De Madrid al cielo
604 pages
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Description

Quelles sont, en espagnol, les mille et une façons de dire « Paris ne s'est pas fait en un jour », « On n'apporte pas de saucisses quand on va à Francfort » ou bien « Tomber de Charybde en Scylla » ? À l'inverse, que signifient des expressions comme « Andar por los cerros de Úbeda », « Dejar a uno como el gallo de Morón » ou encore « Dar jabón de Palencia » pour ne citer que celles-là ? On pourra le découvrir dans les pages qui suivent et l'on verra la place que les toponymes ont occupée et occupent toujours dans la langue parlée aussi bien en Espagne qu'en France. Cet ouvrage est le premier dictionnaire bilingue espagnol-français exclusivement consacré aux expressions espagnoles contenant un toponyme. Il présente près de 5000 locutions, interjections, dictons et proverbes espagnols ou français qui vont du Moyen-Âge à nos jours et que l'on trouve rarement dans les dictionnaires généralistes, voire dans les dictionnaires spécialisés. Il constituera, à n'en pas douter, un outil précieux pour les traducteurs en général et les étudiants en particulier parce que le sens d'un grand nombre de ces expressions est souvent loin d'être évident. Il y a aussi dans ce livre une dimension ludique propre à toucher un large public. Au-delà de l'aspect pratique, le lecteur y trouvera une foule d'expressions fort pittoresques, tour à tour impertinentes et coquines, souvent cruelles et consternantes, réjouissantes et jubilatoires maintes fois. Disons, pour conclure, que ce dictionnaire est une randonnée très instructive à travers le parler et la géographie physique et humaine de l'Espagne qui en dit long sur les mentalités.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342058642
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De Madrid al cielo
Vincent Garmendia
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
De Madrid al cielo
 
 
 
À Pierre,
le grand frère aimé,
toujours attentif et généreux.
In memoriam.
Prologue
Quelles sont, en espagnol, les mille et une façons de dire « Paris ne s’est pas fait en un jour », « On n’emporte pas des saucisses quand on va à Francfort » ou bien « Tomber de Charybde en Scylla » ? À l’inverse, que signifient des expressions comme « Andar por los cerros de Úbeda », « Dejar a uno como el gallo de Morón » ou encore « Dar jabón de Palencia » pour ne citer que celles-là ? On pourra le découvrir dans les pages qui suivent et l’on verra, du même coup, la place que les toponymes ont occupée et occupent toujours dans la langue parlée.
Le prix Nobel de Littérature, Camilo José Cela, qui parcourut inlassablement l’Espagne, d’abord à pied et sac au dos, puis, les années passant, dans une superbe Rolls conduite par une non moins superbe jeune femme noire, garda un souvenir impérissable des toponymes et des gentilés entendus de la bouche de ses interlocuteurs villageois. Pour lui, comme il l’écrivit dans El Coleccionista de apodos, il était urgent de sauver de l’oubli, tous ces vieux toponymes et gentilés qui constituaient l’un des cadeaux les plus précieux qui furent donnés aux Espagnols.
Les expressions citées dans ce dictionnaire remplissent cette mission même si un grand nombre d’entre elles sont malheureusement obsolètes.
Grâce soit rendue, en tout cas, à tous ceux qui rendirent possible la conservation de ce patrimoine éminemment populaire et unique. En France, Jean Vartier a parfaitement recensé la liste de ces glaneurs et colporteurs d’histoires et d’expressions qui en assurèrent jadis la déclamation : Les conteurs de veillées, les bonimenteurs de foire, les chemineaux rimailleurs, les amuseurs de tables d’épousailles, de fêtes patronales et de kermesses. Autant d’inlassables marcheurs et passeurs qui véhiculèrent des mots et des idées à travers l’Espagne et l’Europe comme purent le faire ceux qui déclamèrent, sur les routes de la péninsule, les aleluyas, cet intéressant exemple de poésie populaire que l’on a pu apparenter aux images d’Épinal !
Par la suite, les nombreux dictionnaires, les recueils parémiologiques les plus divers et les études de terrain que nous avons consultés contribuèrent efficacement à la transmission de ces savoirs.
À la lecture de ces expressions, on sera frappé par le caractère diffamatoire d’un grand nombre d’entre elles. L’homme a trop souvent aimé médire de son voisin abhorré, le « blasonner », comme l’on disait jadis. Qui ne connaît, par exemple, en France : « Parisien, tête de chien. Parigot, tête de veau » utilisée par les provinciaux pour railler les habitants de la capitale ?
Sous le nom de blason populaire on a désigné, en effet, l’ensemble des qualificatifs mordants que les habitants d’un pays, d’une province, d’une ville ou d’un village appliquaient à leurs voisins. Une vieille expression française évoque bien cette pratique largement répandue : « Château-Landon (Seine-et-Marne), petite ville et grand renom, personne n’y passe qui n’ait son lardon », ce terme désignant ici un sobriquet, une raillerie.
Bien évidemment les Espagnols ne font pas exception. Ce penchant a donné lieu à une véritable géographie de l’insulte et du dénigrement. On persifle et on brocarde allègrement. On dépasse trop souvent le stade du quolibet et les allusions blessantes et les énoncés grossiers sont des exercices auxquels on se livre sans retenue aucune. L’esprit de clocher le plus agressif règne en maître. Si l’on peut tresser des lauriers à son pays, à sa région, à sa ville ou à son village, on couvre d’opprobre les pays, les régions, les villes ou les villages alentour en justifiant largement le proverbe « Pueblos vecinos, mal avenidos ». Et l’on ne fait vraiment pas dans la dentelle ! Si les gens des villes avoisinantes insultaient ainsi les filles d’Andújar, « De Andújar, la que no es puta, es bruja », les Normands n’étaient pas plus raffinés avec la population angevine : « Angevin, sac à vin, angevine sac à pines » !
Une copla entendue dans la région de Jaén et adoptée ailleurs évoque à sa façon et non sans humour, cette propension à l’insulte et à l’injure :
 
Somos de Alcalá la Real,
no nos metemos con nadie,
quien se mete con nosotros,
nos cagamos en su padre.
 
Beaucoup de ces expressions et proverbes n’expriment pas toujours, comme on s’est plu trop souvent à le dire, une véritable sagesse populaire mais des superstitions, des haines, des complexes plus ou moins avouables. Dans ses Cartas eruditas y curiosas , Feijoo condamna, d’ailleurs, avec raison, en 1750, le ressentiment qui était à la base de ces expressions et de ces proverbes insultants, misogynes, racistes ou antisémites.
On observera aussi des réflexes d’auto-défense et une volonté farouche de défendre sa terre et son village contre les agressions dont ils font l’objet. C’est ainsi que l’on corrige à son avantage les expressions désobligeantes. C’est ce que font, par exemple, les gens de Barrueco, dans la province de Salamanque, traités de crève-la-faim » par leurs voisins de Villasbuenas. À l’agression « Si vas a Barrueco, lleva la merienda en el cuerpo », ils rétorqueront : « pero si vas a Villasbuenas, lleva la merienda y la cena ». On retrouve logiquement la même démarche défensive en France. Ainsi, si l’on fait allusion à la pluie trop fréquente en Bretagne, par exemple, on pourra entendre, en guise de réponse, le pseudo-adage : « En Bretagne il ne pleut que sur les cons » !
Il est bon de dire aussi que l’ère d’utilisation de certaines expressions ne dépasse pas le cadre d’une région, d’une ville, d’un village voire d’un quartier. De là, souvent, des difficultés de compréhension en espagnol comme en français.
Précisons, avant d’aller plus loin, que nous entendons par toponymes les noms de lieux en général qui englobent les noms de pays, les régionymes désignant un nom de région, les microtoponymes, lieu-dits et hameaux, les odonymes, désignant une rue ou une place. Sauf rares exceptions, nous ne mentionnons pas les oronymes qui désignent les montagnes.
D’une façon générale, pour des raisons de place, nous avons évité de citer les innombrables coplas qui évoquent des toponymes. Il y a des liens étroits entre les proverbes et les coplas et il est parfois difficile de distinguer les uns des autres . Souvent les premiers peuvent venir des secondes et réciproquement. Beaucoup de proverbes cités dans les recueils sont en fait des coplas voire des fragments de coplas. Il en va de même avec certains proverbes qui sont parfois des extraits de chansons.
Pour ce qui est de la traduction des expressions espagnoles, nous avons choisi de donner souvent des expressions équivalentes en français, si possible avec des toponymes, plutôt que des traductions littérales. Nous avons, pour cela, utilisé les nombreux recueils d’expressions souvent rédigés par des érudits locaux dans les régions de France. De même, nous avons parfois privilégié la rime, qui est souvent le fondement principal, aux dépens d’une stricte exactitude.
Pour terminer sur une note plutôt réjouissante, disons que ces expressions toponymiques peuvent prendre quasiment une dimension européenne et acquérir une seconde jeunesse ! C’est ainsi que, récemment, en faisant un clin d’œil au si délicat idiotisme « Parle à mon cul, (ma tête est malade) », un gai luron des Yvelines, amoureux de la bicyclette et du calembour, a relié Parla, dans la province de Madrid, à Montcuq, dans le département du Lot. Presque un millier de kilomètres reliant la Castille et le Quercy pour le simple plaisir d’un jeu de mots toponymique hispano-français !
En route maintenant pour ce périple à travers la langue et la géographie physique et humaine de l’Espagne ! Il en dit long sur les mentalités. Il montre aussi, en particulier, que ces expressions soulignent maintes fois de grandes similitudes entre deux pays dont les frontières, en la matière, s’avèrent souvent très poreuses.
Et un grand merci, enfin, à Jean-François pour ses suggestions et ses corrections.
A
Quien vió a Abades ( Segovia ) (o Frades - Salamanca ), vió todos los lugares.
Qui a vu Abades ( ou Frades) a vu tous les parages.
Miguel de Unamuno, recteur de l’Université de Salamanque, cita l’hommage à Frades dans un discours aux étudiants pour leur signifier que la connaissance du monde commençait dans leur lieu de naissance pour modeste qu’il fût.
Abastas ( Palencia ), caga las canastas, Abastillas , caga las canastillas.
Abastas chie les paniers, Abastillas chie les petits paniers.
Une affligeante et ordurière expression qui évoquait les paniers des vendangeurs de ces contrées vinicoles situées dans « El Valle del Retortillo ». Non loin de là, et du même tonneau, si l’on peut dire, on trouve la scabreuse expression : « ¡Villanueva del Robledal, abre la boca que quiero cagar! »
De Abengibre ( Albacete ) , Dios nos libre con su garrote bien firme.
Dieu nous garde avec son bâton bien solide d’Abengibre !
Les gens de l’endroit corrigeaient à leur avantage ce proverbe en disant : « Del que viene a Abengibre Dios nos libre ». On observe le même phénomène d’autodéfense à Mirebeau (Vienne) où l’on dit : « Mirebeau le pays des ânes, mais il en passe plus qu’il n’en reste ».
En Abenójar ( Ciudad Real ) (o en Catarroja ( Valencia ) o en La Rioja ), la que no es puta es coja.
À Abenójar ( ou Ca

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