L Enseignement des mathématiques aux élèves allophones
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Français

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Description

Les mathématiques ont beau être qualifiées d'universelles, les élèves issus de l'immigration rencontrent souvent plus de difficultés dans cette discipline que leurs camarades nés en France. Plusieurs facteurs peuvent être avancés pour expliquer ce phénomène. Parmi eux figure la mauvaise maîtrise de la langue française. Mais quelles sont les répercussions exactes des difficultés langagières des élèves sur leurs apprentissages en mathématiques ? La connaissance de la langue usuelle ou la fréquentation des cours de mathématiques ordinaires permettent-elles de surmonter cet obstacle ? À ce propos, il nous paraît intéressant d'observer de plus près comment se déroulent les leçons dans les classes accueillant des élèves allophones. Ces derniers profitent-ils des enseignements au même titre que leurs camarades ? Les difficultés langagières ne perturbent-elles pas l'activité des élèves et de leur enseignant ? Les enseignements proposés par les professeurs qui les accueillent sont-ils adaptés aux spécificités de leur public ? Considérant qu'il convient d'examiner l'ensemble du système didactique pour appréhender correctement cette problématique, nous regarderons en effet aussi bien l'enseignant que ses élèves ainsi que leurs interactions. Pour éclairer ces questions, nous nous appuierons sur des recherches issues principalement de la didactique des mathématiques et du français langue seconde. Nos propres expérimentations auprès de classes accueillant des élèves allophones ainsi que nos analyses des pratiques professionnelles des enseignants nous permettront de compléter cette étude. Ces réflexions nous conduiront à envisager des adaptations ou des dispositifs susceptibles de pallier les obstacles relevés et de faciliter ainsi l'enseignement des mathématiques aux élèves allophones.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 décembre 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342157864
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Enseignement des mathématiques aux élèves allophones
Karine Millon-Fauré
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Enseignement des mathématiques aux élèves allophones
 
