Algérie 2000 , livre ebook

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Au cours de l’été 2000 j’ai eu la chance inespérée de participer, en tant que conférencière, au festival annuel de théâtre amateur qui a lieu dans la ville où je suis née le 19 janvier 1961 en Algérie : Mostaganem. Profondément marquée par les évocations de mes parents et de toute ma famille pied-noir espagnole, j’y ai non seulement retrouvé tout ce qui manquait à mon puzzle : le lien essentiel à mes racines, mais aussi le lien à ceux qui n’en sont jamais partis.
Ce voyage a constitué pour moi un tournant vital, comme si à partir de là je pouvais enfin commencer à savoir qui je suis et ce que je voulais faire de ma vie.
Au gré du périple et de mes tumultes qui se sont d’ailleurs prolongés bien après mon retour en France, s’est façonné un témoignage auquel je n’ai pas voulu dérober toutes ses couleurs : récits, confessions, photos, poésie, réflexions, fruits du temps qui passe, qui n’épargnent pas l’époque en question depuis maintenant plusieurs décennies…
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Publié par

Date de parution

15 juin 2021

Nombre de lectures

9

EAN13

9782312081564

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Algérie 2000
Laurence Blasco
Algérie 2000
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08156-4
À ma sœur V.
À mes parents R. et G.
À ma mère native de ce sol
À mon père qui ne lira jamais ce livre
et n’aura donc rien su de ce que j’y confie, pardon Papa
sauf si de là où tu es tu sais déjà tout
À mes grands-parents M. et F.
À ma tante et à mon oncle et parrain
À ma famille pied-noire
À cet accent à couper au couteau
À cette cuisine au goût du bonheur et de la vie
À l’Algérie multiple
mythique et réelle
qui a tracé mes sillons d’amour
À tous ceux qui m’ont accueillie
comme fille de leur terre
de toujours

