Démocratie des urnes et démocratie de la rue : Regard sur la société et la politique , livre ebook

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Au cœur de la vie intellectuelle du Québec depuis cinquante ans, Jean-Marc Piotte remonte ici aux origines du regard qu’il porte sur la société et la politique. Celui qui se définit aujourd’hui comme un «marxiste révisionniste» dresse en quelque sorte son testament intellectuel. Il réaffirme haut et fort les valeurs qui guident sa pensée et ses actions : liberté, égalité, solidarité.

Ces trois valeurs, rappelle cet infatigable militant de gauche, ont animé les mouvements sociaux qui ont fait l’histoire depuis la modernité. «Elles n’étaient pas présentes dans les siècles passés, n’ont pas pénétré toutes les sociétés contemporaines et peuvent disparaître dans les siècles à venir. Elles ne sont donc pas universelles. Mais elles sont miennes. Je les défends avec conviction et entretiens le rêve fou de leur réalisation, tout en sachant qu’elles ne peuvent être imposées de l’extérieur à des sociétés qui ne les partagent pas», écrit-il.

Jean-Marc Piotte revient sur ses lectures des grands philosophes qui ont forgé sa pensée, réfléchit sur le sens de l’acte d’enseigner, dénonce avec vigueur le conservatisme et un certain nationalisme. À la fois homme de tête et homme de cœur, il plaide pour une gauche politique conséquente qui mettrait l’accent sur la justice sociale, la protection de l’environnement, l’égalité entre hommes et femmes et l’intégration des immigrants.

S’il croit à la démocratie des urnes, Jean-Marc Piotte réaffirme parallèlement l’importance de la démocratie de la rue, telle qu’elle s’est récemment exprimée, se réjouit-il, dans le conflit qui opposait les étudiants à l’État québécois. La démocratie directe demeure le meilleur instrument de lutte, mais elle doit servir à renforcer la démocratie représentative, prévient-il, et non à se perdre dans l’illusion de son institutionnalisation.
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Publié par

Date de parution

03 septembre 2013

Nombre de lectures

20

EAN13

9782764426463

Langue

Français

Du même auteur

Les Nouveaux Visages du nationalisme conservateur au Québec , avec Jean-Pierre Couture, Québec Amérique, 2012.
Une amitié improbable . Correspondance 1963-1972 avec Pierre Vadeboncoeur, LUX, 2012.
Le Québec en quête de laïcité , sous la direction de Normand Baillargeon et de Jean-Marc Piotte, Écosociété, 2011.
Un certain espoir , Les Éditions Logiques, 2008.
Au bout de l’impasse, à gauche . Récits de vie militante et perspectives d’avenir , sous la direction de Normand Baillargeon et de Jean-Marc Piotte, LUX, 2007.
ADQ : à droite toute ! Le programme de l’ADQ expliqué , sous la direction de Jean-Marc Piotte, HMH, 2003.
Les Neuf Clés de la modernité , Québec Amérique, 2001 et 2007.
Les Grands Penseurs du monde occidental , Fides, 1997, 1999 et 2005.
Du combat au partenariat . Interventions critiques sur le syndicalisme québécois , Nota bene, 1998.
Sens et politique , VLB, 1990.
La Communauté perdue , VLB, 1987.
Un parti pris politique , VLB, 1979.
Marxisme et pays socialistes , VLB, 1979.
Sur Lénine , Parti pris, 1972.
Québec occupé , sous la direction de Jean-Marc Piotte, Parti pris, 1971.
La Pensée politique de Gramsci , Anthropos, 1970, Parti pris, 1970, VLB, 1987 et LUX, 2010.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Ar chives Canada

Piotte, Jean-Marc
Démocratie des urnes et démocratie de la rue : regard sur la société et la politique
(Dossiers et documents)
ISBN 978-2-7644-2509-1 (version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2645-6 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2646-3 (ePub)
1. Québec (Province) - Conditions sociales - 21 e siècle. 2. Québec (Province) - Politique et gouvernement - 21 e siècle. I. Titre. II. Collection : Dossiers et documents (Éditions Québec Amérique).
HN110.Q8P565 2013 306.09714'0905 C2013-941360-X



Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
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Dépôt légal : 3 e trimestre 2013
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Projet dirigé par Pierre Cayouette, éditeur
Révision linguistique : Diane-Monique Daviau et Chantale Landry Conception graphique : Julie Villemaire et Nathalie Caron Mise en pages : André Vallée — Atelier typo Jane
En couverture : Montage réalisé à partir d'une illustration de © 123rf.com/photo_10429787_happy-hands-design-with-copy-space-vector.html/aquaswim
Conversion au format ePub : Studio C1C4

