L’Art Erotique , livre ebook

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Lorsque l’on demanda à Picasso, vers la fin de sa vie, quelle était la différence entre art et érotisme, il répondit d’un air méditatif et rêveur : « Mais il n’y a pas de différence. » Tandis que d’autres craignaient l’érotisme, Picasso mettait en garde contre les expériences dangereuses de l’art : « L’ art n’est jamais chaste, on devrait le tenir loin de tous les ignorants innocents. Ceux qui ne sont pas suffisamment préparés ne devraient jamais entrer en contact avec lui. Oui, l’art est dangereux. Quand il est chaste, il n’est plus de l’art. »
La notion d’art érotique est entourée d’un halo de concepts hypocrites, trompeurs et dissimulants. Art ou pornographie, sexe ou érotisme, obscénité ou originalité, ces tentatives de distinction et de détermination se mélangent trop pour qu’une clarification objective soit possible. A partir de quel moment peut-on parler d’ « art érotique » ? Hans-Jürgen Döpp
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Date de parution

09 décembre 2019

Nombre de lectures

1 121

EAN13

9781644617878

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

16 Mo

Auteur : Hans-Jürgen Döpp
Traducteur : Alexandra Richter
© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Parkstone Press International, New York, USA
Image-Bar www.image-bar.com
© Aulaire, copyright reserved
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© Suzanne Ballivet, copyright reserved
© Paul-Emile Bécat, copyright reserved
© Alessandro Calione, copyright reserved
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Tous droits réservés
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteurs dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
ISBN : 978-1-64461-787-8
Hans-Jürgen Döpp



L ’ Art Érotique
Sommaire
Une Géographie du plaisir
Art érotique ou pornographie ?
Le Rêve de l ’ orgie
Erotisme et indignation
Plaisirs de l ’ œil
La Solitude de l ’ image
Les Origines érotiques de la passion de collectionner
Sodome Berlin
Négation et érection
Faites fleurir mille fleurs
Index
Notes
Une Géographie du plaisir
Cet ouvrage est une invitation à un voyage qui vous ouvrira le regard sur une géographie du plaisir. Une multitude d’images et d’objets de toutes les civilisations de la terre et appartenant au domaine de l’art comme au domaine du culte, nous présentent l’érotisme comme le thème fondamental de tous les temps. Peut-être, en nous ouvrant aux civilisations lointaines et exotiques, parviendrons-nous même à enrichir la nôtre? Au cours de ce voyage, nous rencontrerons une variété et une diversité de points de vue sur les mille métamorphoses de la sexualité.
Elles nous montrent que rien n’est plus naturel que le désir sexuel, et qu’en même temps, rien n’est moins naturel que les formes sous lesquelles ce désir s’exprime et cherche son assouvissement. Vous pourrez voir dans ce livre ce qui fut si longtemps caché dans les trésors des musées publics et dans les cabinets des collectionneurs privés : « des images interdites », proscrites, surtout dans notre civilisation occidentale si hermétique à la sexualité. Ces images offrent un regard non limité et d’autant plus fascinant sur ce qui fait depuis toujours partie de la nature humaine.
Les civilisations orientales, très tôt, possédèrent un don particulier pour incorporer cet aspect de l’existence dans leur art et dans leur culture. Ainsi, la culture chinoise, complètement libre de la notion occidentale du péché, considérait le plaisir et l’amour comme « des choses pures ». Selon elle, l’union entre un homme et une femme dans le signe du tao exprimait la même harmonie que celle qui règne entre le jour et la nuit, l’hiver et l’été. On peut donc dire, à juste titre, que la pensée millénaire des Chinois prend son origine dans des représentations d’ordre sexuel : Yin et Yang, deux notions complémentaires qui déterminent l’univers. Dans ce sens, la philosophie érotique ancienne des Chinois contient également une cosmologie. La sexualité est partie intégrante de leur conception du monde et ne peut pas en être séparée. Une des plus anciennes et des plus inspirantes des civilisations de notre terre affirme qu’il est bien, et en accord avec la philosophie religieuse, de faire l’amour avec fantaisie, poésie et passion. Cette naïveté sexuelle se retrouve d’ailleurs dans les représentations artistiques de la Chine.
Cependant, les grands maîtres japonais créaient également une richesse d’images érotiques qui sont à mettre au même rang que les autres œuvres d’art. Aucune censure publique ne parvint jamais à supprimer entièrement cette production secrète. Les shungas, que l’on appelle « les images du printemps », exaltaient les plaisirs terrestres d’ici-bas. On considérait la recherche du plaisir charnel comme quelque chose de naturel et, puisque le mot « péché » ne fut jamais prononcé au vieux Japon, même la sodomie était une pratique sexuelle parmi d’autres.


