Le Souffle de la langue
141 pages
Français

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Le Souffle de la langue , livre ebook

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Description

« L'Europe des langues a un destin qui lui est propre, et ne saurait s'inspirer de modèles étrangers. La domination d'un idiome unique, comme l'anglais, ne répond pas à ce destin. Seule y répond l'ouverture permanente à la multiplicité. L'Européen devra élever ses fils et ses filles dans la variété des langues et non dans l'unité. Tel est à la fois l'appel du passé et celui de l'avenir. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 1992
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738182845
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE SOUFFLE DE LA LANGUE



DU M ME AUTEUR CHEZ ODILE JACOB
Contre la pens e unique , 2012.
Combat pour le fran ais. Au nom de la diversit des langues et des cultures, 2006.
Halte la mort des langues , 2000.
L Enfant aux deux langues , 1996.
Le Souffle de la langue. Voies et destins des parlers d Europe, 1992 ; nouvelle dition, 1994.
Le fran ais et les si cles , 1987.



CLAUDE HAG GE

LE SOUFFLE DE LA LANGUE
VOIES ET DESTINS DES PARLERS D EUROPE


Nouvelle dition enti rement revue et corrig e



Ma femme Marie GAUDIN, mon coll gue et ami Fran ois-Xavier COQUIN, mes collaboratrices Anne SZULMAJSTER ( qui sont dues les cartes), Andr e DUFOUR et Barbara NIEDERER ont bien voulu lire le manuscrit ou m indiquer des sources utiles. Je les remercie de leur concours, et assume seul la responsabilit des erreurs qui subsisteraient.
C. H., juillet 1992



O DILE J ACOB, OCTOBRE 1992
15, RUE SOUFFLOT , 75005 PARIS

www.odilejacob.fr

ISBN 978-2-7381-8284-5




Le Code de la propri t intellectuelle n autorisant, aux termes de l article L.122-5, 2 et 3 a), d une part, que les copies ou reproductions strictement r serv es l usage priv du copiste et non destin es une utilisation collective et, d autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d exemple et d illustration, toute repr sentation ou reproduction int grale ou partielle faite sans le consentement de l auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite (art. L. 122-4). Cette repr sentation ou reproduction, par quelque proc d que ce soit, constituerait donc une contrefa on sanctionn e par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propri t intellectuelle.



Sommaire
Introduction
PREMI RE PARTIE
Langues f d ratrices
Chapitre 1 : De la langue commune
Chapitre 2 : L Europe et l anglais
Chapitre 3 : L allemand et l appel de l Est
Chapitre 4 : Le fran ais et la vocation multiple
DEUXI ME PARTIE
Richesse et entrelacs des idiomes europ ens
Chapitre 5 : L infinie tentation des vari t s sonores
Chapitre 6 : Les codes enchev tr s
TROISI ME PARTIE
Les langues d Europe et le d fi nationaliste
Chapitre 7 : La sommation par la langue
Chapitre 8 : Citadelles de vocables
Conclusion
R f rences
Index des langues
Cartes



Introduction
Cet Occident, o sont n s des hommes tourment s par l ardent d sir de scruter le monde, et souvent par la soif d implanter au loin leurs usages, autant que par la curiosit d en d couvrir de nouveaux, quels chos a-t-il fait retentir sous tant de latitudes, de quelles langues a-t-il laiss le d p t ? Dans quel pass les langues de l Europe plongent-elles leurs racines, et de quel avenir nourrissent-elles la nostalgie ?
C est de telles interrogations que le pr sent livre esquisse quelques r ponses. Le moment n est pas fortuit. Deux s ries d v nements le fixent. Les premiers, longuement m ris, se d ploient, au gr d ch ances concert es, l ouest de l ouest. Les seconds, contre toute attente, viennent de secouer brutalement, sous nos yeux tonn s, les torpeurs de l est. La Communaut Europ enne a entrepris de fa onner, dans les terres d Occident, un difice aussi nouveau par sa forme qu antique par son projet ; mais dans le m me temps, l est du continent, un empire, accabl de s ismes furieux, vient de se d liter. Les facteurs conomiques et politiques de ces deux ph nom nes immenses de notre temps, d une part la construction de l Europe, d autre part la dislocation de l Union Sovi tique et la fin des r gimes communistes, sont abondamment tudi s. On s est moins souci des facteurs humains. Il en est un, en particulier, dont l importance est occult e par son vidence quotidienne. Quoi de plus familier, en effet, que la langue ? Et pourtant, quoi de plus nigmatique ? Que sera l Europe des langues ? De quelles mati res de mots se nourriront les r ves des uns et les besoins des autres ?
C est d abord le profil des langues f d ratrices qu on esquissera (premi re partie). C est ensuite la multiplicit des formes qu on tentera de faire appara tre dans son clat ; cette multiplicit peut sembler un obstacle la vocation des langues f d ratrices ; mais en r alit elle en marque les limites n cessaires ; car l Europe est un terreau d idiomes sans nombre, divers, enchev tr s au long de l histoire chaotique des hommes (deuxi me partie). C est enfin la pression nationaliste, tirant argument de la d fense des langues comme miroirs d identit , qu on entreprendra d illustrer et de comprendre, sans pouvoir dans tous les cas la justifier (troisi me partie). Au terme d un cheminement ponctu par ces trois haltes, il deviendra clair, on veut l esp rer, que la diversit des langues europ ennes nourrit elle-m me des aspirations l unit . Diversit , unit : leur conciliation est-elle une illusion, ou encore une pure complaisance rh torique ? On peut r solument r pondre que non. Car c est bien la pr servation de la premi re qui est le ferment de la seconde. Encore faut-il, pour l apercevoir, que l on consente suivre la voie troite qui conduit, travers la p nombre, vers un champ de lumi re.
L Europe des langues a un destin qui lui est propre, et ne saurait s inspirer de mod les trangers. Si l adoption d une langue unique apparaissait aux tats-Unis, pour tout nouvel migrant, comme un sceau d identit , en revanche, ce qui fait l originalit de l Europe, c est l immense diversit des langues, et des cultures qu elles refl tent. La domination d un idiome unique, comme l anglais, ne r pond pas ce destin. Seule y r pond l ouverture permanente la multiplicit . L Europ en vit en plurilinguisme. Il devra lever ses fils et ses filles dans la vari t des langues, et non dans l unit . Tel est la fois, pour l Europe, l appel du pass et celui de l avenir.
Telle est aussi la th se du pr sent livre.



Premi re partie
LANGUES F D RATRICES

En Europe, la revendication opini tre d une reconnaissance est une attitude courante chez les utilisateurs d idiomes d pourvus de statut officiel. Les langues sont, comme on le verra, les tendards des peuples domin s. C est sur elles qu ils reportent leurs aspirations, en elles qu ils veulent voir l enjeu de leurs luttes contre un joug tranger. Mais il existe un autre trait, par lequel je voudrais commencer : charger son parler maternel d une puissante valeur de symbole ne signifie pas que l on soit aveugle l utilit des langues f d ratrices. C est ainsi que je d signerai ici, avant m me de tracer pr cis ment les contours de l Europe des langues, celles qui ont acquis une large audience au-del de leur pays d origine. Du point de vue strictement linguistique, rien d interne une langue ne la pr destine devenir moyen de communication international, ni, inversement, ne lui interdit de l tre un jour. La beaut , la clart , notamment, ne sont pas, malgr ce qu on croit parfois, des pr alables ce destin. Il faut donc rechercher d autres facteurs.
Je le ferai en examinant, au chapitre 1, les langues qui, en Europe, ont, divers moments, offert l image d une vocation f d ratrice. Certaines langues conservent aujourd hui cette image, plusieurs titres. C est ce que montreront les chapitres 2, 3 et 4, respectivement consacr s l anglais, l allemand et au fran ais.



CHAPITRE 1
De la langue commune
Langues nationales et langues communes
Par un tonnant retour de l histoire, il vient d appara tre en Europe un nombre de langues d tats plus lev encore qu cette poque des lendemains de la Premi re Guerre mondiale, o la r ponse diff r e aux clameurs de 1848 aboutit la cr ation de nouveaux pays sur les d combres des empires centraux. La situation pr sente r sulte, comme on sait, de l clatement de l Union Sovi tique et de la Yougoslavie. Or beaucoup d esprits, en Europe, sont habit s par la nostalgie d une langue commune. Il s agirait d une langue europ enne capable de satisfaire, en d pit des obstacles que dresse la multiplicit , le d sir d change propre notre nature : une langue, donc, dont l usage transcenderait les cloisonnements nationaux, car elle serait commune tous les Europ ens.
En effet, si c est aux dimensions d un seul tat plurilingue qu est r duit l tablissement d une langue commune, on aboutit une situation ambigu . Certes, dans le meilleur cas, cet tat vise garantir les moyens d une large communication entre membres de nationalit s diff rentes, et leur permettre de s int grer tous la vie sociale qui fonde leur identit . Mais par l , ceux pour qui la langue commune est trang re se trouvent contraints de l apprendre, afin de ne pas compromettre les conditions de leur vie civique. Or, parmi ces derniers, les plus modestes, ou ceux qui vivent dans les r gions les plus recul es, peuvent, gr ce aux traductions faites en langues nationales, avoir acc s une certaine culture. Cette forme de d mocratisation rend moins n cessaire l usage d une langue commune, qui, paradoxalement, peut tre elle-m me, par certains de ses effets, une mesure d mocratique. Par cons quent, c est plut t aux dimensions du continent entier que la notion de langue commune pr sente une utilit . La multiplication des tats ind pendants, qu ils soient unilingues ou, plus forte raison, plurilingues, doit, certes, tre consid r e comme f conde et b n fique. C est elle qui fonde la richesse culturelle de l Europe. Mais en m me temps, elle a pour cons quence d accro tre le nombre des ouvrages de m me contenu, notamment dans le domaine des sciences et des techniques. Une telle situation peut faire na tre le d sir d une langue commune, qui para t r pondre au souci d conomie. Or il se trouve que la partie occidentale de l Europe a longtemps poss d une langue de ce type, qui avait, de surcro t, l avantage de n tre langue nationale dans aucun pays, s il est vrai qu elle tait langue officielle dans un grand nombre. Cette langue, c est le latin .
Le latin, pilier de l Europe occident

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