La soie artificielle à Lyon - article ; n°3 ; vol.6, pg 229-250
23 pages
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Description

Les Études rhodaniennes - Année 1930 - Volume 6 - Numéro 3 - Pages 229-250
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1930
Nombre de lectures 79
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Pinton
La soie artificielle à Lyon
In: Les Études rhodaniennes. Vol. 6 n°3, 1930. pp. 229-250.
Citer ce document / Cite this document :
Pinton A. La soie artificielle à Lyon. In: Les Études rhodaniennes. Vol. 6 n°3, 1930. pp. 229-250.
doi : 10.3406/geoca.1930.6343
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_1164-6268_1930_num_6_3_6343- f
LA SOIE ARTIFICIELLE A LYON
PAR A. PINTON
« Je fis les plus grands efforts pour me procur
er quelques informations sur les manufactures
de Lyon; mais en vain, tout était selon et
suivant ».
Arthur Young, Voyages en France,
28 décembre 1789.
J'ai limité cette petite étude à Lyon et à sa proche région, et je
me suis interdit toute incursion vers Grenoble ou la région stépha-
noise, centres de puissantes industries de soie artificielle. En effet,
la région lyonnaise, telle que je l'ai limitée, forme un ensemble
parfaitement cohérent. Le développement historique des indust
ries, leurs rapports avec la soie naturelle et les produits chimiques,'
y présentent un aspect particulier, absolument différent de ce que
l'on peut rencontrer autre part. La limitation stricte de ce travail
à Lyon et à sa région propre n'est pas seulement l'effet d'un choix,
nécessaire mais arbitraire ; elle peut se justifier par de solides rai
sons géographiques et économiques.
Toutefois, pour l'étude des industries du chardonnet, il importe
de distinguer deux étapes successives absolument tranchées: les
industries de création ou filatures de soie artificielle, et les indust
ries de transformation ou tissages. Toutes les industries sans doute
présentent des divisions analogues, mais nulle part elles n'offrent
des caractères aussi absolument distincts. C'est pourquoi, et ce
seront les deux grandes divisions de cette étude, nous examinerons
successivement la filature ou industrie chimique, puis le tissage.
l A. PINTON 230
I. L'Industrie chimique.
A) Les Conditions de la Production.
Le développement de l'industrie lyonnaise du chardonnet est
incontestable. Une dizaine d'usines, une production journalière
considérable, lui donnent une nette primauté sur le reste de la
France. Pourquoi ce développement? Essayons d'en discerner les
raisons en examinant rapidement les conditions géographiques et
économiques de la production.
La matière première ne nous explique rien. Pâte de bois ou lin-
ters de coton font défaut à la consommation lyonnaise comme,
d'ailleurs, à toute l'industrie française. M. Guéneau a mis lumineu
sement en relief l'indifférence du chardonnet au problème de la
matière première. Linters ou pâte de bois ne contribuent au prix
de revient que pour une très faible partie, et c'est sans inconvénient
qu'ils peuvent subir des transports longs et difficiles. Alors que
l'industrie parallèle de la soie ne peut s'éloigner du centre de pro
duction et qu'en France, comme au Japon, filatures et moulinages
se concentrent dans les régions séricicoles, nous voyons que le
chardonnet est indépendant d'une première condition géographi
que dont la soie artificielle ne saurait s'affranchir sans péril.
En revanche, il est aisé d'établir que l'existence d'une force
motrice à bon marché est un élément favorable à la filature. En
suivantTàttentivement la description des étapes de la fabrication,
on se rend compte de la force mise en jeu. Ici, l'agglomération
lyonnaise jouit d'une situation favorable. La proximité relative ■
;
.
:
LA SOIE ARTIFICIELLES LYON 231
•des Centrales alpestres permet aux. usines lyonnaises d'obtenir. la
force électrique à des: conditions raisonnables. Sans : doute,, ce
•facteur est d'importance, puisqu'il justifie pour une part le pro
grès de l'industrie grenobloise; toutefois, on ne peut le considérer
comme essentiel, puisqu'il ne joue, en aucune manière jusqu'en
." avait été pré1 923,. alors qu'il aurait dû,. depuis longtemps, s'il
dominant, décider de l'installation d'usines dans la banlieue lyonn
aise.
La* même conclusion s'impose si l'on: en '.vient à' la question de
l'eau. On sait qu'il faut en quantités énormes une eau aussi pure
que possible : une usine de viscose de 1 .000 kilogrammes en demande
plus de 2.400 mètres cubes chaque jour. Lyon est assurément mieux
pourvu, qu'aucune autre ville française, avec l'ensemble .Rhône,
Saône, complété au nord-est de Lyon par le canal de Jonage, étant
donné que l'eau du Rhône enparticulier est d'une pureté très suf
fisante.,
Certes, la plupart des usines sont placées à proximité des voies
d'eau, mais elles n'y puisent pas toutes directement. H ;est assez
frappant de constater que: les deux usines installées à proximité
du canal de Jonage n'utilisent : pas son eau. Le . liquide leur est
•fourni par de vastes nappes souterraines et le Rhône ne les al
imente ainsi que très indirectement. Même source d'eau pour l'usine
de Saint-Fons. Au contraire, et cela est assez curieux,ia Compagnie-
Rhodiaseta, à Vaise, est allée chercher l'eau de la Saône ; à plus ;
d'un Kilomètre par d'imposantes canalisations, et n'est tributaire
du.Ser.vice municipal que pour une très faible partie.
Nousen arrivons enfin à un dernier facteur géographique d'im
portance considérable : . la main-d'œuvre. Selon .M. Guéneau, sr la .
fabrication elle-même exige peu de monde, les opérations de fini
ssage -demandent au: contraire un; personnel- extrêmement nom
breux; Ici, l'habitude de manier les textiles, et particulièrement la
soie, serait un \ avantage très . considérable, car la main-d'œuvre
est un des éléments essentiels du prix de revient.. Lyon se trouvait
donc:ainsi merveilleusement avantagé et nous pourrions aisément
en tirer. une conclusion définitive/Cependant, il semble nécessaire
d'apporter ici quelques réserves. Le Progrès de Lyon, consacrant
.une étude à la banlieue lyonnaise, remarquait, le 10 septembre r '
232 A. PINTON
1929, que la population de Décines avait augmenté entre 1921 et
1929 de plus de 5.G0O habitants par la venue, surtout, de 4.000
étrangers, et que la presque totalité de ces Arméniens, Polonais,
Italiens et Russes était employés à la Société Lyonnaise de Soie
artificielle.
Ce personnel n'était en aucune façon habitué aux manipulations
textiles, et le chardonnet ne paraît guère avoir attiré les ouvriers
et ouvrières français spécialistes de la soie. D'ailleurs, toutes les
usines sont situées dans la partie Est de l'agglomération. Là s'est
rassemblée une population flottante, principalement d'origine
étrangère, apte aux durs travaux, d'industrie lourde, et que rien
ne prédisposait aux manipulations de la soie. En réalité, les deux,
industries n'ont pas échangé leur personnel, et le chardonnet s'est
développé à l'aide d'une main-d'œuvre nouvelle, qu'il a le plus
souvent appelée de très loin et qu'on a dû dresser entière
ment.
L'ensemble des conditions géographiques se révèle impuissant
I à justifier le développement de l'industrie lyonnaise de la soie arti-
"~> [ ficielle.
Des faits d'ordre technique fourniront-ils à notre enquête des
données plus certaines? Ecartons, d'abord, tout rapprochement
avec les industries primaires de la soie. D'ailleurs, ces industries,
avec lesquelles celles du chardonnet n'ont aucun point commun:
| filatures et moulinages, sont à peu près inexistantes à Lyon.
On doit au contraire placer en première ligne la question des
produits chimiques, qui entrent en telles quantités dans la fabrica
tion du chardonnet qu'on peut les compter assez justement parmi
les matières premières. Citons ces chiffres de M. Guéneau: pour
! produire 1.000 kilos de soie viscose il faut 2.000 kilos de soude,
1.500 d'acide sulfurique et 550 de sulfure de carbone. Si peu coû-
U^teuses que soient ces matières, leur emploi intervient plus dans
l'établissement du prix de revient que les véritables matières pre
mières. Dans ces conditions, il n'est point étonnant qu'on ait assi
milé la fabrication du chardonnet à une véritable indust

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