Pratiques et enjeux du discours dans l'écriture de Mongo Beti , livre ebook

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Homme à plusieurs facettes : intellectuel universitaire, écrivain, homme politique, Alexandre Biyidi est l'un des auteurs majeurs africains à avoir, comme sociogramme générateur de son œuvre, la question de l'éclatement et de la dispersion des références culturelles. Ses pseudonymes : Eza Boto, Mongo Beti qui veulent dire respectivement « gens d'autrui » et « le fils des Beti », traduisent sa volonté de s'identifier avec son peuple et expriment au demeurant le poids d'une culture et d'une civilisation. Son texte est donc une interrogation insistante sur les fondements du dialogue culturel, précisément de l'aliénation. Cette contribution se veut une réflexion méthodique, entend se manifester comme une démarche analytique des fondements du Discours chez Mongo Beti. Sachant que « l'intellectualité universitaire instaure une tradition de combat » selon Mémel Fôté, parce que l'intellectuel est un producteur de sens ; que l'écrivain, homme de plume a pour essence la parole qui se veut un appel constant parce qu'elle est le lieu privilégié de l'expression idéologique ; enfin que toute action ou réflexion politique implique un projet de société, la tâche a consisté à questionner son Discours pour savoir comment il écrit le monde. Son style, son esthétique sont-ils réductibles à l'engagement ? Quelles autres figures rhétoriques, quelles techniques narratives son écriture convoque-t-elle ? Quels sont les rapports de productions nécessaires, selon lui, dans le processus de développement des forces productives de l'humanité, l'Africain en particulier, dans la production sociale de son existence ? Face à ce monde ébranlé, en quête de nouvelles frontières, face à « l'humanité qui s'interroge sur son propre destin », quelle vision sociale peut-on tirer de son univers textuel ? Le mobile essentiel est de « découvrir le rationnel dans l'irrationnel du créé artistique » de Mongo Beti, de cerner la matière que mobilisent son esthétique et sa pensée.

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Date de parution

18 mars 2016

Nombre de lectures

12

EAN13

9782342049114

Langue

Français

Pratiques et enjeux du discours dans l'écriture de Mongo Beti
Adama Samaké
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Pratiques et enjeux du discours dans l'écriture de Mongo Beti
 
 
 
En la mémoire du professeur Kouamé Kouamé
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://adama-samake.publibook.com
 
 
 
 
Remerciements
 
 
 
Je voudrais remercier les membres de la Société des Amis de Mongo Beti (SAMBE), Mesdames Odile Tobner Biyidi et Bergeline Domou pour leur soutien et mon collègue Zigoli Antonin, membre du comité de lecture, pour sa disponibilité.
 
 
 
Introduction
 
 
 
Moyen de communication, l’écriture est intrinsèquement liée à la parole et à la pensée. Car elle se veut une mise en forme de celles-ci par des signes conventionnels. Or toute parole, toute pensée, selon Dominique Zahan 1 est force vitale, parce qu’elle se fonde sur un germe générateur. Aussi, l’écriture qui suppose le style est-elle la communauté des évidences transposées en formes, en thèmes, en images 2 et les modifications langagières sont des modifications du statut du sujet. 3 Par conséquent, toute écriture est un discours. Ce dernier, en lui-même, est un concept polysémique. A ce titre, il revêt plusieurs formes. Cependant, Moustapha Fall précise que « Tout discours est au sujet de quelque chose ou de quelqu’un que ce discours lui-même prétend exprimer ou représenter ». 4 Tout discours a donc un contenu sémantique et une forme d’expression particulière. Son analyse impose alors l’étude des formes d’organisation lexico-sémantiques et syntaxiques ; c’est-à-dire les discours linguistique, narratif et idéologique. Car elle implique l’étude du bien dire et du beau dire.
 
Il en résulte que l’analyse de l’écriture et du discours revient à celle de l’esthétique qui, selon R.P Mveng « a pour objet les normes du Beau telles qu’elles s’expriment à travers les œuvres. Son domaine embrasse donc la totalité des expressions artistiques et littéraires (…). En fait, le problème esthétique est fondamentalement le problème de la créativité. Ce n’est pas un problème de définition, de discernement, d’identification et d’appréciation d’une œuvre ; c’est un problème d’identité culturelle ». 5 L’esthétisation est, au demeurant, un fait idéologique. On comprend, dès lors, pourquoi selon les théories sociologiques, la littérature est un processus de réappropriation de l’Histoire qui suppose un désir profond d’émancipation. Elle y participe, parce qu’elle a pour quintessence le mouvement des idées. La littérature est alors un fait social, une institution. Car elle est à la fois « organisation autonome, système socialisateur et appareil idéologique ». De ce point de vue, elle se détermine comme une vaste enquête anthropologique. En d’autres termes, elle est une science humaine. Aussi, l’œuvre littéraire véhicule-t-elle un projet socio idéologique extra textuel. C’est pourquoi, elle peut être considérée comme une vision d’une communauté sociale déterminée. Ainsi, l’œuvre littéraire, dans son fonctionnement intrinsèque, se trouve étroitement liée à son auteur et à sa société. Roland Barthes affirme, à juste titre, que :
L’écriture « est une fonction : elle est le rapport entre la création et la société, elle est le langage littéraire transformé par sa destination sociale. Elle est la forme saisie dans son intention humaine et liée ainsi aux grandes crises de l’histoire. (…) Placée au cœur de la problématique littéraire qui ne commence qu’avec elle, l’écriture est donc essentiellement la morale de la forme, c’est un choix de l’aire sociale au sein de laquelle l’écrivain décide de situer la nature de son langage ». 6
La normalité du discours littéraire négro-africain, celui de Mongo Beti, en particulier, est d’abord et avant tout envisagée comme nécessité d’une défense, « une méthodologie de l’initiative ; c’est-à-dire à la fois l’art et la science d’analyser les contradictions majeures d’une époque et d’une société et à partir de cette prise de conscience de découvrir le projet capable de les surmonter ». 7
 
