Le genre Euglypha: essai de taxinomie numérique
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Description

In: Protistologica, 1979, 15 (4), pp.565-579. Une étude biométrique a été faite sur 91 individus du genre Euglypha, observés au microscope à balayage, à l'aide d'analyses des correspondances sur, d'une part, des mesures définissant la thèque, les écailles pariétales et les écailles buccales et, d'autre part, des mesures définissant les écailles buccales seulement. Ces analyses montrent que les caractères des écailles buccales (taille, forme) ont un très bon pouvoir discriminant pour la détermination spécifique. Les espèces suivantes ont été mises en évidence par l'analyse et décrites avec des précisions nouvelles sur les écailles buccales et pariétales: Euglypha capsiosa, E. cristata, E. cristata f. decora, E. filifera, E. hyalina, E. rotunda v. minor, E. simplex et E. strigosa. Six autres individus ont été décrits sans être rattachés à des espèces connues.

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Publié le 14 février 2018
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Langue Français
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Extrait

1
LE GENREEUGLYPHA:ESSAI DE TAXINOMIE NUMÉRIQUE
Marie-Madeleine COÛTEAUX, Andrée MUNSCH et Jean-François PONGE
Laboratoire d'Ecologie Générale, Muséum National d'Histoire Naturelle, 4, avenue du Petit Château, 91800
Brunoy
RÉSUMÉ
Une étude biométrique a été faite sur 91 individus du genreEuglypha, observés au microscope à
balayage, à l'aide d'analyses des correspondances sur, d'une part, des mesures définissant la thèque, les écailles
pariétales et les écailles buccales et, d'autre part, des mesures définissant les écailles buccales seulement. Ces
analyses montrent que les caractères des écailles buccales (taille, forme) ont un très bon pouvoir discriminant
pour la détermination spécifique. Les espèces suivantes ont été mises en évidence par l'analyse et décrites avec
des précisions nouvelles sur les écailles buccales et pariétales:Euglypha capsiosa,E. cristata,E. cristataf.
decora,E. filifera,E. hyalina,E. rotundav.minor,E. simplexetE. strigosa. Six autres individus ont été décrits
sans être rattachés à des espèces connues.
SUMMARY
A biometric study has been made on 91 individuals of the genusEuglyphaobserved through a scanning
electron microscope and, in addition, factorial analyses has been made, on the one hand, between the measures
defining the shell, the parietal plates and the buccal ones and, on the other hand, on measures defining only the
buccal plates. The analyses evince that the characteristics of the buccal plates (size, shape) prove to be excellent
discriminating data for the determination of species. The following species have been revealed by the analyses
and described with new precise details on the buccal and parietal plates:Euglypha capsiosa,E. cristata,E.
cristataf.decora,E. filifera,E. hyalina,E. rotundav.minor,E. simplexandE. strigosa. Six other individuals
have been described without being linked to known species.
INTRODUCTION
Le genreEuglypha,créé en 1841, par DUJARDINappartient à la famille desEuglyphidaeWallich, 1864,
2
à la superfamille desEuglyphacea1864) Loeblich et Tappan, 1961 et à la sous-classe des (Wallich, Filosia
(Leidy, 1879).
Diagnose originaledu genre d'après DUJARDIN(1841).
An. sécrétant un. têt. diaphane, membraneux, résistant, de forme ovoïde allongée, arrondi à une
extrémité, et terminé à l'autre extrémité par une très large ouverture tronquée, à bord dentelé, orné de saillies ou
d'impressions régulières en séries obliques. Expansions filiformes nombreuses, simples.
Diagnose(DECLOITRE, 1961, 1976).
«Coque hyaline, incolore, non ou peu comprimée, composée d'écailles circulaires, elliptiques ou
scutiformes, régulièrement imbriquées et disposées en rangées longitudinales alternantes. Pseudostome circulaire
ou elliptique, bordé d'écailles différenciées».
Les diagnoses d'espèces sont restées toutes très imprécises quant à la morphologie des écailles
différenciées du pseudostome. Et pour cause, les structures et la forme des écailles buccales sont difficiles à
observer en microscopie optique, surtout chez les petites espèces. Par contre, en microscopie à balayage, cette
observation est aisée et permet une analyse biométrique précise de leurs formes caractéristiques.
Il s'avère donc nécessaire de proposer une nouvelle diagnose du genre qui tiendrait compte de
l'ensemble de ces caractères, y compris ceux concernant la morphologie des écailles buccales.
