La bataille des mots
99 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
99 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

La réélection d’E. Macron a montré une France fracturée et où domine le vote protestataire. Pro et antisystème, mondialistes et souverainistes, populistes et élites, identitaires et progressistes... les lignes de front sont multiples. Sociologiquement il est admis de distinguer au moins un bloc populaire de droite (moins riche, moins diplômé, périphérique), un autre de gauche (plus urbain, plus diplômé, jeune) et un bloc élitaire (CSP, macroniens, libéraux, plus âgés). Mais culturellement, idéologiquement, nous ne sommes pas moins divisés : du destin de la planète à la consommation de viande, ou du risque de guerre à l’écriture inclusive, il n’est guère de sujets sur lequel nous ne nous déchirions. Or ces tensions idéologiques passent par les mots et par leur maîtrise. Donc par des vocabulaires disputés et des sémantiques en lutte.


Chacun tente d’imposer sa phraséologie, « woke » ou des luttes, jargon technocratique, terminologie droitière. Il est urgent d’analyser cette bataille des mots : comment ils s’imposent, se contestent mutuellement, se renforcent, deviennent des évidences pour les uns, des crimes par la pensée pour les autres. D’algorithme à wokisme ou d’autorité à zemmourisation, ce que l’on pense dépend de mots tabous et de mots totems.


Sur les plateaux de télévision, on dispute désormais du bon ou du mauvais usage d’amalgame, d’islamophobie ou de populisme. Sur les réseaux sociaux, toute allusion au racisme systémique ou grand remplacement vous classe dans un camp et vous désigne des adversaires. Analyser, comme dans ce livre, les mots qui servent d’armes ou de barrières, ceux qui contrôlent et ceux qui déstabilisent, c’est démonter l’arsenal des stratégies politiques et idéologiques.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 mai 2022
Nombre de lectures 21
EAN13 9782360932412
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© V.A. Éditions, 2022 98, boulevard de la Reine, 78000 Versailles
http://www.vapress.fr/ https://www.va-editions.fr/
ISBN Numérique 978-2-36093-241-2 ISBN 978-2-36093-228-3 Réalisation des versions numériques : IS Edition, via son label Libres d’écrire Dépôt légal : Juin 2022
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayant cause est illicite » (art L 122-4).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
SOMMAIRE DE LA VERSION COMPLÈTE
Page titre
Copyrights
Préface
Introduction
Algorithmes
Amalgame
Autorité
Cancel culture
Censure
Clivage
Complotisme
Cordon sanitaire
Crise
Déclinisme
Démocratie
Désinformation
Droitisation
Gauche fracturée
Guerre
Guerre civile
Guerre culturelle
Guerre de l’information
Guerre d’influence
Haine
Hégémonie
Identitaire
Idéologues
Infodémie
Ingérences
Intellectuels
Islamisme
Islamogauchisme
Macronisme
Nationalisme
Néoréactionnaires
Novlangue
Peurs
Populisme
Progressisme
Radicalisation
Réinitialisation (Reset)
Réseaux
Rhétorique
Surveillance
Universalisme
Verité
Victime
Wokisme
Zemmourisation
PRÉFACE
La victoire d’Emmanuel Macron le 24 avril 2022 fut pour une large part celle d’une peur (de tous les dangers qui menaceraient le climat, l’État de droit, l’Autre, etc., si jamais…) sur une colère antiélites, antisystème, antilibérale, antiriches, celle de près d’un Français sur deux. Et, dans tous les cas, l’affrontement d’au moins deux discours opposés sur tout.
 
Ainsi, lors du débat télévisé. C’est théoriquement une épreuve rituelle destinée à départager deux programmes. Mais bien entendu, nous savons qu’il s’agit de montrer sa posture, son statut, sa relation avec les citoyens (chef raisonnable contre mère protectrice par exemple), de créer des liens, des émotions… Et de finir par s’identifier à des traits supposés (arrogant qui assume, passive qui aurait pu dénoncer le bilan, convaincant, humaine…) et de créer des liens (proche des gens…).
Mais même dans un exercice aussi convenu et en l’occurrence ennuyeux que celui-là, on ne manquera pas non plus de se lancer des universalismes et des islamisme radical, des négations de nos valeurs et des souveraineté économique qui agissent comme autant de marqueurs de logiques, pour ne pas dire de visions du monde.
 
Revenons plus en arrière. L’affaire était entendue depuis cinq ans : elle reproduirait un duel dont une majorité ne voulait pas.
 
Puis monta la crainte de l’abstention massive et du désintérêt individualiste pour la politique dans une France archipélisée. Puis la surprise Zemmour avec son projet de faire l’alliance entre la bourgeoisie patriote et l’électorat populaire frontiste, prenant à contre-pied tous les tabous verbaux. Puis un LR qui se croyait capable d’amener au deuxième tour une droite de gouvernement libérale, mais droitisée sur le sociétal et ferme sur le régalien. Puis divers épisodes au sein d’une gauche dont le total des voix ne bougeait guère, mais où Mélenchon siphonnait ses rivaux. Puis la guerre d’Ukraine avec le fameux « effet drapeau » favorables et à Macron – difficile de critiquer le chef de la Nation au bord de la troisième guerre mondiale –. Puis l’affolement face à une remontée des candidats protestataires dans la dernière ligne…
 
Pourtant, au-delà de toutes ces confusions, l’élection a confirmé l’existence de trois blocs politiques avec chacun leur base sociale. Des classes populaires, périphériques, souvent peu diplômées en ont formé un, plus ou moins rejoint par une droite identitaire « hors les murs » ou zemmourienne bourgeoise, mais obnubilée par la question « sociétale ». Elles se sont opposées au bloc formé par des couches aisées urbaines et des retraités, à l’abri, plutôt contentes du monde tel qu’il est ; macroniennes. Un autre populisme présumé, mélenchonien a attiré des classes moyennes des métropoles, mais aussi des professions intellectuelles et des électorats issus de l’immigration. Du point de vue strictement politique, le constat est encore plus simple : droite dite républicaine et gauche de gouvernement sont fracassées et une majorité de Français, insoumis ou souverainistes confondus, sont antisystème.
 
