Créole réunionnais - Guide de conversation , livre ebook
106
pages
Français
Ebooks
2015
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Envie de nature, de randonnées au Piton de la Fournaise ou de contacts authentiques avec la population métissée de cette île pleine de contrastes ? Le créateur de la célèbre méthode Assimil a conçu pour vous le compagnon moderne et indispensable de votre séjour dans l’Île de la Réunion.
°Initiation à la langue : 21 leçons de créole réunionnais
°Les phrases et les mots indispensables
°Toute la prononciation
°Toutes les situations du voyage
94431 Chennevières-sur-Marne cedex
France
Remerciements
Je tiens à adresser mes plus sincères remerciements à Sandra et à Patrice pour leur collaboration active.
Cet ouvrage ne prétend pas remplacer un cours de langue, mais si vous investissez un peu de temps dans sa lecture et apprenez quelques phrases, vous pourrez très vite communiquer.
Tout sera alors différent, vous vivrez une expérience nouvelle.
Un conseil : ne cherchez pas la perfection ! Vos interlocuteurs vous pardonneront volontiers les petites fautes que vous pourriez commettre au début. Le plus important, c’est d’abandonner vos complexes et d’oser parler.
Introduction
Vous disposez d’une petite demi-heure quotidienne ? Vous avez trois semaines devant vous ? Alors commencez par la partie “Initiation”, 21 mini-leçons qui vous donnent sans complication inutile les bases du créole réunionnais usuel, celui dont vous aurez besoin pour comprendre, parler et être capable de former vos propres phrases sur le modèle de celles que l’on vous propose dans la partie “Conversation” :
– lisez la leçon du jour puis dites vous-même les phrases en consultant la traduction.
– lisez ensuite les brèves explications grammaticales : elles vous expliquent quelques mécanismes que vous pourrez mettre en œuvre seul ;
– faites le petit exercice final, vérifiez que vous avez tout juste… et n’oubliez pas la leçon suivante le lendemain !
Pour toutes les situations courantes auxquelles vous allez être confronté durant votre voyage, la partie “Conversation” de ce guide vous propose une batterie complète d’outils : des mots, mais aussi des structures de phrase variées que vous pourrez utiliser en contexte. Tous les mots sont accompagnés de leur traduction (avec, si besoin, le mot à mot). Même si vous n’avez aucune connaissance préalable du créole réunionnais, ce “kit de survie” prêt à l’usage fera de vous un voyageur autonome.
Département français d’outre-mer, la Réunion est une île volcanique dans le sud-ouest de l’océan Indien. Avec les îles Maurice et Rodrigues (à 200 km), Madagascar (à 800 km), elle forme l’archipel des Mascareignes, à 2 000 km de l’archipel créolophone des Seychelles. L’île-volcan est née il y a trois millions d’années. Le Piton de la Fournaise, volcan bouclier toujours actif, culmine à 2 632 m d’altitude ; le Piton des Neiges culmine quant à lui à 3 070,50 m. Pitons et remparts sont inscrits depuis 2009 au patrimoine mondial de l’Unesco.
Superficie | 2 512 km². |
Population | 800 000 habitants |
Chef-lieu | Saint-Denis |
Langue officielle Langue régionale | Le français Le créole réunionnais |
Fêtes nationales | 14 juillet 20 décembre, abolition de l’esclavage |
Religions | catholique, hindouiste, musulmane, cultes ancestraux vivaces |
Les portulans (cartes marines anciennes) conservent les noms attribués lors des explorations arabes, indiennes et portugaises à Mascarin : Dina Morgabin, Appolonia, Mascarin entre 1509 et 1512. La colonisation de l’île Bourbon par la France se fit depuis Madagascar : en 1663, Payen, colon français de Madagascar, débarque dans la baie de Saint-Paul à Bourbon avec ses compagnons (neuf hommes et trois femmes malgaches). Pour une histoire de femmes, les premières mésententes surgissent, provoquant la fuite des serviteurs dans les hauteurs de l’île. Depuis, ils sont entrés dans l’histoire sous le nom de premiers Marrons ou esclaves fugitifs. Ces Malgaches redescendent sur le littoral avec l’arrivée de Regnault en 1665, date du peuplement définitif de l’ancienne colonie française.
Mascarin, période fondatrice, est connue sous le nom de Compagnie Française des Indes Orientales. Des esclaves étaient débarqués depuis Madagascar, l’Inde et de la côte orientale de l’Afrique, pour répondre aux besoins économiques.
Au début du XIXe siècle, les premiers engagés, bann prëmié zangazhé, arrivent du sud de l’Inde sous contrat d’engagement de trois ans ; ils rejoignent les esclaves dans les établissements sucriers. Quelques années plus tard, un millier d’engagés chinois arrivent du port de Fuzhou. Les commerçants venus de Canton vont épouser des femmes créoles. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les Indo-Musulmans débarquent du Gujarat. Lors de la départementalisation en 1946, les différentes strates de la société créole d’origine sont déjà fossilisées.
