Embrouilles, fripouilles et compagnie... en Albanie
48 pages
Français

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Description

Quand sa jumelle Elsa est mystérieusement kidnappée, Loren se lance à sa recherche dans une course effrénée à travers l'Albanie, l'Italie puis la France. Bien malgré lui, il va se retrouver mêlé à un réseau de trafiquants. Réussira-t-il à retrouver sa soeur sans se faire remarquer par la mafia et ses tristes sires, à déjouer tous les pièges qui vont parsemer son chemin ? Voici un roman parfaitement actuel qui permet de mieux appréhender la problématique des trafics en tous genres évoqués quasi quotidiennement par les medias.Une invitation à ouvrir grand les yeux sur le monde qui nous entoure.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mars 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782365872638
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières

Table des matières
Table des matières
Embrouilles, fripouilles et compagnie... en Albanie
MARDI, 14 heures.
MERCREDI minuit dix.
JEUDI 8 H 10
S’ FASHION CAFE, 14 HEURES.
JEUDI dans le train pour Modane,
JEUDI 23 heures, chez Julie.
VENDREDI 7 heures et des poussières, en attendant Jean.
VENDREDI 23 heures
MON JOURNAL... SUITE ET FIN... QUELQUES SEMAINES PLUS TARD OPERATION CHAUVE-SOURIS
SAMEDI deux heures.
3 heures. C’est parti !
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Embrouilles, fripouilles et compagnie ... en Albanie

Jean-Marie CHARRON
Illustrations Anick Lilienthal








MARDI , 14 h eures .

On parle de “  crise d’adolescence  ” . Moi, je me demande si les adultes n’ont pas inventé avec ça quelque chose qui les arrange bien. En ce qui me concerne, j’appellerais cette crise, si crise il y a, “ crise de lucidité ”.
J’ai le sentiment qu’en sortant de l’enfance, comme c’est mon cas, on découvre un monde de grandes personnes complètement barjo.
Comment rester serein face à cette découverte ?
Comment ne pas éprouver une violente et légitime révolte ?

Ce seraient les adultes, avec leurs combines crapuleuses, le confort de leurs pantoufles, qui seraient dans le vrai ? Alors que moi, avec mon désir d’une vie généreuse, et exigeante, je ne tournerais pas rond ? Faut pas pousser quand même !
Ils sont peut-être adultes ceux qui arrachent une fille à ses parents, une sœur à son frère, ceux qui se montrent capables de tous les chantages ?
Sont-ils des humains ces gens dont le fric est la seule valeur ? Et l’ivresse du pouvoir, ce serait la seule jouissance qui les motive et qui, trop souvent, les pousserait à tuer ?
Rude est ma découverte du monde des adultes !
Mon enfance, j’ai l’impression de l’avoir vécue bien douillettement, dans un cocon, dans une sorte de paradis où mes désirs se trouvaient, pour l’essentiel, satisfaits : pas de souci de nourriture, de logement, de vêtements, de loisirs, d’affection. L’ennui, j’ai pas connu. J’ai découvert des choses passionnantes. J’ai été heureux, quoi ! Même en tenant compte des petits malheurs qui sont là pour vous rappeler le plaisir qu’il y a à vivre quand on n’en a pas.
Je me suis laissé porter par le temps qui passe et m’y suis installé comme si c’était pour l’éternité.

Jusqu’au moment qu’on appelle "adolescence" où la réalité du monde m’est apparue dans toute sa médiocrité. Et je sais de quoi je parle : des adultes menacent de tuer Elsa, ma soeur adorée. C’est pourquoi j’écris dans ce carnet l’aventure que j’ai vécue en me lançant à sa recherche.
Cramponné au bastingage du ferry, je sens la colère m’envahir et tourner en moi comme un cyclone. La violence appelle la violence. Je me sens gagné par la haine. Or il ne faut pas que je me laisse aveugler par la situation. Je dois rester lucide car j’ai à présent une mission à accomplir : sauver Elsa.
Je ne sais pas comment je vais m’y prendre face à cette hydre monstrueuse qu’on appelle la mafia. Mais Elsa est ma vie, je dois la sauver.

Je n’en peux plus de rester immobile sur ce pont. Il faut que je bouge, que je transforme ma fureur en mouvement.
À l’intérieur, en passant devant une de ces boutiques destinées à appâter les touristes en leur offrant une masse de gadgets, je vois, au milieu du fatras, un bouquin bizarre. Je le saisis.
Sa couverture de peau, parfumée et douce m’intrigue. Je sais, bien sûr, que c’est une imitation de grimoire mais j’ai le sentiment d’y trouver une réponse. Je l’ouvre délicatement, m’attendant à y découvrir des formules cabalistiques et je tombe sur des pages de papier parcheminé, vierges. Je feuillette pour tenter de découvrir, comme dans les histoires qu’enfants nous nous racontions, Elsa et moi, le message secret qui me dira comment délivrer ma sœur. Rien ! Toutes les pages sont immaculées. C’est alors que je réalise que cet espace m’a été réservé, que cet objet est fait tout spécialement pour moi, que je vais pouvoir lui confier mes sentiments les plus intimes, ceux qu’habituellement je ne partage qu’avec Elsa. Il me permettra d’affronter l’ennemi.
J’achète le carnet.
Quand je découvre un salon désert, je m’y installe pour relater par écrit les évènements dramatiques qui touchent ces jours-ci notre famille et font que j’ai entrepris, seul, un voyage sans doute long et périlleux, que je n’imaginais même pas en me réveillant ce matin. Or, à l’heure qu’il est, je suis installé dans le salon d’un ferry qui me conduit de Durrës à Bari, de mon Albanie tant aimée et maudite, vers l’Italie et bien au-delà.
Je peux prendre tout mon temps, nous n’aborderons les côtes italiennes que dans neuf heures ! 
En réalité, je dois la raison de ce voyage, à une chance exceptionnelle.
J’ai une sœur jumelle, Elsa et je ne peux pas vivre sans elle !


On m’a plus d’une fois balancé l’histoire de cette mère enceinte qui, voulant des enfants polis, avait suivi une cure d’autosuggestion auprès du célèbre pharmacien, Emile Coué en personne et qui ne put jamais accoucher car chaque candidat à la naissance voulait, par politesse, laisser passer l’autre en premier : “ Après vous, je vous en pri e ”. C’est sans doute l’histoire de jaloux qui, pour se venger de leur solitude, racontent cette blague stupide. En fait, ils ne font que confirmer ma discrète courtoisie car ce fut ma sœur qui vint au monde la première.
Cette grande proximité dura jusqu’à nos huit ans. Jusque-là, nous avons tout partagé : elle faisait rouler mon train électrique, je dorlotais sa poupée. Elle léchait ma glace au cassis, je me régalais de son cornet à la vanille. Ainsi, nous multipliions par deux chaque instant de bonheur. Quant aux punitions, comme nous les partagions, elles nous coûtaient deux fois moins.

Le jour de notre neuvième anniversaire fut un jour de grande tristesse : nous fûmes séparés. Ma sœur partagea sa chambre avec notre petite sœur et moi, la mienne, avec notre petit frère.
Même si nous avons eu quelques difficultés à digérer cette séparation, nous n’avons pas interrompu notre complicité pour autant. Par exemple, nous avions, au réveil, le sentiment d’avoir fait le même rêve.
Cette séparation nous a égalemment obligés à inventer de nouveaux moyens de communication. Nous avons alors essayé la transmission de pensée. Mais c’était épuisant et inefficace. Alors nous avons adopté le MORSE, de diverses manières. La plus courante et la plus amusante utilisait nos yeux : en fermant un œil, c’était un point, les deux, un trait. Ainsi le A : "point, trait" en morse, nécessitait la fermeture d’un œil, puis des deux yeux. À partir de ce jour-là, à table, nous nous mettions toujours l’un en face de l’autre. Le plus drôle a été le jour où, toujours à table, nos parents ont communiqué de la même façon.
Ces derniers temps, je sentais bien que ma complicité avec Elsa changeait de nature en même temps qu’Elsa changeait de formes. Moi je me suis mis à grandir comme un échalas et ma voix effectuait de curieuses acrobaties, s’enfonçant soudain dans les graves ou bondissant sans prévenir dans les aigus. Ça amusait certains mais moi, pas du tout et je me trouvais plutôt nigaud.
Elsa, elle, s’est métamorphosée. De gamine sympa, un peu garçonne, s’attifant n’importe comment, brusquement, j’allais dire du jour au lendemain (quand même pas) elle est devenue une demoiselle, une véritable jeune fille. Ça m’a fait bizarre. J’avais l’impression d’être demeuré un gamin alors que ma jumelle prenait son envol.

Mais, je me suis aperçu que je n’étais pas le seul à avoir découvert ce surprenant changement. Les copains se sont mis à la regarder bizarrement, que ça m’en a fait un choc. Elsa, mon Elsa à moi tout seul, allait peut-être un jour devenir l’Elsa de quelqu’un d’autre.
Il y a huit jours, lorsque je l’ai vue monter dans la décapotable d’un jeune prétentieux, le fils, je crois, d’un des gros clients de l’employeur de mon père, mon cœur a fait trois tours sur lui-même dans ma cage thoracique. Il est revenu à sa place quand elle m’a envoyé un petit sourire en coin qui semblait signifier : “T’en fais donc pas, Loran, celui qui balade l’autre n’est pas celui qu’on pense !”

Elsa, ça n’est décidément pas n’importe qui. Je ne savais pas à ce moment-là que je ne la reverrais pas de sitôt.
Il a fallu cette histoire incroyable, pour me pousser à tenir ce journal. Auparavant, elle était ma mémoire comme j’étais la sienne. Mais là, comme je suis seul, perdu, je dois me trouver un interlocuteur pour réfléchir : ce carnet.
J’écris donc tout ce qui bouleverse ma vie en ce moment et qui tient en une seule phrase :
ELSA A DISPARU, Elsa a été kidnappée.
Elsa a disparu et nous craignons le pire.
Elsa a disparu et nous ne pouvons en parler à personne, surtout pas à la police : ce serait aggraver la situation.
Voilà huit jours aujourd’hui que mes parents et moi vivons dans l’angoisse.
Je ne crois pas qu’une douleur puisse se comparer, se mesurer avec celle d’une autre personne. “Je souffre plus que toi ”, ça ne voudrait rien dire. La douleur est trop personnelle.

Ce que je peux dire, c’est que jamais je n’avais rien ressenti d’aussi violent.
Mes parents aussi souffrent, je le sais, mais ils sont deux et peuvent s’épauler.
Elsa c’est ma vie.

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