les Éditions David remercient le Conseil des Arts du Canada, le Secteur franco-ontarien du Conseil des arts de l'Ontario, la Ville d'Ottawa et le gouvernement du Canada par l'entremise du Fonds du livre du Canada.
Les Éditions David
335-B, rue Cumberland
Ottawa (Ontario) K1N 7J3
Téléphone : 613-830-3336 / Télécopieur : 613-830-2819
info@editionsdavid.com
www.editionsdavid.com
Tous droits réservés. Imprimé au Canada.
Dépôt légal (Québec et Ottawa), 4 e trimestre 2010
À nos enfants, Marie-Josée, Gabriel et Charles Larocque Anik, Jean-Sébastien et Emmanuelle Sauvé
Respecte la nature elle se régénérera de saison en saison Respecte ta race elle se perpétuera de génération en génération Jean Sioui, Le pas de l'Indien : pensées Wendates
Tome 2
CHAPITRE 1
Un hiver à Toanché
La violente secousse sortit brusquement Étienne de son profond sommeil.
— Que se passe-t-il? Je rêve ou quoi? Non, on est en train de me prendre les bras et les jambes!
Avant même qu’il ne puisse faire un seul geste, Étienne se retrouva à plat ventre, le visage contre le sol. Il se rendit compte alors qu’il ne faisait pas un cauchemar. Il ressentit aussitôt un énorme poids s’abattre sur lui. Avec l’énergie du désespoir, il se mit à crier à tue-tête :
— Arrêtez! Vous… vous me faites mal! Qui êtes-vous?
Pour toute réponse, il ne sentit qu’une main crasseuse lui couvrir la bouche. Cloué au sol, il respirait à peine, écrasé par des hommes assis sur lui. Pris de panique, il réussit, en donnant désespérément des coups de tête dans toutes les directions, à se libérer de la main qui lui serrait le bas de la figure.
Soudain, il entendit une voix à l’extérieur de la cabane :
— Jeune Français? Ça va? C’est Iroquet! Réponds-moi!
Étienne ne parvenait même pas à répondre. Une vive douleur s’était emparée de tout son être. On venait de lui asséner un violent coup derrière la nuque. Tout son corps devint lourd. Il ferma les yeux. Puis, le noir absolu.
Quelques minutes plus tard, il revint à lui. Reprenant ses esprits, il ressentit un douloureux mal de tête et parvint peu à peu à distinguer le visage flou du chef Iroquet, penché sur lui.
— Jeune Français, ça va mieux? Tu m’entends? Tu me reconnais, c’est moi, Iroquet!
— Oui, oui, je crois bien, soupira Étienne.
— Nous avons eu peur. On t’a attaqué pendant ton sommeil. Les lâches! Ils ont fui à notre arrivée. Ils ont laissé un trou béant à l’arrière de la cabane. Ils sont disparus. Est-ce que tu as vu qui t’a fait ça?
— Non, non. Il faisait trop noir. Je dormais. Épuisé, il referma les yeux, plongeant lentement dans ses pensées.
— Qui peut bien m’en vouloir à ce point? Je ne suis ici que depuis trois semaines et on veut ma mort!
Assoupi, il refit intérieurement tout le parcours entrepris depuis son départ du saut Saint-Louis. Il entendait les adieux de ses amis, Thomas et Nicolas, et les bonnes paroles de Champlain qui le remerciait d’aller en mission chez les Hurons. Il revoyait le visage triste de sa belle Shaîna qu’il avait quittée l’année précédente. Que de souvenirs! Il revivait les jours passés à faire du portage, à pagayer avec énergie dans le canot qui remontait à contre-courant les rivières des Pays d’en haut : la rivière des Outaouais, la rivière Mattawa, la rivière des Français jusqu’à la baie Georgienne. Puis, avec un pincement au cœur, il revit son arrivée et l’accueil chaleureux qui lui avait été réservé au village huron de Toanché à la fin de l’été 1610.
La voix feutrée du chef Iroquet sortit Étienne de son demi-sommeil :
— Ça ira mieux, Étienne. Tu passeras le reste de la nuit dans ma cabane. Il y a trop de danger seul, ici, à l’extérieur du village. Demain, on y verra plus clair. Tu as besoin de calme et de repos.