 
Remarques préalables
A. Quelques précisions sur les expressions employées
Les élèves allophones
Au fil des années, les dénominations se sont succédé : élèves étrangers, enfants de migrants, enfants immigrés (ou d’immigrés), primo-arrivants, élèves nouvellement arrivés en France, élèves non francophones… Mendonça Dias (2017) retrace l’historique de ces diverses appellations en soulignant les problématiques soulevées par chacune d’entre elles :
« De 1936 à 1986, les textes officiels citent les élèves ‘étrangers’. Pourtant un grand nombre d’arrivants sont français, par filiation ou de naissance dans le cas de retour d’expatriés […] Dans la circulaire de 1976, on privilégie l’appellation « d’enfants de migrants ». […] Ces enfants sont considérés par rapport au projet migratoire des parents, ce qui soulève un autre besoin supposé dans le cas d’une migration économique temporaire : celui de poursuivre l’apprentissage de la langue d’origine […]. La désignation concurrente d’enfants de ‘travailleurs immigrés’ est aussi utilisée. Remarquons qu’aujourd’hui l’expression se révèlerait inappropriée au vu des nombreux demandeurs d’asile (qui, de par leur statut, ne sont pas autorisés à travailler sur le sol français tant que dure la procédure) et des jeunes mineurs isolés arrivant sans parents en France. […] Plus neutre, l’expression ‘primo-arrivant’ a traversé les années 90 jusqu’aux années 2000. Toutefois Nathalie Auger (2011, 18) explique que l’appellation perdrait de sa popularité au début des années 2000 car le préfixe ‘primo’ rappellerait ‘primo-infectieux’ […] La circulaire de 2002 désigne [ces élèves] sous l’expression ‘élèves nouvellement arrivés en France’ (ENAF), dénomination concurrencée par celle de ‘nouveaux arrivants’, ce qui décrit un procès temporaire soit révolu (‘arrivé’), soit en cours (‘arrivant’). […] Cette année-là, les circulaires se centrent sur les nouveaux arrivants ‘sans maîtrise suffisante de la langue française ou des apprentissages’ » (Mendonça Dias, 2017)
Depuis, la circulaire de 2012 a entériné l’usage des expressions ‘élèves allophones nouvellement arrivés’ ou ‘élèves allophones arrivants’. Cette dénomination nous paraît intéressante, non seulement parce qu’elle annonce d’emblée notre axe d’observation (l’individu est considéré en tant qu’élève, donc en tant que membre d’un système de scolarisation), ensuite parce qu’elle définit ce public non pas par ce qu’il n’a pas (‘élève qui ne parle pas le français’ ou ‘élève qui n’est pas français’) mais par ce qu’il possède en plus des élèves ordinaires (‘élève qui parle une autre langue que le français’). Ces usages ont conduit à l’utilisation de l’expression ‘élève allophone’ pour désigner « un apprenant qui, à l’origine, parle une autre langue que celle du système éducatif qu’il fréquente et du pays d’accueil » 1 . Précisons certains points pour mieux comprendre le sens que revêt cette expression dans cet ouvrage :
- L’adjectif ‘allophone’ n’implique pas a priori une idée ‘d’immigration’. Il pourrait par conséquent s’agir d’élèves nés en France, ayant une autre langue maternelle en raison des habitudes familiales, notamment en ce qui concerne les enfants d’immigrés. Mais ce public est plutôt désigné sous l’expression ‘élèves alloglottes’ et l’expression ‘élèves allophones’ se trouve généralement réservée aux seuls enfants ayant immigré en France. C’est ainsi que nous l’entendons.
- Les élèves allophones ne sont pas nécessairement complètement non francophones. Il est possible que les individus ainsi désignés disposent de quelques rudiments de français, mais ils ne possèdent pas les compétences langagières suffisantes pour suivre une scolarité ordinaire.
- Enfin, si les expressions ‘élèves allophones nouvellement arrivés’ (ou EANA) et ‘élèves allophones arrivants’ indiquent la proximité temporelle de l’arrivée dans le pays d’accueil (on désignera ainsi « tout élève non scolarisé en France l’année scolaire précédente, n’ayant pas une maîtrise suffisante des apprentissages scolaires lui permettant d’intégrer immédiatement une classe du cursus ordinaire » (Guide EANA, Fiche 2, Réseau Canopée, Rectorat de l’académie de Lille) , l’expression ‘élèves allophones’, elle, ne précise aucune limite dans le temps de résidence ou de scolarisation en France. Elle englobera donc également des élèves arrivés en France depuis quelques années. En ce qui nous concerne, comme nous cherchions à voir si des élèves ayant immigré en France depuis un certain temps se comportaient (et apprenaient) comme des élèves ordinaires, nous avons parfois inclus dans cette catégorie (en le précisant) des élèves ayant jusqu’à six ans de résidence en France.
Étrangers et immigrés
Il nous arrivera également, notamment lorsque nous ferons référence à certains documents de l’INSEE, d’utiliser les termes ‘étrangers’ ou ‘immigrés’. Précisons leur sens. Un ‘immigré’ est une personne née étrangère dans un pays étranger et résidant actuellement en France alors qu’un ‘étranger’ est une personne résidant en France mais ne possédant pas la nationalité française. Ainsi un immigré est appelé à le rester toute sa vie alors que le statut d’étranger peut n’être que transitoire. Notons que ces deux réalités ne sont pas incompatibles (beaucoup d’immigrés sont également des étrangers) mais qu’elles ne se recoupent pas forcément non plus (certains immigrés ont acquis la nationalité française après leur arrivée et certaines personnes nées en France ne possèdent pas pour autant la nationalité française).
Ces deux catégories reposent donc sur le concept de nationalité, alors que l’expression ‘allophone’ se focalise sur les problématiques de langue, qui ne s’avèrent pas toujours liées à la nationalité de l’individu. Ainsi si la plupart des élèves allophones se trouvent effectivement être des élèves immigrés, la réciproque n’est pas vraie dans la mesure où certains immigrés peuvent être francophones. De même si beaucoup d’élèves allophones sont étrangers certains peuvent avoir acquis la nationalité française. Pour autant ces catégories de population se révèlent assez proches et à défaut de disposer d’études statistiques sur les populations allophones, les données que nous pouvons trouver concernant les immigrés ou les étrangers nous fourniront une image relativement fidèle du public que nous cherchons à étudier.
FLM, FLE et FLS
On parle de ‘Français Langue Maternelle’ (ou FLM) lorsque le français est la première langue apprise dans le contexte familial et on appelle les élèves concernés des locuteurs natifs. Notons d’ailleurs que cette appellation peut prêter à confusion, dans la mesure où cette langue n’est pas nécessairement celle de la mère : elle peut être celle du père ou de la personne qui élève l’enfant. En plus de la découverte d’œuvres littéraires, l’enseignement du français langue maternelle (qui s’organise dans le cadre d’une discipline scolaire appelée Français), porte sur l’étude du vocabulaire, de la grammaire, de l’orthographe, pour parfaire et enrichir l’expression orale et écrite d’apprenants qui parlent déjà couramment cette langue.
Le ‘Français Langue Étrangère’ (ou FLE) désigne la langue enseignée à des apprenants non francophones, résidant à l’étranger ou éventuellement en France mais de manière temporaire. Cet enseignement est à rapprocher des cours de langue vivante (en anglais, allemand, espagnol…) proposés en France aux locuteurs (français) natifs. L’objectif est d’une part de favoriser une certaine ouverture d’esprit en permettant l’accés à d’autres cultures, d’autre part de former les élèves à des trajectoires professionnelles qui, de plus en plus, les amèneront à entrer en contact avec d’autres pays.
Lorsque l’élève non francophone réside, pour une longue période, en France et fréquente une école française, le contexte change totalement, puisqu’il se trouve à présent en immersion dans la langue cible. Ses besoins linguistiques diffèrent également : il convient d’une part qu’il acquière rapidement les compétences langagières nécessaires pour soutenir une conversation usuelle dans le pays d’accueil ; d’autre part, il doit pouvoir comprendre et produire des énoncés spécifiques à chaque discipline afin de pouvoir suivre les cours proposés dans sa classe d’affectation. Ainsi, le ‘Français Langue Seconde’ (ou FLS) (Cuq, 1991) correspond à la langue apprise après la langue maternelle et jouant le rôle d’une part de langue de communication quotidienne mais également de langue de scolarisation (FLSco). Notons tout de suite, à la suite de Mendonça Dias (2012) deux paradoxes concernant cette appellation. Tout d’abord cette langue seconde est parfois la troisième, voire la quatrième que l’élève rencontre. Ensuite le statut de langue seconde n’est que transitoire : on attend de l’apprenant qu’il acquiert des compétences langagières comparables à celles d’un locuteur natif, au point même de conférer au français le statut de langue première (c’est-à-dire langue dans laquelle l’individu s’exprimera avec le plus d’aisance). Quoiqu’il en soit, le français langue seconde se distingue nettement du français langue étrangère comme le confirme le ministère de l’éducation nationale :
« À la différence du français langue étrangère, exclusivement centré sur l’acquisition linguistique, la langue françai

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