Cannibale Blues , livre ebook

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2020

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Il s'appelle Ramou. Il est français. Il a 24 ans. Plein d’enthousiasme et de naïveté, il débarque un beau matin dans un petit pays d'Afrique où il doit enseigner pendant deux ans l'économie générale à l'Institut Polytechnique.
Il s'appelle Joseph. Il va devenir son boy. Sur la colline, on murmure qu'il a trop de diplômes pour faire ce métier-là, et qu'il travaille peut-être pour la Sûreté. Ce qui est sûr, c'est qu'il a un secret...
Un portrait féroce du petit monde des expatriés, plein d'humour et d'ironie.

Béatrice Hammer est romancière, scénariste et réalisatrice. Elle a publié une quinzaine d'ouvrages, qui lui ont valu régulièrement le prix des lecteurs notamment le prix Goya, le prix Tatoulu et le prix Livre mon ami.
Cannibale blues, son plus grand succès, a été la sélection Attention Talent des libraires de la FNAC. Une baignoire de sang, son premier polar vient de sortir aux éditions Alter Real.

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Date de parution

13 juin 2020

Nombre de lectures

1

EAN13

9782491996062

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

COLLECTION littérature contemporaine

 
 
 
 
 
 
 
 
Une première version de cet ouvrage
a été publiée en 1999
par les éditions Pétrelle.
Cette nouvelle édition a été entièrement
revue et corrigée par l’auteur.
 
Éditeur : Les éditions d’Avallon
342 rue du Boulidou – 34980 Saint-Clément-de-Rivière
Distribution numérique : immateriel
Distribution papier : SODIS (groupe Gallimard)
 
Couverture : Nina Testut
Crédit photo : Damian Patkowski – unsplash.com
Composition du livre : Les éditions d’Avallon
 
ISBN : 9782491996062
 
Dépôt légal papier : octobre 2020
 
© 2020 Les éditions d’Avallon (3e édition)
Cannibale Blues
 
 
Du même auteur
en version numérique
 
Romans
Soleil glacé , les éditions d’Avallon 2022, réédition Le Serpent à plumes, 2000
Une Baignoire de sang , les éditions d’Avallon 2022, réédition Alter Real, 2020
La petite chèvre qui rêvait de prix littéraires , les éditions d’Avallon, 2022 (inédit)
Les Violons de Léna , les éditions d’Avallon, 2021, réédition Pocket, 2006
Lou et Lilas , les éditions d’Avallon, 2021, réédition Pétrelle, 2000
Kivousavé , les éditions d’Avallon 2021, réédition Critérion, 1995 et Rouergue, 2008 (Prix Goya du premier roman, prix du Festival du premier roman de Chambéry, prix du premier roman de l’Université d’Artois, prix Tatoulu)
Green.com , les éditions d’Avallon 2021, réédition A Contrario, 2004
Ce que je sais d’elle , les éditions d’Avallon 2021, réédition Arléa, 2006

 
 
 
Nouvelles
Camille , nouvelle (prix des Inédits RFI – ACCT), les éditions de la Combe, 2021
Toug , nouvelle, les éditions de la Combe, 2021
Matthias , nouvelle, les éditions de la Combe, 2021
Abélie , novella, les éditions de la Combe, 2021
Blanche , nouvelle, les éditions de la Combe, 2021
Salvadora , nouvelle, les éditions de la Combe, 2021
Princesse , nouvelle, les éditions de la Combe, 2021

 
 
 
Romans jeunesse
Comment j’ai rééduqué mes parents (enfin, surtout ma mère) , les éditions de la Combe, 2022, réédition de Comment je suis devenue grande , Rageot, 2008
Cet hiver-là , les éditions de la Combe, 2022, réédition Oskar jeunesse, 2008
Le Fils de l’océan , les éditions de la Combe, 2022, réédition Rageot, 2006
Superchouchoute , éditions Alice jeunesse, 2014
Miss Catastrophe , éditions Alice jeunesse, 2014
 
 
 
plus d’informations sur l’auteur :
https://linktr.ee/Beatrice_Hammer

Béatrice HAMMER
 
 
 
 
 
 
 
 
Cannibale Blues
 
 
R O M A N
 
 
 
 
 
 
 
 
pour Thaïs
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie
 
 
 
1
Celui-là, je l'ai repéré tout de suite. À la descente de l'avion, engoncé dans son imper Burberrys acheté aux puces, les bras disparaissant sous une valise en Skaï mal ficelée, un sac de voyage gonflé de bouquins sur l’épaule, le nez pigeonnant, la bouche molle, les lunettes rondes cerclées de fer, le crâne vaguement dégarni, il avait tellement l’air comme je les aime, modeste, idéaliste, plein d’illusions, que j’aurais bien crié de joie, si j’avais été seul. Enfin, quand je dis ça, c’est une façon de parler : dans ma famille on ne crie pas.
Ramou. On pourrait croire que c’est un surnom. Mais non. Ça ne s’invente pas, il s’appelle vraiment comme ça. Ramou. Philippe Ramou, c’est ce qui est écrit sur la fiche de débarquement que Jean-Bosco me donne, après m’avoir ignoré pendant dix secondes, m’avoir conseillé de m’occuper plutôt de mes taxis en ville, avoir poussé un profond soupir, avoir décrété que les années que j’ai passées chez les Blancs m’ont gâté le sang et la cervelle puis avoir déclaré qu’il allait prier Imana pour qu’il me remette la tête à l’endroit.
Quelquefois, Jean-Bosco se demande à quoi ma mère pensait le jour où elle a rejoint mon père, ce qui me fait plisser les yeux, lever un doigt menaçant, prévenir qu’à sa place je n’insulterais pas ma famille. D’autres fois, il fait la liste de mes possessions, m’interroge sur chacune, puis, en levant les yeux bien haut, il demande à la cantonade quel besoin j’ai, avec mes nombreux biens, sans un seul parent à nourrir, quel besoin je peux bien avoir d’être là, à rôder dans l’aéroport autour des fiches de débarquement, alors que les filles n’attendent que moi et qu’il serait temps que je fonde une famille. Mais à chaque fois, la fiche atterrit dans ma poche, et Jean-Bosco décide de prier Imana.
L’écriture de Ramou est fine, resserrée, délicate ; les lettres sont tracées si consciencieusement que je le parierais instituteur, n’était la mention « économiste » à la rubrique « profession ». L'adresse qu’il donne est celle de la Mission de coopération française, ce dont je ne peux que me réjouir. Dans la catégorie tiers-mondiste désireux de comprendre l’authentique âme africaine, de réparer les erreurs des Blancs, prêt à jurer qu’il n’y a rien de plus beau que l’art nègre et le son des tambours, dans cette catégorie-là, les Français sont ce qu’on fait de mieux, si l’on excepte certains Belges, qui sont hors concours.
Notre Ramou vient d’avoir vingt-quatre ans. Il a probablement fini tout récemment ses études universitaires, et a choisi de sauver l’Afrique en tant que VSN, Volontaire du Service National, plutôt que d’aller faire son service militaire. Pas tout à fait le cran d’être objecteur de conscience, mais quand même assez idéaliste pour avoir renoncé à être officier de réserve, comme ses diplômes le lui permettent à coup sûr.
Pour l’heure, mon protégé est en train de passer la douane ; il a attendu longtemps, il transpire sous ses lunettes cerclées de fer, ses vêtements de mi-saison sont bien trop chauds, l’aéroport n’est pas climatisé, il a l’air piteux et attendrissant, fatigué par son voyage mais exalté par la certitude qu’il a de vivre un instant mémorable, ce tournant dans sa vie, sa rencontre avec l’Afrique, ses mystères, sa misère, mystères qu’il va élucider, misère qu’il va soulager.
