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Description
La paralysie n’a tué que son corps, pas son amour fou des projecteurs...
J’ai toujours su y faire avec les grandes personnes. Avec les réalisateurs, les photographes, les journalistes, ce fut un jeu d’enfant.
J’aime qu’on me voie, qu’on m’admire, qu’on m’adule. J’aime être le centre de tout, la source de la lumière, la cible de tous les regards. Si j’avais été fleur, j’aurais revêtu la livrée du tournesol, à ceci près que le soleil en personne aurait rampé jusqu’à moi. Le faisceau des projecteurs me poursuit, caresse et embellit ma chair, mes yeux. La caméra, l’objectif des appareils photo s’attachent à mes moindres gestes, à un tressaillement de mes paupières fardées, au moindre frémissement de mes lèvres, au butinage gracieux de mes mains dans l’air irisé.
Immobilisée par sa paralysie, telle une araignée au centre de sa toile, elle attend sa proie et le retour devant la caméra.
Sujets
Informations
Publié par | Ska Éditions |
Date de parution | 01 décembre 2022 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9791023409475 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Manon Torielli
L a Prédatrice
suivi de L’Inaperçue
Nouvelles
Collection Noire Soeur
La Prédatrice
J’habite un pays blanc courtisé par la lumière. L’éclosion des images dans le noir, des yeux gourmands la couvent sans répit, veillent sur elle avec une ferveur que rien ne saurait user. Mon royaume est un écran immaculé. La paupière baissée d’un géant qui mûrit des fééries aussi banales qu’éphémères.
Quand j’étais petite, devant mes caprices, mes simagrées, mes tentatives de séduction perpétuelles, dès que ça se gâtait pour moi – et ça se gâtait souvent !-, on n’arrêtait pas de s’exclamer : « Quel cinéma ! » On avait même fini par m’appeler comme ça, Quel cinéma ! Et je répondais à ce nom avec plaisir, sans me poser de questions. Il n’était pas rare qu’on me prédise que je ferais l’actrice, plus tard, quand je serais grande. Comme s’il fallait grandir pour faire ce métier !
Bien sûr, c’est ce qui est arrivé, comme dans...