L’art grec
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Description

L’art grecque qu’on situe traditionnellement entre le Xe et le Ier siècle av. J.C., est naturaliste - tout symbolisme lui est étranger. Et si dans son désir d’absolu réalisable, il fait la nature plus belle, c’est dans le sens étroit qu’elle lui a enseigné. Il ne transpose pas, il ne stylise pas, il ne schématise pas, il ne résume même pas. Il exprime avec perfection. Il pousse la splendeur physique de la vie, et rien que physique, jusqu’à l’extrémité des indications formelles que la vie lui a révélées. Il dit tout, comme on ne saura jamais mieux, ni sans doute aussi bien le dire, mais ne suggère à peu près rien. C’est ce qui le fait incomparable et arrêté. Il est anthropomorphiste, à coup sûr, puisqu’il ne voit rien au-delà de la forme humaine conduite au point le plus rigoureux d’adaptation à sa fonction et d’harmonie. En limitant à la représentation de l’objet, perfectionné par une étude attentive, l’expression qu’il donne du monde, il s’intérdit de rechercher en l’homme même les moyens d’élargir le monde et d’en spiritualiser infiniment et inépuisablement les aspects. L’art grec a profondément influencé l’art du monde occidental.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juillet 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9781644618776
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Layout:
Baseline Co. Ltd,
Vietnam
© Parkstone Press International, New York, USA
© Confidential Concepts, Worldwide, USA
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Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
ISBN : 978-1-64461-877-6
Elie Faure – Klaus H. Carl



L’ ART GREC
Sommaire
Introduction
Les Sources De L’art Grec
Les Doriens
La Sculpture Grecque
Les Ioniens
Phidias
Le Crepuscule Des Hommes
La Dissociation
L’art Hellenistique
Liste Des Illustrations
INTRODUCTION
À tous les âges de la Grèce, de l’expédition contre Troie à l’aventure d’Alexandre, en passant par les luttes entre Sparte et ses voisines et les guerres de Péloponnèse et de Sicile, dans toutes ses cités éparses, il est facile de retrouver cet esprit de guerre et de chicane qui donne à son histoire, revêtue de tant de splendeur par la fiction plastique et poétique, un caractère effroyable de férocité.
Les manifestations les plus hautes mêmes du génie grec ne vit aucune illusion supérieure. Il s’agit simplement d’atteindre la forme absolue. C’est de l’intelligence pure et parfaite, mais limitée. L’ivresse mystique est interdite au philosophe trop subtil qui voit nus devant lui les mobiles toujours intéressés et consciemment intéressés de tous les actes, comme au sculpteur trop clairvoyant auquel, par un contraste saisissant avec l’homme qu’elle nourrit, une nature trop harmonieuse et mesurée ne présente aucun abîme à explorer, aucune contradiction d’ordre plastique à résoudre. Leur énergie bandée commande des solutions simples, parce que les gestes de l’homme et les aspects du monde le sont. L’universel mystère échappe à l’âme grecque, parce qu’elle le fait tenir dans les bornes de la raison. Mais par là précisément l’art grec, étant le moins mystérieux qu’on sache, est le mystère de l’art. Il est en contradiction radicale avec le principe profond de l’art même, qui est d’imaginer pour nous un monde intérieur vivant et s’enivrant d’une illusion toute-puissante, et d’en donner une image qui ne soit pas la représentation exacte de notre monde extérieur.
Tout symbolisme lui est étranger. Il est naturaliste. Et si dans son désir d’absolu réalisable, il fait la nature plus belle, c’est dans le sens étroit qu’elle lui a enseigné. Il ne transpose pas, il ne stylise pas, il ne schématise pas, il ne résume même pas. Il exprime avec perfection. Il pousse la splendeur physique de la vie, et rien que physique, jusqu’à l’extrémité des indications formelles que la vie lui a révélées. Il dit tout, comme on ne saura jamais mieux, ni sans doute aussi bien le dire, mais ne suggère à peu près rien. C’est ce qui le fait incomparable et arrêté. Il est anthropomorphiste, à coup sûr, puisqu’il ne voit rien au-delà de la forme humaine conduite au point le plus rigoureux d’adaptation à sa fonction et d’harmonie. Il n’est pas anthropocentriste.
En limitant à la représentation de l’objet, perfectionné par une étude attentive, l’expression qu’il donne du monde, il s’interdit de rechercher en l’homme même les moyens d’élargir le monde et d’en spiritualiser infiniment et inépuisablement les aspects.
Il semble, au reste, avoir tourné court au moment où il atteignait, avec Phidias, le sommet incomparable de son idéalisme naturiste que la puissance de celui-ci impose à ses successeurs comme une borne rationnelle qu’il leur interdit de dépasser. Apollon, vainqueur de Dionysos, allait mourir de sa victoire. La morale et la raison l’emportent, au V e siècle, pour le bien des multitudes, peut-être, et l’exploration de la route unique ou la politique et la science modernes ont fini par s’engager.
Mais c’est au détriment de cette ivresse grandiose qui donne à la plus humble forme sortie des mains du statuaire d’Égypte, de Chine ou d’Hindoustan, le privilège de paraître appartenir toujours à un ensemble invisible qui nous dépasse et nous entoure et dont les ondes subtiles la pénètrent incessamment. Il est impossible de réunir dans un équilibre plus stable que celui dont l’art de Phidias nous offre le spectacle, tous les éléments de sensualité et de volonté, de sensibilité et d’intelligence qui donnent à notre univers familier ce caractère d’humanité que nous répudions souvent quand nous ne sommes pas en sa présence, mais qui nous touche toujours si vivement dès que nous nous y retrouvons.
Cet art splendide, le plus sage, le plus rationnel de tous, nous apparaît, pour cette raison même, en quelque sorte comme monstrueux. Et le seul qui soit monstrueux. Nous pouvons transporter l’art hindou ou chinois ou même égyptien, si vivants par leur esprit, dans un monde imaginaire où ils seraient viables pleinement de par leur rigueur structurale. Nous pouvons transporter l’art hollandais ou espagnol, dans notre monde même, et regarder vivre parmi nous leurs réalisations qui se sont bornées à poursuivre l’extrême caractère ou l’extrême vraisemblance, si j’en excepte la Rembrandt, ici Greco et Goya. La forme grecque, qui est idéalement parfaite, est impossible en dehors d’elle-même et ne peut pas se situer. Elle s’exile involontairement. Animée et placée au milieu des hommes, elle n’y paraîtrait ni familière ni étrangère nous y verrions, certes, un aspect possible ou désirable de nous-mêmes, mais nos tares, nos insuffisances, nos à-peu-près et nos demi-mesures ne s’y reconnaîtraient pas.


