La lecture à portée de main
172
pages
Français
Ebooks
2011
Écrit par
Jean-Michel Salaun Clément Arsenault
Publié par
Presses de l'Université de Montréal
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
172
pages
Français
Ebook
2011
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Publié par
Date de parution
26 mai 2011
Nombre de lectures
12
EAN13
9782760626881
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
26 mai 2011
Nombre de lectures
12
EAN13
9782760626881
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
INTRODUCTION AUX SCIENCES DE L’INFORMATION
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Vedette principale au titre:
Introduction aux sciences de l’information (Paramètres) Publ. en collab. avec La Découverte. Comprend des réf. bibliogr. et un index.
ISBN 978-2-7606-2114-5
1. Sciences de l’information. 2. Traitement (Bibliothèques). 3. Recherche documentaire. 4. Gestion de l’information. I. Salaün, Jean-Michel. II. Arsenault, Clément, 1962-. III. Collection: Paramètres.
Z665.157 2009 020 C2009-941022-2
Dépôt légal: 3 e trimestre 2009 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2009
Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour leurs activités d’édition. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
RÉIMPRIMÉ AU CANADA EN AOÛT 2010
Introduction
Permanence et changements
Clément Arsenault et Jean-Michel Salaün
Ce livre a pour ambition de fournir à ses lecteurs les clés d’entrée dans le monde des sciences de l’information. Ces sciences se sont construites à partir de l’élaboration de savoirs professionnels qui se sont mis en place au fil du temps. Cette construction, loin d’être terminée, s’accélère. De nos jours, plus que jamais, les savoirs professionnels sont soumis à un paradoxe qui oppose les principales logiques ayant fondé le domaine, toujours présentes, aux changements profonds qui aujourd’hui les traversent: l’avènement du numérique les élargit, les décale, les bouscule parfois, au point d’en redistribuer nombre de cartes.
De l’Europe à l’Amérique, les traditions et les écoles de pensée sont différentes, parfois opposées, mais le plus souvent complémentaires. Le Québec, par sa position géographique et son contexte culturel, se trouve dans une situation privilégiée qui lui permet de tirer parti du meilleur des cultures professionnelles qui ont évolué de part et d’autre de l’Atlantique. Ce livre, rédigé par une équipe québécoise, témoigne de la vitalité des sciences de l’information ainsi doublement fertilisées. Grâce à ces apports, les chercheurs du Québec ont par exemple su concevoir une pensée originale en archivistique. Les professionnels, quant à eux, ont bâti une bibliothèque nationale d’une structure distinctive et novatrice dont le succès non équivoque atteste de leur indéniable savoir-faire. Il est donc légitime et sans doute naturel que le premier manuel francophone de base en sciences de l’information du nouveau millénaire soit rédigé à partir du Québec. Nous l’avons conçu pour l’ensemble des étudiants francophones du domaine, prenant volontairement chaque fois des exemples et des références sur les deux continents.
Du fait que nous nous adressons en premier lieu à des étudiants candidats à une maîtrise professionnelle (master professionnel), il nous a paru opportun de privilégier une approche pragmatique plutôt qu’une approche épistémologique. Dans cet ouvrage, nous ne présentons que succinctement les fondements théoriques des sciences de l’information. Il s’agit d’un choix guidé par l’efficacité qui nous permet de resserrer le texte et de l’orienter sur des savoirs, pratiques et concrets.
Tenter de définir les objets des sciences de l’information est périlleux. Bien des débats restent ouverts à ce sujet. À titre d’exemple, un chercheur, dans une récente enquête menée auprès de ses pairs, a récolté pas moins de 130 définitions différentes des termes «information», «données» ou «connaissance» (Zins 2007). À l’instar de Taylor (1986, 9), nous utiliserons dans ce livre le mot «information» comme terme générique pour couvrir les données, l’information et les connaissances.
La notion de «document», pourtant centrale pour les professionnels de l’information, n’est pas non plus simple à préciser, d’autant plus qu’elle est sérieusement bousculée par le numérique. Un collectif de plus d’une centaine de chercheurs a tenté récemment d’apporter quelques éclaircissements sur ce point (Pédauque 2006a). En examinant un large ensemble de travaux de recherche portant sur le document numérique, ces chercheurs se sont aperçus que les travaux pouvaient être classés selon trois dimensions, qui sont dès lors apparues comme les trois dimensions constitutives d’un document: la forme (ou le signe), le contenu (ou le texte), le médium (ou la relation). Pour qu’un document remplisse sa fonction, il faut que ces trois dimensions soient réunies. Il doit être lisible matériellement, c’est-à-dire perceptible; il doit aussi être intelligible, compréhensible; il doit avoir un usage social, c’est un médium. Ces trois dimensions doivent non seulement être opérantes prises chacune séparément, mais également être cohérentes entre elles.
