Etude floristique

Intey - [Jean] P[Ie] Namur , Christian De

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4. Etude floristique
Christian de NAMUR
Botaniste ORSTOM
ORSTOM, Adiopodoumé BP V 51 Abidjan. Côte d’ivoire
L’étude de treize champs abandonnés à des dates différentes permet de < téléscoper» le temps et d’avoir ici un
échantiZlonnaae _ de recrûs âgés de un mois à trente ans. Différentes méthodes mathématiques sont utilisées pour reconnaître
des groupes floristiques. Ces groupes s’emboîtent au cours de la succession et peuvent être modifiés par les conditions
édaphiques et la fréquence des cultures.
MOTS-CLÉS Succession - Dendrogramme - Ombrages différentiels - Analyse factorielle des correspondances - Sud-ouest
de la Côte d’ivoire.
Thirteen old fie& one month to thirty years old are floristically studied. Mathematical methods are used for separate
floristic groups. These groups overlap each others during succession and may be modified by edaphic conditions and
cultivation frequency.
Succession - Dendrogram - Differential shading - Factorial analysis - Kxv WORDS South-West of the Ivory Coast.
‘retracer le cours de la succession floristique (voir 1. INTRODUCTION
.art. 1).
Dans chacune des stations nous avons délimité trois L’approche floristique de l’évolution de la végétation
sous-stations correspondant à des carrés de 16 m2 après abandon de la culture par l’étude de différentes
pris au hasard en évitant toutefois les bordures du stations de plus en plus âgées est délicate. En effet il est
champ et les endroits trop encombrés de gros bois bien évident qu’avant la culture les compositions flo-
morts consécutifs au défrichement. Dans ces carrés ristiques des parcelles défrichées bien que sûrement
nous avons dressé un inventaire floristique complet
voisines dans leurs grandes lignes (même type de
en utilisant les notations en présence-absence. forêt, situations topographiques semblables...) présen-
tent inévitablement des différences, celles-ci pouvant
se retrouver par la suite dans l’évolution de la végé-
tation. Dans ces conditions la comparaison des diffé- 3. MÉTHODE DE CLASSIFICATION DES RELEVÉS
rentes stations doit toujours être abordée avec un mini-
mum de prudence.
3.1. LES
Les buts de cette analyse floristique sont tout d’abord
d’avoir un inventaire des espèces rencontrées pendant
Les trois relevés correspondant à une station ont été
la succession, et de dégager les affinités (et leur signi-
regroupés en un seul. Les treize relevés sont rassemblés
fication) entre les différentes stations pour tenter de
ensuite dans un tableau à double entrée comprenant
définir l’évolution floristique.
une colonne par relevé et une ligne par espèce.
2. MÉTHODE D’ÉCHANTILLONNAGE 3.2. RÉDUCTION
C’est donc par l’étude de plusieurs stations à dif- La comparaison des relevés se fait par le calcul
férents stades d’évolution que nous avons essayé de d’indices de similitude. Le choix des indices est assez
203 Cah. O.R.S.T.O.M., sér. Biol., vol. XIII, no
203-210. : 1978 3,
DONNÉES DES LA
DONNÉES
:
ABSTRACT
:
RÉSUiuÉ C. de Namur
“KL
Kulczinsky (1927) c kl = -
(2)
nK1 = représente le nombre d’espèces se trouvant
simultanément dans les deux relevés k et 1.
Il1<1 = représente le nombre d’espèces se trouvant dans
un seul relevé et absent de l’autre.
Le calcul de ces indices a permis d’une part la
réalisation d’un dendrogramme (indice 2) et d’autre
part le classement des relevés dans un tableau d’ana-
lyse différentielle (ombrages différentiels (indice 1).
Enfin il nous a semblé intéressant, pouvant profiter
d’un programme déjà établi, de traiter ces données par
une analyse factorielle des correspondances et ainsi
d’avoir les diagrammes représentant les corrélations
entre stations et espèces.
3.2.1. Le dendrogramme
La méthode de construction du dendrogramme con-
siste en tous les regroupements deux à deux des
individus les plus ressemblants. On calcule ensuite
2Km
une nouvelle matrice plus petite entre les groupes for-
més et les individus isolés en prenant les moyennes
des indices. On recommence les groupements deux
à deux et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ne reste plus
que deux groupes en présence (René-Chaume 1975).
