Réflexionssur les pétitions de Bordeaux, le Havre et Lyon, concernantles douanesFrédéric BastiatAvril 1834La liberté commerciale aura probablement le sort de toutes les libertés, elle nes’introduira dans nos lois qu’après avoir pris possession de nos esprits. Aussidevons-nous applaudir aux efforts des négociants de Bordeaux, du Havre et deLyon, dussent ces efforts n’avoir immédiatement d’autres résultats que d’éveillerl’attention publique.Mais s’il est vrai qu’une réforme doive être généralement comprise pour êtresolidement établie, il s’ensuit que rien ne lui peut être plus funeste que ce qui égarel’opinion ; et rien n’est plus propre à l’égarer que les écrits qui réclament la libertéen s’appuyant sur les doctrines du monopole.Il y a sans doute bien de la témérité à un simple agriculteur de troubler, par unecritique audacieuse, l’unanime concert d’éloges qui a accueilli, au dedans et audehors de notre patrie, les réclamations du commerce français. Il n’a fallu rienmoins pour l’y décider que la ferme conviction, je dirai même la certitude, que cespétitions seraient aussi funestes, par leurs résultats, aux intérêts généraux, etparticulièrement aux intérêts agricoles de la France, qu’elles le sont par leursdoctrines au progrès des connaissances économiques.En m’élevant, au nom de l’agriculture, contre les projets de douanes présentés parles pétitionnaires, j’éprouve le besoin de commencer par déclarer que ce qui, dansces projets, excite mes ...
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