La mesure des illusions de poids - article ; n°1 ; vol.2, pg 79-86
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Description

L'année psychologique - Année 1895 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 79-86
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1895
Nombre de lectures 8
Langue Français

Extrait

J.-J. Van Biervliet
La mesure des illusions de poids
In: L'année psychologique. 1895 vol. 2. pp. 79-86.
Citer ce document / Cite this document :
Van Biervliet J.-J. La mesure des illusions de poids. In: L'année psychologique. 1895 vol. 2. pp. 79-86.
doi : 10.3406/psy.1895.1530
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1895_num_2_1_1530VI
LA MESURE DES ILLUSIONS DE POIDS
Trois travaux intéressants ont traité la question des ill
usions de poids. Le premier est une étude, publiée ici même l'an
dernier1, et qui donne les résultats des recherches faites par
M. Flournoy au laboratoire de psychologie de Genève.
M. se propose de démontrer « d'une manière à la fois
simple et probante la non-existence des sensations d'innervation
proprement dites».
Il choisit une série de dix objets vulgaires tarés de façon à peser
chacun 112 grammes. Ces sont très inégaux de volume,
le plus grand cube 2100 centimètres, le plus petit 10 centi
mètres. Ils ne sont pas du tout de même forme, ni même de
dimensions aisément comparables.
L'expérimentateur présentait à divers sujets les dix objets
disposés sans ordre sur une table et les priait de les aligner
suivant le poids.
Sur cinquante personnes, « une seule, très exercée à estimer
le poids réel des corps d'après leur nature et leur volume a dia
gnostiqué l'égalité des poids... aucune des 49 autres personnes
n'a deviné de et toutes ont éprouvé une diff
érence considérable, sinon entre tous les objets dont quelques-
uns paraissaient presque égaux et n'ont été classés qu'avec
incertitude, du moins entre les extrêmes de la série ». Le plus
grands des dix objets pesant 112 grammes a été déclaré le
léger; le plus petit a été estimé le plus lourd; les huit objets
intermédiaires ont généralement paru plus lourds à mesure que
leur volume se rapprochait du volume du dixième.
Dans la seconde série d'expériences, M. Flournoy a fixé à
(1) Année psychologique, p. 198. MÉMOIRES DES COLLABORATEURS 80
chaque objet un fil rigide terminé par une boucle dans laquelle
les sujets introduisaient le bout du doigt. 31 sujets nouveaux
ont été priés de ranger les objets (portés maintenant au
poids de 120 grammes) dans l'ordre des poids croissants. L'a
rrangement a été le même que dans les expériences [précédentes.
L'objet le plus grand a été déclaré le plus léger, et le plus
petit trouvé le plus lourd.
Quand les sujets répétaient l'expérience en tenant les yeux
fermés, tous les objets étaient estimés égaux en poids.
De ce fait que quand nous regardons les objets nous nous
trompons sur leur poids réel, M. Flournoy conclut que le sens
de l'innervation n'existe pas.
Il s'agit de s'entendre sur la nature de la sensation de poids.
Une expérience bien simple permettra à tout le monde de
constater que ce que nous appelons communément le poids
d'un corps n'est nullement son poids absolu, mais un
relatif, une certaine densité : c'est-à-dire un poids rapporté à
un volume -r^.
Si tenant les yeux fermés, vous laissez placer sur votre main
tendue une bouteille de dimensions ordinaires, la bouteille
étant d'abord placé sur le goulot, vous aurez une impression
de poids d'une certaine intensité. Si alors on retourne bru
squement la bouteille de façon que vous la teniez par le fond,
elle vous semblera beaucoup plus légère que tout à l'heure. On
pourra verser dans la bouteille ainsi placée une quantité con
sidérable de liquide avant que vous déclariez qu'elle pèse
autant qu'elle pesait dans la première position.
Cette expérience, que chacun peut répéter, montre qu'en
soupesant un objet nous touchons, nous percevons deux pro
priétés de cet : son poids et son volume. Le poids est
mesuré par l'effort que nous devons faire pour retenir l'objet ;
le volume est mesuré par l'étendue de la partie des téguments
en contact avec l'objet. Le poids P delà bouteille vide demeure
constant, que l'on tienne la bouteille parle goulot ou parle
fond ; mais dans le premier cas la surface cutanée comprimée
par l'objet est petite, dans le second cas elle est beaucoup plus
étendue. Dans le premier cas le volume de l'objet V nous paraît
très petit, dans le second cas V est considérable.
Puisque nous percevons à la fois P et V, il nous est imposs
ible de ne pas immédiatement saisir leur rapport y , donc la
densité. Celle-ci sera considérable quand nous tiendrons la VAN BIERVLIET. — LA MESURE DES ILLUSIONS DE POIDS 81
bouteille par le goulot (le dénominateur V étant très petit) et
beaucoup plus faible quand la bouteille reposera sur le fond (le
dénominateur V étant considérable)'.
Dans les expériences faites par M. Flournoy, le volume des
objets soupesés n'était pas perçu par le sens du toucher mais
par celui de la vue.
~
Les sujets comparaient le corps le plus grand v à tous 2 500
les autres pour lequels V était moindre, donc ils devaient
estimer que cet objet avait un poids relatif moindre étant plus
' léger que celui dont les dimensions étaient moindres -y"Erfif
L'intensité dans le premier cas était 0,045 et dans le second
cas 11, 2.
On voit que pour expliquer les résultats obtenus par M. Flour
noy, il faut absolument faire intervenir le sens de l'innervation
puisque c'est celui qui dans les pesées nous fournit l'un des
éléments du poids (en prenant ce mot dans son sens vulgaire).
La vue ou le toucher nous donne V, mais le sens musculaire
nous donne Pl.
Quand on fait l'expérience en fermant les yeux et en tenant
les objets suspendus par un fil, V étant réduit à l'unité (la sur
face de contact étant linéaire) il ne reste de perçu que P ; en
effet puisque V = 1, p y = p j-= P, c'est-à-dire, le poids absolu.
Un autre psychologue, M. Dresslar, a étudié la même illusion
de poids chez 173 enfants des deux sexes. Il s'est servi d'objets
moins disparates que ceux qu'a choisis M. Flournoy.
Les corps qu'il faisait soupeser étaient des tubes métalliques
au nombre de huit, tous de hauteur différente, mais pesant le
même poids.
Invités à ranger ces tubes suivant leur poids, les 173 sujets
ont placé les objets dans l'ordre de leur taille, considérant le
plus petit comme le plus lourd. La majorité a rangé ces poids
dans l'ordre exact de leur taille, la minorité dans l'ordre à peu
près exact.
Dans l'expérience de M. Dresslar, P était donné par le sens de
l'innervation, V était donné par la vision et le toucher à la fois.
Un tout récent travail de MM. Philippe et Glavière traitant le
sujet qui nous occupe a paru dans la Revue philosophique en
décembre dernier.
(1) Voyez le travail très intéressant de M. Charpentier dans Archives de
physiologie, année 1891, p. 122.
ANNÉE PSYCHOLOGIQUE. II. 6 MÉMOIRES DES COLLABORATEURS 82
Les auteurs de cette dernière étude rejeté nt énergiquement
l'opinion de M. Flournoy qui conclut à la non-existence du sens
de l'innervation. Ils montrent par l'expérimentation que l'ill
usion n'est nullement explicable, comme le croyait M. Flournoy,
par l'hérédité, puisque chez les très jeunes enfants elle n'existe
pas.
De plus, ils ont essayé de mesurer la grandeur de l'illusion,
en choisissant des tubes de grandeur déterminée et en ajoutant
des poids aux plus légers jusqu'à ce qu'ils parussent égaux aux
plus pesants.
Mais ici, j'avoue ne pas bien saisir leur procédé opératoire.
Ils ont choisi des tubes mesurant respectivement 12, 15, 18,
20 et 25 centimètres.
Ces 5 tubes étaient, pour une série d'expériences, tous égaux
en diamètre.
Pour une dernière série d'expériences les tubes différaient en
volume et en diamètre. Je me demande par quel procédé les
sujets parviennent à toucher sur toute leur étendue et de tous
les côtés des tubes aussi longs?
J'imagine que le sujet, même en « prenant à pleine main
chacun des tubes différents en diamètre ' », ne pouvait recouvrir
dans toute

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