De tels rapports reflètent forcément des ruptures idéologiques. Comment les nommer ?
Droitisation, extrême-droitisation des esprits, invasion du wokisme, macronisme libéral-libertaire dit d’ouverture, archipellisation, polarisation… Les uns parlent néoféminisme, postcolonial, racisme systémique, indigénisme, intersectionnalité et luttes sociales, Autre, tolérance, universalisme, État de droit, intégration, séparatisme, d’autres encore islamogauchisme et grand remplacement… On a entendu toutes les formules dans des langues tribales qui ne se communiquent plus entre elles. Or justement, les mots font partie du problème autant que de sa solution.
 
Tous ces mots qui s’affrontent dans l’espace public, certains récents, d’autres réinterprétés. En quels termes pensons-nous les croyances qui nous opposent ? Comment qualifier la pensée de l’autre, et quel vocabulaire pour exprimer les nouvelles passions politiques ? Dans ce livre, nous allons tenter de comprendre les mots qui deviennent des forces politiques. Si la France est clivée comme elle l’a rarement été – la sociologie de l’opinion, les visions du monde, les intérêts, les comportements des citoyens, – cela se traduit aussi dans les discours. Ils s’opposent valeur pour valeur, vocable pour vocable. Allons les déchiffrer.
INTRODUCTION

La perversion de la Cité commence avec la fraude des mots
Platon
Toute politique mobilise des techniques destinées à démontrer, émouvoir, justifier ou stigmatiser… Donc une rhétorique, une propagande, de la « com » (des messages calibrés pour convaincre, émouvoir, imposer…). Et une balistique, des organisations et des moyens pour faire parvenir ces messages aux cerveaux (dont la très moderne guerre de l’attention en ligne pour en capter des bribes).
Mais pas seulement. On peut agir plus en amont : sur le stock des idées admissibles, sur le lexique de l’acceptable. Le choix des termes prestigieux, scandaleux, révélateurs, populaires, rassurants, polémiques où puiser des arguments. Mais il y a aussi des mots compromettants ou stigmatisants. Séducteurs et réducteurs. Tout cela nourrit des stratégies de la parole, basées sur le principe que qui contrôle ce qui est énoncé, décide ce qui est pensé. Imposer un vocabulaire, c’est imposer des catégories qui font penser et juger, c’est interdire certaines formulations donc certaines conceptions, c’est rassembler autour de croyances implicites.
Il y a toujours eu des mots interdits et des discours censurés. Qu’elles offensent Dieu ou les bonnes mœurs, qu’elles portent préjudice à des individus (injure, diffamation) ou violent de grands principes, certaines paroles furent longtemps considérées comme dangereuses. Telles celles qui divisent la Nation. Sous les jacobins, on pouvait tomber sous le coup de la loi des suspects (et sous le couperet) pour avoir dit Monsieur ou le roi au lieu de ci-devant et le Tyran . Suivant les époques, on proscrira l’apologie de crimes privés ou publics qui troublerait l’ordre public (loi de 1881), la propagande anarchiste (lois dites « scélérates » de 1893-1894), la provocation à la haine raciale (loi de 1972), ou le révisionnisme (loi Gayssot de 1990) ou encore les contenus haineux sur Internet (loi Avia de 2020). L’idée est que les mots servent des causes suspectes (anarchisme, fascisme, xénophobies…), qu’ils provoquent des sentiments négatifs (haine dégradante des uns, souffrance humiliante des autres), qu’ils possèdent un pouvoir d’excitation ou de perturbation. Des mots – ou plutôt les idées qu’ils véhiculent – peuvent être proscrits pour les effets qu’ils provoquent ou pour les affects qu’ils réveillent. Sans compter les règles et institutions destinées à combattre les fakes ou infox , la désinformation, les ingérences, le complotisme, bref toutes les manipulations qui pourraient troubler l’esprit public.
La langue sert aussi à contrôler. La sovietlangue , langue de bois ou de plomb de l’URSS imposait un mode d’expression hyper standardisé. Les phrases s’enchaînaient comme mécaniquement et combinant les mêmes éléments à l’infini ; un discours ne se distinguait d’un autre que par son degré d’orthodoxie et de lourdeur. Marteler toujours les mêmes contenus imposait les standards mentaux. La langue disciplinaire servait ainsi à occulter la réalité, à formater les esprits et à empêcher l’ébauche d’une critique. Impensable puisque non formulable.
Si l’on pousse cette logique à bout, elle mène à la novlangue imaginée par Orwell dans « 1984 ». Dans cette géniale dystopie, le parti non seulement retire des dictionnaires les mots, mais il modifie jusqu’à la grammaire et impose un vocabulaire instrumentalisé. D’une part, il devient impossible d’énoncer certaines idées («  crimepensée  ») faute de termes pour : des notions comme droit ou liberté n’ont, tout simplement, plus d’existence dans le dictionnaire. D’autre part, la pensée est limitée à des néologismes politiquement déterminés et à de formules qui s’enchaînent mécaniquement pour produire une pensée robotisée. Mais même le vocabulaire de la vie quotidienne le plus neutre est délibérément appauvri, les formes grammaticales sont simplifiées au maximum, etc., ce qui restreint les échanges au minimum indispensable. Le tout dans un but assumé d’ahurissement général et d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents