163
pages
Français
Ebooks
2019
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Ebook
2019
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Publié par
Date de parution
13 mai 2019
Nombre de lectures
7
EAN13
9782374536750
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Les routes vers le nord sont coupées. Clara, qui maîtrisait sa vie, est ballottée entre les dangers de la nature et la rage des hommes.
Comme elle, voyageurs qui abordez Affrica, vous sentirez le souffle méphitique de l’Enfer sur terre. Pourtant, fascinés par cet énorme flux d’énergie et la puissance de Gaïa sous vos pieds, par le sourire des femmes, vous serez irrésistiblement happés.
Quel tribut devra sacrifier Clara pour y survivre ?
Rentrera-t-elle à Troyes, pour retrouver la terre de ses ancêtres ?
Avec ce 5e et dernier tome, la grande saga médiévale de Christine Machureau s’achève en apothéose.
Publié par
Date de parution
13 mai 2019
Nombre de lectures
7
EAN13
9782374536750
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Présentation
Les routes vers le nord sont coupées. Clara, qui maîtrisait sa vie, est ballottée entre les dangers de la nature et la rage des hommes.
Comme elle, voyageurs qui abordez Affrica, vous sentirez le souffle méphitique de l’Enfer sur terre. Pourtant, fascinés par cet énorme flux d’énergie et la puissance de Gaïa sous vos pieds, par le sourire des femmes, vous serez irrésistiblement happés.
Quel tribut devra sacrifier Clara pour y survivre ?
Rentrera-t-elle à Troyes, pour retrouver la terre de ses ancêtres ?
Avec ce 5e et dernier tome, la grande saga médiévale de Christine Machureau s’achève en apothéose.
Passionnée par l'histoire et les religions anciennes, Christine Machureau s’est aussi adonnée aux voyages lointains. Toujours curieuse de documents non utilisés, sa formation scientifique lui donne l’avantage d’une grande rigueur dans ses recherches. C’est ainsi qu’alliant ses deux passions, elle nous rend, dans un contexte historique et aventureux, des romans extrêmement attachants.
MÉMOIRE DU NIL
Tome 5
Christine MACHUREAU
Les Éditions du 38
À Marie-Christine, Qui restera chère à mon cœur. Mercredi 18 juillet 2018
Tout ce qui se passe ressemble forcément à quelque chose qui s’est déjà passé. Amin Maalouf ( Les désorientés, Grasset 2012)
Prolégomènes
L’Afrique est un trésor.
Il fut un temps où Affrica nourrissait ses enfants, mais jamais Affrica ne les laissa en paix
Vous n’avez que l’image d’un désert, aux enfants survivants, les yeux pleins de mouches et le ventre ballonné.
Vous n’avez que l’image de forêts luxuriantes, hantées par des assassins, comme si la terreur pouvait nourrir son monde.
Vous n’avez que l’image des bateaux pneumatiques, surchargés de jeunes hommes qui cherchent la terre promise, louvoyant dans le fatras des lois pour en tirer le meilleur, afin de conquérir un eldorado hypothétique à bout de souffle, là où leur famille les envoie, en espérant un retour sur investissement.
L’Afrique est l’Eldorado.
L’Afrique est le joyau.
Et, comme tout pays regorgeant de richesses, elle a été pillée.
Mais savez-vous qu’aujourd’hui encore, cinquante tonnes d’or par an transitent par le Mali ? Pour quelle destination ?
Continent des paradoxes.
Affrica n’est pas morte.
Affrica n’est ni pauvre ni épuisée.
Affrica est en dérive, car nous, Occidentaux, ne cessons de vouloir la contrôler.
Il est nécessaire, afin d’avoir un minimum de clarté, de repousser nos connaissances métempiriques et de se pencher sur l’Histoire, celle qui laisse des traces.