Le créole est la langue première de plus de 90% de la population. Plus de 100 000 Réunionnais vivent dans l’Hexagone. Les Réunionnais sont en contact continu avec le français, langue officielle de l’administration, de l’enseignement et de la presse écrite et orale. Des langues dites “ancestrales” forment le patrimoine familial des Indiens hindouistes, des Musulmans et des Chinois. Le tamoul est présent dans les cultes et contes transmis par les ancêtres originaires de l’Inde. Les Réunionnais indo-musulmans pratiquent l’ourdou, le goujarati, l’arabe coranique. Leurs enfants fréquentent les médersa ou écoles coraniques, apprennent aussi l’arabe moderne. Dans les écoles, enfants malgaches et comoriens sont scolarisés en français et apprennent le créole avec leurs camarades. Le créole est enseigné à l’université, dans les collèges et lycées en tant qu’option facultative, comme le chinois et l’arabe.
C’est un vieux mot portugais, criuollo ou criollo, qui, à partir du XVIIe siècle, a donné le nom Kréol et l’adjectif kréol pour désigner ces individus métissés sur plusieurs générations nés à La Réunion. Des ethnonymes précisent Kréol kler, Créole blanc, Malbar, Réunionnais d’origine indienne, Kaf, Réunionnais de type africain ou malgache, Shinoi, Chinois, Zarab, Indien musulman, Zorey, désigne le Français métropolitain qui vit à la Réunion. Dans Zoréol, on reconnaît l’enfant né d’un parent métropolitain et réunionnais…
L’aménagement linguistique est soutenu par le développement culturel : poésie fonnkèr, séga et maloya ou musiques et danses traditionnelles apportés par les anciens esclaves, kosa in shoz, devinette, zistoir, conte.
Productions éditoriales, affiches publicitaires, bandes dessinées, pochettes de CD et de DVD garnissent étales et vitrines de plus en plus nombreuses à construire un cheminement sensible vers l’univers de l’écrit.
L’accent créole conserve les sons de sa tradition orale avec ses consonnes fortes en finale : doub, doubler, souk, attraper. Il n’emploie aucun groupe de consonnes en fin des mots d’origine française : pâl, palme, lass, asthme.
La consonne r est typique. À l’initiale, comme dans rougay, plats traditionnels, elle n’est pas loin du r français de roue, raide. En fin de syllabe et de mot, la prononciation est proche de celle d’une voyelle longue et profonde : artourn, revenir ; le r allonge la voyelle qui le précède. Entraînez-vous à dire des mots en traînant sur ces voyelles : âr, dommage, bord, dégage, tir, enlève.
La lettre g se prononce toujours [gu] comme dans gâter, griffe, jamais comme dans nuage. Écoutez bien ! gaté, chéri, get, regarde.
Trois consonnes de type intermédiaire –sh, zh et ny– n’ont pas d’équivalent en français.
Initiation
Sa bibas sa.
ça nèfles ça
Voilà des nèfles.
Sa fig sa ?
ça banane ça
Ce sont des bananes ?
Sa mangg.
ça mangue
Ce sont des mangues.
Fig lé dou.
banane l’est doux
Les bananes sont sucrées.
Le verbe nana, avoir se conjugue ainsi au présent de l’indicatif :
J’ai | Moin nana |
---|---|
Tu as | Ou nana |
Il / Elle a | Lï nana |
Nous avons | Nou nana |
Vous avez | Zot nana |
Ils / Elles ont | Banna nana (locuteur inclus) Zot nana (locuteur exclus) |
Pour désigner un être ou un objet placez sa au début de la phrase, Sa mon madame, C’est ma femme. Sa se combine avec un nom, mais jamais avec un adjectif. Pour ce dernier, vous utiliserez lé, auxiliaire être, Mangg lé dou, Les mangues sont sucrées.
Pour dire “C’est”, “Ce sont”, vous encadrez le nom entre deux sa, Sa zanana sa, Ce sont des ananas.
Avec une intonation montante, vous formerez une interrogation, Sa fig miyone sa ?, Ce sont des bananes naines ?
- Ce sont des mangues ?
- Y a-t-il des bananes naines ?
- Sa in zanana.
- Bibas lé dou.
- Sa mangg sa ?
- Nana fig miyone ?
- C’est un ananas.
- Les nèfles sont sucrées.
Koman i lé La Rénion ?
comment [présent]-être La Réunion
Comment ça va à La Réunion ?
Lé là, aou minm?
[ø][présent]-être là toi même
Bien, et toi ?
Kome ou oi là minm.
[présent]-voir là ainsi
Comme tu le vois, sans plus.
