L industrie françaises des déchets de soie - article ; n°2 ; vol.32, pg 307-314
9 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'industrie françaises des déchets de soie - article ; n°2 ; vol.32, pg 307-314

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
9 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue de géographie alpine - Année 1944 - Volume 32 - Numéro 2 - Pages 307-314
8 pages

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1944
Nombre de lectures 57
Langue Français

Extrait

Ch.-P. Péguy
L'industrie françaises des déchets de soie
In: Revue de géographie alpine. 1944, Tome 32 N°2. pp. 307-314.
Citer ce document / Cite this document :
Péguy Ch.-P. L'industrie françaises des déchets de soie. In: Revue de géographie alpine. 1944, Tome 32 N°2. pp. 307-314.
doi : 10.3406/rga.1944.4794
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1944_num_32_2_4794L'INDUSTRIE FRANÇAISE
DES DÉCHETS DE SOIE (1)
par Ch.-P. PÉGUY
L'objet de cette note est de rendre compte aux lecteurs de la
Revue d'une industrie peu connue : aussi bien l'ouvrage essentiel
qui nous a servi de guide se trouve-t-il, par ses conditions mêmes
de publication, peu accessible aux géographes 2.
Par suite de son extrême richesse la soie est, de toutes les
matières premières industrielles, celle sans doute qui donna lieu
aux premiers essais de « récupération ». Ainsi naquit très tôt, à
côté de l'industrie classique du dévidage de la soie, une industrie
mineure de peignage et de filature de déchets de soie. Rien de plus
varié d'ailleurs que la nature de ces dont un esprit d'inven
tion sans cesse en éveil a permis successivement l'utilisation. Il y
a d'abord les cocons percés par l'éclosion du ver et, d'une façon
générale, les anormaux indévidables, il y a la partie externe
des cocons normaux formant une sorte de feutre (frisons ou strusi) ;
il y a les multiples déchets de la fabrication de la soie grège elle-
même (bourre de soie ou strazza) ; il y a enfin les cocons de certains
vers à soie sauvages, dits « tussah » 3. D'où peuvent venir ces
matières premières originales? L'Italie et la France sont restées
jusque vers 1850 les premiers producteurs de déchets de soie. Mais
1 Le terme de schappe prévaut aujourd'hui comme désignation générale
des textiles dérivés de ces déchets. Le terme de fleuret était le plus usuel au
siècle dernier. On ne possède de ces deux mots que des etymologies fantais
istes.
- Voir, infra, Bibliographie (1924).
M. G. Guérin, directeur de l'usine de Briançon, a bien voulu me donner ver
balement quelques détails sur la vie de la S. I. S. postérieurement à 1924 et
relire le manuscrit de cette note. Qu'il trouve ici mes bien vifs remerciements.
3 La filature des cocons percés est attestée en Italie, à Lucques, dèb le
treizième siècle; elle se répandit de là en Suisse. En France, ce textile fut
pendant longtemps considéré comme une contrefaçon de la vraie soie et sa
fabrication interdite comme telle, notamment par des ordonnances de 1265 et
de 1499. Ce fut sans doute au temps de la Renaissance que cette sévère pros
cription fut définitivement levée. 308 CH.-P. PÉGUY.
depuis cette date la production européenne de la soie s'est effon
drée et les perfectionnements apportés à la culture du ver ou au
filage diminuaient d'autant les déchets. Il a donc fallu chercher
d'autres sources. Vers 1860 apparaissent en Europe les premières
balles de strusi syriens ou persans, en 1864 des strusi japonais. Les
Balkans, où l'élevage du ver restait moins soigné, envoyaient des
cocons anormaux indévidables. Tout cela arrivait aux usines de
France, de Suisse ou d'Italie par l'intermédiaire de quelques gros
commissionnaires établis à Bergame, Trente, Bâle ou Marseille.
La transformation de ces déchets en fils implique trois groupes
successifs d'opérations : d'abord une macération des déchets dans
des cuves maintenues tièdes par une enveloppe d'eau chaude; l'opé
ration — rappelant le rouissage du lin — était fort nauséabonde
et a été remplacée au dix-neuvième siècle par un traitement plus
rapide à l'eau bouillante et au savon appelé « décreusage ». En