Devant lui, faisant la queue bien sagement, il y a Innocent, le cousin du ministre, un habitué qui fait le voyage une fois par mois grâce aux billets gratuits que les différentes compagnies aériennes offrent à son cousin en témoignage d’amitié. Innocent en profite, il fait les courses pour toute la famille, frigos, voitures, télévisions, magnétoscopes, chaînes stéréo, sans oublier le champagne de France. Les douaniers le connaissent, Innocent est le passage obligé pour obtenir une voiture neuve trois fois moins cher : lui seul peut échapper aux taxes d’importation. Il passe bien vite, sans qu’on effleure ses deux gros attachés-cases.
C’est le tour de Ramou. Plein de bonne volonté, il esquisse un sourire, le douanier est le premier Africain d’Afrique avec qui il entre en contact, sa bouche tremble un peu tant il est soucieux de bien faire. Il sourit toujours quand celui-ci lui demande d’ouvrir sa valise en Skaï.
C’est Abdoullaye. Je ne pouvais pas rêver mieux.
Il saisit un pull, plié bien correctement dans la valise en Skaï, le déroule, le renifle, puis le retourne sur l’envers, comme s’il cherchait une preuve de quelque chose, qu’il avançait inexorablement, le tout avec une lenteur impressionnante et un calme méticuleux. Une fois passées en revue toutes les mailles de ce pull – une œuvre maternelle, probablement – Abdoullaye le jette négligemment sur la table de fer où la valise est déposée. Il s’empare d’un caleçon qu’il examine avec circonspection.
Ramou, toujours souriant, manifeste quelques signes de nervosité. Il perçoit confusément ce qui risque de lui arriver ; mais sa prise de conscience est encore vague ; il remue quelques pensées rassurantes, heureux de constater le sérieux de ce douanier.
Une demi-heure plus tard, le champion de la lenteur zélée pose délicatement au sommet de la pile de linge le dernier slip, pour lequel il s’est surpassé. Le sourire de Ramou ressemble maintenant à un rictus, la sueur perle distinctement à son front, mais il est soulagé. Il se dépêche de fourrer ses hardes dans sa valise en Skaï, en commençant par le linge de corps, quand Abdoullaye lui demande, très poliment, avec cet air d’impartialité dont il a le secret, de bien vouloir ouvrir à présent le sac qu’il porte en bandoulière.
Un frisson de désapprobation parcourt l’assistance– près de dix personnes contemplent la scène –, mais le scrupuleux douanier, imperturbable, explique qu’il a pour consigne d’attacher une attention particulière aux bagages à main, qui, contrairement au fret, n’ont pas subi d’autre contrôle. Il y va de la sécurité de l’État, conclut-il ; il ne fait là que son devoir de fonctionnaire assermenté.
Je ne m’étais pas trompé, ce sont bien des bouquins. De loin, je reconnais les couvertures : il y a là une véritable anthologie de la littérature tiers-mondiste bien-pensante. Soucieux, sans doute, de ne pas se départir de son idéal pendant son séjour ici, ce brave Ramou a fait un stock.
Abdoullaye n’est pas vraiment un intellectuel. Pour lui, René Dumont ou Maurras, c’est du pareil au même. Il entraîne Ramou dans le petit bureau des douanes. Là, sans se presser, il s’installe confortablement, sort d’un tiroir un épais cahier, et se met au travail. Du bout des doigts, Il saisit le premier livre, consulte longuement son cahier qui recense les ouvrages subversifs. Soucieux de ne rien laisser échapper, il tourne les pages une à une sous le regard hagard de Ramou.
Si Abdoullaye n’était pas, par ailleurs, l’être le plus borné que je connaisse, pour un coup comme ça, je deviendrais son frère immédiatement.
Jean-Bosco, qui a fini son service, passe à côté de moi, claque la langue et me dit, petit, je t’assure que tu as mieux à faire, va en ville, les filles n’attendent que toi, tu le sais bien.
Au fond, il n’a pas tort : je vais aller dire bonjour à une copine.
Fortunata : une belle petite gueule, des yeux de biche, des lèvres veloutées, une nuque gracile, des fesses qu’elle ne répugne pas à tor

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