Victor Hugo dans l arène politique
79 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Victor Hugo dans l'arène politique , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
79 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

MICHEL WINOCK RETRACE DANS CE LIVRE l’itinéraire politique de Victor Hugo, né dans une famille royaliste, chantre des ultras catholiques dans sa jeunesse, progressivement converti à la République, farouche opposant à la peine de mort, défenseur des miséreux, cherchant à son retour d’exil à effectuer une médiation entre la Commune et le gouvernement bourgeois.


Dans un récit vif et inspiré, Michel Winock donne à lire la trajectoire politique de Victor Hugo, qui eut droit à sa mort, le 22 mai 1885, à des funérailles nationales de la part de la Troisième République.


Ce livre est issu d’une série de conférences prononcées à l’université de Bâle en 2002, à l’invitation du professeur Robert Kopp


Michel Winock est historien, spécialiste de l’histoire de la République française ainsi que des mouvements intellectuels et politiques.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 7
EAN13 9782362800634
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

M ICHEL WINOCK RETRACE DANS CE LIVRE l’itinéraire politique de Victor Hugo. Né dans une famille royaliste, celui-ci fut d’abord le chantre des ultras catholiques et ce n’est que progressivement qu’il se convertit à la République.
Farouche opposant à la peine de mort, défenseur des miséreux, il cherchera à son retour d’exil à effectuer une médiation entre la Commune et le gouvernement bourgeois.
Dans ce récit vif et inspiré, Michel Winock nous donne à lire — à travers une sorte d’épure magistrale — l’intégralité de la trajectoire politique du jeune poète des Odes et Ballades , qui aura droit, finalement, à des funérailles nationales de la part de la Troisième République.
 
Ce livre a été préparé à la suite d’une série de conférences prononcées à l’université de Bâle en 2002, à l’invitation du professeur Robert Kopp.
 
Michel Winock est historien, spécialiste de l’histoire de la République française, à laquelle il a consacré une quarantaine d’ouvrages.


 
 
COLLECTION OCTETS DIRIGÉE PAR JOËL FAUCILHON
Octets. Continuer le livre par d'autres moyens
 
Notre site Internet : http://www.editions-marchaisse.fr/ Le forum : http://www.editions-marchaisse.fr/forum Nous contacter : joel.faucilhon@lekti.fr
Nous suivre sur twitter et sur facebook
© 2015 Éditions Thierry Marchaisse ISBN (ePub) : 978-2-36280-063-4