Ces traces, je les ai épluchées, d’Ibn Battuta à René Caillé, en passant par Bénédict-Henry Révoil, Frédéric Ludwig Norden, eux-mêmes sortant du néant de purs héros comme Ernest Grandier, Bordelais, prisonnier échappé de l’enfer de Cetewayo, dernier souverain des Zoulous. Ces anonymes fleurissent dans des textes rares… comme cet Italien que l’on retrouve à la fin du XVe siècle à Aksoum. Rimbaud n’est pas loin, lui qui vécut en Affrica une sorte de purgatoire. Épuisé, la mort promise le rattrapera.
Alors munis de ces éclairs de lucidité, il nous appartiendra de faire le lien avec les conséquences contemporaines. En attendant, au pas de votre chamelle, suivez mes personnages dont les aventures, j’espère, sont conformes aux réalités lointaines.
Première Partie - Gao
Chapitre 1
Tombouctou est derrière nous depuis une huitaine. C’est à peine si nous comptons les jours. Ce soir, sous les tamariniers dont les fleurs roses en éventail se penchent sur les fuyards que nous sommes, je veux mettre de l’ordre dans mes écrits. Elle est loin cette exaltation de l’explorateur qui anime notre marche depuis trois ans. Fuir c’est se mettre à l’abri, mais c’est aussi perdre le contrôle du déroulement des événements et s’il y a une chose qui m’est désagréable c’est que cette liberté d’entreprendre m’échappe. Nous allons vers l’est en suivant grosso modo le Niger. Errer au gré des attaques extérieures n’est pas un choix. Nous nous contraignons donc.
La piste que nous empruntons n’est pas sèche comme celle du Sahara. Chaque point d’eau, alimenté par le fleuve Niger, est couvert d’herbe rase, d’épineux aux longues pointes que les chèvres dévorent goulûment entre leurs babines roses et souples. J’ai gardé mon abaya blanche d’étudiante de Sankoro. Elle est signifiante jusque Gao. Avec bonheur, Maître Soliman, de plus en plus rêveur, qui passe toujours pour mon mari, me rappelle que Maître Isalquier, Toulousain de naissance, l’initiateur de maître Aben Ali, notre ami à tous deux, avait vécu à Gao. Cette ville connaissait déjà les Européens.
— Si mes souvenirs sont bons, Aben Ali me disait que l’on rencontre dans cette cité noire des chrétiens ! Rendez-vous compte ! Des chrétiens au cœur d’Affrica ! Comment sont-ils arrivés là ?
Je reconnais là la finesse de Soliman. En excitant ma curiosité, il veut me faire retrouver le sourire. Il est de pure condescendance ce sourire, car c’est une ruse, je ne suis pas si naïve.
Je me tairai sur les serpents gros comme mes deux bras, sur les araignées grosses comme le poing, mais pas sur les mouches ! La plupart d’entre nous les chassent en agitant en permanence devant le visage une queue de buffle ou de zébu, d’éléphant m’a-t-on dit. Ou de poils de chèvre montés sur un manche de bois d’ébène noir comme la suie, d’acacia ou d’argent cerclé de cuivre, suivant la fortune de l’importuné… Je fus horrifiée lorsque je constatais qu’elles arrivaient à pondre leurs œufs en plein jour dans les yeux des enfants endormis. Certains en perdent la vue et la vie dans des souffrances atroces. Beaucoup d’enfants ne les chassent même plus et vivent avec trois ou quatre mouches accrochées aux coins des yeux. Elles s’abreuvent, je crois. Mais vous dire aussi la gentillesse du peuple à la peau noire, particulièrement des femmes, est un devoir. Leur générosité semble inépuisable. Elles ont toujours le sourire, mais leur colère peut être terrible. Elles se mettent souvent à deux ou trois pour s’occuper d’un mari, mais elles ont leur propre habitat sous forme de case ronde en paille. Les enfants de l’une sont les enfants de toutes les autres. Voilà pour mes impressions récoltées à notre premier village. Là, point de Maures. Rien que des peaux noires. Bambara parle le mandingue et nous est d’un grand secours.
