Malevitch , livre ebook

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Kasimir Malevitch (Kiev, 1878 — Saint-Pétersbourg, 1935) était un peintre, un grand théoricien d’art, et surtout le père fondateur du suprématisme, style basé sur les formes géométriques et la recherche de l’abstraction pure. « Le suprématisme, écrivit-il, m’a conduit à découvrir quelque chose qui n’avait pas encore été compris jusqu’alors… Il y a dans la conscience humaine un désir impérieux d’espace et la volonté de s’échapper du globe terrestre. » Cette publication présente les œuvres étincelantes de Malevitch, cet artiste original qui, jusqu’à l’âge de vingt-sept ans, ne suivit aucune formation professionnelle de peintre et apprit à dessiner uniquement par curiosité et soif de connaissance. Une fois encore, Gerry Souter nous propose de découvrir les œuvres d’un artiste fascinant à travers une nouvelle approche de sa personnalité.
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Date de parution

04 juillet 2023

Nombre de lectures

0

EAN13

9781783108596

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Texte : Gerry Souter
Traduction : Bérengère Mauduit

Mise en page :
Baseline Co. Ltd
61A-63A Vo Van Tan Street
4 ème étage
District 3, Hô Chi Minh-Ville
Vietnam

© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Parkstone Press International, New York, USA
Image-Bar www.image-bar.com

Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.

ISBN : 978-1-78310-859-6
Gerry Souter



MALEVICH
Voyage vers l’infini
Sommaire


I La Jeunesse et la steppe
II À la Découverte de l’art et ses expérimentations : impressionnisme, fauvisme, cubisme et futurisme
À la Découverte de son « art » intérieur
Le Début des études artistiques
Impressionnisme et expérimentation
Fauves, cubistes et futuristes
III Le Suprématisme
IV Le Vol et la chute
Biographie
Liste des illustrations
Notes bibliographiques
Autoportrait , 1910-1911.
Gouache sur carton, 27 x 26,8 cm .
Galerie Trétiakov, Moscou.


En 1915 , une poussée dissonante, soudaine dans le ronronnement des mouvements artistiques dérivés en Europe de l’Est, amena le monde artistique volatile de l’époque à se demander qui était à l’origine du dernier tapage en date. On découvrit un ex-figuratif, ex-cubiste, ex-futuriste, fils d’un chimiste ukrainien travaillant dans la betterave sucrière. Ce jeune artiste se détachait de la pagaille réaliste/ futuriste russe et prenait les traits d’un suprématiste non-objectif abouti, doté d’un langage visuel crypté et, en apparence, impénétrable. Sans aucun doute, il possédait quelque chose mais la pensée derrière les images semblait énorme, à moins qu’il ne s’agît d’une construction fragile d’éléments qu’une osmose aurait assemblés. Nombreux sont les artistes qui se sont tournés vers les philosophes en espérant trouver dans leur pensée des directions et, après avoir assimilé cette sagesse, se sont engagés dans l’exploration d’un style inspiré, montage fait d’épiphanies accumulées. Malevitch fut l’un d’entre eux. Ce qui le démarqua des autres, c’est la soudaineté de son ascension vers la divinité. Il ne connut pas d’évolution ; il jaillit littéralement sur la scène artistique.
Tandis que des innovations abstraites comme le dadaïsme, le futurisme, le cubisme ou l’expressionnisme s’épanouirent dans l’Europe occidentale et les États-Unis du début du XX e siècle, le suprématisme eut la malchance de naître dans le chaudron géopolitique bouillonnant de l’Europe de l’Est. Il se forma alors qu’une Grande Guerre alignait face à face les alliés de l’Est et de l’Ouest et renforçait les parias assoiffés de pouvoir qui en avaient été privés par des régimes impériaux séculaires. Le suprématisme était révolutionnaire au point qu’il devint contre-révolutionnaire à mesure qu’il dura. Sous l’idéologie implacable de Lénine et la poigne de fer de Staline, il n’y avait de place que pour une révolution à la fois. Toute expression qui prenait ses distances par rapport à la ligne du parti communiste et risquait d’en compromettre l’unité devint antipatriotique. Pendant que l’ establishment de l’art occidental regardait, les suprématistes disparurent l’un après l’autre.
Malevitch abandonna cette forme artistique non-objective aussi vite qu’il l’avait découverte : pendant cinq ans, il se consacra à l’enseignement et embrassa la révolution. Conscient que les choses commençaient à se dégrader, et comprenant que l’OGPU, la police secrète de Staline, était à ses trousses, Malevitch antidata des œuvres figuratives nouvelles et reprit, en le variant, son style précédent afin de survivre, mais il était un homme marqué. Son Œuvre ne pouvait échapper à cette grande moulinette qu’était la machine du réalisme socialiste patriotique, laquelle n’autorisait que les formes d’expression artistique qui servaient la cause communiste. Avant 1935, il succomba à un cancer et mourut dans l’indifférence générale. Le monde, lui, se précipita de la ruine financière de la Grande Dépression dans une nouvelle guerre mondiale.
Par chance, certaines de ses œuvres ont survécu à des décennies de répression. Une nouvelle génération put s’en saisir et y apporter des interprétations de son propre cru, comme d’autres avaient pu le faire par le passé. Si le suprématisme n’est qu’une parenthèse dans l’histoire de l’art, Kasimir Malevitch, pour sa part, mérite de figurer au panthéon des grands artistes. Sa plongée abrupte dans l’expression non-objective trouve confortablement sa place aux côtés de Piet Mondrian, Yves Tanguy, Paul Klee, Juan Miró, Clyfford Still, Vassili Kandinsky, Moholy-Nagy et se présente comme l’autre versant de Jackson Pollock. En effet, il essaya d’exprimer l’inexprimable, de transformer les réactions uniques de synapses internes en des moments de reconnaissance commune. Il distilla sa propre expérience pour arriver à la réduction visuelle ultime, sur la base d’un ensemble de constructions philosophiques qu’il embrassa avec ferveur.
Comme pour les autres grands artistes non-objectifs, une profonde curiosité est là, persistante, qui donne envie d’aller voir derrière le rideau pour découvrir comment l’artiste fonctionne. La vie de Kasimir Malevitch et l’époque dans laquelle il vécut ont produit une merveilleuse secousse dans le cours évolutionniste de l’histoire de l’art. Son importante contribution à l’art non-objectif fut précédée de tout un ensemble d’œuvres évolutionnistes relevant du post-impressionnisme, du fauvisme, du cubisme et du futurisme, qui révélèrent sa quête d’une vision personnelle et furent suivies par un ensemble tout aussi révélateur de peintures figuratives témoignant d’une vitalité face à la répression. Même si son suprématisme donna lieu à une grande marée qui se réduisit, finalement, à une goutte d’eau, il suscita néanmoins une curiosité qui, pour être interprétée, réclame la mise en lumière de nombreux concepts philosophiques. Par-dessus tout, Malevitch eut le courage et la force de poursuivre son travail créatif dans un climat dangereux pour les idées radicales et innovantes.
De nos jours, nous comprenons mieux Kasimir Malevitch et sa condition, celle d’un prisonnier de son temps et du lieu où il vécut. L’opacité de sa philosophie personnelle a laissé des interprétations variées, tout aussi valides les unes que les autres, mais tous les exégètes s’accordent pour voir en lui un génie. Malevitch mérite notre admiration et notre respect.
Un artiste qui crée plutôt qu ’ il n ’ imite s ’ exprime ; ses œuvres ne réfléchissent pas la nature, elles créent à la place de nouvelles réalités qui sont non moins signifiantes que les réalités de la nature elle-même.
Kasimir Malevitch, Le Monde non-objectif
Une Réflexion