3.2.2. Les ombrages différentiels
1. - Localisation et description des stations étudiées
1 Première jachère de 1 mois succédant à une seule
L’étendue de la ressemblance est partagée en inter- culture de riz. 2 Jachère de 1 an après culture sur défri-
chement d’une parcelle de forêt secondaire au bord du valles à chacun desquels ont fait correspondre un
fleuve Cavally. 3 Deuxième jachère de 2 ans. Première
ombrage plus ou moins foncé selon la grandeur de
culture en 1958. 4 Sixième de 2 ans. Terrain
la ressemblance; l’ombrage le plus foncé correspondant
cultivé depuis 1954. 5 Première jachère de 2-3 ans.
aux valeurs de l’indice de similarité les plus grandes. 6 Deuxième jachère de 3 ans. Première culture en 1958.
7 de 6 ans. en 1955. On intervertit alors les lignes et les colonnes pour que
8 Première jachère de 7 ans. 9 Première jachère de les carreaux sombres soient le plus proche possible de
10 ans. 10 Première jachère de 13 ans. 11 Première
la diagonale. (René-Chaume 1975).
jachère de 15 ans. 12 Première jachère de 18-19 ans.
13 Première jachère de 32 ans. Ceci permet d’obtenir des noyaux sombres plus ou
Le terme de est entendu ici comme Terre de
moins individualisés correspondant à des groupements.
repos, hors culture et hors pâturage qui a été précédemment
cultivée et sur laquelle l’homme n’intervient pas. (Recrû
naturel).
Toutes les jachères étudiées ici n’ont suivi qu’un seul
4. RÉSULTATS cycle de culture de riz.
4.1. (fig. 2).
grand et nous en avons retenu deux s’appliquant au
traitement des données en présence-absence.
La hiérarchisation des stations permet plusieurs
Ces indices par leur mode de calcul et d’après les
remarques. Deux stations (2 et 4 apparaissent tout à fait
conclusions de Roux et Roux (Benzecri T. 1, part. C
à part, leur rattachement à l’ensemble des autres sta-
n “2 1973) permettent une meilleure comparaison des
tions se fait à un niveau très bas.
relevés. Les indices sont ceux de
Les autres stations se regroupent en deux ensembles
“KL - le premier formé par les stations 6, 3, 1 et 5,
Jaccard (1908) akI =
- le second par les stations de 7 à 13. “KL +
Cah. O.R.S.T.O.M., sér. Biol., vol. XIII, no 3, 1978 203-210. 204
:
ukl
:
:
DENDROCRAMME DU INTERPRÉTATION
:
:
:
: :
: :
:
:
:
:
:
:
:
: FIG.
0
Slation
ukl 3,
Etude floristique
1973. Le rythme assez intensif des cultures sur cette
parcelle se traduit au niveau du sixième recrû par une
pauvreté floristique et des différences assez nettes avec
les stations du même âge. La nature de ce recrû semble
donc lié à un état d’épuisement du sol.
Cas premier groupe
Formé par les stations 6, 3, 1, 5, il représente les
stations les plus jeunes (à l’exception des 2 et 4) de
l’échantillonnage 1 mois à 3 ans.
Au sein de ce groupe on peut ensuite remarquer
- les affinités plus grandes d’une part entre les stations
6 et 3, d’autre part entre la 1 et la 5. Ces deux premières
stations correspondent à des deuxièmes jachères alors
que les deux dernières sont les premiers recrûs après
défrichement de la forêt «noire x
Il semble donc d’une part que les stations jeunes
r
forment une entité bien individualisée floristiquement
des stations plus âgées, ici de 6 ans et qu’au sein de ce
groupe le rythme des cultures a également une influ-
ence.
Cas deuxième groupe
Ce groupe comprend les sept stations les plus âgées
et est plus difficile à analyser. Tous ces recrûs suc.
cèdent à une seule culture de riz, exception faite
de la station 7 qui d’ailleurs se situe à l’écart dans
sa représentation sur le dendrogramme.
Les autres stations forment deux groupes dont la
hiérarchisation ne suit pas rigoureusement l’évolution
des âges. Ceci se conçoit et peut s’expliquer de deux
FIG. 2. - Dendrogramme des 12 stations.
fa