Ethique et responsabilité après Tchernobyl
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Ethique et responsabilité après Tchernobyl

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ème Publié dans Entropia, n°1, 2 trimestre 2006, pp. 143-115.
Ethique et responsabilité après Tchernobyl La décroissance contre « l’obsolescence de l’homme »
Par Fabrice Flipo Ingénieur, Philosophe Maître de Conférences Institut National des Télécommunications Fabrice.flipo@int-evry.fr
L’anniversaire des 20 ans de l’accident de Tchernobyl a suscité, et c’est heureux, un grand nombre de reportages et de manifestations diverses. Mais en a-t-on vraiment tiré toutes les leçons ?
1 La Direction Générale de l’Energie et des Matières Premières (DGEMP) voudrait nous convaincre que oui, un tel accident ne se produirait pas chez nous : «L'accident de Tchernobyl, le pire survenu dans le domaine du nucléaire, est la conséquence de dysfonctionnements nombreux et importants : un réacteur mal conçu, naturellement instable dans certaines situations et sans enceinte de confinement ; un réacteur mal exploité, sur lequel des essais hasardeux ont été conduits ; un contrôle de la sûreté par les pouvoirs publics inexistant ; une gestion inadaptée des conséquences de l'accident. Sur tous ces points, les réacteurs occidentaux et notamment français sont très clairement en meilleure situation. On notera à ce titre que l'accident de Three Mile Island survenu en 1979 aux États-Unis sur un réacteur à eau sous pression, de conception similaire à celle des réacteurs d'EDF, n'a de fait pas eu de conséquences sanitaires à l'extérieur du site en raison de l'efficacité de l'enceinte de confinement»
Cette argumentation comporte plusieurs points clés. La première thèse affirme que l’accident est lié à des manipulations incompréhensibles de la part du personnel de la centrale, ce qui serait impossible chez nous. La seconde thèse est que même si l’accident survient, nous sommes bien mieux préparés et par conséquent les impacts sur la société seront limités. La troisième thèse est la conséquence des deux premières : d’après les autorités et les promoteurs du nucléaire, le nucléaire est un simple « choix technique », il n’y aurait pas de raison de vouloir le différencier des autres choix au sein du débat sur l’énergie. Examinons chacune de ces trois thèses.
Avant toute chose, évitons les faux procès : nous ne faisons pas ici le procès du nucléaire mais une analyse éthique et politique de l’accident de Tchernobyl et des conséquences qui en résultent pour l’usage de centrales nucléaires « civiles ». L’énergie des atomes est aussi source de vie, c’est elle qui alimente le soleil et la chaleur du sol (géothermie).
I. Pouvons-nous éliminer l’erreur humaine ? Il existe différentes théories sur l'origine de l’accident de Tchernobyl. On a évoqué une erreur de conception, des erreurs de procédure d’urgence, l’idéologie de toute-puissance soviétique qui aurait affaibli la vigilance des responsables, des ordres absurdes venant de la hiérarchie, la banqueroute d’un Empire soviétique épuisé par la course aux armements, des phénomènes mal 2 connus à l'échelle atomique (les « monopôles magnétiques ») etc. Chaque explication contient sans doute un peu de vérité.
La question que nous voudrions poser ici est la suivante : peut-on se garantir que ce genre de problème ? La réponse habituelle du système technicien est « oui ». C’est la thèse de « l’erreur humaine ». L’être humain, faillible, est considéré comme étant à l’origine du problème. Le système technicien répond alors par un surcroît de systèmes mathématiques et automatiques, et il en déduit que l’invulnérabilité a été rétablie.
1 http://www.industrie.gouv.fr/energie/nucleair/epr_1_4.htm 2 Guillaume Grandazzi, Frédérick Lemarchand et Galia Ackerman,Les silences de Tchernobyl : l'avenir contaminé, Autrement, mars 2006.
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