Le fleuve se vide dans la mer,
Mais il ne s’assèche jamais ;
Le cosaque cherche sa fortune,
Mais jamais ne la trouve.
Le cosaque est parti de chez lui,
Il a quitté les siens ;
Les eaux bleues de la mer éclaboussent et écument,
De tristes pensées troublent son esprit :
« Insouciant, pourquoi es-tu parti ?
Vers quoi t’en es-tu allé abandonnant
Ton vieux père, ta mère aux cheveux gris,
Ton amour, à leur destin ?
En tête étrangère vivent des étrangers,
Leurs façons ne sont pas les tiennes :
Il n’y aura personne pour partager tes peines
Ou avec qui couler tes jours. »
De l’autre côté de la mer, le cosaque repose
Et la mer agitée est bouleversée.
Il croyait être béni des dieux
Mais l’infortune fut son lot.
En formation dans le ciel, par-delà les mers
Les grues s’en retournent chez elles.
Le cosaque pleure ; ses chemins battus
Sont couverts de mauvaise herbe…
Taras Chevtchenko, Saint-Pétersbourg, 1838.
(Traduit du russe vers l’anglais par John Weir, Toronto)
I La Jeunesse et la steppe


Bourgade , vers 1908. Gouache, encre de Chine
et papier collé sur carton, 17,5 x 17 cm .
Musée des Beaux-Arts A.N. Radischev, Saratov.


Il marchait à côté de la charrette, chaussé de bottes qui lui arrivaient presque aux genoux. C’était un garçon costaud, à la peau foncée sous une abondante chevelure brune et sombre ; il était vêtu aux couleurs de la terre, hormis une veste rouge que sa mère avait brodée. Lorsqu’il voyageait avec sa mère et son père, il ne fallait pas que la famille eût l’air de moujiks sortis des champs, mais de gens de qualité. C’était des travailleurs intellectuels et non des manuels, conformément au père, chimiste expérimenté en charge de la qualité dans plusieurs usines de traitement de la betterave sucrière des environs. C’était leur vie et la charrette en faisait partie. Sa mère, Liudvika, ainsi que ses frères et sœurs, voyageaient avec son père, Severyn Malevitch (nom dont l’orthographe est d’origine ukrainienne). Ce garçon se prénommait Kazymir. Ils étaient Polonais, descendants de réfugiés qui s’étaient enfuis de Pologne en Ukraine quand les Russes avaient écrasé la révolte polonaise de 1862. Par le passé, leurs noms avaient eu la consonance plus douce de Sewerin et Ludwika Malewicz.
De bonne heure, Kazymir (qui serait plus tard ré-orthographié « Kasimir » sous sa forme russe) habita avec sa tante et sa marraine, Maria Orzechchowska au 13 de la rue Kostiolna dans le district de Zhytomyr appartenant à la province de Volyn. Né le 11 février 1878, il fut baptisé à l’église catholique romaine de Kiev (dont l’orthographe ukrainienne est Kyiv). Il était l’aîné de quatorze enfants (dont neuf atteignirent l’âge adulte) qui se comptaient parmi les descendants d’une lignée d’aristocrates polonais lettrés et respectés d’avant la révolution. D’après les archives de la cathédrale catholique de Kiev et du district de Zhytomyr, l’ascendance de Kasimir était superbe, avec un blason et des actes de reconnaissance royale accordés à la szlachta (la noblesse polonais

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