Pourquoi nos étudiants ne savent-ils plus écrire?
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Pourquoi nos étudiants ne savent-ils plus écrire? , livre ebook

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Description

Le constat est largement partagé : de nos jours, beaucoup d’étudiants sont incapables d’écrire correctement. Leurs copies, faites de phrases mal orthographiées qui bien souvent n’ont aucun sens, sont devenues illisibles. Après avoir des années durant apposé un tampon encreur « orthographe inadmissible » sur des milliers de copies, Aude Denizot, professeure au lycée puis à l’université, a décidé d’observer de plus près les causes de ce déclin. Passant au crible des dictées et des copies d’examen, comparant des manuels et des cahiers d’hier et d’aujourd’hui, de l’école primaire à l’enseignement supérieur, elle a fini par découvrir un coupable inattendu : l’utilisation intensive des photocopies à l’école. Au fil des pages de ce livre qui ose remettre en question le règne de la pédagogie dite innovante et du numérique dans les établissements d’enseignement, l’autrice fournit une démonstration claire et précise des ravages de cette méthode, équivalent pédagogique du fast-food, et propose des pistes pour faire réellement progresser les élèves et mieux les préparer à leur vie future.

Informations

Publié par
Date de parution 17 mai 2022
Nombre de lectures 5
EAN13 9782356449832
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

www.enrickb-editions.com Tous droits réservés, Enrick B. Éditions, Paris, 2022
Conception couverture : Marie Dortier Réalisation couverture : Comandgo
ISBN : 978-2-35644-983-2
« Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. »
Ce document numérique a été réalisé par PCA
Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Prologue
Chapitre 1 - Un constat banal
Chapitre 2 - Mais que font-ils donc à l'école ?
Chapitre 3 - La fée photocopieuse et ses miracles
Chapitre 4 - Le revers de la médaille
Chapitre 5 - Trop tard ?
Chapitre 6 - La réforme de l'orthographe
Chapitre 7 - Le téléphone portable est-il coupable ?
Chapitre 8 - Des vertus et des limites de la sanction
Chapitre 9 - Est-ce que vous n'exagérez pas un peu ?
Chapitre 10 - Écriture et compréhension
Chapitre 11 - Éteignons la photocopieuse et ouvrons nos livres
Chapitre 12 - Éteignons aussi les ordinateurs
Épilogue
Prologue

Récemment, j’ai repensé à Hasma. En 1998, Hasma était l’une des élèves les plus faibles de ma classe de terminale STT au lycée François-Villon, à l’époque établissement classé en zone sensible. J’ai repensé à sa copie médiocre : tout le long de la marge, j’avais tracé un long trait irrégulier, pour montrer que l’ensemble était confus. Un trait qui avait beaucoup amusé un collègue qui travaillait à côté de moi dans la salle des professeurs. Et pourtant, combien la copie d’Hasma était d’un niveau supérieur à celles de certains de mes étudiants de licence ou de master aujourd’hui !
Longtemps, j’ai refusé d’admettre que le niveau des étudiants baissait. Il me semblait qu’il y avait là une idée reçue qui existait depuis toujours, et que, déjà, nos arrière-arrière-grands-parents considéraient que le niveau baissait. L’observation grincheuse relevait davantage d’un mépris inné pour les jeunes générations que d’une réalité mesurable.
Mais il a fallu se rendre à l’évidence.
En ayant quitté le lycée et les classes d’économie et gestion pour devenir professeure des universités, j’aurais dû trouver, à la faculté de droit, des étudiants mieux formés et donc plus à même d’écrire correctement. C’est l’inverse qui s’est produit. J’ai peu à peu constaté que le niveau de français se dégradait. Les fautes devenaient de plus en plus graves et de plus en plus nombreuses, les phrases ne voulaient plus rien dire, les mots n’avaient plus aucun sens. J’ai compris alors qu’il ne servait plus à rien d’indiquer « orthographe inadmissible » sur les copies pour que les étudiants se prennent en main, pas plus qu’il n’était efficace de retirer un ou deux points d’orthographe pour les inciter à faire attention. Le problème était plus profond. Il ne révélait pas seulement une baisse du niveau des étudiants, mais plus généralement une incapacité de notre système éducatif à former les élèves et à leur apprendre quelques règles simples. J’ai alors tenté de comprendre comment, en l’espace de quelques dizaines d’années, notre école était devenue incapable d’enseigner le français. J’ai voulu savoir pourquoi treize ans de scolarité française ne permettaient plus à des étudiants arrivés en master de maîtriser la règle « a/à », une règle simple qu’on apprend généralement en CP ou en CE1.
 
En 2017, devenue directrice d’une antenne de droit et responsable pédagogique des trois premières années de licence, j’ai trouvé des conditions de travail idéales pour analyser les problèmes d’expression écrite : une promotion d’une centaine d’étudiants seulement en première année, et des heures dévolues à l’enseignement du français, heures que je pouvais moi-même organiser et piloter. Cela m’a permis de suivre, presque individuellement, le niveau de français des étudiants sur plusieurs années et d’en tirer de nombreuses observations.
J’ai conçu et corrigé des dictées pour constituer des groupes de niveau à la rentrée et pour mesurer les progrès des étudiants à la fin de chaque semestre. J’ai assuré plusieurs cours d’orthographe et j’ai recruté une équipe d’enseignants en français pour m’assister. Nous avons eu, avec ces collègues, de nombreuses conversations relatives au niveau des étudiants, à leurs difficultés et à leurs progrès. Parallèlement, j’ai suivi les promotions d’étudiants dans les matières juridiques jusqu’à la troisième année de licence.
J’ai alors découvert l’ampleur de leurs difficultés : leur niveau était encore plus faible que je ne l’avais pensé en corrigeant leurs copies de droit. J’avais cru qu’avec un travail sérieux et assidu, nous parviendrions à faire progresser rapidement les étudiants, au moins pour ce qui était de la maîtrise des règles simples comme « a/à ». Mais j’ai compris, en m’appuyant sur cette expérience et sur leurs témoignages, combien il est long et difficile de remettre les jeunes à niveau, même lorsqu’ils travaillent, sont motivés et consciencieux.
J’ai interrogé des étudiants, les forts et les faibles en orthographe, pour tenter de comprendre comment ils en étaient arrivés là ; j’ai interrogé mes collègues, les enseignants. J’ai aussi observé comment on enseigne dans les écoles en France et à l’étranger, et comment travaillent les enfants du primaire. J’ai comparé des cahiers de CP et de CE1 des années 1980 avec les classeurs d’enfants du même âge dans les années 2010.
Mère de quatre enfants, aux profils scolaires très variés, j’ai pu voir de très près comment certains apprennent à écrire et comment ils réagissent face à des exercices. J’ai découvert, comme beaucoup d’autres parents, à quel point l’apprentissage de l’écriture peut être simple pour les uns et complexe pour les autres.
Ce ne sont pas uniquement les élèves en grande difficulté qui m’ont intéressée, mais aussi ceux qui ont un cursus normal (pas de redoublement, obtention du baccalauréat éventuellement avec mention, issus des classes sociales moyennes). Et j’ai souhaité comprendre pourquoi ces étudiants « normaux » ne pouvaient pas écrire « normalement ».
 
Au terme de ces années d’observation et de réflexion, il m’est apparu que l’utilisation massive des supports photocopiés privait les élèves d’occasion d’écrire des textes entièrement de leur main. Faute de s’être entraînés régulièrement et dès les toutes premières années de leur scolarité, ils peinent ensuite à l’université, où il est difficile de rattraper le temps perdu. Il m’a alors semblé qu’avec un peu de bon sens, on pourrait aider ces jeunes et rendre notre école républicaine un peu moins inégalitaire.
Chapitre 1
Un constat banal

Tout le monde en parle, tout le monde le sait. Le constat est alarmant, mais il est devenu banal : à l’université, de plus en plus d’étudiants ne maîtrisent pas les fondamentaux de l’orthographe, de la conjugaison et de la grammaire. Mais pire encore, ils écrivent des phrases qui n’ont plus aucun sens, dont la ponctuation est totalement aléatoire, et usent d’un vocabulaire inexact.
Désormais, il est courant qu’un étudiant confonde « a » et « à », n’accorde pas les noms et les adjectifs au pluriel, ni le verbe avec son sujet, comme dans cette phrase d’une copie de deuxième année de licence : «  Le préposé a agit sans autorisation, a des fins autres que ceux qui entre dans le cadre de sa mission.  » Les accords masculin et féminin, pourtant simples, sont de plus en plus souvent négligés : «  Les victimes de cet accident peuvent-ils obtenir une réparations ?  » Beaucoup d’étudiants ont du mal avec le mot « personne ». Si cette personne qu’ils désignent est un homme, ils ne feront jamais l’accord au féminin : «  Si cette personne souhaite changer de sexe, il devra former une demande devant le tribunal judiciaire.  » De la même manière, le mot « famille » est souvent accordé au pluriel : «  La famille souhaitent récupérer l’argent.  »
Ce ne sont pas là des phrases isolées, encore moins des perles qu’on prendrait plaisir à publier. Non, ce sont des banalités, piochées au hasard de copies entièrement rédigées de la sorte. On a la sensation parfois que, du début à la fin, l’étudiant écrit au hasard, sans réfléchir au sens de ce qu’il dit, ni aux accords qu’il doit faire. Plus de la moitié de nos étudiants ne savent pas écrire une phrase interrogative indirecte : ils inversent le sujet et mettent un point d’interrogation, comme s’il s’agissait d’une interrogation directe. Il est ainsi devenu presque habituel de lire : «  Nous allons nous demander si la Cour de cassation a-t-elle modifié sa jurisprudence ?  » et assez fréquent de rencontrer un : «  Qu’elles sont les préjudices auxquelles Mauricette pourra-t-elle pretendre ?  »
Certains étudiants sont même incapables de recopier correctement les mots écrits au tableau. Dans une dictée faite à la faculté de droit, alors que le verbe « accueillir » était noté au tableau, cinq étudiants sur dix-neuf n’ont pas su l’écrire correctement.
 
Devons-nous nous en étonner ? Pas du tout, puisqu’il y a déjà de nombreuses années, on nous alertait sur la quantité impressionnante d’élèves de sixième qui ne maîtrisaient pas les fondamentaux. Ces élèves de sixième, que sont-ils devenus ? Se sont-ils réorientés dans des métiers où l’écrit a peu d’importance ? C’est sans doute le cas pour certains d’entre eux, mais d’autres ont tout simplement suivi le parcours qui leur était tracé par l’Éducation nationale, et ont rejoint les bancs de l’université, où on leur fait miroiter des carrières d’avocat ou de juriste en entreprise…
D’aucuns rétorqueront qu’il y a toujours eu, à l’université et ailleurs, des étudiants écrivant mal le français. Ils auront raison. Il y a vingt ans en effet, il n’était pa

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