Le Code
123 pages
Français

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Description

Le Code L'attrait commun des savoirs pour le mot « code » ne doit pas occulter les usages différents que chaque discipline peut faire de ce terme : il peut en effet désigner aussi bien la clé permettant d'accéder à la connaissance qu'un ensemble de signes employés dans une écriture secrète ou encore un texte contenant les règles de représentation des choses et des actions. Le déchiffrement des codes, quels qu'ils soient, est un travail permanent des hommes pour arriver à percer le secret de leur vie. Car si « toute notre vie est dans le code », le décodage est certainement une des conditions de notre liberté. Contributions de : Nalini Balbir, Michel Broué, Bernard Dujon, Michel Imbert, Nicolas Le Roux, Gérard Timsit, Jacques Vauclair. ACTUEL Alan Kirman, Bernard Lacroix, Christiane Marchello-Nizia.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2002
Nombre de lectures 12
EAN13 9782738165886
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE TEMPS DES SAVOIRS Revue interdisciplinaire de l’Institut universitaire de France N° 4
LE CODE
C OMITÉ DE RÉDACTION
Dominique R OUSSEAU , rédacteur en chef Michel M ORVAN , rédacteur en chef adjoint Luc B OROT Emmanuel B URY Michel I MBERT Cyrille M ICHON Michel P OUCHARD Denis R OLLAND Éric S URAUD Jean-Didier V INCENT
Cette revue est publiée avec le soutien des ministères de l’Éducation nationale et de la Recherche.
© É DITIONS O DILE J ACOB , JANVIER 2002 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
ISBN : 978-2-7381-6588-6
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3° a, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Présentation de la revue
Dominique R OUSSEAU et Michel M ORVAN

Le siècle passé a résonné de l’opposition des savoirs ; le siècle nouveau résonnera de leur mise en relation ou se perdra. Il est temps de rompre avec les définitions dogmatiques des disciplines, de casser les logiques d’enfermement et de cloisonnement académique, de construire un lieu d’échanges entre les savoirs et de réflexion sur leur implication dans l’histoire politique et sociale. Le Temps des savoirs , ou embrasser toutes les formes du savoir pour comprendre le monde présent.
Utopie ? Peut-être. Si chacun est prêt à reconnaître la validité intellectuelle du dialogue des disciplines, chacun, aussi, est prêt à l’oublier dans sa pratique de travail, à se recroqueviller et se clôturer dans sa spécialité, à en défendre la suffisance – dans tous les sens du terme. Et il est vrai encore que, au-delà des réflexes d’autodéfense disciplinaire, la mise en relation des savoirs comporte toujours deux risques : celui de réduire le dialogue à une simple juxtaposition de résultats indifférents les uns aux autres ; celui de croire que le vocabulaire, les notions, les outils et les résultats d’une discipline peuvent être immédiatement transférés et utilisés par les autres disciplines.
Et pourtant, stigmatiser les difficultés sociologiques et épistémologiques du dialogue interdisciplinaire n’invalide pas le projet : aucun savoir ne peut prétendre produire, à lui seul, l’explication et la connaissance du temps présent, et tout savoir s’appauvrit de se priver des lumières apportées par les autres. Il convient seulement de le construire avec prudence, méthode et modestie. En commençant par un travail de traduction, condition élémentaire de possibilité et de validité du dialogue entre les savoirs ; pour (se) comprendre, il n’est nul besoin, en effet, de fabriquer une langue commune ou de chercher à mettre la langue d’une discipline en position de domination ; il faut, simplement, que chaque discipline fasse l’effort de traduire les théories des autres dans son propre vocabulaire. En continuant par un questionnement réciproque sur les objets et les produits des recherches de chacun. En acceptant de prendre au sérieux les problématiques des autres et, s’il le faut, de les reformuler pour les prendre en charge et enrichir ainsi sa propre réflexion.
Tel est le dialogue interdisciplinaire que Le Temps des savoirs souhaite proposer en se fondant sur l’expérience menée depuis dix ans au sein de l’Institut universitaire de France. Revue à comité de lecture, paraissant deux fois par an – avril et octobre – et faisant appel aux contributions de chercheurs étrangers, Le Temps des savoirs est divisé en trois parties : un thème, soumis au questionnement de plusieurs disciplines ; un débat, sur un sujet dépassant les préoccupations de chacun ; une recension, ouverte sur des ouvrages non encore traduits en français. Avec, toujours, la même exigence de donner à chacun les moyens de se comprendre en comprenant le temps présent.
Le code
C’est dans le code !
Dominique R OUSSEAU et Michel M ORVAN

Toute notre vie est codée. Notre vie biologique par le code génétique, notre vie politique par le code constitutionnel, notre vie sociale par les codes sociaux, notre vie professionnelle par le code du travail, notre vie psychique par le code cérébral, notre vie fiscale par le code des impôts… Au point que, lorsque tel ou tel événement nous arrive dans quelque domaine que ce soit, chacun peut être tenté de dire : « c’était dans le code ». Comme pour dire, « c’est comme ça, j’y suis pour rien, c’est normal, ça devait arriver comme c’est arrivé puisque c’était dans le code ». Est-ce si simple ?
D’abord, chaque code n’appréhende qu’un aspect limité de la réalité empirique et ne retient d’elle que les seuls éléments qui la caractérisent au regard du traitement dont elle doit faire l’objet. Tous les codes ne « disent » pas la même chose sur l’homme et, parfois, ils peuvent dire des choses qui ne concordent pas : une même personne peut être « déclarée » morte au regard du code biologique mais encore vivante au regard du code juridique ; un étranger est un citoyen au regard du code des impôts mais pas – pas encore ? – au regard du code électoral ; et bien sûr, la définition de la vie, et en particulier de son commencement, diffère d’un code à l’autre dans l’exacte mesure où la génétique, le droit, la morale, la religion – pour ne prendre que ces exemples – n’accordent pas à l’objet « vie » le même traitement. Aucun code ne dit, à lui seul, la vérité d’un homme. Et c’est tant mieux.
Ensuite, chaque code ouvre sur l’interprétation. Sans doute le mot « code » porte-t-il en lui – et c’est peut-être une des raisons pour lesquelles tous les savoirs en font usage – les idées de clarté, de généralisation et de complétude. Mais aucun ne parvient vraiment à réaliser ce projet. Et ceux qui prétendent s’en approcher le font en intégrant les exceptions aux règles générales, en multipliant les précisions au point de ruiner les idées de clarté et de systématisation impliquées par le travail de codification sans avoir pour autant fermé la porte à l’interprétation des règles qu’il contient.
Enfin et peut-être surtout, la dénomination « code » mérite discussion. Au fil des savoirs ici convoqués, il n’est pas sûr que l’unité terminologique recouvre une unité conceptuelle. « Quel que soit son domaine d’application, écrit par exemple Nalini Balbir, la codification, loin d’être stérilisante, est soit riche en elle-même soit génératrice de variétés » ; alors que pour Bernard Dujon, en génétique, « le code est figé et simple à comprendre ». La réflexion doit donc être attentive à tenir les deux bouts de la tension terminologique en n’oubliant ni les usages différents que chaque savoir peut faire du mot « code », ni l’attrait commun des savoirs pour l’usage de ce mot.
Sous ce rapport, un des paradoxes est que le mot « code » peut désigner aussi bien la clé permettant d’accéder à la connaissance – par exemple, en génétique où le code est défini comme une clé de correspondance qui permet de déchiffrer la séquence des nucléotides du texte des gènes – qu’un ensemble de signes employés dans une écriture secrète ou qu’un texte contenant les règles de représentation des choses et des actions. Mais il ressort aussi que le déchiffrement des codes, quels qu’ils soient, est un travail permanent des hommes pour arriver à percer le secret de leur vie. Car si toute notre vie est dans le code, le décodage est certainement une des conditions de notre liberté.
Codes et variations en Inde
Nalini B ALBIR

D’une certaine manière, la codification envahit en Inde tous les domaines, de l’organisation sociale à la poésie ; en même temps, la rigidité qu’elle pourrait impliquer est souvent plus apparente que réelle, car, pratiquement en toute occasion, des sas d’ouverture sont également prévus, et, le cas échéant, codifiés à leur tour. De cette ambivalence, qui structure fortement l’ensemble de la pensée indienne, il sera plus d’une fois question ici. Tout en opérant des incursions dans l’époque moderne et contemporaine, on considérera d’abord l’Inde ancienne, celle du brahmanisme classique, qui est aussi celle des débuts du bouddhisme indien et du jaïnisme, pour une période qui s’étend, globalement, du III e  siècle avant notre ère jusqu’aux cinq premiers siècles de notre ère. C’est la période des grands textes dont les langues sont le sanskrit et le moyen-indien (appellation qui regroupe le pali, langue du Canon bouddhique Theravāda tel qu’il nous est parvenu, et les prakrits, ensemble de dialectes dont plusieurs ont été utilisés pour la rédaction des Écritures du jaïnisme).
Au plan socio-religieux, la notion fondamentale et complexe est celle de dharma qui fournit un cadre normatif à la vie de chacun. Elle inclut, en effet, l’ensemble des aspects du comportement moral et social qu’exige la place d’un individu donné dans le système, conformément à un certain nombre de paramètres : la caste, l’âge, le sexe, le statut conjugal. La notion de dharma se décline en plusieurs divisions qui la précisent. Elle constitue par exemple l’un des « buts de l’homme » ( puruşārtha) , aux côtés de l’enrichissement ( artha ), du plaisir ( kāma ) et de la Délivrance ( mokşa ) du cycle infernal des transmigrations qui met fin à toute renaissance, une fois épuisé le lot d’« actes » ( karman ) qui les conditionne. La vie et la société sont structurées par divers modèles théoriques qui établissent une hiérarchie : il en va ainsi de la notion de varņa (mot souvent traduit à tort par « caste ») qui, présentée comme d’origine divine, distingue entre les brahmanes (lettrés et officiants), les kşatriya (guerriers), les vaiśya (élev

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