Les sciences de l’information ont pris en compte, sans toujours le conceptualiser clairement, ces trois dimensions en classant les documents, en indexant leurs contenus et en organisant des systèmes d’accès. En permettant de retrouver les documents, on évite le chaos; en permettant d’y retrouver l’information, on réduit la cacophonie; et en donnant au document une vie qui dépasse un usage local et immédiat, on fonde sa légitimité. L’objectif est chaque fois de mettre de l’ordre — un ordre documentaire — afin de pouvoir disposer de l’information ou des documents utiles au moment opportun.
La maîtrise de l’ordre documentaire marque sans nul doute pour une société un pas important vers la civilisation. Les professionnels de l’information sont maintenant au cóur de la société du savoir et de ses enjeux. Pour le Québec, d’où nous parlons, le choix de favoriser les professions du patrimoine documentaire est un geste politique fort. C’est par les bibliothèques que l’on accède à la lecture en français, c’est par les archives que l’on préserve l’identité culturelle et, aujourd’hui, c’est grâce aux documents numériques sur le web que la culture rayonne. Les bibliothèques francophones, qui ont longtemps accusé un sérieux retard par rapport au monde anglophone, se rattrapent rapidement. En revanche, l’archivistique québécoise a mis au point un savoir professionnel d’avant-garde, toutefois encore méconnu.
Pour établir l’ordre documentaire, les professionnels de l’information se sont attelés à la construction des divers maillons qui constituent ce que l’on nomme traditionnellement la «chaîne documentaire». Celle-ci se définit comme «l’ensemble des opérations successives de sélection/collecte, de traitement, de mise en mémoire et de stockage, et de diffusion de documents et d’informations 1 ». Ces opérations sont appliquées de diverses façons selon les environnements informationnels et le type d’information en jeu. Ainsi, dans une bibliothèque, il est d’usage d’établir un circuit du document (analyse de besoins, acquisition, traitement matériel et intellectuel, et diffusion). Dans un service d’archives, les opérations s’orientent en fonction du cycle de vie des documents d’archives (activité, semi-activité et inactivité). Mais toutes ces opérations visent une cible commune: l’utilisateur.
Nous avons pensé notre ouvrage en suivant cette même logique. Nous présentons d’abord les acteurs (les professionnels de l’information) et les environnements (les institutions et leurs missions). Nous expliquons ensuite les principales techniques de traitement, de recherche et de diffusion de l’information. Cela nous amène à parler des utilisateurs et de leurs pratiques informationnelles. Finalement, nous abordons les modèles de gestion stratégique qui permettent une utilisation efficace des vastes quantités d’information auxquelles nous sommes soumis de nos jours. Le paradoxe entre la permanence des logiques professionnelles et leurs changements sera décliné selon une progression dans laquelle chaque chapitre proposera de dépasser les contradictions du précédent.
Depuis très longtemps, les hommes préservent leur mémoire et partagent leurs connaissances en favorisant la conservation et le classement de documents de toutes sortes dans des bibliothèques ou des centres d’archives. La bibliothéconomie et l’archivistique ont donc des racines très anciennes, et les deux professions qui en dérivent ont suivi des cheminements parfois différents des deux côtés de l’Atlantique pour se retrouver aujourd’hui dans la grande famille des professionnels de l’information. Le premier chapitre présente l’histoire et les développements récents de la professionnalisation du domaine des sciences de l’information et décrit les types d’institutions et les défis auxquels elles doivent faire face depuis la Deuxième Guerre mondiale, en particulier la multiplication des supports de l’information et de la culture, puis leur réunification dans le numérique. L’explosion du web aujourd’hui ébranle les fondements mêmes des institutions en concurrençant directement leur mission.
Le traitement de l’information enregistrée est devenu un enjeu essentiel. Il est au cóur des savoirs mis au point par les professions documentaires. Peut-on en déduire que c’est là que se réaliseront la permanence et l’unité de ce champ? Le deuxième chapitre présente les concepts, les méthodes et les outils du traitement du document: description, classification, indexation, condensation, autant de processus qui mettent de l’ordre dans le chaos documentaire et font de ceux qui les maîtrisent un pivot pour toutes les activités fondées sur les connaissances. Mais ces savoirs fondamentaux trouvent leur limite quand l’objet même sur lequel ils s’appliquent se transforme: le document numérique est-il encore un «document» et est-il pertinent de lui appliquer un traitement a priori conçu pour d’autres situations? La production de métadonnées relève-t-elle d’une logique