Nouvelle diagnose.
La thèque est hyaline, le plus souvent incolore, comprimée ou non, munie d'un pseudostome circulaire
ou elliptique bordé d'écailles différenciées. Ces écailles buccales, de forme variée mais avec toujours un plan de
symétrie bilatérale, présentent sur la bordure interne et dans le 1/3 antérieur un crochet médian et 2 à 3 paires de
crochets latéraux. Ces crochets sont toujours redressés vers l'extérieur et vers l'avant. Le revêtement de la thèque
est formé d'écailles pariétales ovales à presque rectangulaires avec deux plans de symétrie bilatérale
perpendiculaires, disposées en rangées longitudinales, l'écaille postérieure recouvrant légèrement l'écaille
antérieure. On distingue deux types de rangées longitudinales, la première prolonge l'écaille buccale et est
nommée (NETZEL, 1977) rangée-M, la seconde commence au niveau du premier anneau d'écailles pariétales
(rangée-P) et les recouvrements se trouvent décalés d'une demi-longueur d'écailles par rapport à la rangée-M, ce
qui donne à l'ensemble du revêtement l'aspect d'une résille d'hexagones étirés dans le sens de la longueur.
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L'étude biométrique ci-dessous a été effectuée sur 91 individus du genreEuglypha. Ceux-ci proviennent
d'échantillons de sol d'origines diverses et choisis au hasard de l'observation en microscopie à balayage.
Une série de caractères a été notée ou mesurée sur les thèques de chaque individu. Ces données ont
servi de base à une analyse des correspondances qui tente de mettre en évidence la limite entre les espèces et les
caractères primordiaux pour la détermination spécifique.
I.Technique
L'échantillon de sol est mis en suspension dans l'eau. Une goutte du surnageant est prélevée comme
dans la méthode de BONNETet THOMAS(1958), placée sur une platine d'aluminium, séchée à l'air et métallisée à
l'Au-Pd. L'observation au microscope à balayage (Cambridge, Stéréoscan S4) se fait sous une tension de 20 kV.
Les échantillons ainsi observés contiennent un mélange de Thécamoebiens et seuls les individus
appartenant au genreEuglyphaont fait l'objet d'une série de mesures.
II.Origine des individus et description des biotopes
Les 91 individus mesurés proviennent de 24 échantillons prélevés dans des régions diverses: France,
Belgique, Côte d'Ivoire, Ghana, Japon, Guyane et Guadeloupe. Les biotopes représentés sont presque tous
forestiers mais étant donné la diversité de leur nature et de leur situation géographique, leur peuplement
thécamoebien est très différent.
n° 1 (2) Belgique, humus d'épicéa.
n° 2 (1) Côte d'Ivoire, sol de forêt-galerie.
n° 3 (1) France, Ardèche, humus de forêt de Châtaigniers et de Pins maritimes, sous-sol schisteux.
n° 4 (1) France, Ardèche, mousse sur racine en forêt de Châtaigniers et de Pins maritimes, sous-sol schisteux.
n° 5 (1) France, Ardèche, mousse en bordure de rivière (Granzon), sur rocher calcaire.
n° 6 (8) France, Ardèche, mousse sur argile de décalcification (Bois de Païolive).
n° 7 (1) France, Pyrénées Orientales, mousse sur rocher calcaire.
( )Le chiffre entre parenthèses indique le nombre d'individus mesurés appartenant à cet échantillon.
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n° 8 (6) Ghana, Eboué, mangrove sur la lagune Abi, feuilles (leg. J .Y. Bertrand).
n° 9 (5) Ghana, Eboué, mangrove sur la lagune Abi, humus de raphia (leg. J.Y. Bertrand).
n° 10 (9) Guadeloupe, Parc National de la Guadeloupe, litière forestière.
n° 11 (3) Guadeloupe, humus sous n° 10.
n° 12 (4)Guadeloupe, Parc National de la Guadeloupe, rhizosphère d'Aracée épiphyte à 1 m au-dessus du niveau
du sol en milieu forestier.
n° 13 (1) Guadeloupe, Parc National de la Guadeloupe, litière forestière.
14 (1) Guadeloupe, Canal de la Belle Plaine, rhizosphère de Broméliacée épiphyte à 50 cm du niveau du sol
dans une mangrove àPterocarpus officinalis.
n° 15 (12) Guadeloupe, Canal de la Belle Plaine, litière de mangrove àPterocarpus officinalis.
n° 16 (1) Guadeloupe, humus sous n° 15.
n° 17 (9) Guadeloupe, Canal de la Belle Plaine, litière de mangrove àPterocarpus officinalis.
n° 18 (1) Guadeloupe, Canal de la Belle Plaine, rhizosphère d'épiphyte dans la mangrove àPterocarpus
officinalis.
n° 19 (1) Guadeloupe, Morne à l'eau, mousse au sol dans une mangrove palustre.
n° 20 (2) Guadeloupe, Vieux bourg, mousse sur rocher dans une mangrove àPterocarpus officinalis.
n° 21 (2)Guyane, humus de forêt primaire (leg. P. Charles-Dominique).
n° 22 (15) Japon, Vallée des Singes (Shiga), humus de forêt mélangé de feuillus et de résineux dans un milieu
très humide en région volcanique (leg. Z. Massoud).
n° 23 (2) Suède, Jadraas,Dicranumsp. sur sol sableux sous forêt de Pins sylvestres.
n° 24 (2) Suède, Hidraas, rhizosphère sous couvert de mousses sur sol sableux sous forêt de Pins sylvestres.
Dans la plupart des échantillons, un ou deux individus seulement avaient toutes les qualités requises
pour être mesurés (position dans le plan, netteté des écailles buccales, etc.). Quatre échantillons se sont montrés
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os plus riches: n 10, 15, 17 et 22 (de 9 à 15 individus). Dans chacun de ces échantillons, les individus présentent
un éventail de morphologies variées.
III.Choix des données
Au départ, un maximum de données ont été réunies. Ces données concernaient la taille et la forme de la
thèque, des écailles pariétales et des écailles buccales. Au total, 37 caractères ont servi de base à des analyses des
correspondances préliminaires. Celles-ci ont montré que les mesures définissant la forme de la thèque et des
écailles pariétales n'avaient aucun pouvoir discriminant, les mesures concernant la thèque parce que les
silhouettes des thèques sont très semblables les unes aux autres, les mesures concernant les écailles pariétales à
cause, au contraire, de leur variabilité. Par contre, les mesures définissant la forme des écailles buccales sont des
éléments utilisables pour la détermination spécifique.
Les valeurs de ces mesures, bien que choisies
empiriquement, ont été testées par l'analyse des correspondances et elles sont apparues comme de bons facteurs
discriminants. Dix-neuf caractères ont donc été sélectionnés pour les analyses qui vont suivre. Ils peuvent être
classés en plusieurs types:
1.Caractères quantitatifs continus: longueur (LOCO) et largeur (LACO) de la thèque, longueur (LOEC) et
largeur (LAEC) des écailles pariétales, longueur (AB) et largeur (CD) des écailles buccales.
Les deux plus grands axes de l'écaille buccale correspondent (fig. 3) à sa longueur (AB) pour le plus
grand et à sa largeur (CD) pour le plus petit. Les deux axes se croisent au point O. Le point E est situé au quart
de la droite AO à partir de A. La perpendiculaire à partir de E jusqu'à la limite de l'écaille définit un segment de
droiteEF. Le point G est situé au centre de OD. Par ce point, on fait passer une droite parallèle à AB et
perpendiculaire à OD et qui se termine à la limite de l'écaille. On détermine de cette façon deux segments de
droite:GHdu côté antérieur etGIdu côté postérieur. A partir du point I, on abaisse une perpendiculaire sur OB.
On obtient ainsi le point K et le segment de droiteBK.
Les segments de droite retenus pour l'analyse et mesurés sont la longueur AB et la largeur CD ainsi que
EF, GR, pour définir la forme de la partie antérieure de l'écaille buccale et KB et GI pour définir la forme de la
partie postérieure.
2.Caractères quantitatifs discontinus:
Les données concernant le nombre d'écailles pariétales sont résumées en deux mesures: d'une part le
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nombre de rangées d'écailles (RANG), c'est-à-dire la somme du nombre des rangées-M et des rangées-P (selon
NETZEL, 1977) visibles sur la largeur et d'autre part, le nombre d'écailles dans une rangée-M (LONG).
Les écailles buccales (NBEB) sont faciles à dénombrer. Les crochets latéraux (CROC) sur la face
interne de l'écaille buccale sont au nombre de 2 ou 3 paires selon les individus.
