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Sociologie
Identité sociale et situations extrêmes : le cas des camps de concentration
Retour sur les travaux de Michael Pollak
Sarah GENSBURGER, Catherine NAVE, élèves de l’École normale supérieure de Cachan
« Nous partirons des expériences des déportés, leur identité et leur mémoire sont au cœur de notre réflexion. »
a notion d’«identité sociale» est à la fois largement utilisée enL sociologie.Ainsi parle-t-on de mais aussi largement débattue « processusidentitaires »,de « constructionde l’identité» ou encore d’«identification ».Au sein des travaux de Michael Pollak, l’identité sociale, sa formation comme son évolution tiennent une place centrale. Le terme est entendu comme une appartenance qui met en présence représentations et pratiques caractéristiques de telle ou telle iden-tité. L’identité est à double jeu, à la fois pour soi mais aussi pour les yeux des autres qui «identifient ». Ainsi, le titre du recueil de textes de l’auteur, publié en 1993 par des sociologues et des historiens,Une identité blessée, études de sociolo-gie et d’histoire, en est une illustra-tion. C’est au travers de deux principaux thèmes que Michael Pollak dévelop-pera l’idée de la valeur particulière de l’expérience extrême comme révélatrice de l’identité sociale. Le premier, homosexuels et sida, est principalement traité dansLes Homo-sexuels et le Sida. Sociologie d’une épidémie. Le second est celui des camps de concentration, qui nous intéresse ici, et dont l’exposition se
Michael Pollak,L’Expérience concentrationnaire
répartit entre quelques articles, parus dans les Actes de la recherche en sciences sociales et l’ouvrage de syn-thèse,L’Expérience concentration-naire. Essai sur le maintien de l’iden-tité sociale. Or l’un des mérites de ces travaux sur le camp des femmes d’Auschwitz-Birkenau est de mon-trer l’espace du camp comme un véri-table espace social, développement à l’opposé des représentations les plus répandues décrivant les déportés comme une masse déshumanisée et uniforme. Ainsi, face à l’horreur du camp, la force de la construction sociale apparaît nettement, en même temps que les mécanismes qui la ren-dent possible. Par ailleurs, ces tra-vaux nous permettent d’aborder la dimension morale de la relation d’entretien plus accentuée lorsqu’il s’agit d’un tel thème. Les récits des trois déportées, Margareta, Ruth et Myriam, constituent le cœur de l’ouvrage de M. Pollak.
LA GESTION DE L’INDICIBLE
À la limite du possible Tout chercheur travaillant sur les camps de concentration est confronté à l’inimaginable, ce qui dépasse
l’entendement, ce que M. Pollak dénomme «une expérience à la limite du possible». Face au récit de cette expérience extrême, la conscience commune fait appel à des schémas de classification préconstruits. Il s’agit de ce que beaucoup voient comme une expérience totalitaire et donc totale, englobante pour l’indi-vidu. Le camp serait «une institution 1 totale », au sens goffmanien. Le pri-sonnier n’existe plus comme agent, et encore moins comme acteur, il est réduit à n’être plus qu’un des nom-breux numéros qui composent la masse. Ainsi, dansSurvivre, Bruno Bettelheim décrit le camp comme «le laboratoire où la Gestapo apprenait à désintégrer la structure autonome des individus». Dès lors, le premier enjeu des travaux de M. Pollak est relatif au position-nement de son objet comme objet sociologique ou, pour revenir au vocabulaire durkheimien, comme « faitsocial ».Comment imposer une telle vision des camps de concentra-tion alors que beaucoup n’y voient qu’une dissolution de l’identité et
z 1.Goffman E.,Asiles. Études sur la condition sociale des malades mentaux, Paris, Éd. de Minuit, 1968.
DEES 111/ MARS1998. 29
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