Le double crime de l'abbé Desnoyers, curé d'Uruffe , livre ebook

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Le 3 décembre 1956, un homme de 35 ans, prêtre de son état, assassine sa jeune maîtresse après avoir tenté de lui donner l'absolution. Puis lui ayant ouvert le ventre, il la libère de son enfant de 8 mois qu'il baptise et poignarde. D'où vient, où va le crime dans la préméditation de sa logique inconsciente ? L'auteur, psychanalyste, s'attache à montrer que la violence des interdits continue de frapper, y compris dans les institutions qui prétendent détenir et protéger la vérité.
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Date de parution

01 septembre 2008

Nombre de lectures

270

EAN13

9782296202900

Langue

Français

Collection Sexualité et société Dirigée par Marie-Élisabeth Handman
Illustrations : Gérard Gwezenneg
@ L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296060678
EAN : 9782296060678
Le double crime de l'abbé Desnoyers, curé d'Uruffe

Jean-Pierre Bigeault
Du même auteur
Poésie — Des forêts d’eau , suite de poèmes illustrés par Jean Peschard, Paris, Aranella, 1966 — Avec les mains la mer , poème illustré par René Genis, Paris, Aranella, 1967 — Ulysse et la verte queen , suite de poèmes illustrés par Noël Gouilloux, Fontenay aux Roses, Les Impénitents, 1969 — Eglantine, poème illustré par J.-J. Rigal, Paris, Caractères, 1995 — La Source , poème illustré par Jean Peschard, Paris, Caractères, 1998 — Petit bestiaire avec passage d’homme, illustré par Adam Nidzgorski, Editions Encre et Lumière, Cannes et Clairan, 2007 — D’Uruffe à La Hague, Cahiers illustrés par G. Gwezenneg, 2008 — Le cheval de Troie n’aura pas lieu, illustré par G. Gwezenneg, à paraître — Petit tas d’épitapbes, illustré par G. Gwezenneg, Éditions Caractères, à paraître
Psychanalyse — Le sexe entre à l’école , avec Harold Portnoy, essai, Paris, Magnard, 1973 — Les chemins de l’anti-Œdipe , ouvrage collectif sous la direction de Janine Chasseguet-Smirgel, essai, Toulouse, Privat, 1974 — Une école pour Œdipe, avec Gilbert Terrier, essai, Toulouse, Privat, 1975 — L’illusion psychanalytique en éducation, avec Gilbert Terrier, essai, Paris, PUF, 1978 — Violence et Savoir , avec Dominique Agostini, essai, Paris, L’Harmattan, 1996 — « Bernfeld et la Terre promise », in Eduquer l’adolescent ? Pour une pédagogie psychanalytique , sous la direction de François Marty et Florian Houssier, Éditions Champ Social, Nîmes, 2007
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Du même auteur Préface Avant-propos UNE SOMBRE FRATERNITÉ EN CES RÉGIONS RECULÉES CHANT ET CONTRE-CHANT DU CRIME MA NUIT LA PLUS LONGUE SACRÉS TÉMOINS CAFÉ DU COMMERCE LE SACRIFICE FEMMES DE PRÊTRE AMOUR ET MORT L’ŒUVRE ET LE CRIME LE DOUBLE DIABLERIES AU DIEU INCONNU Postface ANNEXES
Préface
“ Ce sont peut-être les perversions les plus répugnantes qui accusent le mieux la participation psychique dans la transformation de la pulsion sexuelle. Quelque horrible que soit le résultat on y retrouve une part d’activité psychique qui correspond à une idéalisation de la pulsion sexuelle. La toute-puissance de l’amour ne se manifeste jamais plus fortement que dans ces égarements. Ce qu’il y a de plus élevé et ce qu’il y a de plus bas dans la sexualité montrent partout les plus intimes rapports.”
S.Freud

Si j’ai retenu ce long exergue pour cette brève préface au texte savant, lyrique et dérangeant de Jean-Pierre Bigeault, c’est qu’à cent ans de distance sa pensée me paraît s’inscrire dans le droit fil de l’inspiration la plus inventive et la plus subversive du fondateur de la Psychanalyse. Déjà dans Violence et Savoir 1 il s’était livré, avec Dominique Agostini, à une perspicace évaluation critique des approches analytiques de l’infanticide, pour aboutir à l’idée que celui-ci pose « la question du point limite où la mort n’est — combien étrangement — que l’amour retourné, l’extrémité de l’étreinte où chacun, quel que soit son sexe et son pouvoir, reproduit sur l’objet élu la vertigineuse prise du désir. »
Avec la tragédie du double crime de l’abbé Desnoyers, dont les pages qu’on va lire scandent le cinquantenaire, il explore, en parvenant à transcender l’écriture courante par un « récit » au delà de tout récit, cette zone limitrophe. C’est alors l’ombre impressionnante d’Antonin Artaud — celui du « théâtre de la cruauté » — qui apparaît en surimpression de la figure de Freud et vient hanter et exalter tout le texte. Il prend en effet ici un risque nouveau bien qu’aussi très ancien : celui où Lucrèce engage tout auteur convaincu que rien de ce qui est humain ne lui est étranger. Le risque d’horrifier et de scandaliser éventuellement le lecteur, le risque de provoquer chez lui une horreur double. Outre celle qui émane des deux crimes dans leur effrayant et dramatique déroulement, celle aussi de voir l’auteur de ce travail inclassable s’identifier, sans restrictions mentales et avec une indubitable authenticité, au prêtre monstrueusement criminel.
Dès son Avant-propos il souligne le fait que ces actes, inévitablement sataniques aux yeux d’un chrétien croyant, ne viennent pas d’un ailleurs inhumain mais nous invitent à nous regarder « tels que nous sommes dans le miroir, quelque déformant qu’il soit, que nous tend le criminel » et à percevoir dans sa très singulière violence ce qui, tous, nous concerne. À diverses reprises au cours de son développement, il ne craindra pas de se « compromettre » en assumant une certaine communauté psychique avec Desnoyers, une communauté qui renvoie non à une culpabilité où à une prédestination originelle, mais à des mouvements de l’inconscient habituellement forclos chez la plupart.
On peut, certes, comprendre la levée de boucliers que peut susciter une telle entreprise, liée au principe d’une « sombre fraternité » mais, sans même avoir l’expérience personnelle d’une cure analytique classique, il me semble possible de dépasser la sidération ressentie initialement et de suivre Bigeault dans sa reconstruction certes passionnée, mais sûre, fiable, d’un processus au premier abord incompréhensible, insupportable et « délirant » dans son sanglant et misérable accomplissement. À la condition toutefois ajouterai-je (en m’engageant ainsi dans le débat criminologique virtuel qui sous-tend ces pages) de bien faire la distinction entre ce qui relève d’une logique fantasmatique inconsciente, virtuellement partageable, et ce qui appartient exclusivement à sa terrible mise en acte dans le réel.
Il y a en effet dans le passage à l’acte une part d’opacité, d’inintelligibilité irréductible — même en accordant une importance prépondérante à la dimension économique de la métapsychologie — et ce n’est pas dans l’extraordinaire et spectaculaire clivage entre le respect aberrant du rituel religieux et la pulsion meurtrière déchaînée, surdéterminée — clivage ici poussé à l’absurde comme rarement — qu’on pourra trouver une satisfaisante source de sens. Chez l’immense majorité des humains il existe, sous des formes très diverses, un barrage, une censure qui font obstacle à l’accomplissement, à l’actualisation des fantasmes d’extrême violence. Un fait — souvent éclipsé dans des conditions de guerre ou de catastrophe, il faut bien dire — qui ne tient certes pas à la seule capacité d’identification aux victimes potentielles si important que soit le rôle de ce facteur, car bien d’autres entrent en jeu, les uns repérables, les autres inassignables. Là encore une part d’obscurité subsiste toujours. Ne serait-ce que celle qu’on peut attribuer à l’impossibilité de reconstituer les enchaînements psychiques et matériels générateurs du crime. Même quand l’effort d’analyse et de participation identificatoire se trouve, comme c’est le cas dans le texte qu’on va lire, porté à un haut niveau : celui d’une combinaison assez rare entre une reconstruction minutieuse, approfondie, et un élan créateur original.
On ne peut, je crois, qu’être reconnaissant à Jean-Pierre Bigeault d’avoir réussi, grâce à son talent et à son engagement personnel, à mettre le mystère entourant un crime hors norme dans une nouvelle et émouvante lumière.
Christian David, psychanalyste.
Avant-propos
La violence humaine nous est un difficile objet de connaissance. Sa banalité, son extension, son approche scientifique elle-même, ne nous la rendent guère plus proche que… le ciel étoilé ! D’où il vient d’ailleurs de dire qu’elle nous « sidère ».
Ainsi qu’on a pu le voir à propos de l’infanticide ou du génocide — pour ne parler que de violences assez éclatantes — l’évidence même de leur réalité n’a pas manqué plus d’une fois d̵

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