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

2013 © Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
JEAN-MARC PIOTTE
INTRODUCTION
Il me semble important de préciser d’où me vient le regard que je porte sur la société et la politique.
Les textes qui suivent ne relèvent pas de la science comme la physique, par exemple. Les scientifiques s’entendent sur l’état de leurs recherches et la valeur de nouvelles découvertes. Leurs connaissances sont cumulatives. Ainsi, la théorie de la relativité d’Albert Einstein (1879-1955) ne nie pas celle de la gravitation universelle d’Isaac Newton (1642-1727). Elle en limite seulement la portée.
Emmanuel Kant (1724-1804) montre qu’on ne peut plus réfléchir sur le cosmos comme les Anciens : il faut tenir compte de l’apport des sciences. Il va encore plus loin en affirmant qu’on doit renoncer à l’ambition de la philosophie classique qui voulait, grâce à l’usage de la raison, remplacer la religion dans la quête de la Vérité. Ni la religion, ni la philosophie, ni la science ne peuvent atteindre l’être des choses. Dans les termes de Kant, l’univers nouménal, les choses en soi demeurent inconnaissables : nous ne pouvons connaître les choses que telles qu’elles nous apparaissent, l’univers des phénomènes. Ce philosophe moderne annonce la mort de la connaissance de l’être en tant qu’être, de l’ontologie. Hegel (1770-1831) cherchera bien à réanimer ce cadavre par un récit historique grandiose, mais cette vision téléologique constitue une régression philosophique comme l’ont reconnu dans des termes différents la plupart des philosophes qui lui ont succédé, dont Kierkegaard, Nietzsche et Heidegger.
Max Weber (1864-1920), un des grands fondateurs de la sociologie, a bien lu Kant : l’idéaltype qu’il préconise est une construction théorique, un modèle sociologique qui permet de comparer des réalités qui débordent nécessairement toute appréhension. Pour lui, la sociologie est une science interprétative qui apporte des connaissances essentiellement hypothétiques et fragmentaires.
Les historiens, les sociologues et les pratiquants des sciences humaines ne s’entendent pas, contrairement aux physiciens, sur l’état de leurs connaissances. Malgré cette lacune, ces « sciences » nous ont permis, depuis leur émergence au XIX e siècle, de mieux connaître l’humanité, les sociétés et leur histoire. On ne peut aujourd’hui philosopher intelligemment sur l’être humain, la politique et la morale sans prendre en compte les études empiriques et les enquêtes des sciences sociales.
Toutes les connaissances des sciences humaines ne sont pas relatives : le tout de cette proposition contredisant cette relativité. On peut dire ou écrire n’importe quoi, comme le font régulièrement certains chroniqueurs qui sévissent dans les grands médias. Richard Martineau constitue à mes yeux un modèle de ce comportement. Règle générale, il ne nous apprend que ce qu’il sent et pense. Ses opinions n’éclairent en rien les réalités sociales, car elles sont très souvent dépourvues de toute argumentation rigoureuse.
Les textes que vous allez lire me semblent rigoureux et clairement exposés, mais ils ne sont évidemment pas Vrais, n’atteignent pas l’Être de la société. Mon interprétation orientée par un marxisme révisé et par des valeurs modernes jette cependant un regard qui me semble pertinent sur la société et la politique.
Un marxisme révisé 1
Si on veut comprendre la société d’un point de vue critique, on ne peut ignorer Karl Marx (1818-1883). Aujourd’hui encore, l’analyse la plus profonde du fonctionnement du système capitaliste, axé sur le profit et qui va de crise en crise, relève de cet auteur. Il y a dix ans, on annonçait la fin des crises économiques : il n’y a que de petites crises, les grandes crises sont terminées et Marx est dépassé. Pourtant, si les économistes « patentés » ont découvert des façons de limiter les crises, ils ont été incapables de les supprimer, car elles sont inhérentes au fonctionnement du système capitaliste, comme Marx l’avait déjà démontré il y a plus de cent ans.
Il nous a enseigné également qu’on ne peut analyser quelque réalité que ce soit, dont la société, si on ne la situe pas dans une perspective historique. Cet enseignement est important, car trop souvent on étudie la société comme si c’était quelque chose de fermé. Or, elle est traversée, comme tous les individus, par des contradictions et est donc en constante transformation. Comprendre quelque chose, c’est le comprendre dans son histoire, dans ses mutations, dans les contradictions qui l’animent.
Enfin, Marx affirme que les sociétés sont structurées par les classes sociales en luttes ouvertes ou larvées. Ces classes n’existent évidemment plus sous la forme que Marx a connue au XIX e siècle. La classe ouvrière dont il parlait n’est plus centrale au fonctionnement capitaliste des sociétés industrialisées et n’a plus d’équivalent aujourd’hui, si on excepte des sociétés comme la Chine et la Corée du Sud. La classe bourgeoise, formée au XIX e siècle d’entrepreneurs, a été remplacée comme classe dirigeante par la classe internationale des grands dirigeants financiers qui s’octroient des revenus faramineux, malgré les crises financi&#

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