Depuis deux jours nous croisons régulièrement des troupes armées de lances qui brillent dans le soleil, brandies par des hommes luisants, couronnés de plumes magnifiques artistiquement accrochées sur leur crâne couvert de cheveux laineux et crépus. Nous nous poussons craintivement sur le côté de la piste. Ils trottent sans regarder ni à droite ni à gauche, fixant vers l’avant des yeux déjà exorbités par les batailles à venir. Nous en concluons que Sonni-Abbas ne se laissera pas dépouiller sans rien dire. Nous pensons à ceux que nous connaissons et qui ont choisi de rester à Tombouctou-la-savante. Que Dieu, quel qu’Il soit, les garde de la colère des hommes. Nous continuons notre chemin dans un relatif confort. Nous ne manquerons pas d’eau. Robert et Bambara sont attentifs à notre sécurité. Les vols sont nombreux. À mon grand étonnement, Soliman semble déjà planer dans un paradis réservé aux espérants de tous poils. Le présent ne lui échappe pas, non, il lui est indifférent. Notre petit groupe navigue aux abords du groupe plus important représenté par le seigneur Abdul, primitivement en affaire avec Robert de Remiremont, accompagné de légions de serviteurs et encore plus d’esclaves. Son épouse, Yamine, mon amie, semble assommée par la chaleur, elle qui ne quitte qu’exceptionnellement l’ombre fraîche des murs épais de sa demeure, ouvre la bouche comme un poisson hors de l’eau. Son embonpoint la couvre de sueur au moindre geste. Je souffre pour elle. Au soir, où nous pourrions parler, elle s’effondre sous les voiles qui la protègent des mouches et ses yeux vitreux disent son épuisement. Je ne peux rien pour elle.
Au loin, d’innombrables gazelles strient la savane de leurs cornes élégantes, lyres au chant muet qui dansent ou fuient l’invisible danger à travers les hautes herbes. Gnous paisibles comme vaches au pré, mastiquent avec application une herbe rase qui rampe au pied des tiges jaunes, immobiles, dans la fournaise de la plaine de Gao.
Le défilé des troupes armées de lances a ralenti. Pourtant ce matin on annonce dans la colonne que nous formons que le Kräll de Yousi est en effervescence.
— Un Kräll est une sorte de forteresse à la mode Affrica, mais aux murs point aussi hauts que les nôtres.
Remiremont m’explique :
— Les mouvements de troupes engendrent des vides profonds dans la population mâle du Kräll. Mais, qui ne fournit pas son contingent est l’ennemi de l’Empire de Gao… Personne ne se dérobe.
Malgré la présence du fleuve qui roule furieusement une eau boueuse entre des rives marécageuses, une lumière dorée nimbe les murs lisses et sombres. Les chèvres, les bœufs aux cornes magnifiques, troupeaux pâles poudrés de sable ocre, trottinent vers des enclos invisibles. Les adolescents non pubères, vêtus seulement d’un fil de laine rouge à la taille et munis de longues badines lancent à la volée des cris gutturaux qui pressent les bêtes. Nus, noirs et souples, minces et identiques, leurs bras balaient l’air plombé de chaleur en une danse harmonieuse, insensibles aux nuages d’insectes vibrionnant et vrombissants. Nous trottinons nous aussi en descendant une légère butte. Les murs du Kräll sont à notre portée. Le soleil haut dans le ciel devrait faire taire le peuple épuisé. Or, il n’en est rien. Des chants guerriers s’élèvent, voix d’hommes qui scandent une phrase répétitive que nous ne distinguons pas. Que dire ? Que dire de ce que nous voyons et que nos yeux se refusent à croire ? L’espace est si vaste que nous ne percevons pas le bout du rempart. Un arbre monstrueux est au centre de l’attention de tous. On nous dit que c’est un arbre sacré, un baobab aux feuilles vernissées. C’est la dimension qui n