Une communauté pieuse et le doute : mourir pour la Sanctification du Nom  (Qiddouch ha-Chem)  en Achkenaz (Europe du Nord) et l histoire de rabbi Amnon de Mayence - article ; n°5 ; vol.49, pg 1031-1047
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Une communauté pieuse et le doute : mourir pour la Sanctification du Nom (Qiddouch ha-Chem) en Achkenaz (Europe du Nord) et l'histoire de rabbi Amnon de Mayence - article ; n°5 ; vol.49, pg 1031-1047

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Annales. Histoire, Sciences Sociales - Année 1994 - Volume 49 - Numéro 5 - Pages 1031-1047
Pious Community and Doubt : Qiddush ha-Shem (Martyrdom) in Northern European Jewry (Ashkenaz) and the Story of Rabbi Amnon of Mainz.
The self-image of the Jews of Latin Christendom was of righteous God-fearing community. That collective memory derived from ancient Palestinian traditions of the early pietists hasidim rishonim whose traditions were brought to southern Italy and then to the Rhineland and Champagne. This positive self-image is reflected among other places in ancient and early medieval narratives about Jewish martyrs. Until the First Crusade massacres in the Rhineland in 1096 martyr narratives describe great scholars In 1096 the picture changes to holy communities of the righteous In none of these narratives is there any hint that Jews are tempted by or attracted to Christianity. The story of Rabbi Amnon of Mainz. from late twelfth-century Germany fictional account is the first to suggest that some Jews were attracted to Christianity and had doubts about themselves. They remembered that experience and connected it with guilt and divine judgement on the Jewish New Year. Its memory is preserved to this day in connection with the recitation of liturgical poem and the sanctus qedushah on the Jewish New Year and Day of Atonement.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ivan G. Marcus
Rosy Pinhas-Delpuech
Une communauté pieuse et le doute : mourir pour la
Sanctification du Nom (Qiddouch ha-Chem) en Achkenaz
(Europe du Nord) et l'histoire de rabbi Amnon de Mayence
In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 49e année, N. 5, 1994. pp. 1031-1047.
Abstract
Pious Community and Doubt : Qiddush ha-Shem (Martyrdom) in Northern European Jewry (Ashkenaz) and the Story of Rabbi
Amnon of Mainz.
The self-image of the Jews of Latin Christendom was of righteous God-fearing community. That collective memory derived from
ancient Palestinian traditions of the early pietists hasidim rishonim whose traditions were brought to southern Italy and then to the
Rhineland and Champagne. This positive self-image is reflected among other places in ancient and early medieval narratives
about Jewish martyrs. Until the First Crusade massacres in the Rhineland in 1096 martyr narratives describe great scholars In
1096 the picture changes to holy communities of the righteous In none of these narratives is there any hint that Jews are tempted
by or attracted to Christianity. The story of Rabbi Amnon of Mainz. from late twelfth-century Germany fictional account is the first
to suggest that some Jews were attracted to Christianity and had doubts about themselves. They remembered that experience
and connected it with guilt and divine judgement on the Jewish New Year. Its memory is preserved to this day in connection with
the recitation of liturgical poem and the sanctus qedushah on the Jewish New Year and Day of Atonement.
Citer ce document / Cite this document :
Marcus Ivan G., Pinhas-Delpuech Rosy. Une communauté pieuse et le doute : mourir pour la Sanctification du Nom (Qiddouch
ha-Chem) en Achkenaz (Europe du Nord) et l'histoire de rabbi Amnon de Mayence. In: Annales. Histoire, Sciences Sociales.
49e année, N. 5, 1994. pp. 1031-1047.
doi : 10.3406/ahess.1994.279310
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1994_num_49_5_279310REGARDS RECIPROQUES
JUIFS ET CHR TIENS
UNE COMMUNAUTE PIEUSE ET LE DOUTE
Mourir pour la Sanctification du Nom Qiddouch ha-Chem
en Achkenaz Europe du Nord
et histoire de rabbi Amnon de Mayence
Ivan MARCUS
Les communautés et les cultures juives du Moyen Age peuvent être divi
sées en deux grands groupes culturels séfarades et achkénazes Les pre
miers désignent les juifs qui vivaient sous domination musulmane depuis la
conquête arabe au début du ir siècle la fin du Moyen Age en
Afrique du Nord et dans Empire ottoman Sur un plan linguistique Sefa-
rad désigne Espagne mais adjectif séfarade fini par inclure toutes les
communautés juives vivant sur des terres musulmanes en particulier autour
de la Méditerranée En revanche Achkenaz désignait origine les juifs
installés en Rhénanie la fin du xe siècle mais il fini par englober toutes
les communautés juives de Empire germanique la France Angleterre
ainsi que toute Europe de Est
Il est paradoxal de constater que les rabbins séfarades étaient très
conservateurs et se référaient aux précédents des autorités anciennes
il agissait appliquer la loi juive alors ils étaient ouverts aux
influences de la majorité musulmane surtout aux genres et aux styles de la
littérature arabe la philosophie et la poésie Inversement les rabbins
achkénazes se montraient novateurs dans application de la loi juive et
tenaient compte des nouvelles coutumes de leur communauté alors ils
restaient fermés la culture erudite chrétienne
Ce caractère novateur du judaïsme achkénaze au Moyen Age repose sur
le présupposé que le peuple juif est pieux et juste1 Par conséquent la
manière dont les juifs vivaient leur judaïsme et suivaient les préceptes était
Hayim SOLOVEITCHIK Halakha Kalkala ve Dimoui Atsmi Jérusalem 1985 en
particulier pp 111-112 et du même auteur Religious Law and Change The Medieval Ash-
kenazic Example Association of Jewish Studies Review 12 1987 pp 205-221
1031
Annales HSS septembre-octobre 1994 no pp 1031-1047 REGARDS RECIPROQUES
considérée comme valide par les autorités rabbiniques Ainsi dans son
commentaire de la loi juive un des maîtres du Talmud rabbenou Jacob Tarn
mort en 1171) considérait priori que chaque juif était juste et pieux dans
sa vie quotidienne
Cette image collective de la piété en Achkenaz concorde avec un autre
aspect tout aussi inexplicable de cette culture juive Contrairement au
monde séfarade médiéval les vieilles coutumes étaient préservées et mises
en valeur tandis que les nouvelles pratiques spontanées acquéraient aisé
ment une validité religieuse2 Les érudits Achkenaz considéraient évolu
tion des coutumes locales comme des interprétations légitimes En revanche
les chefs religieux des communautés séfarades respectaient plutôt les auto
rités rabbiniques post-talmudiques ou géoniques de Bagdad et essayaient
de suivre les anciennes normes établies par eux
Cette image du comportement achkénaze est confirmée par la produc
tion un certain type de narration historiographique Une fois de plus
contrairement la narration séfarade en pays musulman qui ressemblait
de histoire et attachait la chaîne de tradition des rabbins académie
la narration achkénaze décrit les actes gesta en hébreu asim du peuple
saint Ce que des communautés des familles et des individus avaient fait en
période de transition ou de crise méritait être retenu et raconté Il ne suffi
sait pas de savoir uniquement quels sages avaient étudié avec quels autres3
Parmi les expressions de image du juste achkénaze il existe une solide
tradition de commémoration du martyre juif En observant les diverses
étapes de cette tradition on constate elle suit un cheminement semblable
celle du juste et elle remonte époque pré-européenne Les cas de
martyre ne sont pas toujours des occasions principales affirmer la sainteté
achkénaze mais ils constituent sûrement les exemples les plus dramatiques
et marquants
Cette insistance particulière sur le martyre dans la culture médiévale ach
kénaze pas son origine en Allemagne où les premiers textes qui en font
Israel TA-SHEMA Halakha minhagou-masoret be-yahadout achkenaz ba-meot ha-11-
12 Sidra 1987 160 réédité dans idem Minhag achkenaz ha-qadmon Jérusalem
1992 Mavo passim Ta-Shema présente la coutume minhag comme une solution incerti
tude de Soloveitchik devant image de soi positive qui domine en Achkenaz un point de vue
historique affirmer il existe en Achkenaz une préférence pour la création de coutumes par
la force légale minhagim ou pour une image de soi positive ne constitue pas une explica
tion historique Mais plutôt comme fait remarquer Fritz Yitshak er il longtemps
origine de ces deux attitudes remonte aux traditions piétistes hassidim de la Pales
tine pré-chrétienne Nombre de ces comportements sont passés au sud de Italie où ils se sont
consolidés avant atteindre Allemagne Reouven Bonfil de université hébraïque de Jérusa
lem insisté juste titre sur origine italienne de nombreuses pratiques des Hassidei Achkenaz
Pour ma part je ferais remonter certaines entre elles en particulier le hassidisme ancien au
judaïsme de la Palestine pré-chrétienne Sur ce sujet voir Yitshak ER Ha-hassidim ha-
richonim be-khitvei Pilon ou-va-massoret ha-ivrit dans ER Mehqarim ou-masot
be-toledot am Israel vols Jérusalem 1985 vol pp 107-108 et Israël be-amim Jérusalem
1955 en particulier le chap pp 36-39 48 Reouven BONFIL Bein eretz Israel le-Bavel
Shalem 1977 pp 1-30 et tus retorica ve-historia lyyoun be-megillat az Tar-
bout ve-hevrah be-toledot Israël be-yamei ha-beinaim vol la mémoire de BEN-SASSON
Jérusalem 1989 pp 99-135
Ivan MARCUS Story History and Collective Memory Narrativity in Early Ashkena-
zic Culture Prooftexts 10 automne 1990 pp 365-388
1032 MARCUS LA SANCTIFICATION DU NOM
mention paraissent après 1096 est plutôt dans le sud de Italie et parmi
les juifs pieux de ancienne Palestine il faut en chercher la source Le
grand historien juif Fritz Itshak er avance une idée audacieuse selon
laquelle les anciens juifs pieux hassidim) dans la Palestine du lie siècle
avant J.-C. avaient inauguré une tradition de piété parallèle celle du mys
ticisme kabbale étudié par Gershom Scholem Quelques années plus tard
un de ses étudiants de université de Jérusalem Haïm Hillel Ben-Sasson
ajoute idée que les prophéties Isaïe 52-53 sur le Serviteur du Sei
gneur étaient interprétées non seulement par les premiers chrétiens
comme désignant Jésus le seul individu qui souffre et meurt pour racheter le
monde mais aussi par les juifs pour désigner le peuple juif qui souf

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