second Heu, le peignage des fibres décreusées ayant pour but de
démêler celles-ci et de les assembler en nappes ou rubans. En tro
isième lieu enfin, la filature proprement dite qui étire les nappes,
les lamine, les double et les retord pour former le fil. Celui-ci sera
finalement soumis à des opérations de finissage assez complexes.
Primitivement, toutes ces opérations se faisaient à la main
L'intervention de la machine s'est effectuée en deux phases suc
cessives. On mit d'abord au point des machines à filer : la première
usine de filature mécanique de la schappe fut celle de J. S. Alioth
qui entra en fonctionnement à Bâle, en 1824, et fut transférée, six
ans plus tard, à Arlesheim. On y filait de la schappe préalablement
peignée à domicile à la main, notamment au couvent d'Engelberg.
Ce ne fut que plus tard, et peu à peu, que l'on mit au point des
procédés mécaniques de peignage. Deux Français jouèrent là un
rôle de premier plan : un industriel, Marius Chancel, l'initiateur à
Briançon du peignage mécanique vers 1845; un ingénieur, Frédéric
Quinson, qui mit au point, en 1856, une peigneuse « circulaire »
laissant loin derrière elle comme rendement les premières pei-
gneuses « plates » primitivement construites.
Les grosses usines françaises de la schappe — nous nous bor
nerons à celles-là — apparaissent curieusement localisées en deux
points, à Briançon et à Tenay (Ain). Le géographe s'intéressera
tout spécialement à l'origine de ces deux industries.
Les Alpes ont eu très tôt une industrie textile sporadique dont
la soie elle-même n'était pas exclue. En 1771, les déchets de soie française des déchets de sôîë. 309 l'industrie
étaient peignés à l'atelier de charité de Saint-Jean-de-Maurienne 4.
En 1806 nous trouvons la bourre de soie travaillée, toujours à la
main, par les détenus de la maison centrale d'Embrun 5. Le pei-
gnage à domicile, effectué par les paysans pendant le long repos
hivernal, n'est apparu que quelques années plus tard, et dans le
plus élevé de nos villages haut-alpins : c'est Joseph Mathieu, né à
Saint-Véran en 1789, qui en a été en effet l'initiateur dans sa com
mune, vers 1835-40. Son fils aîné Antoine visita vers ce moment,
sur l'autre versant des Alpes, une carderie établie à Pérouse et
utilisant quelques machines anglaises : il en revint converti déjà
au travail mécanique. En 1842, les Mathieu, désireux d'étendre
leur entreprise et pour cela d'abord de se rapprocher des voies
de communications, s'installent à Sainte-Catherine-sous-Briançon,
dans un ancien couvent de dominicains loué par eux à la famille
Vial qui l'avait acquis sous la Révolution. Tels furent les débuts
de la firme « Mathieu et Cle ». Dès 1845 furent installées les pre
mières peigneuses imitées de machines en usage alors en Anglet
erre et en Italie. L'affaire fut reprise en 1847 par les* trois frères :
Paul, Evariste et Marius Chancel, associés à leur cousin, le ban
quier Arduin. La période qui suivit fut étonnamment fructueuse :
l'ancien couvent s'étant avéré trop petit, on construisit à partir
de 1860 un nouveau bâtiment, immense pour l'époque (4 étages
sur 3.125 mètres carrés). En 1875, on adjoignit à l'usine une cité
destinée au logement des ouvrières piémontaises.
La grande idée des Chancel était de spécialiser une usine impor
tante (700 ouvriers en 1864, 1.400 en 1870) dans le travail exclusif
du peignage : on n'a jamais filé à Briançon. Les Chancel four
nirent d'abord leurs peignés à la filature Dobler-Warnery et Morlot
à Tenay, puis, quand ceux-ci eurent ouvert un peignage à eux, aux
filatures Hoppenot frères à Troyes, Alioth à Arlesheim, Veillon à
Grellingen (Suisse). Mais pour "éviter que ces nouveaux clients
n'équipassent à leur tour — comme Warnery — des peignages
à eux, les Chancel imaginèrent de conclure avec ces filatures d'i
ngénieuses ententes en participation de bénéfices : ils s'engageaient
à fournir à Hoppenot, Alioth ou Veillon des peignés au prix de
revient, le bénéfice réalisé ensuite par le seul filateur devant être
partagé pour moitié par celui-ci avec les Chancel. C'est ainsi qu'en
1872, les Chancel livrèrent à Alioth pou

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents