Dans le ventre du mammouth
108 pages
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Dans le ventre du mammouth , livre ebook

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Description

« Les élèves de notre système bien organisé se plient sans le savoir à ces lois de marché, de pouvoir quelquefois, et sont censés entrer dans le processus d'enrichissement et de renforcement politico-économique. Or, comme mentionné plusieurs fois, chaque individu aurait droit à une éducation neutre, mais dans laquelle il se développerait en tant qu'être avec ses qualités, et défauts... ses aptitudes et goûts pour telles ou telles matières (ou contenus). » Spécialisées dans l'éducation des enfants, les deux auteurs défendent l'idée qu'il est nécessaire d'améliorer le système scolaire français. Leur analyse se base sur leurs expériences et observations faites en classe ainsi que sur les écrits de théoriciens reconnus – Freinet, Meirieu –, pour en souligner les dysfonctionnements. Selon elles, il est primordial d'être attentif aux besoins propres à chaque individu, pour mieux l'accompagner selon ses capacités, dans le respect de sa liberté de penser et d'agir. Devant les impasses du système actuel, elles n'avancent pas de solutions miracles, mais invitent à prendre conscience de l'urgence d'un changement de mentalité dans le rapport à l'encadrement des jeunes enfants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 mars 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342159837
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dans le ventre du mammouth
Françoise Philippe et Pascalina B
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Dans le ventre du mammouth
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://pascale-françoise.societedesecrivains.com
Préface
Au cours de toutes ces années de pratique, et au travers des nombreux changements de programmes (pratiquement chaque cinquième année), nous bénéficions de nouveaux textes officiels, de mises à jour opérées sous forme de conférences et réunions tenues par nos responsables.
Les professionnels, avec leurs tâches diverses, responsables de ces changements, proviennent des institutions et domaines officiels de notre État, des ministères concernés ; mais aussi de courants et objectifs sous-jacents, fixés majoritairement par le milieu économique et culturel du présent ; et non seulement du vaste domaine de l’Éducation nationale.
Il s’avère que j’ai été conduite, de manière simple : en pratiquant donc, à observer, comprendre, analyser.
Ce qui m’était offert au sein de la classe : ce que j’avais mis en place, ce que les enfants mettaient eux en place comme réponses et réactions, en parfaite autonomie et/ou dans des activités d’apprentissage diverses pour acquérir des connaissances.
J’ai toujours prôné les échanges interdisciplinaires, véritables sources des constructions de savoirs non basées sur une personne, un domaine d’application, un savoir-faire. Pour cette raison, je prône de même quant à l’élaboration des programmes justement, les implications et recherches de tous champs disciplinaires ; concernés par l’évolution, l’éducation des enfants. Comme le soulignent beaucoup de personnalités, les sciences de l’éducation (principales ressources consultées pour élaborer les textes officiels – mis à part dans les nouveaux programmes à appliquer justement depuis cette rentrée scolaire 2015-2016) ne suffisent absolument pas à rendre efficace pour tous, et surtout légitime, sur le plan humain, l’enseignement dans nos écoles en France.
Il est indispensable de faire collaborer de nombreux acteurs et chercheurs en pédagogie, psychologie comportementale, neurosciences, économie et technologie, philosophie, pour ne citer qu’eux.
Les enfants sont des êtres à part entière, dès le plus jeune âge. Ils se construisent, grandissent, se développent, s’individualisent, acquièrent toute une panoplie de caractéristiques les distinguant les uns des autres.
Et apprennent, chaque jour sur une très longue période. Ils se construisent avec notre aide, aussi sous notre tutelle, et nous nous devons de réagir à leurs besoins, et pas seulement à leur procurer de l’enseignement de connaissances et compétences.
Ce livre parle des enfants, de leurs besoins, de leurs aptitudes, de leurs faiblesses aussi. Il interroge sur nos pratiques, pose le problème du « comment être plus vigilant et plus juste, afin que chacun, chacun ait l’opportunité de vraiment apprendre dans de vraies conditions de responsabilisation et de bien-être. »
Le mot « bienveillance » est très récent dans les textes officiels de notre système éducatif…
Tâchons de l’être.
Des raisons d’écrire
Elles sont là depuis une bonne vingtaine d’années et je l’ai fait la première fois quand il s’est agi d’exposer un enseignement de caractères chinois, sans utiliser la langue orale chinoise bien sûr, mais pour rendre lisible la construction de cet écrit, en comparant avec notre écrit bien différent et son mode d’apprentissage en vigueur dans les Instructions officielles (IO) dès la maternelle.
Ce dossier de présentation de travail avec mes élèves de CP posait la question de la méthode syllabique et cette question, qui resurgit régulièrement d’ailleurs, a débordé pour moi sur les méthodes d’enseignement en général, puis sur le système scolaire tel qu’il s’est développé depuis un siècle et demi environ, jusqu’à prendre une position d’évidence qui souffre au plus quelques aménagements appelés pompeusement « réformes » (voir la dernière, dite des « rythmes de l’enfant » qui peut conduire au réveil forcé des plus petits, parce que l’heure c’est l’heure). C’est ainsi que mon regard critique a pris de l’ampleur, conforté par mes lectures (pédagogues anciens comme Freinet ou modernes comme Meirieu, revue papier, Les Actes de lecture 1 , ou en ligne comme Le Café pédagogique ), et par mes observations auprès de mes élèves : j’avais à écrire mon avis, mon parti pris.
Je n’ai passé que quatre années en dehors de l’école, entre réussite au baccalauréat et débuts comme remplaçante dans l’Éducation nationale, et bien m’en a pris : le travail d’usine, les levers au petit matin, les fins de mois difficiles parfois ; autant de leçons profitables et bien supportables quand on a entre 20 et 24 ans, avec la possibilité à l’époque de choisir de gagner son pain, son loyer ou se laisser vivre, pour peu qu’on accepte de faire la femme de ménage. Donc aucune expérience tragique dont mon retour à l’école comme enseignante m’aurait sauvée. J’y suis revenue sans le passage par la formation de l’École normale, sans autre préparation que deux semaines d’observation au fond de classes des cinq niveaux d’âge, vraiment en amateur. Mais finalement, ce n’est pas mal comme boulot ! Et mon enfance en classe Freinet (cinq ans avec ma mère) m’a servie pour questionner le système une fois que j’étais passée de « l’autre côté ».
Donc, lorsque ma collègue m’a parlé de ses notes, auxquelles elle voulait donner forme, je savais déjà, non pas ce que j’y trouverais, mais que j’y trouverais quelque chose ; et cette chose a été que j’ai eu envie, c’était mûr dans ma tête, de commenter ses observations, de présenter mon avis sur celles-ci ou d’en faire le lien avec mes lectures de théoriciens-praticiens : une occasion en or, voyez donc !
Chapitre 1
S., petit écrivain
S., 5 ans, est un enfant gai, vif, qui possède en sus de grandes connaissances. Il est, pour ses petits camarades de classe, un modèle. D’ailleurs, plusieurs le citent en référence : « Je voudrais savoir…, comme S. », etc. Il s’exprime toujours librement, a une opinion sur tous les sujets et pourrait être, à son jeune âge, conférencier dans certains domaines. Il sait accepter les règles de notre vie de classe, même si elles lui « ôtent » une partie de ses désirs, le freinent même dans ses talents créateurs. S. adore écrire et illustrer des histoires. Il invente une trame, les personnages, les décors, et les transcrit clairement sur le papier lors du récit devant les autres, il adore cette étape, il met l’intonation, respecte la chronologie des actions et capte facilement l’attention de tous. C’est une grande joie que d’observer cet enfant dans l’enthousiasme qu’il ressent et transmet. Simon a donc des capacités bien établies, réelles et fortes et pourra, si le système de notre enseignement et les structures le lui permettent, continuer à évoluer, grandir, partager des savoirs et savoir-faire.
Or, dans ce groupe-classe de vingt-sept élèves, aura-t-il assez d’opportunités, de temps, de soutien et d’intérêt de son enseignant afin de continuer à développer ses talents ? Car tout mettre en œuvre pour que chaque individu – j’insiste sur ce mot car il sous-entend : individuel avec ses composantes – un – unique – caractérisé (au sens large) – puisse accéder aux moyens matériels et temporels nécessaires à son développement global et spécifique ; tels devraient être les objectifs suprêmes de l’éducation proposée.
L’individu, dès l’enfance, possède la plupart du temps des talents, spécificités, tout comme des qualités et des faiblesses. Il n’est pas seulement le « produit » d’un ensemble de critères environnants et de ses expériences, découvertes au quotidien.
S., dans le présent, développe sous ma tutelle bien des compétences ; se greffant sur ses talents – en écriture (même avec ses transcriptions phonétiques) – en art plastique, dessins, etc. – en logique – en repères temporels et spatiaux – en capacité de communication (verbale et non verbale) – en estime de soi – en partage social, etc., la liste serait encore longue.
Cependant, j’ai de par la situation concrète, l’obligation d’accompagner tout le monde. Nous concoctons, en maternelle, des tas de situations de départ, mettons à disposition divers éléments pratiques, techniques, matériels de façon optimisée. Chacun devant « profiter » (à tous les sens du terme) et utiliser ses sens ainsi que son esprit pour grandir. Et le temps où je peux lui parler, m’intéresser à ses réalisations, interagir, l’encourager tout autant que le faire avancer, est limité.
Plus tard, dans l’idéal, il aura à ses côtés d’autres professionnels objectifs et clairvoyants. Il pourra s’améliorer, continuer à créer, trouver des formes d’expression variées (l’informatique en fait partie), et parvenir à un niveau cohérent et certain dans ses domaines et dans d’autres. Mais il est envisageable, de même, qu’il soit freiné, voire stoppé sur sa voie. L’école, les programmes riches, larges, définis et mis en place par des institutions et partenaires, tels que des chercheurs et divers groupes de travail mandatés, offre à tous un cadre légal et socioculturel en adéquation avec le monde présent dans lequel nous vivons (et ses besoins). C’est-à-dire que les structures et formes d’acquisition des savoirs et savoir-faire restent

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