Résilience en art et art-thérapie pour la résilience
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Description

Les vertus thérapeutiques de l'art sont connues depuis l'Antiquité, mais c'est surtout depuis le développement du concept de résilience que de nombreux thérapeutes se sont penchés sur la question des effets de l'art dans une visée thérapeutique.

La pratique de l'art peut favoriser le développement des facteurs de résilience, mais se pose la question : quel art ?

Nous partons du principe que tout n'est pas art et qu'un exercice artistique réalisé sans aucune connaissance ou d'une manière aléatoire est inutile et peut même être nocif.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9782414459353
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
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Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-45973-5

© Edilivre, 2020
Première partie Art-thérapie pour la résilience
Avant-propos
La résilience est un concept actuel.
La résilience est un concept à la fois très ancien et très récent. Il a été utilisé pendant l’Antiquité dans des écrits stoïciens, de Sénèque, Pline ou Cicéron. D’ailleurs, le terme résilience provient du verbe latin resilio, qui veut dire « sauter en arrière ». On l’utilise donc comme « rebondir », « résister ». Ainsi, la résilience se définira aujourd’hui, dans la majorité des cas, comme la faculté de rebondir malgré des chocs, des catastrophes, des épreuves ou des traumatismes.
À l’origine, ce terme a été utilisé en métallurgie pour désigner la qualité d’un matériau qui se manifeste par sa capacité à retrouver son état initial à la suite d’un choc ou d’une pression continue : par exemple, un métal soumis à une forte pression, qui se tord, capable de retrouver sa forme. Ensuite la signification de résilience a été étendue à la capacité des individus et des groupes à continuer à se développer malgré des événements déstabilisants, difficiles ou traumatisants.
En effet, hors du domaine métallurgique, le terme est utilisé pour la première fois en 1955 par Emmy Werner, qui étudiait les enfants en difficulté, à Hawaï. Elle essayait de comprendre quels étaient les facteurs qui permettaient à ces enfants de se reconstruire et de mener une vie équilibrée. Des études de psychologie en ont fait un objet de recherche et un certain nombre de facteurs ont pu être mis en lumière : la capacité à résoudre des problèmes, des traits individuels de caractère comme la connaissance de soi, l’autonomie, l’estime de soi, la confiance, l’altruisme, la sociabilité et l’habilité à trouver un ou des soutiens (Boris Cyrulnik).
Ainsi, il s’agit de développer chez les individus ces qualités pour surmonter leurs traumatismes ou les préparer à réagir dans des situations à risque.
C’est dans ce sens que des études sont menées en psychologie, mais depuis une dizaine d’années, le concept de résilience a été appliqué dans de nombreux domaines. Dans l’organisation des entreprises, en écologie, en informatique, en médecine, en éducation.
1 Quelle art-thérapie pour la résilience ? 1
Les vertus thérapeutiques de l’art sont connues depuis l’Antiquité, notamment la catharsis aristotélicienne comme moyen de convertir les passions à travers l’esthétique. Pourtant, ce n’est que très récemment qu’on a commencé à employer la médiation artistique pour venir en aide à des personnes en difficulté. Les premiers psychologues ont été formés en art-thérapie aux États-Unis dans les années 1950. En France, en 1964, est créée la Société française de psychopathologie de l’expression sous la présidence du docteur Gaston Ferdière. L’art-thérapie a été reconnue en France par le comité scientifique au cours du congrès international de 1986. Mais c’est surtout depuis le développement du concept de résilience que de nombreux thérapeutes se sont penchés sur la question des effets de l’art dans une visée thérapeutique. Cela devient même une sorte de mode et s’étend à la recherche du bien-être.
L’art-thérapie, qui utilise la médiation artistique, vise à soulager des personnes souffrant de divers troubles psychiques, de la dépression à la schizophrénie, entre autres ; elle est indiquée aussi pour les malades d’Alzheimer ou des personnes sujettes aux addictions.
En consultant les diverses mises en place des traitements qui utilisent l’art comme outil de médiation, nous n’avons pas trouvé de différence d’approche lorsqu’il s’agit de développer les facteurs de résilience chez des personnes ayant subi des traumatismes, et ceux qui souffrent d’autres troubles psychiques. Généralement, dans la littérature sur l’art-thérapie, on insiste sur les bienfaits de l’exercice artistique au niveau émotionnel, la prise de contact avec sa « vie intérieure », l’aide à l’expression. Comme méthode, on propose le développement des sens – toucher, sentir, voir : il s’agit, par exemple, d’éprouver du plaisir à appliquer différentes peintures, sur tous supports, avec des outils ou seulement avec les doigts, en s’essayant aux alliances colorées, aux pigments inédits. Liberté d’action, improvisation, lâcher prise : le jeu, en somme. Les résultats de l’art-thérapie sont difficilement mesurables et, d’ailleurs, il n’y pas encore de critères clairement établis pour effectuer ces mesures.
Un certain nombre de facteurs favorisant la résilience étant dégagés, comme la perspicacité, l’indépendance, l’aptitude aux relations, la créativité, on peut estimer que la pratique de l’art peut favoriser leur développement. Une question se pose alors : quel art ? Nous partons du principe que tout n’est pas art et qu’un exercice « artistique » réalisé sans aucune connaissance sur l’art, ou d’une manière aléatoire, est inutile et peut même être nocif.
Cet ouvrage, qui s’organise autour de trois axes, va tenter de dégager de manière claire le rôle du facteur artistique dans la pratique de l’art-thérapie visant à renforcer les aptitudes à la résilience après des traumatismes, et surtout de définir la notion de l’art pouvant exercer cette fonction.
D’abord, nous examinerons la relation, au XX e siècle, entre les artistes et les productions « artistiques » des personnes internées dans les hôpitaux psychiatriques, c’est-à-dire l’art psychopathologique, car cette relation a influencé dans une grande mesure l’idée qu’on se fait de l’art et des artistes, et a conditionné en partie l’expression artistique contemporaine et les techniques d’art-thérapie actuelles.
Par la suite, nous survolerons les différents types d’art-thérapie qu’on peut rencontrer aujourd’hui.
Dans un troisième moment, nous soulignerons la nécessité pour l’art, lui-même, de passer par la résilience, c’est-à-dire de retrouver ses fondements esthétiques avant de pouvoir participer à des fins thérapeutiques. Sur cette base, nous verrons de quelle façon la médiation de l’art peut être bénéfique.


