Comptes défaits
150 pages
Français

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Description

À travers douze histoires à mettre en scène, l'auteur convoque des personnages tendres ou cruels qui se rencontrent dans un univers résolument décalé. En abordant ici des sujets variés, tels que le chocolat, une étoile ou encore un trou, ces différentes scènes se jouent à deux, trois ou cinq et forment le vœu que chacun puisse y trouver son compte, sans pour autant prétendre le régler.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 août 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414540105
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-54011-2

© Edilivre, 2021
A PIC
1
— Qu’est-ce que vous faites ?
2
— Ben… vous voyez bien !
1
— Non… Enfin, si… vous creusez !
2
— Voilà !
(Un temps)
1
— Je ne voudrais pas avoir l’air de vous déranger…
2
— Quoi encore ?
1
— Enfin… vous creusez…
2
— Oui, je creuse.
1
— Mais… pourquoi vous ?…
2
— J’en ai bien le droit.
1
— Ah, mais oui, mais parfaitement, je comprends.
2
— Tant mieux alors !
(Un temps)
1
— Là, je vois, c’est un trou…
2
— …
1
— Un trou assez grand, si l’on considère le trou lui-même…
2
— …
1
— … et comment vous y êtes, je veux dire, dedans…
2
— Mon trou vous intéresse tant que ça, on dirait ?
1
— C’est-à-dire… oui… je suis perplexe… je m’interroge.
2
— …
1
— Pour tout vous dire, je suis dans le doute. Car, ce trou – le vôtre –, c’est un trou d’homme. Je veux dire, un trou à taille humaine, un trou d’homme qui ferait qu’on pourrait s’y allonger une seconde, ou une heure, un jour peut-être, et même, si ça se trouve, le restant de sa vie, et puis comme ça…
2
— Oui ?…
1
— Comme ça, au moment de partir, on y serait déjà, dedans, dans le trou tout fait, tout bien creusé, à sa taille. Pas besoin de prendre les mesures. Economique. Et écologique, dans le fond !
2
— Ah bon ?
1
— Ben oui ! Regardez ! Directement dans la terre, en contact avec la nature ! Pas de bois gâché pour vous mettre en boîte, pas de pierre taillée, pas de béton, pas de voiture funéraire !…
2
— Vous n’êtes pas gai, vous.
1
— Ah, mais, pardon ! C’est vous qui avez commencé !
2
— Commencé quoi ?
1
— A creuser !
2
— A creuser ?
1
— Oui, cette tombe !
2
— Cette tombe ?
1
— Oui, votre tombe ! Car, c’est bien votre tombe, n’est-ce pas, que vous êtes en train de creuser ? Parceque, si vous me dites, là, maintenant, « non, ce n’est pas ma tombe », alors, je ne vous croirai pas.
2
— Alors ça ! Elle est bien bonne !
1
— Votre tombe ?
2
— Non, votre histoire de tombe !
1
— Ah bon ? Et pourquoi ?
2
— Ben, vous êtes tombé à côté, mon pauvre vieux. Voilà pourquoi !
1
— A côté, moi ?
2
— Oui. Et complètement !
1
— …
2
— Figurez-vous que je creuse un trou depuis dix jours maintenent, et que je ne sais pas pourquoi je le creuse.
1
— …
2
— Je sais juste que ça me fait plaisir de le creuser ! Voilà ! J’en ai envie ! Et je ne peux pas m’en empêcher. Ce trou, c’est mon trou ! Il est à moi ! C’est mon œuvre, et je m’applique à faire qu’il me ressemble, qu’il soit une part de moi-même, comme… oui… comme un creux saillant, plein et profond, si noir dans le fond et si lumineux en son dessus, un grand espace, mais avec des bords rassurants.
1
— Je vous demande pardon. Je ne vous avais pas vus dans cette perspective, vous et votre trou.
2
— Alors ?
1
— Alors ?
2
— Oui, vous le trouvez comment ?
1 (gêné et craintif)
— Eh bien… certainement… oui… il vous ressemble… vraiment… il vous va bien… voilà… carré, mais sans être anguleux… tout en harmonie de taille… la densité, aussi : très bien équilibrée. On sent que c’est un travail inspiré, et remarquablement exécuté. Non… c’est très beau… c’en est émouvant d’esthétisme, de symbolisme…
2
— Ça me touche ce que vous me dites.
1
— Oh ! C’est sincère, vous savez.
2 (brusquement)
— Ça vous dirait de creuser avec moi ?
1
— Comment ça ? Là ? Dans votre trou ?
2
— Oui !
1
— Avec vous ? Ensemble ?
2
— Oui !
1
— Oh, je… C’est un grand honneur…
2
— Dites oui, alors ! Venez !
1
— Non… je ne peux pas…
2
— Vous avez peur ?
1
— Oui.
2
— Mon trou vous fait peur ?
1
— Oui… il est trop… trop… habité. Vous le ditres vous-mêmes, c’est vous, dans ce trou… partout… dedans, dessus… et encore autour. Si je viens dans votre trou, j’aurais l’impression de l’envahir, de le salir.
2 (tristement)
— Je vois.
1
— Vous savez ce que je vais faire ?
2
— Non.
1
— Je vais faire mon trou un peu plus loin. (désignant l’endroit) Là ! Comme ça, on se verra. On sera voisin de trou !
2
— On pourra se parler, vous croyez ?
1
— Oui, j’en suis sûr. Peut-être même qu’un jour, on fera un trou commun, et on s’invitera dedans…
2
— … et on fera venir des gens comme nous : des gens qui veulent faire leurs trous.
1
— Mais, dites-moi.
2
— Oui ?
1
— Vous ne craignez pas que ça finisse par faire beaucoup de trous par ici ?
2
— C’est effctivement un risque.
1
— Et que ça attire encore plus de gens pour faire encore plus de trous !
2
— Mince !
1
— Ce ne serait plus vivable. Vous vous rendez compte ?
2
— Oui…
1
— Les trous des uns finiraient par communiquer avec les trous des autres. Des trous partout, sans dessus dessous !
2
— Oh là là !
1
— Imaginez un peu quand il se mettrait à pleuvoir ! On se retrouverait tous dans de beaux draps !
2
— Quelle catastrophe !
1
— Il y aurait des maladies, des épidémies, des dizaines, des centaines de morts ! Et le bruit des agonisants ! Et l’odeur !…
2
— Vous m’avez refroidi avec cette histoire.
1
— C’est que… je ne voulais pas… Mais, quand on y pense…
2
— C’est vrai.
1
— Je vais prendre mon temps. Je ne suis pas si pressé, après tout.
2
— Si j’étais vous, je le reboucherais un peu, la nuit. Comme ça, le jour, vous auriez toujours à le refaire sans qu’il ne soit jamais terminé.
1 (triste)
— Faudra quand même que j’en vois le bout. Le bout de mon trou.
2
— Ne vous inquiétez pas. Ce jour-là finira bien par tomber.
Désastre
1 et 2 sont assis l’un à côté de l’autre
1
— Tu vois cette étoile ?
2
— Non. Où ça ?
1
— Regarde mon doigt, et suis sa direction. Au bout, il y a une étoile toute seule qui n’est pas entourée par d’autres.
2
— Ah oui ! A présent, ça y est, je la vois !
1
— C’est mon étoile.
2
...

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