3.Caractères qualitatifs:
Ces caractères sont définis selon le critère de présence-absence. Il s'agit: pour la thèque, de son
aplatissement (COMP) et de la présence d'épines (EPIN); pour l'écaille pariétale, de la présence d'une
invagination plus ou moins visible au moins sur son extrémité distale; pour l'écaille buccale, de la présence d'un
épaississement à son extrémité antérieure recouvrant le crochet médian (CAPU) et de la présence d'une digitation
à son extrémité postérieure (QUEU).
espèces.
Ces caractères se sont avérés être les plus discriminants en ce qui concerne la distinction entre les
IV.Choix de la méthode d'analyse
Le but de l'analyse consiste en une représentation synthétique objective de l'ensemble des données
numériques réunies. L'analyse des correspondances paraît la mieux adaptée pour répondre à cette exigence.
D'après LEBART et FENELON (1973), elle «possède un bon pouvoir descriptif des tableaux de nombres positifs
(sans que ceux-ci soient forcément des tableaux de probabilités ou de fréquences)».
L'utilisation de l'analyse des correspondances en taxinomie numérique trouve de nombreuses
applications (BENZECRIet al., 1973). Dans le cas présent, elle conduit à une représentation graphique et à un
mode de différenciation des différentes espèces du genreEuglypha introduites dans l'analyse. Elle permet
également de ramener à quelques données caractéristiques les facteurs distinctifs entre les espèces.
Pour une meilleure lisibilité des graphiques, les données ont été centrées et réduites.
V.Résultats des analyses des correspondances
Comme il a été dit plus haut, une série d'analyses des correspondances avec un maximum de données
biométriques ont permis de sélectionner les caractères les plus discriminants. Seuls ces derniers ont été utilisés
dans les deux analyses présentées ici. La première a été faite sur l'ensemble des mesures concernant la thèque,
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l'écaille pariétale et l'écaille buccale, la seconde ne tient compte que des mesures faites sur l'écaille buccale.
1.Analyse des correspondances sur l'ensemble des données (fig. 1):
L'analyse des correspondances sur l'ensemble des 19 caractères morphologiques et des 91 individus
permet une représentation dans le plan des axes 1 et 2. Ces derniers extraient respectivement 44,2% et 17,0% de
la variance totale.
La représentation graphique de l'analyse (fig. 1), ainsi que de celle qui suit (fig. 2) dispose, dans le plan
de l'axe 1 et 2, les individus selon leur degré de saturation en facteurs 1 et 2, ceci sans idée préconçue quant à
leur appartenance spécifique. Pour mettre en évidence la coïncidence entre les résultats de l'analyse et la
nomenclature classique, les individus ont été désignés par un sigle particulier pour chaque espèce (celle-ci étant
déterminée classiquement à partir de la diagnose de leurs auteurs).
L'axe 1 classe d'une manière évidente les individus selon un critère de taille. Les plus petits individus
er sont caractérisés par les saturations les plus basses pour le 1 facteur (Euglypha rotundav.minor,E. hyalina,E.
capsiosa etE. cristata). Les plus grands individus sont caractérisés par les saturations les plus élevées pour ce
facteur (E. strigosaetE. filifera). Les individus de taille moyenne sont situés dans une position intermédiaire (E.
simplex,E. laevis etE. ciliata). D'autres caractères apparaissent fortement saturés par rapport au facteur 1: la
présence d'épines et l'aplatissement latéral de la thèque. Ces deux caractères coïncident, dans le groupe d'espèces
réunies ici, avec la taille. L'aplatissement et la petite taille avaient déjà été définis dans les sols comme des
caractères adaptatifs chez les espèces de l'humus (COUTEAUX, 1972 et 1976), les petites espèces n'étant pas
comprimées (E. rotunda v.minor,E. hyalina etE. capsiosa) alors que les formes les plus grandes le sont (E.
strigosaetE. filifera) et ceci en raison de la structure hydrique du sol qui livre le plus souvent l'eau sous forme
pelliculaire.
Les données témoignant du nombre d'écailles pariétales et d'écailles buccales sont manifestement liées à
la taille des individus.
L'axe 2 concerne plus particulièrement certains caractères des écailles buccales: la présence d'un
épaississement de l'extrémité antérieure (CAPU) (E.simplex) et d'une digitation à l'extrémité postérieure (E.
simplex,E. capsiosa,E. rotundav.minoretE. cristata). Ces deux caractères et les espèces qui souscrivent sont
fortement désaturés en facteur 2.