Le lendemain, après un léger repas, Étienne fut invité à se rendre à l’intérieur des murs du village. De nombreux guerriers étaient assis autour d’un feu, à la manière indienne. L’un des plus âgés se leva et invita Iroquet et Étienne à prendre place à ses côtés. Il tenait à la main un bâton orné de plumes.
Étienne apprit que les Hurons appelaient ce bâton, le bâton de parole. Il était fait de cuir, de fourrure et d’herbes représentant les règnes animal, végétal et minéral, et utilisé durant les cérémonies et les rencontres du Conseil. Celui qui le tenait disait ce qu’il avait à dire et tous les autres l’écoutaient sans l’interrompre. Lorsqu’il avait terminé, il cédait le bâton à son voisin de gauche. Ainsi, tous avaient la chance de s’exprimer et les échanges se déroulaient dans l’harmonie.
Après quelques brèves discussions, vint le tour d’Iroquet. Il prit le bâton et annonça d’un air solennel :
— Écoutez-moi! Vous me connaissez tous! Je suis Iroquet, chef de la grande tribu des Anontchataronons 1 . Écoutez-moi, fiers et valeureux guerriers. Tous ici, vous êtes déjà au courant. La nuit dernière, le jeune Français a été attaqué dans sa cabane. Jamais, jamais je ne croyais cela possible. À mes yeux, ceux qui ont agi ainsi sont des lâches. C’est un crime odieux. C’est la honte pour toute la tribu de l’Ours. Je me sens trahi par mes frères. J’ai donné ma parole au grand chef des Français que je prendrais soin du jeune. Ceux qui lui veulent du mal s’attaquent aussi à moi. Au nom de mes ancêtres, je somme les coupables de se lever et de se justifier. Hiro 2 !
Droit comme un chêne, Iroquet posa un regard défiant sur chacun des guerriers qui, un à un, se contentaient de baisser les yeux. Pendant de longues minutes, pas un mot, pas un geste, comme si le temps s’était arrêté. Ne pouvant plus tolérer ce lourd silence, Étienne se leva brusquement, prit le bâton des mains d’Iroquet et s’exprima en algonquin :
— Je m’adresse à vous dans la langue d’Iroquet, braves guerriers, car je ne peux pas encore m’exprimer dans votre belle langue. Mais je sais de la bouche d’Iroquet que vous pouvez quand même me comprendre. Moi, Étienne Brûlé, envoyé ici parmi vous par le grand sieur de Champlain, le chef de vos alliés les Français, je ne comprends pas! Pourquoi me vouloir du mal? Depuis mon arrivée dans votre village, vous m’avez accueilli avec générosité. Vous m’avez logé et nourri. Vous m’avez démontré votre amitié. J’aimerais bien qu’on m’explique. Qu’est-ce que j’ai fait? Pourquoi cette haine envers moi? Non, je ne comprends pas!
Sans attendre, un jeune guerrier demanda le bâton de parole.
— Écoutez-moi! Tous ici, vous me connaissez. Je suis Atontarori 3 . Comme vous, mon cœur est triste et je me cache le visage devant la honte qui s’abat sur nous. Nous, les Attignawantans 4 , sommes un peuple fier. Nous avons accueilli le jeune Blanc comme le veulent nos coutumes. Nous avons partagé avec l’étranger. Nous l’avons même aidé à construire sa cabane. Ceux qui lui ont fait du mal ne sont pas dignes d’être des nôtres. Ils ne sont pas des vrais guerriers. Ce sont des lâches. Au nom de tous, je demande au Conseil de tout faire pour trouver et châtier les coupables. Hiro!
Étienne ne pouvait pas comprendre ce que disait le jeune Atontarori. Toutefois, il constatait l’effet de ses paroles sur les autres. Sentant son incompréhension, Iroquet s’empressa de tout expliquer à Étienne.
Au terme de la réunion, les membres avaient convenu d’un commun accord qu’il fallait tout faire pour protéger le jeune Français. Il fallait éviter que l’irréparable ne soit commis. On craignait la colère d’Iroquet et des Français. En guise de réparation, il fallait entreprendre des démarches pour qu’Étienne soit accepté par une famille d’accueil au sein du village.
Étienne, quant à lui, réalisait qu’il était périlleux de vivre seul, si loin des si