Victoire de Samothrace , vers 190 av. J.-C. Marbre, h : 328 cm. Musée du Louvre, Paris.


Masque funéraire, dit « Masque d’Agamemnon », tombe 5, Mycènes, vers 1600-1500 av. J.-C. Or, h : 31,5 cm. Musée archéologique national, Athènes.


Buste de Périclès , copie d’un original grec créé vers 425 av. J.-C. Marbre, h : 48 cm. British Museum, Londres.
LES SOURCES DE L’ART GREC
L’Art égéen
À condition qu’on les respecte, qu’on ne les relève pas, qu’on laisse, après leur avoir demandé leur secret, la cendre des siècles, les os des morts, les débris amoncelés des végétations et des peuples, la robe éternelle du feuillage les couvrir de nouveau, la destinée des ruines est émouvante. C’est par elles que nous touchons aux profondeurs de notre histoire comme nous nous rattachons aux racines de notre vie par les deuils et les souffrances qui nous ont formés. Une ruine n’est douloureuse à voir que pour l’homme incapable de participer par son action à la conquête du présent.
De nombreuses richesses
Si les rudes idoles, les bijoux, les vases, les morceaux de bas-reliefs, les peintures effacées que nous avons trouvés dans le palais de Cnossos en Crète, à Tirynthe et à Mycènes en Argolide nous troublent à ce point, c’est précisément parce que ceux qui les ont laissées sont restés plus mystérieux pour nous et qu’il est réconfortant de constater que sous la variation des apparences et le renouvellement des symboles, l’émotion et l’intelligence ne changent jamais de qualité. À travers l’action continue, même obscure et sans histoire, des générations qui nous ont formés, l’âme des vieux peuples vit dans la nôtre. Mais ils ne nous paraissent participer à notre propre aventure que si leur esprit silencieux anime encore les visages de pierre où nous reconnaissons nos désirs toujours jeunes ou si nous entendons retentir le bruit de leur passage sur la terre dans l’écroulement des temples qu’ils ont élevés. L’Égypte, la Chaldée elle-même, par l’Assyrie et la Perse qui la prolongent jusqu’à nous, projettent leur ombre sous nos pas. Elles ne nous sembleront jamais très lointaines.
La Grèce primitive, au contraire, qui n’entre dans le monde que plusieurs siècles après elle, recule beaucoup plus dans l’imagination, jusqu’au matin de l’histoire. Nous ne savions pas si les empreintes presque effacées qu’on relève ça et là sur les rivages et dans les îles de la mer Égée appartenaient à des hommes ou à des ombres fabuleuses. Il a fallu creuser le sol, déterrer des pierres, renoncer pour un temps à ne retrouver en elles que nous-mêmes, pour entrevoir l’humanité fantôme qui peuplait, avant l’histoire, la Méditerranée d’Orient. Tantôt le symbole résume cent événements de même ordre, tantôt l’événement réel, représentatif de toute une série de coutumes, d’idées, d’aventures, revêt pour nous les apparences d’une fiction symbolique. Eschyle l’a senti quand il est venu là, après huit siècles, écouter dans la solitude l’écho des cris de mort de la famille épouvantable. Ces pirates prenaient pour faire, près de la mer, des sites en accord tragique avec leur vie de meurtres et les orgies pesantes qui succédaient à l’action. Un cirque de collines nues, dévorées par le feu et qu’aucun torrent, aucun arbre, aucun cri d’oiseau n’anime.

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