Questions d'urbanisme , livre ebook

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Que sera la pratique de l’urbanisme dans les prochaines années ? Quelles seront les dynamiques en place ? Les tensions et les conflits entre les acteurs ? Les opportunités à saisir ?
Les 50 ans de l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal sont une excellente occasion pour ses professeurs de regarder vers l’avenir. Ils présentent ici les enjeux de leur profession non seulement à leurs étudiants, mais aussi à l’ensemble des citoyens concernés par les grands défis qui s’annoncent, notamment le vieillissement de la population, la mobilité, les transports en commun, la sauvegarde du patrimoine et l’aménagement du territoire.
Dépassant largement les questions locales, leurs textes, superbement illustrés par Michel Barcelo, abordent avec la même ouverture les problèmes des grandes villes, du Nord comme du Sud.
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Date de parution

04 mai 2012

Nombre de lectures

43

EAN13

9782760627727

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Sous la direction de Gérard Beaudet Jean-Philippe Meloche Franck Scherrer
Questions d’urbanisme
Illustrations de Michel Barcelo
Les Presses de l’Université de Montréal
Avant-propos
L e monde a bien changé depuis la fondation de l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal, au tout début des années 1960. Des paris ont été gagnés et des espoirs déçus, des anticipations se sont révélées fantaisistes et d’autres trop raisonnables, des espérances ont été comblées, des certitudes ont laissé place au doute et des inquiétudes ont été confirmées. À peine évoqués, certains problèmes sont devenus des enjeux planétaires. L’urbanisation n’aura pas été en reste. Son évolution aura même été l’un des principaux vecteurs des bouleversements planétaires. Évidemment, le Québec aura vécu plusieurs de ces soubresauts en mode relativement mineur. Il n’en reste pas moins que nous devons assumer plusieurs des conséquences de ces bouleversements dont certains, bien que géographiquement distants, n’en ont pas moins des répercussions locales.
L’ouvrage collectif présenté ici est une initiative du corps professoral de l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal, qui célèbre son 50 e anniversaire en 2011-2012. Plutôt que de refaire l’histoire depuis sa fondation, les professeurs de l’Institut ont choisi de se tourner vers l’avenir. Ils dessinent, à travers leurs textes, les contours, en mode prospectif, des enjeux d’urbanisme attendus à l’horizon 2026. L’exercice n’est pas qu’une simple esquisse de l’avenir, mais plutôt une anticipation des dynamiques qui domineront, des tensions et des conflits qui émergeront, ainsi que des opportunités qui se présenteront aux spécialistes de l’espace d’ici les 15 prochaines années.
Les thèmes exploités sont variés, à l’image des compétences et des champs d’intérêt des auteurs. On y traite de questions locales comme d’enjeux globaux et environnementaux. On y aborde les défis liés aux changements législatifs, au vieillissement démographique, à la participation, aux perceptions et à la croissance économique. On y traite de l’urbanisme dans les pays du Sud, de l’équité, de la mobilité et de l’accessibilité. On y discute de questions liées au design urbain, au patrimoine, au développement durable et aux risques environnementaux. On s’interroge sur les ruptures ou les tendances lourdes en termes d’organisation du système urbain ou de l’action collective urbaine auxquelles on peut s’attendre ; on tente d’identifier les «problèmes d’urbanisme» émergents ou insoupçonnés qui domineront les débats dans l’avenir; et on présente les exigences, nouvelles ou renouvelées, que cela engendre pour l’exercice de l’urbanisme.

Gérard Beaudet
Jean-Philippe Meloche
Franck Scherrer
Un institut ouvert sur l’avenir Franck Scherrer
Pour dépasser les vues étroites des spécialistes et décrire d’une manière concrète une situation éloignée dans l’avenir, rien ne vaut le colloque entre gens d’expériences, ayant des formations et des responsabilités différentes. Gaston Berger

P enser l’avenir aujourd’hui a rarement été aussi indispensable et aussi difficile. Nous sommes à peine sortis d’une vision du monde qui imaginait que le futur était inéluctablement déterminé par la marche en avant du progrès (un avenir toujours meilleur) que nous entrons dans une autre où la menace du réchauffement climatique nous fait osciller entre la nécessité de l’urgence et le sentiment de l’inéluctable (un avenir toujours plus sombre). Plus encore, notre génération humaine ne croit plus guère au modèle idéal et à ses prévisions scientifiques. Dès lors, l’action collective en général et celle sur les villes en particulier sont presque exclusivement saisies par la tyrannie de l’urgence et du court terme, oubliant cette liberté que permet la prospective, comme le rappelait naguère son principal théoricien, Gaston Berger.
Il faut juste rappeler que l’apport spécifique de l’urbanisme à l’action urbaine et, par conséquent, l’éthique de l’urbaniste sont d’être garants de la pérennité des choix d’aménagement des villes qu’il conseille. C’était la raison d’être de la création de l’Institut d’urbanisme, il y a 50 ans, et cela le reste aujourd’hui, même si notre système de valeurs et nos représentations des problèmes urbains à résoudre ont beaucoup changé. Ce petit ouvrage est une invitation à retrouver la liberté d’imaginer les futurs possibles de nos villes et surtout de l’urbanisme, en lui joignant la lucidité que nous avons apprise de l’échec d’une vision doctrinaire d’une «ville idéale», qu’elle soit «moderne» hier ou nécessairement «durable» aujourd’hui.
Comment faire pour retrouver cette liberté et cet esprit fondateur de l’urbanisme que recouvre la démarche prospective ? Il faut considérer tout d’abord qu’une contribution comme celle de cet ouvrage relève d’une parole certes experte, mais pas exclusive. Aujourd’hui, on dira que rien ne vaut le mélange des visions et des expériences aussi bien profanes qu’expertes à toute démarche prospective pour l’enrichir. Ici, la participation est à pratiquer sans modération !
Il convient ensuite de toujours garder à l’esprit que l’avenir se présente dans notre vision du monde comme un buisson de futurs possibles, qui sont tous liés, mais pas déterminés par notre présent. Pour les villes et l’urbanisme, les tendances lourdes des prévisions démographiques sont importantes, mais tout aussi importantes sont les bifurcations qui relèvent de nos futurs choix collectifs et qui peuvent entraîner chaque ville ou société locale d’un côté ou de l’autre d’une pente. Si plusieurs futurs sont envisageables, certains sont plus souhaitables que d’autres. En les choisissant, l’imaginaire rejoint l’action, les villes possibles devenant une ville souhaitable par un choix collectif et lucide sur les étapes à franchir pour y parvenir.
Peut-on dire néanmoins que l’avenir des villes est si ouvert aux possibles ? En ce qui concerne les pays développés, comme certains le rappellent dans ces pages, l’essentiel des traits de l’organisation spatiale et du cadre bâti des villes de demain (dans 20 ans) et la majorité de celles d’après-demain (dans 40 ans) sont ceux des villes d’aujourd’hui. Ce peut être désespérant si on croit que changer la ville (au sens de changer la forme urbaine) est nécessaire pour changer la vie. Mais c’est justement ce genre de déterminisme, voire de scientisme, qui imposait hier le zoning fonctionnaliste et aujourd’hui la ville compacte comme remède unique, que la démarche prospective permet de dépasser. Les mutations sociétales, l’appropriation des innovations et le changement de systèmes de valeurs participent autant de la transformation de ces écosociosystèmes complexes que représentent les mondes urbanisés. En mariant ensemble plusieurs des tendances présentées dans ces pages, on peut esquisser quelques traits de cette invitation à l’imagination des possibles.



Vieillissement et participation publique – Les prévisions démographiques sont restées les seules sur lesquelles on peut réellement s’appuyer sans trop de risque d’erreur en prospective. La principale tendance qui concerne les nations anciennement industrialisées comme le Québec est l’inversion de la pyramide des âges sous l’effet du vieillissement de la population. Comment un phénomène qui paraît si univoque peut-il générer des images contrastées de futurs urbains possibles ? Les pages qui suivent rappellent que la vision dominante des pouvoirs publics est aujourd’hui trop focalisée sur la question de l’adaptation de la ville à l’augmentation de la dépendance et de la perte d’autonomie, et à ses conséquences budgétaires. Il y aura en fait une aussi grande diversité d’impacts, voire un effet systémique comparable à ceux du baby-boom, dans toutes les dimensions de l’action collective urbaine. Par exemple, on peut faire l’hypothèse que l’explosion du temps libre associé à l’arrivée à la retraite de classes d’âge beaucoup plus éduquées peut provoquer une très forte augmentation de la participation citoyenne au débat et à la décision publique, notamment en urbanisme, dans le cadre d’un nouvel âge d’or de la démocratie urbaine. Mais cette augmentation sensible de l’aspiration collective à participer au processus de décision va s’accompagner de nouveaux points de blocage et de problèmes inédits ou très fortement augmentés quant aux modalités, aux formes et à la continuité de cette participation publique, générant à son tour une très forte demande de professionnels de la médiation en urbanisme.

Adaptation et inégalités sociospatiales – L’adaptation est en train de devenir un maître mot des images collectives de l’action nécessaire à mener dans les villes du futur, qu’il s’agisse par exemple d’adaptation au vieillissement ou aux changements climatiques. Ce mot résonne presque comme un euphémisme, qui ne connote pas l’immensité de la tâche à accomplir. Que dire de l’adaptation de l’habitat des villes occidentales au vieillissement quand on peine déjà à appliquer le minimum d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite dans les transports collectifs ? Ou encore de la sortie de la dépendance automobile quand un doublement du nombre de trains de banlieue peine à absorber l’augmentation annuelle du trafic automobile d’une métropole? En réalité, les villes contemporaines et futures des pays développés redeviennent, comme avant la révolution industrielle, des systèmes massivement hérités, sauf que cette fois l’héritage est composé de dispositifs infrastructurels hautement techniques, complexes et très coûteux en immobilisation de capital fixe. Renouveler les réseaux d’assainissement pour faire face aux inondations ou partager la voirie pour favoriser les modes actifs va représenter le même poids pour l’action urbaine que reconstruire les fortifications de la ville médiévale. Aussi la tendance sera-t-elle inévitable de chercher à s’appuyer sur les forces du marché et de contourner l’inertie du système hérité en promouvant le développe

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