 
Michel WINOCK
V ICTOR H UGO
Octets • THIERRY MARCHAISSE


1 Mort à la mort


D ans le Journal d’un poète d’Alfred de Vigny, on peut lire, à la date du 23 mai 1829, peu de semaines après la publication du Dernier jour d’un condamné de Victor Hugo :
« En 1822, lorsque parurent ses Odes, Victor Hugo se donnait pour Vendéen et sa mère me le dit souvent natif d’un bourg voisin de Châteaubriant ; alors il rédigeait avec ses frères Le Conservateur littéraire  : il était dévot […] M. de Chateaubriand était son dieu […] M. de Lamennais fut son second prophète : il fut alors presque jésuite et crut en lui. Aujourd’hui, il vient de me déclarer que, toutes réflexions faites, il quittait le côté droit et m’a parlé des vertus de Benjamin Constant. » Et Vigny de regretter le temps où Victor « était un peu fanatique de dévotion et du royalisme ; chaste comme une jeune fille, un peu sauvage aussi, tout cela lui allait bien ; nous l’aimions ainsi ».
En éliminant ce qui appartient au ressentiment propre à Vigny, qu’y a-t-il de vrai dans ce raccourci ?
Hugo, de fait, a commencé sa carrière poétique, poétique et politique, car alors les deux sont tout un, sous le drapeau blanc de la Restauration, royaliste et catholique. Dans la préface de son premier recueil, les Odes , en 1822, il écrit : « Il y a deux intentions dans la publication de ce livre, l’intention littéraire et l’intention politique ; mais, dans la pensée de l’auteur, la dernière est la conséquence de la première, car l’histoire des hommes ne présente de poésie que jugée du haut des idées monarchiques et des croyances religieuses. » Catholique donc, mais « dévot », « presque jésuite », certainement pas. Hugo rechigne à aller à la messe, à faire ses Pâques comme le lui demande l’abbé Lamennais. Non, il est catholique parce que royaliste, catholique en politique, un catholique de raison, une raison que lui commande l’alliance du Trône et de l’Autel. Il n’empêche : à vingt ans, le jouvenceau passe pour le poète du parti ultra. Dans ce premier recueil, la deuxième ode est dédicacée à Chateaubriand, et s’intitule La Vendée  : « Vendée, ô noble terre ! ô ma triste patrie ! » Dans le credo contre-révolutionnaire, le souvenir de l’insurrection vendéenne répond au besoin d’une histoire sacrée. Hugo en a prévenu son lecteur dans sa préface : il fait de la politique dans ses vers. La troisième ode, offerte aux Vierges de Verdun, autres martyres de la Révolution, le confirme ; et la quatrième, intitulée Quiberon, où tentèrent de débarquer les émigrés, en 1795, pour prêter main-forte aux Vendéens ; et la cinquième ode, consacrée à Louis XVII, « roi couronné d’épines ». Faut-il poursuivre ? Citer les odes sur la mort du duc de Berry, sur la naissance du duc de Bordeaux ? Le jeune Victor Hugo ne met pas son drapeau dans sa poche.
On peut s’étonner. Le père d’Hugo, ce « héros au sourire si doux » – comme il l’honorera plus tard –, était général des armées napoléoniennes, après avoir participé aux guerres révolutionnaires. Une filiation qui ne devrait pas conduire au parti d’un Louis XVIII, ramené en France dans les fourgons de l’étranger, et restauré par les vainqueurs de Napoléon. Mais le jeune Victor, né en 1802, n’a que treize ans au moment de Waterloo. N’a-t-il pas subi alors l’influence de sa mère, favorable aux Bourbons ?
À dire vrai, sa mère, Sophie Trébuchet, mariée à celui qui est devenu le général Léopold Hugo, n’a pas de convictions catholiques. Sa famille est de la région nantaise, elle a des proches en Vendée, oui, mais elle a été éduquée dans un esprit voltairien. Si elle applaudit la Restauration, c’est que le retour du roi est une évidente revanche contre son général de mari, qu’elle déchire à pleines dents, et duquel elle est séparée. Léopold, qui s’est battu jusqu’au bout pour Napoléon et même après les Cent-Jours – car gouverneur de Thionville assiégé, il avait refusé de capituler et avait tenu tête jusqu’au 13 novembre 1815 –, est le vaincu de l’Histoire ; il est aussi le vaincu de la petite histoire, de l’histoire conjugale. Réduit à l’état de demi-solde, consigné à Blois en résidence surveillée, il y végète aux côtés de sa maîtresse, Catherine Thomas. Le jeune Victor, lui, le 17 juillet 1815, au moment où son père le général tirait les derniers coups de feu de l’Empire, a écrit sur sa grammaire latine : « Vive le roi ! »
Hugo, ainsi que son frère Eugène, a pris le parti de Sophie, contre Léopold. Celui-ci n’est qu’un mauvais souvenir de leur enfance, un père autoritaire qui a voulu les enfermer dans des collèges affreux, les priver de l’affection de leur mère, en confiant leur sort à sa sœur Marguerite Martin-Chopine, que les enfants détestent et appellent Goton.
Le choix politique du premier Hugo est ainsi étroitement lié au drame familial dont il a été la victime avec son frère Eugène. D’autres raisons l’y ont poussé. Écrivain d’une précocité étonnante (ne donne-t-il pas à lire à sa mère une tragédie en vers, Irtamène, qu’il compose à moins de quatorze ans ?), il se convainc très tôt qu’il ne sera pas polytechnicien comme le voudrait son père, ou avocat, comme il lui laissera croire plus tard, mais poète, écrivain, auteur dramatique. Or un modèle s’impose à lui, comme à tant de jeunes gens de sa génération, celui de Chateaubriand, l’auteur du Génie du christianisme et le pamphlétaire anti-napoléonien qui a écrit De Buonaparte et des Bourbons , le grand écrivain devenu le chantre du parti ultra. On prête ce mot à Hugo, qu’il aurait prononcé à quatorze ans : « Je veux être Chateaubriand ou rien.  » Vrai ou apocryphe, la formule en dit long sur l’admiration du jeune poète pour celui qu’on appelle « l’enchanteur », et sur son désir de gloire.
Pensionnaires chez Cordier, tout en suivant les cours du collège Louis-le-Grand, Victor et Eugène ont écrit, très jeunes, des poèmes, et obtenu des lauriers très verts. Ils participent aux concours de l’époque, le concours de poésie de l’Académie française, les Jeux floraux de Toulouse. À l’Académie, Victor est classé neuvième, il n’a que quinze ans ; les journaux parlent du prodige. L’année suivante, ses études secondaires terminées, il fait accroire à son père, qui lui verse une pension, qu’il se lance dans des études de droit. En fait, il a pris un autre parti ; entrer sans plus attendre dans la carrière des lettres. C’est alors qu’il compose des odes qui entreront dans ses premiers recueils, toutes pénétrées de royalisme et d’esprit ultra, dans le sillage de Chateaubriand.
L’auteur de René , pair de France, dont l’ambition est d’être ministre, vient de fonder, avec quelques écrivains de son bord, un journal de haute tenue, de périodicité irrégulière (il fallait éviter la censure qui pesait sur les périodiques), et qui rencontre tout de suite un grand succès : Le Conservateur, qui parut d’octobre 1818 à mars 1820. Les frères Hugo, Eugène, Victor, mais aussi leur aîné Abel, rêvant d’une revue littéraire, réalisent leur rêve, en l’inscrivant dans la mouvance du Conservateur et en lui donnant pour titre Le Conservateur littéraire. Victor Hugo en fournit la plupart des textes, signés, non signés, signés de pseudonymes ou d’initiales, et où il manifeste ce qu’Alfred de Vigny appellera, rappelons-le, son fanatisme royaliste. Et, c’est nouveau, son catholicisme ostensible, Hugo était alors un jeune homme chaste, nous dit Vigny, rien de plus vrai. Très tôt, il était tombé amoureux d’Adèle Foucher, dont les parents étaient des amis de sa mère. Amour sublimé, ô combien. Le poète ne manquait ni de rime ni de déraison pour faire d’Adèle, une oie blanche, une petite bourgeoise, jolie mais quelque peu insignifiante, une déesse adorée. Les deux n’ont pas vingt ans, Victor n’a pas de profession, Adèle n’a pas de fortune : des deux côtés, les parents se montrent longtemps opposés à ce mariage. Or Victor Hugo perd sa mère bien-aimée, le 27 juin 1821. C’est du père, Léopold, toujours à Blois, qu’il doit obtenir l’autorisation du mariage : il n’a que dix-neuf ans. ...

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents