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Barbara MiechówkaLes paysans polonais au cours du 20ème siècleAspects politiques et sociaux des évolutionsèmeL’étude de l’évolution du monde rural polonais au cours du 20 siècle amène àconstater un paradoxe. En effet, d’une part, si la population qui vivait d’agriculture à la fin deèrela 1 guerre mondiale représentait plus de 60% de la population globale, en 2002, elle nereprésentait plus que 12% de la structure professionnelle. Mais d’autre part, une chose reste :ce qu’en Polonais on appelle « szachownica », c’est-à-dire l’échiquier constitué par lastructure des terres cultivées, qui sont, dans certaines régions, émiettées en minusculesparcelles mitoyennes. C’est un phénomène qui trouble les agriculteurs de la partie occidentalede l’Union Européenne, qui ont oublié depuis longtemps ce genre de paysage rural.Ce paradoxe s’explique aisément par l’histoire :ère- l’histoire de deux changements de frontières, celui issu de la 1 guerre mondiale par lequell’état polonais s’est reconstitué, après plus de 120 ans de partage entre trois empires, et celuiissu de la deuxième guerre mondiale. Deux changements de frontières, et aussi deuxèmeréformes agraires au cours du 20 siècle qui ont été menées selon des principes politiquesdifférents.ème- l’histoire de deux étapes de l’industrialisation de la Pologne au 20 siècle.Nous diviserons notre exposé en trois parties : histoire sociale de la paysannerie de1918 à 1939, histoire politique de 1918 à 1939, histoire sociale ...
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Barbara Miechówka
Les paysans polonais au cours du 20ème siècle Aspects politiques et sociaux des évolutions
L’étude de l’évolution du monde rural polonais au cours du 20èmesiècle amène à constater un paradoxe. En effet, d’une part, si la population qui vivait ’agriculture à la fin de la 1èreguerre mondiale représentait plus de 60% de la population globale, en 2002, elle ne représentait plus que 12% de la structure professionnelle. Mais d’autre part, une chose reste : ce qu’en Polonais on appelle « szachownica », c’est-à-dire l’échiquier constitué par la structure des terres cultivées, qui sont, dans certaines régions, émiettées en minuscules rcelles mitoyennes. C’est un phénomène qui trou e les agriculteurs de la partie occidentale de l’Union Européenne, qui ont oublié depuis longtemps ce genre de paysage rural. Ce paradoxe s’explique aisément par l’histoire : - l’histoire de deux changements de frontières, celui issu de la 1èreguerre mondiale par lequel l’état polonais s’est reconstitué, après plus de 120 ans de partage entre trois empires, et celui issu de la deuxième guerre mondiale. Deux changements de frontières, et aussi deux réformes agraires au cours du 20ème selon des principes politiques menéessiècle qui ont été différents. - l’histoire de deux étapes de l’industrialisation de la Pologne au 20èmesiècle. Nous diviserons notre exposé en trois parties : histoire sociale de la paysannerie de 1918 à 1939, histoire politique de 1918 à 1939, histoire sociale après 1945.
I. HISTOIRE SOCIALE de 1918 à 1939
1. Aspects démographiques et types de propriété Sur le plan démographique, la Pologne entre les deux guerres mondiales était essentiellement rurale. Reportons-nous au document n°1 intitulé «Structure sociale de la
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Pologne de 1918 à 1939 ». Nous y voyons que la population globale est passée de 1921 à 1938 de 27,2 millions d’habitants à 34, 8 millions d’habitants, soit une hausse de plus de 7 millions. Les ysans y représentaient : 53,2% en 121, puis 52% en 1931 et 50% en 1938, isse qu’on peut mettre en parallèle avec l’augmentation de la proportion d’ouvriers.
DOCUMENT N°1 Structure sociale de la Pologne 1918-1939 Source : Janusz Zarnowski ,Społeczeńwo II Rzeczpospolity, 1973 valuation en millions Groupes sociaux 1921 1931 1938 OUVRIERS 7,5 9,4 10,5 Industrie 1,1 1,5 1,9 Petite industrie et artisanat 1,8 2,5 2,9 Autres 1,7 2,4 2,6 Ouvriers agricoles 3,0 3,0 3,1 PAYSANS 14,5 16,7 17,4 Exploitations de grande taille 1,8 1,8 1,9 Exploitations de taille moyenne 5,5 6,3 6,4 Exploitations de petite taille 7,2 8,6 7,2
INTELIGENTSIA et EMPLOYES Avec formation 2,01,4 1,8 Employés 0,5 0,7 0,9 1,1 BOURGEOISIE Bourgeoisie industrielle0,3 0,3 0,3 Autres groupes 0,2 0,2 0,2 0,1 0,1 0,1 PETITE BOURGEOISIE 3,0 3,4 4,1 PROPRIETAIRES TERRIENS 0,1 0,1 0,1 MARGINAUX 0,4 0,4 0,4 TOTAL 27,2 32,1 34,8
valuation en pourcentages Groupes sociaux 1921 1931 1938 OUVRIERS (agricoles inclus) 30,227,5 29,3 PAYSANS 53,2 52,0 50,0 INTELIGENTSIA et EMPLOYES 5,1 5,6 5,7 BOURGEOISIE 1,1 0,9 0,9 PETITE BOURGEOISIE 11,0 11,6 11,8 PROPRIETAIRES TERRIENS 0,3 0,3 0,3 MARGINAUX 1,8 1,3 1,1 Total 100 100 100
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Mais pour achever de décrire le peuplement de la campagne polonaise de l’entre-deux-guerres, il faut placer les 3 millions d’ouvriers agricoles et les 100 mille propriétaires terriens qui les employaient. Là, on constate une étonnante stabilité en valeur absolue, tout à fait révélatrice d’un blocage au niveau des réformes agraires qu’il était nécessaire d’entreprendre éviter les conflits sociaux.
Voyons d’abord les paysans. Ils sont propriétaires de la terre qu’ils cultivent, et aucoup plus rarement locataires. La population paysanne est extrêmement diversifiée, ce qui apparaît déjà dans le ocument n°1, où on distingue trois catégories de pa sans selon la taille de leur exploitation. La situation devient encore plus complexe dans le document n°2, qui propose une étude plus détaillée du monde paysan. Si on s’intéresse aux exploitations de 2 à 10 ha, on voit qu’elles représentent près de80% des exploitations. Quant aux grandes exploitations (de 10 à 15 ha) ou très grandes (de 15 à 50 ha), elles sont fort peu nombreuses : on arrive à un total de environ 10%. Notons que la limite supérieure de 50 ha est celle qui a été utilisée pour la réforme agraire en 1944 : elle a été le critère utilisé pour distinguer les paysans des propriétaires terriens. Les propriétaires d’une exploitation paysanne de 10 ha ou plus sont si peu nombreux que le vocabulaire technique onais qui désigne cette catégorie sociale utilise non pas un dérivé de « rolni » (=agriculteur) mais un dérivé de « kmiećancien de la langue polonaise qui très « (mot désignait au Moyen-Age une catégorie de pa sans particulière: des paysans qui étaient non des serfs, mais des hommes libres, ce mot ayant pris ensuite le sens de paysan enrichi). Les exploitations « naines » de 0 à 2 ha, plus nombreuses que les grandes exploitations, étaient cultivées par des gens qui essayaient de survivre en s’employant de façon saisonnière chez les paysans aisés ou chez les propriétaires des domaines. Ils fournissaient l’essentiel de la catégorie des populations migrantes, de façon saisonnière ou de façon stable, quand elles pouvaient se fixer aux Etats-Unis, en Allemagne ou en France, voire au Brésil. Ces minuscules rcelles proliféraient surtout en Galicie et dans certaines zones de l’ancien Royaume du Congrès. Notons, pour souligner les différences régionales, que ces opriétés de moins de 2 ha constituaient les 2/3 des terres cultivées en Galicie, et seulement environ 1/3 des terres cultivées dans la partie occidentale, anciennement rattachée à la Prusse. Cette catégorie de paysans qui augmente au fil des années 1918-1939 constituait une des aies les plus douloureuses de la société polonaise, Car d’une part elle n’avait pas de débouchés dans l’industrie nationale et d’autre part les possibilités d’émigration vers les
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arties industrialisées du monde: Europe occidentale et Amérique se restreignent à partir de 1930. DOCUMENT N°2 Structure sociale et agraire de la Pologne selon la taille des exploitations : 1918-1939 Source : Mieczysław Mieszczankowski, Polski miedzywoyennejStruktura agrarna A) Structure sociale des exploitants :évaluation en millions Types d’exploitations 1921 1921 1931
Exploitants « nains » : 1,8 1,2 1,6de 0 à 2 ha Petits exploitants: 7,3 6 ,8de 2 à 5 ha 5,9 Moyens exploitants :de 5 à 10 ha 5,3 6, 2 6,4 Grands exploitants : 1,8 1,3 1,9de 10 à 15 ha dontTrès grands exploitants: de 15 à 50 ha 0,3 0,3 0,3 Total 14,2 16,4 17,4 B) Structure agraire des exploitations :évaluation en milliers Types d’exploitations 1921 1931 1938 Exploitations naines 313,1: de 0 à 2ha 434,3 392,4 Petites exploitations: de 2 à 5 ha 1158,8 1421,0 1548,0 Moyennes exploitations: de 5 à 10 ha 991,7 1154,3 1235,9 Grandes exploitations 290,1: de 10 à 15 ha 275,2 249,5 Très grandes exploitations 49,5 48,2 46,2: de 15 à 50 ha Total 2759,3 3292,0 3557,8 C) Structure agraire des exploitations :évaluation en pourcentages Types d’exploitations 1921 1931 1938Différence 1921-1938 Exploitations naines + 11,92 12,21 11,35: de 0 à 2 ha 0,86% Petites exploitations 1,51% + 43,16 43,51 42,00: de 2 à 5 ha Moyennes exploitations 35,06 34,74 -: de 5 à 10 ha 35,94 1,20% Grandes exploitations: de 15 à 50 ha 9,04 - 0,89% 8,39 8,15 Dont très grandes exploitations 0,28% 1,39 -: de 15 à 50 ha 1,47 1,67 -Total 100 100 100 100
Intéressons-nous maintenant aux propriétaires terriens. Certains historiens de la riode communiste présentent les grands domaines comme occupant la moitié du territoire de la 2ème ilsselon les termes du recensement de 1921,République. Très exactement, occupaient 47,3 % du territoire national. Mais en réalité, les grands domaines privés ne
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recouvraient que 30,3 % du territoire total. En effet, il faut inclure dans le chiffre de 47,3% le domaine pu ic constitué de ter es appartenant à l’Etat ( l’essentiel des forêts), ainsi que de ter es appartenant aux communautés paysannes (ce qui était une survivance régionale du régime féodal), et enfin des terres appartenant à des fondations d’utilité publique ou à l’Eglise qui détenait 1,6% du territoire. Il faut également préciser que les gran s propriétaires privés ne détenaient au total que 28% des terres cultivées, les 72% restants appartenant aux ysans. Comment se répartissaient ces domaines ivés qui étaient l’enjeu du très vi débat sur la réforme agraire après 1918 et qui appartenaient pour l’essentiel à l’ancienne noblesse? Dans les chiffres du recensement de 1921, on peut trouver 1964 propriétaires de plus de 1000 ha qui détenaient 60,5% de la surface totale des grands domaines. La moyenne mathématique de la surface d’un domaine de plus de 1000 ha se monte à environ 3000 ha. Mais on peut citer quelques chiffres impressionnants: 191 mille ha les latifundia de la famille Zamoyski, 177 mille ha pour la famille Radziwill, 150 mille ha pou la famille Potocki, et citer aussi quelques autres noms tout aussi prestigieux. Cependant la majeure rtie de ces terres étaient occupées par des orêts tandis que sur les terres cultivées, qui ne représentaient plus que 24% des la surface des très grands domaines, on pratiquait une ag iculture extensive. Au-dessous de 1000 ha, la part occupée par les forêts était moins importante et sur terres cultivées on pratiquait une agriculture de type intensi . Notons une particularité es opriétés de 50 à 100 ha. Elles appartenaient à des « miec », mais leur nombre ne s’élevait qu’à 6 235 exploitations. 70,7% d’entre elles se trouvaient sur les territoires de Prusse occidentale et orientale, alors qu’il n’y en avait plus que 13,3% dans le voïvodie de Varsovie et 16% dans le voïvodie de Wilno. Dans ces deux dernières régions, les propriétaires d’exploitations de 50 à 100 ha présentaient des caractéristiques d’une structure sociale ancienne, car on trouvait parmi eux de la petite noblesse (szlachta zagrodowa), qui avait un mode de vie analogue à celui des paysans enrichis. Sur le plan des nationalités, ce sont les Polonais qui dominent très nettement, surtout à l’Est : 80% des propriétaires des domaines étaient des Polonais, mais on trouvait 10% d’Allemands, et, dans les 10% restants, des Ukrainiens, des Biélorusses, des Russes et même quelques Juifs.
2. Les origines de la répartition de la structure agraire de la 2èmeRépublique
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Il faut la chercher dans l’histoire de l’abolition du servage qui s’est faite, sur les territoires ayant appa tenu à la 1èreRépublique de Pologne, avec plus d’un siècle de retard r rapport à la partie la plus occidentale de l’Europe. L’abolition du servage a commencé sur les territoires rattachés à la Prusse en 1816, sur les territoires rattachés à l’Autriche en 1848, et enfin en 1864 sur les territoires rattachés à la Russie. Le fait qu’elle ait été organisée par t ois administrations différentes et selon trois mo alités juridiques différentes a engendré des disparités régionales que le nouvel état polonais de 1918 a eu à gére , en même temps qu’il a du prendre en charge le règlement du reliquat de servage dans certaines zones de Galicie. Voyons les points principaux des trois réformes du 19èmesiècle qui expliquent ces différences régionales.
Le décret p ussien de 1816 accorde la opriété de 2/3 de la terre qu’ils cultivent aux serfs qui possédaient des animaux de trait, moyennant des charges supérieures à celles dont ils s’acquittaient antérieurement envers leur seigneu . Dans une seconde étape, en 1821, on décide e rtage les terres banales qui jusque-là étaient restées dans la communauté ysanne et de remembre , ce qui permet de crée des exploitations rationnelles. Cela explique le fait que c’est surtout sur l’ancien territoire administré par la Prusse que se sont constituées les exploitations dont la structure était analogue à celle de l’Europe occidentale. La troisième étape consiste à créer en 1850 des banques de rente qui permettent aux paysans de se libérer des charges qui pesaient encore sur eux. Le décret de 1850 accorde également la opriété des terres aux ysans qui n’avaient pas d’animaux de t ait. C’est dans cette catégorie de population que se crée un prolétariat qui sera absorbé pa le développement industriel et l’émigration vers la Westphalie ou l’Amérique.
Sur les te ritoires annexés par l’Autriche, le décret d’abolition du servage de 1848 stipule que les paysans n’auront pas à racheter au seigneu les terres qu’ils cultivent. Le seigneur est dédommagé sous forme de redevances dues par l’Etat. Mais un an plus tard, un nouveau décret précise que le dédommagement se fera progressivement grâce aux ressources du trésor public. Ainsi, c’est par le moyen de l’impôt que les ysans achètent ogressivement leurs terres. Les seigneurs sont dédommagés par liste tirée au sort chaque année. Ce ocessus est si lent que l’état polonais reconstitué après 1918 aura à achever l’abolition du servage en Galicie et à y régler la question des terres banales, appelées servitudes (serwituti ou służebności en Polonais), qui existaient toujours en 1918.
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La Galicie est par excellence la région des petites parcelles qui forment le fameux « échiquie » de certains paysages de la campagne polonaise. C’est pendant la 2ndemoitié du 19èmesiècle et au début du 20ème le nombre de parcelles desiècle qu’on y voit augmenter moins de 2ha et diminuer les exploitations de 10 à 20 ha, par le jeu des partages familiaux en l’absence de possibilité de trouver du travail dans une ville industrielle proche. La solution les paysans les plus hardis est le départ vers l’Amérique. Les opriétaires terriens, de leur côté, conserveront des domaines relativement indemnes.
Sur le territoire administré par la Russie, le règlement de la question du servage se fe a selon une procédure légèrement différente. L’oukaze de 1864 accorde aux serfs la propriété des terres qu’ils cultivent et les libère immédiatement de toute redevance envers leur ancien maître. Il est prévu que le dédommagement des seigneurs sera fait par l’Etat, qui leur remet des lettres de liquidation. Ainsi près de 800 mille familles de serfs deviendront immédiatement propriétaires alors que les propriétaires des domaines souffriront de l’abolition du servage dans cette zone de territoire, bien us qu’en Prusse ou en Autriche. En effet ils se trouvent privés du jour au lendemain d’une force de travail gratuite (sous forme de journées de corvée), alors que l’état ne les dédommagera que très progressivement par tirage au sort des lettres de liquidation. Ceci entraînera souvent des revers de fortune, tandis que les paysans arriveront à tirer profit de leur nouvelle situation. Ainsi se crée sur le territoire de l’ancien Royaume du Congrès une structure bi aire de la propriété de la terre: d’un côté les grands domaines, de l’autre les exploitations paysannes de taille très diverse. Là aussi, les serwituti resteront dans la communauté paysanne jusqu’en 1918.
Le document n°3 donne une image disparités régionales telles qu’elles existaient en 1907 et de la structure agraire dont héritera la 2èmeOn peut aussi, en analysant lesRépublique. chiffres, trouver le bien-fondé de l’expression proverbiale « galicyjska nędza » (misère galicienne) et voir pourquoi en 1907 les terres occupées par la Prusse restaient un réservoir d’émigration, alors que les terres du Royaume du Congrès étaient moins affectées par le nomène.
DOCUMENT N°3 Comparaison de la structure agraire des terres polonaises en 1907 (époque des partages)
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Source : article de J. Lukasiewicz, O strukturze agrarnej Królestwa Polskiego po uwłaszczeniu chlopów pod rórznemi zaborami,dans « Przegląd Historyczn » 1971, n°1
Nombre d’exploitations en pourcentage Surface occupée en pourcentage Exploitations Royaume Galicie Prusse Royaume Galicie Prusse en hectares du Congrès occidentale du Congrès occidentale
jusqu’à 2 ha 22,6 46,2 55,1 2,5 8,1 2,7 de 2 à 5 ha 34,6 35,3 12,6 12,7 20,3 4,1 de 5 à 10 ha 27,4 13,6 12,4 12,4 16,1 8,3 de 10 à 20 ha 11,6 3,5 12,5 12,5 8,2 17,4 de 20à 50ha 3,0 0,7 5,5 5,5 4,0 15,8 us de 5 ha 0,8 0,7 1,9 1,9 43,3 51,7
Total 100 100 100 100 100 100
3. Le mode de vie des paysans pendant la période 1918-1939
Il est plus difficile d’évaluer les revenus paysans que les revenus ouvriers pendant la riode 1918-1939, les enquêtes sur ce sujet ayant été rares. Cependant, une statistique pour 1928-1929 montre que les dépenses de consommation des ouvriers ont été de 50% supérieures à celles des paysans. Le niveau de vie des paysans faisait donc d’eux la catégorie sociale la plus basse dans l’échelle sociale Pour une approche plus fine, il faut tenir compte tout autant de la diversité des types d’exploitations que des différences régionales, les paysans de Poznanie ou de Poméranie ayant un niveau de vie plus élevé que celui d’un paysan d’une région orientale très arriérée comme la Polésie, où les paysans vivaient en totale autarcie et oduisaient eux-mêmes jusqu’à l’outil de travail le plus rudimentaire. Par ailleurs, les paysans ont terriblement souffert de la crise mondiale de 1929 qui a eu des effets us durables dans l’agriculture. Une étude qui servait à évalue la valeur réelle de l’alimentation d’un a ulte d’une famille paysanne a montré une baisse brutale en 1928/1929 qui continuera jusqu’en 1932/1933. Ensuite la courbe remonte lentement, mais elle indique que la consommation alimentaire des paysans jusqu’à la 2èmeguerre mondiale n’a jamais retrouvé le niveau qu’elle avait atteint au cours de l’année 1927/1928. Le niveau de vie très bas était du aux problèmes économiques mais aussi à un état des mentalités très conservateur qui résultait ’un niveau ’éducation déplorable. La politique éducative de la Deuxième Répu ique a permis des progrès. En effet, si dans le recensement de 1921 on trouve un taux d’analphabétisme de 38,1 % à la campagne, il ne sera plus que de 27,6% en 1931. Le rogrès est encore plus spectaculaire les enfants de 10 à 14 ans:
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34,4% d’analphabètes en 1921 et seulement 8% en 1931. Là aussi, on constate une géographie de l’analphabétisme dont le taux progresse selon que l’on se déplace de la Pologne de l’Ouest vers la Pologne de l’Est : en 1931 on trouve un quart de population analphabète dans l’ex-Royaume du Congrès et en Galicie mais 50% d’analphabètes dans la population élorusse et ukrainienne, et même jusqu’à 71,4% d’analphabètes chez les femmes de Polesie. Le frein aux progrès de l’éducation tenait pour partie à la méfiance à l’égard de l’école, considérée comme inutile au-delà du savoir lire et écrire par des parents élevés dans une culture de tradition orale. En général les enfants suivaient l’école primaire dite de 1e degré qui offrait une scolarité de 4 ans. Très souvent, la pression de la misè e matérielle ai ant, les enfants quittaient l’école sans avoir achevé ce cursus. Les écoles rimaires avec un cursus de 6 ans qui facilitaient l’accès au lycée avaient beaucoup moins de succès, même chez les paysans aisés. Selon une étude faite dans le milieu des années 30, il n’y avait que 35,4% d’enfants issus de familles ysannes aisées qui le suivaient. On ne trouvait qu’une oportion voisinant les 10% d’élèves de milieu paysan dans les lycées. Ensuite, ils finissaient généralement leurs études dans les séminaires et les écoles qui formaient les instituteurs. On trouvait tout au plus 1% d’étudiants d’origine paysanne dans les universités et une très faible oportion de jeunes d’origine paysanne dans les centres de formation technique supérieure. Les écoles techniques qui avaient le plus de succès auprès des paysans étaient celles qui recrutaient leurs élèves à l’issue du cursus élémentaire de 4 ans.
II. HISTOIRE POLITIQUE de la paysannerie de 1918 à 1939
La vie politique paysanne pendant l’entre-deux guerres se déroule sous le signe d’une réforme agraire, qui est réellement effectuée, mais de façon tellement molle, qu’à tous les moments d’agitation sociale liés à l’aggravation de la pauvreté, les paysans réclameront une vraie réforme agraire.
1. La représentation politique des paysans de 1918 à 1939
La grande nouveauté est que les paysans ont des rtis politiques et des députés pour les représenter à l’assemblée constituante qui s’est réunie le 2 février 1919 dans le nouvel état onais. On appelle ces partis des partis populaires, ce qui est une traduction littérale de « stronnictwo ludowe ». Il serait peut-être plus pertinent de les appeler partis paysans, pour mettre en relief leur spécificité sociologique.
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L’existence de ces partis politiques est une conséquence logique de l’abolition du servage. Les partis les plus importants en 1918 son «Piast » et «Wyzwolenie». « Piast » est un parti centriste né dans la partie annexée à l’Autriche qui s’implantera ensuite dans la partie anciennement annexée à la Prusse. «Wyzwolenie», plus à gauche et lié par de fortes sympathies au parti socialiste, est né dans la partie annexée à la Russie. Le coup d’état du Maréchal Pił des recompositions dans la représentation politique des entraînesudski en 1926 ysans. Il y a d’abord une scission au sein de « Wyzwolenie » qui a soutenu le Maréchal Piłsudski mais dont une partie des députés est très vite déçue de l’absence des réformes sociales espérées. Puis «Piast », qui dès 1926 était hostile à la Sanacja, se lie avec la gauche dans le « Centrolew » ( = Centre-gauche). A ès 1931, les rtis aysans se regroupent dans un parti qui prend le nom de « Stronnictwo Ludowe » (= Parti populaire) et qui se définira par son hostilité constante à la Sanacja jusqu’en 1939. Citons quelques grands noms du mouvement paysan, pour illustre la façon dont les ysans se sont formés à l’exercice des responsabilités politiques et la difficile histoire de la Pologne au 20èmesiècle. Wincenty Witos (1874-1945) : Enfant d’une famille paysanne de Galicie, propriétaire de 2 arpents de terre, il suit un cursus scolaire de 4 ans à l’école primaire. Sa formation intellectuelle est ensuite une formation d’autodidacte : alors qu’il gagne sa vie comme heron, sa vivacité intellectuelle et son appétit de savoir sont repérés par l’ administrateur des forêts de la famille Sanguszko qui met à sa disposition sa bibliothèque personnelle et les journaux auxquels il est abonné. Il sera député au Parlement autrichien, mais surtout Premier ministre de la 2ème République de Pologne, d’abord en 1920 -1921, puis en 1923 dans un gouvernement de centre-droit, dans lequel il trébuchera su la réforme agraire. Les paysans lui reprocheront alors d’avoir trahi leur cause. Opposé au coup d’état de Piłsudski qui met sous surveillance la vie démocratique, il participe aux transformations de son parti, en faisant alliance avec la gauche aysanne. Pendant le procès des dirigeants du Centrolew (Parti Centre-gauche) en 1931, il est condamné à 18 mois de prison et s’enfuit en 1933 en Tchécoslovaquie d’où il suit la vie politique. Pendant son absence, son aura ne cessera de grandir auprès des paysans qui feront de lui un rsonnage quasi-mythique. Aux premiers signes de l’imminence de la guerre en 1939, il revient clandestinement en Pologne. Placé sous surveillance par la police allemande, il sera sollicité pour es manœuvres politiques d’abord r l’occupant nazi puis pa l’occupant soviétique en 1944. Dans les deux cas, il réussit à s’ soustraire. Ainsi, son nom ra ensuite sser à la légende héroïque du mouvement ysan, intact de toute compromission.
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Maciej Rataj (1884-1940) : Enfant de paysan, il est un exemple très rare dans sa génération d’enfant de famille paysanne qui fait es études. Il fera des études littéraires à Lwów. D’abord membre du parti « Wyzwolenie » alors qu’il est enseignant à Zamość, il sse ensuite à « Piast ». Il devient président du parlement de 1922 à 1928. Arrêté en mars 1940, alors qu’il participait activement à l’organisation de la Résistance, Rataj est usillé dans la forêt de Palmir , aux alentours de Varsovie.
Stanisław Mikołajczy (1901-1966) lie ans : Né en West une famille paysanne qui suit le mouvement d’émigration économique, il reçoit une instruction primaire de base. Sa famille revient sur la terre natale où elle acquiert une etite exploitation. Ensuite Mikołajczyk se forme à la vie politique en participant à la vie des organisations paysannes locales. Il adhère au parti de Witos dans lequel il gravit les échelons jusqu’à être élu député de 1931 à 1935. Condamné à une peine de prison pour sa participation à l’organisation des grèves paysannes de 1937, il en garde un ressentiment à l’égard de la Sanacja qu’il ne surmontera jamais. D’abord vice- emier ministre du gouvernement polonais de Londres de 1940 à 1943, il devient premier ministre en 1943, à la suite du décès du Général Sikorski dans un accident d’avion au-dessus du détroit de Gibralta . Il négocie avec Staline en 1944 mais son désaccord avec la majorité des membres du gouvernement polonais de Londres sur les solutions à envisage à l’issue de ces négociations l’amène à démissionne . De retour en Pologne en juin 1945, il devient vice- emier ministre du Gouvernement provisoire, dit d’unité nationale, et ministre de l’agriculture chargé de la réforme agraire. La éforme agraire, dont le déroulement était fort lent avant la guerre, est achevée avec des méthodes brutales, avec la couverture morale de Mikoł les communistes se sont très habilementajczy dont servis. Après les élections parlementaires de 1947, il est contraint de constater qu’il n’y a pas de compromis possible avec les gens qui ont pris le pouvoi . Sachant son arrestation imminente, il s’enfuit et finit sa vie aux Etats-Unis.
Juliusz Poniatowski (1886-1975) : Ce n’est pas un paysan par ses origines sociales. Né à Saint-Pétersbourg dans une famille de propriétaires terriens, il a une formation caractéristique du cosmopolitisme de ces familles. Il fait d’abord des études d’agronomie à l’Université de Cracovie puis à Prague, ensuite des études d’économie à Bruxelles. En 1914, il s’engage dans les Légions formées par Józef Piłsudski. Figure importante du parti « Wyzwolenie », ministre de l’agriculture sous le 1egouvernement de Witos, il devient à
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