1. Gustave Courbet, L ’ Origine du Monde , 1866. Huile sur toile, 46 x 55 cm. Musée d’Orsay, Paris.


2. Achille Devéria, 1830.


3. Anonyme, 1799.


4. Anonyme, miniatures indiennes.
Le genre des Ukiyo-e, des « images d’un monde éphémère et fluctuant », appartient aux œuvres les plus parfaites du point de vue technique et artistique. Il est la preuve que le fantastique et le grotesque se développèrent très tôt dans la littérature et l’art japonais. La sexualité subit mille et une métamorphoses à travers les temps et passa selon les différentes civilisations par les formes les plus variées. En Inde, elle était sanctifiée dans des temples hindous. Pour les Grecs, dans le culte de la beauté, les plaisirs du corps s’unissaient avec ceux de l’esprit, conformément à leur philosophie qui voyait le monde comme l’interaction d’Apollon et de Dionysos, de la raison et de l’extase. En liant l’érotisme au péché et à l’enfer, le christianisme créa pour la première fois des oppositions irréconciliables. « Le diable Eros devenait peu à peu plus fascinant pour les hommes que tous les anges et tous les saints. » Cette citation occidentale de Nietzsche serait sans doute incompréhensible à l’Extrême-Orient, puisque là-bas Eros ne fut jamais diabolisé. Au Japon, comme dans d’autres civilisations orientales, on ne connait pas cet événement que Nietzsche regrette tant pour l’Occident : « Le christianisme empoisonnant Eros. » Les représentations érotiques furent condamnées aux cabinets secrets, on enferma ce « monde éphémère et fluctuant dans une prison conceptuelle créée par les sciences naissantes de la sexualité ». Les conséquences sont telles que la science actuelle peut difficilement libérer la sexualité de l’épaisseur malsaine des préjugés, des sentiments de culpabilité, de dévalorisation et d’aliénation dont elle est couverte. Par conséquent, il n’est pas surprenant que les sciences de la sexualité se sont développées justement là où le lien entre sexualité et érotisme a été troublé d’une façon particulière. Notre imagerie multicolore et multiforme montre qu’Eros peut être une énergie qui unit l’univers.
Nombre des tableaux et dessins présentés nous permettent d’appréhender, à travers les yeux d’artistes très différents et sous des angles changeants, un domaine humain essentiel habituellement condamné au tabou. Mais, petit à petit, ne glissons-nous pas vers la pornographie? Contrairement à celle-ci qui manque souvent d’imagination, l’art nous laisse participer à une joie ingénieuse et inventive. Ces images qui nous paraissent à première vue bizarres et bouleversantes, nous confrontent aussi à nos tabous, confrontation à laquelle nous devrions nous prêter. Seule notre disposition à être irrité couronnera de succès ce voyage à travers cette géographie du plaisir et à travers nos fantasmes les plus intimes. Or, celui qui assume l’expérience érotique accédera à l’humour présent dans la plupart des œuvres exposées. Ce sont des tableaux du plaisir à double sens : plaisir charnel, tel qu’il est représenté dans les images, et plaisir distant du regard. Ce livre offre des impressions telles sur l’histoire culturelle de l’humanité, qu’elles peuvent aider à élargir notre marge de tolérance et à faire évoluer nos points de vue. Elles devraient de même libérer certains esprits des lieux communs qui ont longtemps déterminé notre mémoire culturelle. Qui est prêt à s’imbiber de ces illustrations, dessins et objets de collectionneurs variés, verra le monde de l’érotisme désormais différemment, ce qui est, entre autres, un des buts envisagés de cet ouvrage.


5. Rudolfo Valentino, Danseurs de tango , vers 1930. Terra-cotta peinte. Sexmuseum, Venustempel, Amsterdam.


6. Anonyme, Carreau de porcelaine chinoise, XIX e siècle. Sexmuseum, Venustempel, Amsterdam.


7. Anonyme , Faune et nymphe, d’un manoir espagnol, XIX e siècle. Chêne sculpté. Erotik-Museum, Berlin.
1748 : Boyer d’Argens, Thérèse Philosophe
« Baise-moi comme il faut, mon cher ami, disait Mme C… en se laissant tomber sur son lit de repos. La lecture de ton vilain Portier des Chartreux m´a mise toute en feu ; ses portraits m´ont frappée, ils ont un air de vérité qui charme… s’il était moins ordurier, ce serait un livre inimitable en son genre. Mets-la-moi aujourd’hui, Abbé, je t’en conjure, ajouta-t-elle ; j’en meurs d’envie, et je consens d’en risquer l´événement.
Tu comprends donc que, lorsque je t’ai dit que mes aventures t´instruiraient des caprices des hommes, je n’ai pas entendu parler des différentes attitudes que la volupté leur fait varier, pour ainsi dire, à l´infini, dans leurs embrassements réels avec les femmes.
Toutes les nuances des attitudes galantes ont été traitées avec tant d´énergie par le célèbre Pierre Arétin, qui vivait au XV e siècle, qu’il n’en reste rien à dire aujourd’hui. Il est uniquement question, dans ce que j’ai à t’apprendre, de ces goûts de fantaisie, de ces comp

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