Poursuivant ses investigations sur l’œuvre de Mongo Beti, le groupe de recherche ‘‘Littérature et Société’’ de l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody/Abidjan consacre ce second tome à son Discours 8 . Cette contribution collective se veut une réflexion méthodique, entend se manifester comme une démarche analytique des fondements du Discours chez Mongo Beti. Homme à plusieurs facettes : intellectuel universitaire, écrivain, homme politique, Alexandre Biyidi est l’un des auteurs majeurs africains à avoir comme sociogramme générateur de son œuvre, la question de l’éclatement et de la dispersion des références culturelles. Ses pseudonymes : Eza Boto, Mongo Beti qui veulent dire respectivement « gens d’autrui » et « le fils des Beti », traduisent sa volonté de s’identifier avec son peuple et, expriment, au demeurant, le poids d’une culture et d’une civilisation. Son texte est donc une interrogation insistante sur les fondements du dialogue culturel, précisément de l’aliénation. Comme l’a bien vu Bernard Mouralis, « l’œuvre de Mongo Beti (n’) est pas seulement une œuvre essentielle dans le champ de la littérature de l’Afrique. Elle l’est aussi dans le champ de la littérature mondiale de la deuxième moitié du XXème siècle ».
 
Sachant que « l’intellectualité universitaire instaure une tradition de combat » selon Mémel Fôté, parce que l’intellectuel est un producteur de sens ; que l’écrivain, homme de plume a pour essence la parole qui se veut un appel constant parce qu’elle est le lieu privilégié de l’expression idéologique ; enfin que toute action ou réflexion politique implique un projet de société, la tâche a consisté à questionner son Discours pour savoir comment il écrit le monde. Son style, son esthétique sont-ils réductibles à l’engagement ? Quelles autres figures rhétoriques, quelles techniques narratives son écriture convoque t-elle ? Quels sont les rapports de productions nécessaires, selon lui, dans le processus de développement des forces productives de l’humanité, l’Africain en particulier, dans la production sociale de son existence ? Face à ce monde ébranlé, en quête de nouvelles frontières, face à « l’humanité qui s’interroge sur son propre destin », quelle vision sociale peut-on tirer de son univers textuel ?
Le mobile essentiel est de « découvrir le rationnel dans l’irrationnel du créé artistique » de Mongo Beti, de cerner la matière que mobilise son esthétique et sa pensée, en ayant toujours à l’esprit que :
L’écriture littéraire porte à la fois l’aliénation de l’Histoire et le rêve de l’Histoire : comme Nécessité, elle atteste le déchirement des langages, inséparable du déchirement des classes ; comme Liberté, elle est la conscience de ce déchirement et l’effort même qui veut le dépasser. 9
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie. Le discours linguistique
 
 
 
Chapitre 1. Analyse stylistique des adjectifs qualificatifs subjectifs dans le discours romanesque de Mongo Beti : le cas du Pauvre christ de Bomba. Bauvarie Mounga
 
 
 
Résumé
Le présent article a pour but de faire une lecture stylistique des adjectifs qualificatifs subjectifs dans Le Pauvre christ de Bomba de Mongo Beti. Pour ce faire, nous adoptons la terminologie de Kerbrat-Orecchioni (1980) et la stylistique d’expression pour tenter de voir comment l’analyse stylistique des adjectifs qualificatifs peut nous aider à décrypter le discours idéologique de Mongo Beti.
 
Mots-clés : Adjectif qualificatif – Subjectivité – Discours idéologique – Discours stylistique – Mongo Beti
Introduction
L’adjectif qualificatif est une catégorie grammaticale qui, selon sa nature ou son utilisation contextuelle peut prendre une valeur subjective et permettre au locuteur d’émettre un jugement de valeur. Strawson (1950 : 27-28) souligne qu’en identifiant les objets, les adjectifs participent à l’extension de la catégorie d’objets qui «  peuplent l’univers référentiel […] et en les distinguant, les adjectifs participent à l’intention qui, elle, détermine l’étendue des catégories d’objets . » En outre, les différents effets de style que génère la modalisation des adjectifs qualificatifs subjectifs sont susceptibles d’aider à mieux comprendre le discours idéologique que véhicule un texte littéraire. C’est le cas du Pauvre christ de Bomba dans lequel nous avons relevé un échantillon de quatre cent occurrences d’adjectifs subjectifs qui, employées tout au long de l’œuvre trahissent la pensée du romancier camerounais. Ce faisant, plusieurs interrogations méritent d’être posées : A quoi renvoie la dénomination «  adjectifs qualificatifs subjectifs  » ? Comment se manifestent-ils dans notre corpus et quels sont les commentaires stylistiques que nous pouvons en tirer ? Quels sont les effets de sens engendrés par ces adjectifs qualificatifs ? Les réponses à toutes ces questions passeront par trois étapes à savoir : la mise au point théorique sur les adjectifs qualificatifs subjectifs, l’étude des différents types d’adjectifs que l’on retrouve dans notre corpus et les effets de sens qui découleront de notre analyse.
I. Les adjectifs qualificatifs subjectifs : mise au point théorique
Il est question, à ce niveau, de définir clairement ce que l’on entend par adjectif qualificatif subjectif, de déterminer la terminologie pour laquelle nous opterons tout au long de notre travail et enfin de présenter le conc

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