Audimat N° 17
168 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
168 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Si Audimat publie des essais dignes des meilleures enquêtes en sciences humaines et sociales, elle représente plus qu'une revue d'analyse des musiques populaires. Elle s'intéresse à la façon dont la vie résonne dans la musique et insiste sur la subjectivité des points de vue. Avec son format livre de poche aux couvertures colorées, elle constitue un objet pop qui rend les styles musicaux, des plus incontournables aux plus inattendus, accessibles pour un large lectorat. Au sommaire de ce numéro :- l'histoire de Wendy Day, première syndicaliste de l'histoire du rap ? par Dan Charnas - une enquête intime au plus proche des souvenirs de la kadans, le proto-zouk antillais par Mylène Mauricrace - ce que la variété nous apprend de la vie, par Olivier Cheval - une plongée dans l'effervescence des tous premiers temps de la scène grime à Londres, par Dan Hancox - l'idéologie du revival 90's au prisme des revivals 70's et 80's, par Dan Dipiero

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2023
Nombre de lectures 0
Langue Français

Extrait

Playliss audio disponibles sur nore chaîne youube.com/user/AudimaRevue
SommĀire
13 Syndicalisme rap Dan Charnas
51 La vie, la mor – la variéé Olivier Cheval
69 Le nouvel âge de glace Dan Hancox
109 Kadans, réminiscences Mylène Mauricrace
137 Around Again : nosalgie dans la musique populaire Dan Dipiero
Édio
Il aura fallu attendre notre dixième numéro pour que nous puissions expliciter la ligne éditoriale de cette revue et par extension celle de notre maison d’édition (« Audimat éditionsprêtent attention à la façon dont la vie résonne dans la musique, en publiant des essais de critique musicale et sociale, d’histoire sociale de la musique, des contre-récits, de l’esthétique sauvage »). C’est peut-être un détail pour vous, mais cela change quelque chose pour nous, puisque cela nous offre des repères immédiats au moment de vous présenter le sommaire de ce numéro.
Vous y trouverez effectivement des moments d’histoire sociale, qui sans constituer des contre-récits à propre-ment parler, viennent apporter un éclairage inédit sur des scènes musicales a priori bien connues, ici sur les origines des débits de mitraillette du grime (Dan Hancox), là avec l’histoire oubliée des luttes de pouvoir contractuelles dans le rap autour de Master P, Eminem et du label Cash Money (Dan Charnas). À leurs côtés, nous vous présentons deux essais dont les sujets, sans délaisser les dimensions sociales, se situent à une échelle plus personnelle : ils concernent respectivement l’expérience d’une mémoire fragmentaire des sons et des fêtes autour de la kadans, un moment fort de créolisation dans l’histoire de la musique antillaise, porté par des groupes-ochestres comme La Perfecta ; et l’inquiétude face à la vie qui s’échappe, telle qu’on peut la ressentir à l’écoute des chansons de Christophe ou Céline Dion. Ces deux textes, même si leurs thèmes sont éloignés, nous touchent parce qu’ils font le pari qu’il est possible de
7
Édio
transmettre une expérience subjective et intime, d’en creuser le flou par l’écriture pour s’en ressaisir et la partager.
Ces deux grandes axes de notre sommaire — histoire sociale, moments de vie — font écho à la polarisation des traitements plus conventionnels de la musique ces derniers temps. Pour caricaturer, il y aurait d’un côté, les grands récits de la télévision, de la radio, d’une bonne part de la littérature musicale et d’une portion toujours plus congrue de magazines en ligne, dont le sujet est « la société » et ses expressions musicales successives au fil des décen-nies. Ces récits reviennent souvent à une succession de moments d’émancipation individuelle et collective que la musique viendrait déclencher ou enregistrer. Ils prennent souvent la forme d’une belle histoire de résilience démocra-tique et progressiste. De l’autre côté, on trouve sur Twitter, Instagram ou TikTok une multiplicité de posts, « stories » et autres capsules d’expression qui associent une chanson ou un extrait sonore à un fragment d’expérience intime. Ainsi les références de plus en plus fréquentes, sur ces plateformes, aux moments de vie en musique – étiquetés «vibes» et «moods» — semblent s’être superposées, sans s’y substituer vraiment, aux épopées médiatiques sur les destins de la pop, du rock, de la disco, et plus récemment de la techno, de la house ou du hip-hop.
Un certain nombre de critiques culturels et musicaux s’est pris de passion pour ces histoires d’atmosphère et d’humeur : le journaliste auNew Yorkerméta-hipster et
8
Édio
Kyle Charna, la philosophe Robin James, ou l’universitaire Dan Dipiero, présent dans ce numéro. Cette memification de nos relations à la musique peut apparaître comme le symptôme d’un certain reflux des grands récits pop- et contre-culturels. En contraste avec eux, elle laisse plus de place à un mode d’existence ordinaire, voire banal, de « la musique » : la musique n’est plus considérée comme une expression symbolique majeure de « la société », mais plu-tôt comme l’ensemble de ces petits fétiches sensibles qui vibrent auprès de nous et qui s’insèrent dans le décor de nos existences.
De manière matérialiste, on peut choisir de voir dans cette inclination l’effet du reflux obligé vers la vie domestique qui s’est produit ces deux dernières années. Quand le repli sur la sphère affective privée détache les sons des expé-riences collectives, la dernière grande expérience collective devient le partage d’une certaine intimité médiatisée. Loin de traduire un individualisme et un goût de la mise en scène généralisé, cette mise en commun et en spectacle des moments de vie n’exclut pas une certaine étrangeté, comme celle que décrit Dan Dipiero à propos du revival rocknine-tieset de sa nostalgie au second degré.
Ce surgissement médiatique d’expériences micro- ou para-esthétiques questionne sans doute la légitimité d’une certaine critique musicale, mais en ce qui nous concerne, il nourrit notre désir d’écouter et d’écrire. C’est le genre d’expériences dont nous publions semaine après semaine
9
Édio
les récits sur notre siteMusique Journal, et il nous semble qu’elle influence déjà la musique qui se fait, des miniatures pop-punk d’Olivia Rodrigo jusqu’aux sorties ambient les plus ambigües. D’un autre côté, avec un peu de recul, cette molécularisation de la culture musicale peut s’avérer aussi insatisfaisante que les grands récits dont elle constitue le contrepoint apparent — comme s’il s’agissait de deux manières symétriques de manquer quelque chose. C’est là une raison de plus pour y prêter attention et mieux en apprécier les nuances comme les impasses.
10
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents