Bravo les cancres
96 pages
Français

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Description

«?Donner une éducation, comme nous le faisons d'ordinaire, revient à adopter une idéologie, à l'imposer à une conscience et, malheureusement, la plupart du temps, à une conscience innocente, celle de l'enfant. Aussi va-t-il de soi que l'élève, de temps en temps, réagisse à cet endoctrinement ridicule qui, loin d'ouvrir son esprit, l'abrutit : cette réaction prouve que le mécanisme du rejet des corps étrangers a merveilleusement fonctionné, preuve d'une bonne santé de l'organisme.?» L'enfance est la période où l'esprit de l'adulte en puissance commence à se former. Dans son essai, Denis Ahi Kra propose des réflexions générales sur toutes les formes d'éducation. L'enseignement, selon lui, devrait insister davantage sur l'épanouissement du caractère que sur le développement de l'intelligence et l'école devait être utilisée comme un outil de développement personnel qui encourage la réflexion et l'exploration. Une démarche habile articulée autour de trois principes fondamentaux : le savoir-faire, le savoir-vivre et le savoir-être.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 octobre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342156393
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bravo les cancres
Denis Ahi Kra
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Bravo les cancres
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://denis-ahi-kra.societedesecrivains.com
 
À tous les hommes de bonne volonté.
 
« Quoi que fasse le meilleur d’entre les hommes, les hommes d’un niveau inférieur le mettent toujours en pratique ; le modèle qu’il crée, l’humanité le suit. »
Les œuvres et le sacrifice, La Bhagavad-Gîtâ .
Préface
« Le crabe dit qu’il y a plusieurs façons de marcher, c’est pourquoi, lui, il se déplace sur le côté. » Proverbe baoulé
La véritable éducation
« Il n’y a pas de véritable éducation si l’on ne s’efforce à la fois de cultiver l’être humain et de le préparer à la vie. Cette éducation doit être à la fois utilitaire et désintéressée, réaliste et idéaliste ; celle du caractère doit primer celle de l’intelligence. Les élèves doivent apprendre à démêler le vrai du faux à travers les contradictions des hommes ; à examiner toutes choses en les rapportant à leurs principes, et à raisonner sur elles en ne faisant état que des faits bien dûment constatés ; à embrasser une question complexe dans son ensemble et à l’analyser dans ses détails, en mettant chaque chose à sa place et sur son plan ; à exposer clairement, méthodiquement, objectivement une affaire.
Ces élèves devront posséder l’art de persuader les hommes, c’est-à-dire de convaincre leur raison et de gagner leur cœur ; ils devront aussi être capables de comprendre les besoins des hommes, d’entrer dans leurs sentiments, dans leurs passions ; ils devront se garder de mépriser ou de méconnaître les valeurs qui n’entrent pas dans les calculs et que l’on ne peut mettre en équation : les valeurs spirituelles, l’art, la pensée, le désintéressement, l’enthousiasme, la foi ; enfin, il est bon, il est nécessaire qu’ils aient acquis et qu’ils conservent le respect de l’esprit, le goût des choses de l’esprit et l’habitude de ménager à l’esprit des loisirs. »
Les Instructions pour l’enseignement du second degré en France , 1938.
Introduction
Cet essai, dans le cadre d’une recherche approfondie, pourrait s’articuler sur une discipline et une méthode d’enseignement bien définies. Ici, il s’agit de réflexions générales sur toutes les formes d’éducation.
Donner une éducation, comme nous le faisons d’ordinaire, revient à adopter une idéologie, à l’imposer à une conscience et, malheureusement, la plupart du temps, à une conscience innocente, celle de l’enfant. Aussi va-t-il de soi que l’élève, de temps en temps, réagisse à cet endoctrinement ridicule qui, loin d’ouvrir son esprit, l’abrutit : cette réaction prouve que le mécanisme du rejet des corps étrangers a merveilleusement fonctionné, preuve d’une bonne santé de l’organisme. Et en dépit du bon sens, nous prenons cela en mal !
Avons-nous jamais imaginé le désarroi de l’enfant lorsque nous tenons mordicus à lui inculquer des notions étrangères à son monde, notions que nous-mêmes avons tant de mal à assimiler ? Si nous pouvions redevenir des enfants dans cette vie, beaucoup de problèmes trouveraient leurs solutions d’eux-mêmes, car on saurait éduquer ses enfants, ou du moins les enfants n’auraient pas peur de choisir ce qui convient aux adultes : l’esprit libre. En effet, tous les problèmes de la vie adulte dérivent de l’éducation reçue dans l’enfance. L’enfant subit toutes sortes d’influences contradictoires et, une fois grand, il se rend compte que tout ce bombardement en règle n’avait rien d’éducatif, mais au contraire l’a été pour son malheur. Ainsi naissent les révoltes et les comportements « antisociaux » que nous condamnons si vigoureusement ; et pourtant, on ne naît pas voleur, on le devient !
L’école, lieu de formation et d’éducation selon ses principes, constitue plutôt pour l’enfant un camp de concentration où le lavage de cerveau tient lieu de doctrine, le psittacisme de méthode, et la punition de discipline. On enseigne des langues (conventionnelles), des notions (relatives) sur le temps et l’espace, des points de vue (arbitraires) sur les institutions, comme si l’on tenait cette science de l’absolu.
Épisodiquement, de nouvelles méthodes, dites actives ou révolutionnaires, voient le jour, mais disparaissent aussitôt nées, tant l’homme est fébrilement attaché à ses chères habitudes. Pour vraiment entrer en contact avec l’enfant, il faudrait parler son langage et vivre dans son monde ; mais cela restera longtemps un souhait !
Alors, que faire ? Il importe de réfléchir sur la finalité de l’éducation. Qu’attendons-nous de l’enfant ? Faut-il le pousser à penser comme les grandes personnes, ce qui serait pour lui un acte de démission et d’aliénation ?
Logiquement, nous répondrons non, et pourtant, concrètement, c’est ce que nous faisons. L’éducation devrait être pour l’enfant un moyen de s’ouvrir sur le monde, selon ses propres aptitudes et aspirations, et non pas d’après un programme sorti de la tête d’un adulte dont les factures impayées et le conjoint acariâtre empoisonnent l’existence ; par ailleurs, la vie de l’enfant baigne dans la limpidité ! L’éducation se voudrait un outil de connaissance, un savoir-faire et non un fatras de connaissances couronnées par un diplôme dont l’inutilité se fait d’autant plus criante que ses possesseurs, de plus en plus nombreux au chômage, en sont encombrés.
L’enseignement devrait insister davantage sur l’épanouissement du caractère que sur le développement de l’intelligence, car, alors que l’intelligence joue un rôle de concepteur, de scénariste, le caractère joue le rôle d’encadreur technique, et aussi de réalisateur.
Avons-nous mesuré la portée de nos jugements ? De l’enfant qui apprend vite, nous disons qu’il est intelligent et nous le félicitons, mais nous oublions qu’il manque de caractère : il ne sait pas ce qu’il veut, c’est pourquoi il accepte entièrement la volonté du maître. Inversement, ceux qui ont du caractère deviennent rarement premiers de la classe ou dans la vie courante : ils ont généralement un rang plutôt « médiocre », comme s’ils voulaient donner raison aux adeptes de la voie moyenne.
À ce niveau, nous décelons que le maître tient à conserver sa suprématie en s’alliant la complicité des « as » pour fustiger les « cancres ». Mais la vie, élément régulateur par excellence, ne tardera pas à donner son classement qui, sans appel et en toute justice, indiquera à chacun sa place.
« Plus une profession est brillante, moins elle a des sujets qui y répondent », nous dit Érasme. La profession d’éducateur n’est-elle pas de loin la plus délicate ? Ceux qui l’exercent ne devraient donc pas avoir à rougir de leurs insuccès, ni à s’offusquer de certaines critiques, même acerbes et truculentes. Ne pourraient-elles pas sous-entendre un certain éloge mal dissimulé ?
Dans notre étude, nous aurons constamment recours au dualisme Europe/Afrique, Blanc/Noir pour parler de rapports entre le maître et l’élève, entre l’adulte et l’enfant. Ce choix, très significatif, symbolise la tyrannie de l’école et l’arbitraire des points de vue, attitudes impérialistes par excellence : certaines personnes se croient plus importantes que les autres, à telle enseigne qu’elles s’avisent de leur donner des leçons ! Nous devrions nous méfier des jugements de race et de nation. Il faut cependant prendre garde de tomber dans un sentimentalisme pleurnicheur qui consisterait à banaliser l’histoire à grands coups de poncifs moraux en condamnant les uns et en acquittant les autres : nous devons comprendre que chacun est maître de son destin.
L’enfant a besoin de force et d’équilibre. Pour satisfaire ce besoin, son apprentissage doit commencer par le sensible, le concret : les sons, les couleurs, les formes de la vie quotidienne en forment la matière. Ensuite, vient l’étude des images et des abstractions : morale des contes et des proverbes, source de sagesse pratique. Enfin, il faut terminer par l’intelligible, le conceptuel : philosophie, religion, spiritualité. Nanti de ce savoir, il pourra alors « se libérer au-dedans, servir soi-même, ses frères et s’exalter en Dieu 1  ».
I.  Un constat amer
1. La carence fondamentale
La première école, c’est la famille, berceau de toute éducation. Le petit enfant imite les sons et gestes de sa mère d’abord, de ses frères ensuite (quand il en a), de son père enfin. Son individualité, d’abord vacillante, se dessine à partir de ces premiers contacts et, la notion de faute n’existant pas encore à son niveau, son entourage va la lui inculquer : « On ne dit pas ceci, il faut dire cela ; on ne fait pas ceci, il faut faire cela ». Ainsi naît l’enseignement, car il n’y aurait pas d’enseignement s’il n’y avait pas de fautes, d’autant qu’il vise à fixer des normes. Et puisque la déformation tient souvent lieu de formation, ceux qui font beaucoup de fautes prouvent qu’ils n’ont pas l’âme servile, dans la mesure où la notion de faute repose sur une convention ; c’est pourquoi, le plus souvent, les brillants étudiants deviennent de mauvais maîtres, par inexpérience de l’indocilité à la doctrine.
Pour l’enfant aujourd’hui, l’éducation scolaire devient un domaine de partage entre trois types d’éléments, faits d’innovation (rupture avec l’éducation traditionnelle), d’emprunts (influences étrangères) et de continuité (conservatisme du fond

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