1 . Actes du 4 e congrès mondial sur la résilience, organisé par l’association Resilio en partenariat avec l’Université Aix-Marseille à Marseille (France), du 27 au 30 juin 2018.
2 L’art et l’art psychopathologique
La relation entre l’art et l’art des patients des hôpitaux psychiatriques commence à être mise en lumière au début du XX e siècle, avec les travaux de Hans Prinzhorn, notamment la publication de son livre Expressions de la Folie en 1922, dans lequel il élabore son concept de Gestaltung . Prinzhorn commence par définir des caractères de base de l’art pris, qu’il juge universels : disposition sérielle, rythme, symétrie, alternance et proportionnalité. Prinzhorn les assimile à l’anatomie humaine : rythme du pouls, respiration, marche ; puis, en dépassant l’homme, il élargit la Gestaltung à un phénomène organique universel. La Gestaltung prend alors une forme positive, appliquée à des travaux « artistiques » de malades ; il conclut que l’expression artistique de ses patients correspond à l’expression de la partie saine de leur psyché.
Pour étayer cette idée, il compare les productions de ses patients aux dessins des enfants et des arts premiers, dans lesquels, effectivement, on peut voir des similitudes.
Les travaux de Prinzhorn introduisent une confusion importante dans la conception de l’art en brouillant les frontières entre le pathologique et le normal. Les artistes à la recherche de nouveaux champs pour l’élaboration des œuvres d’art vont s’emparer des expressions de l’art psychopathologique. Des artistes comme Paul Klee, Max Ernst et Jean Dubuffet en seront influencés, ainsi que les membres du mouvement surréaliste, avec André Breton comme chef de file, qui s’intéresse à l’expression de l’inconscient à travers l’art. C’est aussi l’époque où la psychanalyse prend son essor. Ainsi, le premier lien entre la psychanalyse et ce qui deviendra le surréalisme est établi lors de l’affectation d’André Breton au centre neuropsychiatrique de Saint-Dizier, en 1917. En 1948, André Breton et Jean Dubuffet vont créer la Compagnie de l’art brut, mouvement qui promeut un art qui est à l’état de donnée immédiate, spontané, sans aucune élaboration intellectuelle. C’est une des sources de l’idée selon laquelle en art tout est possible et, finalement, tout est art. Ce sont ces principes qui sont le plus souvent utilisés dans l’art-thérapie.
Si Prinzhorn a tout à fait raison d’établir un parallèle entre les principes de l’art et ceux du vivant, il fait une erreur en fondant sa théorie sur la similitude entre les expressions plastiques des malades psychiatriques et celles des enfants ou les œuvres des arts premiers. Effectivement, une similitude existe et l’analyse de Prinzhorn est pertinente, mais dans les trois cas, il ne s’agit pas d’œuvres d’art. Ce sont des expressions graphiques ou picturales, mais elles ne sont pas le fruit de l’élaboration complexe qu’une œuvre d’art exige, notamment en termes de résolution de l’espace, absente dans les trois cas. Prinzhorn ne repère pas ce qui sépare nettement les propositions définissant une œuvre d’art telle qu’elle était conçue à l’époque, c’est-à-dire sous sa forme classique, et les travaux de ses patients. Le traitement de l’espace en peinture est un facteur fondamental dans l’élaboration d’une œuvre, où il s’agit de rendre compte d’un espace tridimensionnel sur une surface bidimensionnelle.
Les peintures psychopathologiques, mais aussi celles des enfants et des arts premiers, se caractérisent justement par un manque de spatialisation. La surface peinte est entièrement recouverte, sans profondeur, sans espace.

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