Kosa i di marmay ?
quoi ça [présent]-dire les enfants
Comment vont les enfants ?
Lé correspond à un auxiliaire qui introduit l’adjectif qualificatif avec qui il s’emploie toujours. Lé est invariable au présent et ne porte jamais de marque, sauf dans l’expression figée Koman i lé ? que vous entendrez souvent comme formule de salutation.
Je suis fatigué | Moin lé fay |
---|---|
Tu es fatigué | Ou lé fay |
Il/Elle est fatigué(e) | Lï lé fay |
Nous sommes fatigués | Nou lé fay |
Vous (pl.) êtes fatigués | Zot lé fay |
Ils/Elles sont fatigué(e)s | Banna lé fay Zot lé fay |
À noter : banna à une valeur inclusive ; zot une valeur exclusive.
Le tutoiement et le vouvoiement. Le créole réunionnais ne fait pas la distinction entre le tu français et le vous de politesse, on utilise indifféremment un seul pronom personnel ou/aou.
Le verbe ne se conjugue pas, mais le pronom change de forme quand il ne représente pas le sujet du verbe Ou inm, tu aimes. Mi inm aou, je t’aime.
- Nous avons un enfant.
- Comment va ta famille ?
- Banna i atann anou.
- Mi anbrass aou dë koté.
- Nou nana in zanfan.
- Kosa i rakont out famiy ?
- Ils nous attendent.
- Je te fais deux grosses bises.
Mon garson i ariv demin.
[possessif sing.] mon garçon [présent]-arriver-demain
Mon fils arrive demain.
Papa ansanm manman i kit.
papa ensemble maman [non accompli] se quitter
Papa et maman divorcent.
Mon kouzine i travay pa.
[possessif sing.] cousine [présent]-travailler [négation]
Ma cousine ne travaille pas.
Pour marquer le présent, vous placez “i” toujours devant le verbe fixe comme dans Mon papa i travay, Mon père travaille. Avec le pronom de personne moin, je, “i” forme un seul mot comme dans mi. Vous direz mi danss, je danse ; nou danss, nous dansons.
Dans la discussion, il vous faudra construire différentes phrases. Une phrase simple peut par exemple commencer par un sujet, puis par le marqueur du présent (i) placé devant le verbe : Son garson i travay, Son fils travaille.
Le verbe peut aussi être suivi d’un complément circonstanciel : Son garson i travay demin, Son fils travaille demain, d’un complément d’objet direct : Son garson i kas bibas, Son fils cueille des nèfles ou indirect Son garson i done anou zanana, Son fils nous donne des ananas.
Une intonation montante et la ponctuation transforment la phrase en interrogation, Son garson i travay demin ?, Son fils travaille demain ? Notez qu’il n’y a pas d’inversion sujet-verbe.
Les adjectifs possessifs, retenez bien que le créole ne marque pas le féminin/masculin.
mon garson mon fiy mon bann garson mon bann fiy | mon fils ma fille mes fils mes filles | nout garson nout fiy nout bann garson nout bann fiy | notre fils notre fille nos fils nos filles |
---|---|---|---|
out garson out fiy out bann garson out bann fiy | ton garçon ta fille tes garçons tes filles | out garson out fiy out bann garson out bann fiy | votre fils votre fille vos fils vos filles |
son garson son fiy son bann garson son bann fiy | son fils sa fille ses fils ses filles | zot garson zot fiy zot bann garson zot bann fiy | leur fils leur fille leurs fils leurs filles |
Dans le vocabulaire familial, faites attention aux variantes : certains Réunionnais disent manman, d’autres momon, monmon, mère.
- Ils ont divorcé.
- Ma famille est chouette.
- Zot garson ansanm zot fiy i èd azot.
- Ou koné son sèr ?
- Zot la kité.
- Mon famiy lé bel.
- Leur fils et leur fille les aident.
- Tu connais sa sœur ?
Koman ou apel ?
comment s’appeler
Quel est votre nom ?
Mi apel Batiss.
je appeler Baptiste
Je m’appelle Baptiste.
I kriy amoin Kafé.
[ø] appeler moi Café
On m’appelle Café.
Sa mon pti non gaté.
ça mon petit nom gâté
C’est mon surnom.
Kél lazh ou fé ?
quel âge tu faire
Quel âge as-tu ?
Les pronoms interrogatifs : placés en début de phrase, ils vous permettent de formuler des questions ouvertes.
kosa ? | que, quoi, qu’est-ce que ? | ousa ? | où ? |
---|---|---|---|
kisa ? | qui ? | konbien ? | combien ? |
kansa ? | quand ? | koman ? | comment ? |
akoz ? | pourquoi ? | kèl ? | quel/quelle/quels/quelles ? |
- Où as-tu mis ma clé ?
- Quand reviennent-ils ?
- Akoz zot la parti ?