L Esprit des nations
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L'Esprit des nations , livre ebook

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Description

" Les nations ? Qu'elles aient un esprit, qu'il importe et qu'elles-mêmes continuent de compter, voilà autant de postulats sans lesquels l'enquête présentée ici ne serait pas possible. Les sources de la puissance ne sont pas tout. De même que l'esprit guide la volonté des individus dans leurs rapports aux autres, de même les nations ont besoin d'un esprit pour mouvoir ces facteurs de puissance. Afin d'éclairer le cours des événements à venir, on s'est limité, par dessein et par force, à quelques pays dont l'impact sur les affaires mondiales va croître. Les grands quadrilles géopolitiques du xxie siècle les verront danser, avec leurs grands voisins. Cet ouvrage commence donc par la Russie, géant qui chevauche l'Eurasie et dont la déliquescence creuse un vide immense au cœur de l'île du monde. Puis vient le géant chinois. Le Japon, aujourd'hui frappé de langueur, apparaît ensuite ; enfin l'autre géant asiatique, l'Inde, longtemps sous-estimée. " Laurent MurawiecLaurent Murawiec est analyste principal à la Rand Corporation, à Washington, l'un des grands instituts mondiaux d'études géopolitiques et stratégiques. Il est l'auteur de La Guerre au XXIe siècle et a également publié une nouvelle traduction du De la Guerre de Carl von Clausewitz.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2002
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738162328
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur aux Éditions Odile Jacob
La Guerre au XXI e  siècle , 2000.
© O DILE J ACOB, F ÉVRIER 2002 15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6232-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À mes parents, Lou et Betty Murawiec, parce qu’à la table de famille ça ne sentait pas le renfermé, mais l’air du large.
Préface

Tout voyageur s’est un jour trouvé au milieu d’une foule dans une ville totalement impénétrable, où aucun mot, aucune enseigne, ne lui rappelait rien de connu : passé la ligne en pointillés qui nous est familière, l’incompréhensible nous guette à chaque instant, dès que nous sommes aux frontières de l’inconnu.
Qu’on se souvienne d’un texte souvent cité de Jorge Luis Borges, où il évoque « une certaine encyclopédie chinoise » ; on y lit que « les animaux se divisent en : a) appartenant à l’empereur, b) embaumés, c) apprivoisés, d) cochons de lait, e) sirènes, f) fabuleux, g) chiens en liberté, h) inclus dans la présente classification, i) qui s’agitent comme des fous, j) innombrables, k) dessinés avec des pinceaux très fins en poil de chameau, l) et cætera, m) qui viennent de casser la cruche, n) qui de loin semblent des mouches ». Après l’éclat de rire et l’inquiétude provoquée par l’abîme d’étrangeté vient la question : quel fil relie ces éléments si disparates ? Quelle logique interne ? Quel est le point de fuite d’où s’unifient toutes les perspectives ouvertes par cette liste ? Qui donc peut à la fois penser ainsi, et penser de façon cohérente, ne serait-ce qu’à ses propres yeux ?
La politique internationale n’échappe pas à la règle : on assiste en spectateur aux entreprises de ses acteurs, dans leur politique tant intérieure qu’extérieure. Les motifs nous demeurent cachés, les ressorts intimes qui expliqueraient les gestes des uns et les paroles des autres.
Massacrer par centaines de milliers des voisins tutsis en n’épargnant ni femmes ni enfants ; fondre sans crier gare sur le Bosniaque musulman de l’autre côté de la rue et exterminer sa famille ; fracasser un gratte-ciel avec un avion de ligne bourré de kérosène sans se soucier de qui on va tuer — voilà autant d’exemples récents d’actions dont la genèse psychologique, sociale et culturelle n’est pas donnée d’avance. Ni ces paroxysmes de terreur ni les actes plus routiniers qui trament le cours des choses — « Je ne vois que les hommes qui s’éreintent. Le petit Dieu du monde va son bonhomme de chemin », dit Goethe — ne sont transparents quant aux causes et aux motifs.
Des centaines de milliers d’adolescents en transe qui agitent rythmiquement un petit livre en scandant le nom de Mao, avant d’aller martyriser leurs aînés, les vieux, les professeurs, leurs parents ; des dirigeants politiques japonais qui répètent le passé en allant visiter un mausolée où ils célèbrent les criminels de guerre, tout en sachant que leur visite provoquera en Asie une vague de révulsion antijaponaise ; des fanatiques hindous qui vont détruire la mosquée pour reconstruire le temple de Rama, jadis détruit par les musulmans, suite à quoi de prévisibles pogromes ensanglantent l’Inde entière ; une bureaucratie d’État russe dont le premier mouvement, quand le naufrage d’un sous-marin est annoncé, est de blâmer d’inexistants sous-marins occidentaux pour un accident dont nul ne peut croire un instant la version officielle : autres exemples présents aux mémoires, dont chacun pose une énigme : comment cela peut-il se faire ? Quelle est donc la logique qui sous-tend ces décisions étranges, la raison qui anime ces comportements absurdes ?
Les nations agissent. S’il est possible de prévoir, il faut comprendre. L’enquête menée ici part de deux idées : que les actions entreprises par les nations sont explicables, et qu’elles trouvent leur fondement dans l’esprit de ces nations, et que celui-ci est également sujet à explication. C’est là l’objet de ce livre.
Traditionnellement, l’histoire du monde fut celle de l’Eurasie. L’océan Indien et l’océan Pacifique, et même l’Atlantique, étaient largement vides. Quatre-vingt-dix pour cent de la population mondiale vivait sur « l’île mondiale » du géopoliticien Halford Mackinder, le supercontinent eurasien. Jusqu’aux temps modernes, le peuplement des espaces nord-américains était clairsemé ; le Mexique aztèque et les Andes incas pesaient, certes, à l’échelle de leurs régions d’Amérique, mais sans interaction avec le reste du monde. L’Afrique, source marginale d’or et d’esclaves pour les uns et les autres, était objet passif, lointain et secondaire, de convoitises limitées. Ni l’Australie ni l’Océanie n’avaient de rapports soutenus avec le reste du monde. C’étaient les grands foyers civilisationnels qui comptaient — le monde chinois et son pourtour, le sous-continent indien et ses abords, la sphère de rayonnement persane, et le monde européen. C’est en leur sein, et dans leurs rapports, que se jouait le sort des nations, avec, en plus, les pulsations souvent dévastatrices des nomades des plaines, bâtisseurs d’empires, Scythes, Huns, Mongols et Mandchous pour les nomades du Nord, Arabes pour les nomades du Sud 1 .
Ce qu’on appelait naguère « les grandes découvertes », la globalisation du monde ouverte par Magellan et Vasco de Gama, ont graduellement, mais de plus en plus vite, changé l’assise du système mondial, d’abord en constituant celui-ci comme système véritablement mondial, puis en rapprochant sans cesse son centre de gravité des côtes et des ports, de l’Atlantique et du Pacifique. À tel point que, depuis plus d’un demi-siècle, pour la première fois de l’histoire humaine, son centre de gravité a quitté l’île du monde, l’Eurasie, pour passer dans ce que les Américains appellent « l’hémisphère occidental », les Amériques. Le pivot du monde ne se situe plus quelque part entre les points de départ et d’arrivée de la route de la soie et de la route des épices, il se situe entre New York et San Francisco.
Le monde n’est plus équilibré, comme le voulait l’analyse classique de Mackinder, par deux fléaux, l’un situé sur l’Ienisseï, l’autre sur le Missouri. Les enjeux des grands conflits mondiaux du XX e  siècle, Première et Seconde Guerre mondiale, et de la guerre froide, portaient certes sur l’Eurasie ; ne confondons pas les enjeux et le centre de gravité. Les États-Unis sont aujourd’hui l’axe du monde. Mais l’île du monde va continuer d’être le théâtre des déséquilibres, des asymétries, des mouvements tectoniques qui créent des versements et des déversements, qui sont les grands démiurges de l’histoire. Telles sont les considérations qui ont guidé le choix des objets étudiés.
L’impact du Japon, de la Chine, de l’Inde, sur les affaires mondiales, va croître. Les grands quadrilles géopolitiques du XXI e  siècle les verront danser avec leurs grands voisins. Cet ouvrage commence donc avec la Chine dont le regain engendre l’expansion, comme un gaz qui se détend occupe un volume qui va s’agrandissant. Le Japon, deuxième puissance économique à laquelle d’aucuns prédisaient une hégémonie, aujourd’hui frappé de langueur, apparaît ensuite dans cette procession des nations, puis l’autre géant asiatique, l’Inde, longtemps sous-estimée, demain projetant une puissance nouvelle. La Russie, géant frappé à mort qui chevauche l’Eurasie, et dont la déliquescence creuse un vide immense au cœur de l’île du monde, conclura cette enquête.
Remerciements

On trouve dans les Analectes de Confucius cette merveilleuse parole du maître Zeng : «  Un gentilhomme rassemble des amis par sa culture et, avec ces amis, il développe son humanité.  »
L’auteur veut ici rendre hommage aux amis qui ont développé les siennes. À tout seigneur, tout honneur : Juliette Minces, Gérard Chaliand, Ilios Yannakakis, Michel Gurfinkiel sont des amis et des interlocuteurs persistants, profonds et chaleureux. Des années de débats, de civile conversation, ont transformé bien des conceptions qui étaient alors ou sont devenues les miennes. Seth Cropsey a été depuis une décennie un partenaire permanent et amical, et Andrew W. Marshall depuis quelques années.
Depuis vingt-cinq ans, un dialogue continu sur la Russie me lie à Clifford Gaddy et, depuis vingt ans, avec Kirill Chenkine. L’un et l’autre sont mes amis, et j’ai envers eux une dette immense, à la fois en tant qu’amis et partenaires de ce dialogue : bien souvent, je ne sais plus si ce sont leurs idées ou les miennes que j’expose.
Jacques Broyelle, Abram Shulsky et Anny Wong ont, à des titres divers, enrichi et développé ma compréhension du monde chinois. Le stylo à la main, Jean-Vincent Brisset a pris la peine de lire et de critiquer le chapitre sur la Chine : qu’il en soit remercié. Dimon Liu a semé plusieurs dents de dragon. Au cours d’innombrables discussions, Anny Wong a récidivé à propos du Japon, son apport a été précieux et indispensable ; Paul Giarra n’a pas été en reste. Ashley Tellis et Irene Brahmakulam ont ouvert mes yeux sur bien des réalités indiennes.
Grâce à mon vieux mentor Léon Poliakov, que j’ai bonheur à saluer ici, j’ai pu commencer à saisir les entrecroisements complexes et les nuances infinitésimales par l’intermédiaire desquels on peut espérer comprendre comment muent cultures et civilisations. En matière d’histoire des cultures et de comparatisme, il aura été mon maître. Paul Zawadzki a contribué à me faire p

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