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Si l'interprétation des axes est assez aisée, la disposition spatiale des espèces sur le graphique n'apporte
pas toute la précision qu'on pouvait en espérer. En effet, la distinction entreE. strigosaetE. filiferan'est pas très
nette alors que la forme des écailles buccales et la disposition des épines ne laissent aucun doute sur la différence
entre ces deux espèces.
D'une manière générale, les écailles pariétales ne présentent pas une très grande fixité et des caractères
différenciés d'une espèce à l'autre.
Il a paru, dès lors, intéressant de faire une analyse des correspondances ne tenant compte que des
écailles buccales.
2.Analyse des correspondances sur les caractères des écailles buccales (fig. 2):
La représentation graphique de cette analyse montre des groupes d'individus où on peut reconnaîtreE.
hyalina,E. rotundav.minor,E.cristata,E. cristata f. decora,E.capsiosa,E.simplex, E.filiferaetE. strigosa.
Deux espèces (E.laevisetE. ciliata) paraissent moins bien définies.
L'interprétation des facteurs 1 et 2, extrayant respectivement 45,8% et 25,8% de la variance totale, est
plus claire que dans 1'analyse précédente.
L'axe 1 ordonne les individus selon la taille des écailles buccales, ce qui pour la plupart des espèces
équivaut à les classer selon la taille des individus.
L'axe 2 comme dans la première analyse correspond à la présence de 1'épaississement de la partie
antérieure de 1'écaille buccale (CAPU) et de la digitation à l'extrémité postérieure (QUEU et EF). Il correspond
également à l'allongement général de l'écaille buccale. On voit, en effet, aux valeurs élevées du facteur 2 des
espèces dont le rapport longueur/largeur des écailles buccales est proche de 1 (E.strigosaetE.hyalina). Les
valeurs faibles du facteur 2 regroupent les espèces dont les écailles buccales ont un rapport longueur/largeur
nettement supérieur à 1 (E. simplex). Entre ces deux extrêmes sont situées les espèces intermédiaires en ce qui
concerne ce caractère (E. filifera,E. capsiosa,E.cristata, E.rotundav.minor).
On voit donc que la distinction s'établit mieux entre les différentes espèces dans cette analyse que dans
celle qui précède, à 1'exception deE. laevisetE. ciliatadont il y a très peu d'exemplaires.
Sur la représentation graphique, les individus se disposent en couronne autour de 1'origine sans qu'il y
ait de véritable solution de continuité sauf entreE.simplexetE.filifera. Cependant, grâce à la représentation des
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individus par des sigles propres à chaque espèce, il apparaît que s'il n'y a pas de solution de continuité, il n'y a
pas non plus de véritable chevauchement d'une espèce à l'autre. De plus, la distinction qu'on peut faire entre les
espèces à partir de l'analyse coïncide avec celle établie sur d'autres caractères dont on n'a pas tenu compte ici (la
forme des épines, par exemple) et qui font partie des caractères spécifiques des diagnoses.
La limite entre les espèces est une notion difficile à établir chez les Protozoaires et en particulier chez
les Thécamoebiens et on n'est pas en mesure de dire, sur l'unique base de données morphologiques, que les
espèces actuellement décrites en sont véritablement. L'analyse présentée ici, en ne montrant pas non plus de
limite franche entre les espèces présumées, corrobore cette incertitude. Cependant, on doit exclure l'hypothèse
que les groupes qui apparaissent proviennent d'un même clone. En effet, chaque groupe d'individus auquel nous
donnons ici valeur d'espèce est composé d'individus de provenances géographiques diverses (fig. 2). Si quelques
individus d'un même groupe proviennent d'un même échantillon, il faut avant tout invoquer des raisons
écologiques. En définitive donc, même si les groupes d'individus ne sont pas tout à fait évidents et qu'on peut y
voir un continuum de points constituéspar les groupes juxtaposés, nous considérons par la confirmation à l'aide
d'autres caractères non-inscrits dans l'analyse, que ces groupes correspondent effectivement avec les espèces
telles qu'elles ont été décrites jusqu'à présent.
Il faut ajouter que, en comparant les deux analyses présentées ici, l'analyse des correspondances sur les
écailles buccales est bien plus explicite que celle sur 1'ensemble des données. On voit donc que les écailles
buccales permettent, à elles seules, la distinction systématique d'où leur importance comme critère spécifique.
VI.Description des espèces
Les espèces ainsi mises en évidence ont fait l'objet d'une description détaillée saufE. laevis,E. ciliataet
E. tuberculatatrop faiblement représentées ici. D'autres spécimens, de morphologie tout à fait particulière en ce
qui concerne les écailles buccales, ont fait l'objet d'une description individuelle sans pour autant être nommée
car, avec les indications dont on dispose aujourd'hui, il n'est pas possible de les rattacher à une espèce connue. Ils
ont été désignés parEuglypha sp.de 1 à 6.
1.Euglypha capsiosaCoûteaux (10 spécimens) (figs. 4a, 4b, 4c, 17, 18):
Cette espèce ainsi queE. hyalina etE.rotunda v.minor ont été décrites ou redécrites récemment
(COUTEAUX, 1978). On avait, en effet, déjà pu distinguer ces trois espèces dans un groupe d'individus de petite
taille et de forme non comprimée. L'analyse des correspondances faite, ici, sur un plus grand nombre d'individus
confirme la distinction spécifique qui avait été établie.
Diagnose:
10
Thèque de petite taille, ovoïde, non comprimée latéralement, dépourvue d'épines.
Longueur (sur 9 spécimens): 27,1 à 35,2 µ m (médiane: 31,8 µm)
Largeur (sur 9 spécimens): 15,0 à 21,4 µ m (médiane: 17,7 µm)
 Ecailles buccales à contour en forme de goutte avec la pointe orientée vers l'avant, la plus grande
largeur située au 1/3 postérieur de la longueur, extrémité antérieure plus étroite que l'extrémité postérieure,
souvent épaissie et bien individualisée du reste de l'écaille et munie sur la face interne d'un crochet médian et de
2 paires de crochets latéraux, extrémité postérieure le plus souvent arrondie ou présentant parfois une ébauche de
digitation à la manière deE.rotundav.minor.
Nombre: 8 à 14 (médiane: 11)
Longueur: 4,2 à 5,2 µm (médiane: 4,9 µ m)
Largeur: 2,3 à 3,2 µm (médiane: 2,9 µm)
EF: 0,4 à 0,8 µm (médiane: 0,7 µm)
BK: 0,3 à 0,8 µm (médiane: 0,4 µm)
GR: 1,4 à 2,4 µm (médiane: 2,2 µm)
GI: 0,9 à 1,5 µm (médiane: 1,4 µm)
Ecailles pariétales ovales
Longueur (sur 9 spécimens): 4,3 à 5,8 µ m (médiane: 5,0 µm)
Largeur (sur 9 spécimens): 2,3 à 3,5 µ m (médiane: 2,9 µm)
Nombre de rangées (sur 8 spécimens): 8 à 12 (médiane: 10)
Nombre d'écailles dans une rangée-M (sur 7 spécimens): 6 à 11 (médiane: 8)
2.Euglypha cristataLeidy (2 spécimens) (figs 5a, 5b, 5c, 19, 20, 21).
Diagnose:
11
Thèque presque cylindrique avec un léger étranglement au niveau du col juste en dessous des écailles
buccales, longueur environ trois fois plus grande que la largeur, extrémité postérieure munie d'un toupet de
rubans d'allure souple d'une longueur de 13 µ m environ, d'une largeur de 0,6 µ m et d'une épaisseur de 0,1 µm
fixé à la jonction des écailles pariétales sur le fond de la thèque sans pour autant être un prolongement d'écaille.
Longueur: 31,4 à 39,1 µm
Largeur: 10,4 à 11,4 µ m
Ecailles buccales en forme de losange ressemblant à celles d'E. rotundav.minor, un peu plus longues
que larges, la plus grande largeur située au milieu de la longueur, extrémité antérieure sans épaississement et
munie sur sa face interne d'un crochet médian et de 3 paires de crochets latéraux presqu'en bordure de l'écaille,
extrémité postérieure munie en son milieu d'une ébauche de digitation.
Nombre: 6
Longueur: 5,3 à 6,1 µ m
Largeur: 3,5 à 4,4 µm
EF: 0,6 à 0,7 µ m
BK: 0,9 µ m
GR: 1,7 à 2,1 µ m
GI: 1,7 à 1,9 µm
Ecailles pariétales ovales à hexagonales
Longueur: 5,0 à 6,4 µ m
Largeur: 3,6 à 4,2 µm
Nombre de rangées: 5 à 6
Nombre d'écailles dans une rangée-M: 7 à 8
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