Merci à T., V. et J. pour leur lecture et leurs précieux conseils.
Préface
Naît -on écrivain, écrivaine, je ne sais pas, peut-être que ce qui vous a résolue à écrire est un rempart contre et avec le temps qui passe ?
Avec cette satanée mémoire qui vous tenaille et vous impose de noircir la feuille, de nous confier à l’oreille, des souvenirs ; car votre écriture est musicale.
Vous composez entre larmes et rires, des outrages, des vibrations, des odeurs, mise en lumière de paysages, de saveurs, de bonheurs maritimes, d’une histoire la vôtre ; qui est peut-être aussi un peu la nôtre…
« Femme en persienne
Femme en terre sienne
(…)
Doux embruns d’hivers sans froid
Accents rauques à ouvrir tous les bras »
Dire ce que l’on est d’où l’on naît est d’un courage évident dans un monde en berne de bravoure, qui se consume en platitude et hâbleries affligeantes. Il y a chez Laurence Blasco du Modiano, dans l’intime du détail.
Phrases brèves, intransigeantes, qui nous aimantent, qui peuvent aussi nous déconcerter, par la sincérité qui en découle. Mais aussi et c’est là, l’art subtil, de la différenciation de phrases « rasoirs », rasant de près la gorge de nos certitudes. « La tristesse lance ses jets de nausées qui me jalonnent depuis la rupture » . Et puis la douceur de la féminité éclatante, femme mère, femme océanique, qui accepte sans comprendre sans surtout l’admettre l’opprobre, lancée sur ses condisciples. Maryam repartie dans la solitude des femmes du Maghreb .
Blasco nous dit la tragédie grecque mais aussi l’espoir « Dans le ventre des Espagnoles … » Léo Ferré, L’Espoir.
Elle ose, elle ose une lettre au président, qui n’en a cure, il ne sait pas, il ne voit pas, il ne veut pas voir. Il est comme tous les hommes de pouvoir, dans la peur paranoïaque de le perdre. Cette femme de théâtre ne théâtralise pas ces fractures, elles sont vives, trop humaines pour être vaines, dans ces veines coulent le sang de la liberté, d’un avenir encore possible pour cette petite planète qui a vu tant et tant de civilisations grandir et mourir. Que souhaiter à cette écrivaine, de continuer à nous enchanter d’un verbe salvateur, je suis persuadé qu’elle va nous retracer d’autres histoires toujours passionnantes et poétiques à souhait… la poésie nous manque madame.
« Je reconnais ma peur, ma colère, ma sauvagerie »
L. Blasco
Christian Tredan
Avant -propos
Au cours de l’été 2000, un an après les élections qui ont installé Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Algérie, j’ai eu l’occasion inespérée pour moi de participer en tant que conférencière au Festival annuel national de théâtre amateur de Mostaganem. J’y représentais la compagnie de théâtre avec laquelle je travaillais à cette époque, en tant que comédienne.
Née le 19 janvier 1961 en Algérie, précisément à Mostaganem, berceau de ma famille maternelle, j’ai quitté ce pays en juillet 1962, avec mes parents et ma sœur aînée.
Comme beaucoup de Pieds-noirs de la dernière génération, je ne savais pas trop ce que l’Algérie était pour moi.
Ce texte vient interroger le lien mystérieux et si fort à cette terre que j’ai quittée à dix-huit mois. Il vient aussi témoigner, sur ce pays, du regard de la femme divorcée de quarante ans que j’étais, se sentant à un tournant de sa vie, et en quête urgente de ses racines. Il vient enfin exprimer ma gratitude envers toutes celles et ceux qui m’ont accueillie, alors que les années sombres de la guerre civile déclinaient à peine.
Je l’ai écrit en plusieurs vagues qui s’étalent sur dix-huit ans, en m’appuyant partiellement sur des notes de voyages que j’avais consignées dans un carnet.
J’y ai inséré des photos et des fragments poétiques qui ont surgi là-bas ainsi qu’après mon retour. Pour préserver l’anonymat, à quelques exceptions près, la plupart des noms propres sont changés, ou indiqués seulement par leur initiale.
Ce récit est évidemment personnel et autobiographique, je l’espère capable de toucher non seulement les personnes concernées de près ou de loin par l’Algérie, mais aussi « quiconque a perdu ce qui ne se retrouve / Jamais , jamais… » {1} .
R ÉFLEXION TARDIVE DE L ’ AUTEUR
À quoi bon sonder les raisons obscures qui font obstacle à la récompense d’un aboutissement, si ce n’est pour en dénicher la seule signification peut-être qui finit par s’imposer : ce n’était pas le bon moment !
Cette apparente lapalissade répond-elle à la nécessité d’une maturation, après deux années de tentatives de diffusion, pour quelques rectifications certes, mais surtout pour la moisson d’une relecture en vraie découverte, comme si c’était écrit par quelqu’un d’autre, de souvenirs où je me dise « ah bon ? heureusement que je l’ai relaté à ce moment-là parce que j’aurais été incapable aujourd’hui de me rappeler tout ça. »
Ou bien le fait d’écrire, de « coucher sur le papier » comme on dit, extirpe de soi des bribes de vécu qui pourront mieux devenir l’expérience de quelqu’un d’autre. Si cela aide le détachement pour une propice offrande au lecteur, alors tant mieux, ma foi.
Et je constate que pour l’affranchissement, l’émancipation, il aura fallu non pas la majorité civile de 18 ans, mais celle de l’ancienne époque, celle d’avant 1974 : 21 ans.
De ce voyage renaissance qui fut à la source de mon témoignage jusqu’à son envol, il faut croire que 21 ans étaient d’usage et de rigueur.
Être sûre aussi que rien ne soit susceptible d’offenser qui que ce soit…
Mars 2021.
C ONFESSION
Dois-je parler de ma crainte, de ma honte, comme un enfant ayant brisé le verre tranchant du soupirail ?
Colère et désespoir m’ont tant cinglée à travers les mots trop sourds.
Soudain cet ordre intense qui enfin se fait entendre
Avec la sensation de devoir et pouvoir espérer
Être à jour
Comptine insomniaque et grotesque
Il est cinq heures
Je pleure
Je n’ai pas de beurre
Mais j’ai très peur
Profonde gratitude
D’écrire
Mon chagrin se répare au compte-lignes
L’indigestion trépasse
Nulle rancœur
Retourner à la source et rendre compte de mon voyage
Rançon positive et grande consolation
Il ne faut donc pas s’insurger devant l’éclectisme des mouvements d’expression
Ni des redondances qui s’imposent et soulagent
Et qu’on ne vienne pas me reprocher d’inventer ou de combiner des mots, j’adore ça.
Ressac :
Pensées en passant
Passer en pensant
Passante en pensée
Passé au présent
Pensée au passé
Passé en pensées
Pensées passantes
Prélude en compte à rebours
M OINS 3. V ALSE HÉSITATION
Quand un jour débarque ce qui touche le cœur de la vie
Parce que je l’ai cherché
Je l’ai demandé
La demande appelle ce qui en est digne
Ce qui peut répondre
C’est un honneur
Comment dire sans effrayer ?
Dire non
Dire oui
Dire la force d’aimer
Inciter les êtres aux caresses
Et non aux armes
Baisser les armes fait peur
À la rencontre aux mains tendues
Aurore
Tressaillements d’un bonheur d’enfance
J’entends des musiques comme dans une pièce au fond de la maison
Chopin , Rachmaninov , Grieg
La méditation de Thaïs , Clair de lune de Debussy
Cours de danse
Aznavour , avec des sons de plage des voix
Ambiance famille
Les odeurs des fulgurances où la lumière est certitude
Où l’on sait en soi quelqu’un qui sait
Depuis toujours
Quoi ?
Parmi les cris les gestes qu’on ne comprend pas
Au milieu de la guerre
L’hiver de ma naissance sentait la mer
La cuisine du soleil
Les accents forts qui ne veulent pas céder
Tout ce qu’après l’e

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