La Politique comparee
254 pages
Français

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Description

De plus en plus, nos sociétés sont marquées par des bouleversements qui remettent en cause nos repères. Les phénomènes liés à la mondialisation, la multiplication des tentatives de démocratisation, les changements des formes de protection sociale ou la diversification des formes de participation politique nous obligent à nous interroger sur la pertinence des catégories d’analyse traditionnelles que sont l’État, le développement ou encore la démocratie.
Comprendre, dans l’espace et dans le temps, les dynamiques des forces politiques, l’ampleur de leurs conséquences sur nos vies et les voies nouvelles dans lesquelles elles nous engagent, tels sont les enjeux de la politique comparée. Le livre fournit un panorama de ce champ transversal de la science politique, en montrant ses objets et ses approches théoriques. Dans cette optique, les auteurs se concentrent sur trois thématiques incontournables :
- l’émergence de l’État moderne, ses institutions et les processus qui s’y sont élaborés ;
- la problématique du développement et le changement politique ;
- le débat sur la démocratie, la démocratisation et le rapport entre la démocratie et le développement.
Mamoudou Gazibo est professeur titulaire au Département de science politique de l’Université de Montréal.
Jane Jenson est professeure titulaire au Département de science politique de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche en citoyenneté et en gouvernance. Elle est également boursière principale de l’Institut canadien de recherche avancée / Programme Bien-être collectif.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 septembre 2015
Nombre de lectures 25
EAN13 9782760635883
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mamoudou Gazibo Jane Jenson
La politique comparée
Fondements, enjeux et approches théoriques
Deuxième édition revue et mise à jour
Les Presses de l’Université de Montréal
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Gazibo, Mamoudou La politique comparée. Fondements, enjeux et approches théoriques 2 e édition revue et mise à jour. (Paramètres) Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-7606-3586-9 1 Institutions politiques comparées. 2. Science politique. 3. Idées politiques. 4. Relations internationales. I. Jenson, Jane, 1946-. II. Titre. III. Collection: Paramètres. JF52.G39 2015 320.3 C2015-941590-X Dépôt légal: 3 e trimestre 2015 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2015 www.pum.umontreal.ca ISBN (papier) 978-2-7606-3586-9 ISBN (PDF) 978-2-7606-3587-6 ISBN (ePub) 978-2-7606-3588-3 Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Introduction
La science politique est une discipline des sciences sociales qui applique des méthodes scientifiques pour analyser et comprendre les phénomènes politiques. Comme on le sait, il n’y a pas de phénomènes politiques par nature et d’autres qui ne le sont pas. Au contraire, tout phénomène peut devenir politique s’il subit un processus de politisation qui le sort de la sphère purement sociale ou privée pour en faire un objet au carrefour de la sphère sociale et d’autorités et d’institutions politiques. Ainsi, longtemps confinée à la sphère privée, la condition féminine est devenue politique quand les mouvements de femmes s’en sont emparés et l’ont portée sur la place publique. Les féministes ont insisté avec beaucoup de succès sur la dimension politique de la condition des femmes de sorte qu’il est impossible aujourd’hui de traiter les rapports sociaux de sexe comme une problématique «non» politique.
Pour analyser ces objets, les politologues se regroupent en plusieurs champs: la politique comparée, les relations internationales, les politiques publiques, les comportements électoraux ou encore les idées politiques. Parmi tous ces champs, la politique comparée est le plus transversal de la science politique car elle fournit des outils méthodologiques essentiels à la discipline, notamment en faisant de la comparaison de façon systématique. Elle se présente donc comme un dénominateur commun des politologues dans la mesure où quel que soit leur champ d’appartenance, ceux-ci peuvent en utiliser les outils. Cependant, elle est aussi un champ à part entière en science politique, qui dispose de ses objets d’étude privilégiés. Bertrand Badie et Guy Hermet parlent d’une polyvalence qui «explique la place assez particulière de la politique comparée dans la discipline, tout comme d’ailleurs l’incompréhension qu’elle suscite chez beaucoup de politologues qui se demandent toujours ce qu’elle recouvre 1 ». Dans ces conditions, il n’est pas surprenant qu’il n’existe pas de consensus sur la définition de ce qu’est la politique comparée.
Dans ce chapitre d’introduction ainsi que tout au long de cet ouvrage, nous allons présenter un certain nombre de ses objets et en démontrer la finalité, qui est la recherche d’une grande rigueur méthodologique, l’approfondissement des connaissances empiriques et la formulation de théories.
La politique comparée est issue d’une longue tradition remontant à Aristote. La comparaison a toujours été incontournable car avant de s’imposer comme méthode scientifique récurrente, elle est une habitude naturelle chez les gens ordinaires. Elle n’a commencé à s’affirmer dans la littérature en science politique qu’au XIX e siècle et pourtant, elle occupe aujourd’hui une place charnière. Si B. Guy Peters considère ce champ comme la composante cruciale de la science politique 2 , Bertrand Badie et Guy Hermet montrent bien ce statut particulier, en remarquant que:
La politique comparée n’est pas qu’un secteur de la science politique avec ses méthodes propres, ses objets d’analyse et ses auteurs de référence. C’est également et peut-être surtout un mode de questionnement de l’ensemble des phénomènes politiques […] et paradoxalement le seul capable de mettre en relief la spécificité de chacun d’eux pris en particulier. Constituant d’un côté le domaine répertorié du «comparatiste», de la même façon que les spécialistes des élections, des politiques publiques, de la pensée politique ou des relations internationales ont les leurs, elle revêt par conséquent de l’autre côté le visage moins clairement classable d’une sorte d’état d’esprit hors spécialités, caractéristique de tout chercheur préoccupé de confronter les observations qu’il rassemble sur son propre terrain à celles se rapportant à des terrains différents afin d’approfondir sa compréhension du phénomène qu’il considère 3 .
Un outil pour comprendre le monde actuel
La politique comparée procure aux chercheurs en science politique les outils nécessaires pour comprendre aussi bien les grandes questions socio-politiques que les évènements contemporains 4 . Cela est particulièrement important aujourd’hui, la fin du dernier siècle et le début du nouveau ayant été marqués par des bouleversements qui remettent en cause les repères auxquels nous nous sommes habitués. Ainsi, l’éclatement du système soviétique a eu pour corollaire la fin de la guerre froide et des grandes classifications sur des bases idéologiques qui semblaient pourtant appelées à s’éterniser. La mondialisation et ses conséquences ainsi que la montée en importance de l’entité supranationale qu’est l’Union européenne nous obligent à nous interroger sur la pertinence ou la pérennité de catégories d’analyse traditionnelles telles que l’État, le libéralisme et la démocratie et ce, même dans la vieille Europe. Les formes de protection sociale élaborées dans les années 1950 pour rendre les situations des classes et couches sociales plus égalitaires en Amérique du Nord tout comme en Europe sont remises en question. La montée de l’extrême droite dans des pays comme le Danemark, l’Autriche et la France ne finit pas d’inquiéter. Le terrorisme, avec les attentats du 11 septembre 2001 perpétrés à New York et à Washington, D.C., ainsi que l’émergence de mouvements armés transnationaux dans le monde musulman tels que «l’État islamique en Syrie et en Irak» soulèvent la question de la sécurité personnelle et internationale, mais aussi de l’État et de la souveraineté. Si la fin de la guerre froide en 1989 a été célébrée par certains observateurs comme le signe de la «fin de l’Histoire» et donc du triomphe de la démocratie, les années 1990 et 2000 ont vu l’irruption de l’armée sur la scène politique dans de nombreux pays, sans compter les guerres en Iraq et en Afghanistan, le génocide au Rwanda, ou l’éclatement de la Somalie et du Soudan.
Nous avons plus que jamais besoin de comprendre les dynamiques de ces forces politiques, l’ampleur de leur impact sur nos vies, sur la façon dont nous réfléchissons à ces phénomènes et dont nous y réagissons ainsi que les voies nouvelles dans lesquelles elles nous engagent. Les questions à traiter sont nombreuses. Par exemple, pourquoi les terroristes proviennent-ils de certains pays, et pourquoi s’en prennent-ils à certaines cibles plutôt qu’à d’autres? Voilà des questions que nous nous posons tous, parce qu’elles nous affectent. Comprendre pourquoi de nombreux décideurs européens ou d’Amérique latine cherchent à «moderniser la protection sociale», alors qu’ailleurs en Afrique comme en Amérique du Nord les leaders font plutôt la promotion du retrait de l’État du domaine social, est également une question clé qui demande une analyse comparative. Comprendre le rôle de l’État chez les «tigres de l’Asie» qui ont entrepris un développement économique impressionnant, alors que plusieurs pays du Sud traînent toujours en bas de l’échelle des indices du développement économique et social, est un casse-tête non seulement pour les organismes internationaux comme la Banque mondiale ou l’Organisation des Nations Unies, mais également pour les comparatistes. Comprendre pourquoi un grand nombre de Québécois est prêt à voter pour la souveraineté pour se séparer du Canada, tandis que la France, le premier État-nation moderne, décide progressivement de limiter sa propre souveraineté en s’engageant au sein de l’Union européenne, est une question cruciale et passionnante pour les comparatistes. Les sorties de l’autoritarisme et les transitions vers la démocratie qui affectent la vie des citoyens des pays de l’Europe de l’Est, de l’Afrique et de l’Asie sont également des enjeux primordiaux auquels la politique comparée peut apporter quelques réponses.
Une pratique naturelle et récurrente
Si la politique comparée est un sous-champ relativement récent de la science politique, l’usage de la comparaison est aussi naturel que récurrent. Elle est d’abord une pratique naturelle fondamentale dans l’histoire des sociétés humaines.
La comparaison structure les raisonnements de la vie quotidienne comme les catégories de pensée les plus ordinaires. Qui n’a jamais constaté que «ceci ne se fait pas chez nous»? Qui n’a jamais exprimé, soit avec fierté, soit avec regret, que «nous ne sommes pas comme eux»? Nous avons tous tendance à distinguer nos famille, communauté, nation, région, classe, ethnie ou sexe par rapport aux autres.
Nous nous comparons sans cesse aux autres et nous comparons sans cesse les autres entre eux. Nous construisons des catégories («les» femmes, «les» Italiens, «les» immigrants, «les» travailleurs) et nous classons les personnes que nous rencontrons, que nous observons ou que nous imaginons par rapport à ces catégories: ceci nous permet de simplifier une réalité complexe. Dans la vie quotidienne, nous nous comportons et nous adaptons nos comportements par rapport à l’environnement d

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